Je me nomme Yoann Calamai. Je travaille actuellement sur un projet de jeu qui représente ma vision du jeu de rôle. J'aurais quelques problématiques à débattre bientôt mais on verra ça plus tard. Pour l'instant ce qui m'amène ici est plus une question de fond.
"Dans quelle mesure un auteur peut-il s'inspirer de ses collègues contemporain ?"
Lors du développement du game design de mon jeu, je trouve que d'autres auteurs ont eu de très belles idées et j'aimerai les réutiliser. Par exemple, la définition des objectifs d'un personnage par le verbe vouloir dans Inflorenza ou encore le mécanisme d'acquisition des points d'immersion de Sens.
Dans mon cas, je pense que si j'en parle à Romaric ou Thomas nous pourrons trouver une issue positive à ce genre de problème mais je ne pense que cela soit le cas avec tout le monde. En écrivant ce post j'ai la sensation que c'est quelque peu tabou. Que cela rejoint l'idée fausse et utopique que chaque œuvre devrait être originale. Cela touche donc certains non-dit et la pensée rependue concernant l'originalité mais cela va plus loin car on peut voir cela du point du vue de la propriété intellectuelle et donc des brevets.
Personnellement je pense qu'une idée peut avancer uniquement si elle est libre. Si un auteur verrouille son idée, elle devient vouée à disparaître car ses capacités d'évolution deviennent très limitées. Ce type de démarche a un objectif purement financier. C'est ce que l'on retrouve dans le monde du logiciel avec l'opposition entre logiciels propriétaires et logiciels libres. Dans ce cas c'est encore plus pervers car les logiciels propriétaires s'inspirent du logiciels libres mais l'inverse est interdit. Mais la notion de brevet est visible dans toute l'industrie. Cela limite donc très drastiquement la libre circulation des bonnes idées et surtout leur évolution.
Il est également possible de rapprocher cette notion d'inspiration à la problématique du sample dans la création musicale, et donc à la limite de la propriété intellectuelle. Un sample est une partie d'une œuvre musicale limitée en temps. Au début du sample tout le monde criait au plagiat, ce ne pas de la musique que de se baser sur une œuvre déjà existante. Certains y voyaient un manque à gagner et d'autres ne comprenaient pas cette évolution musicale. Il me semble qu'il y a eu quelques procès qui ont permis de définir qu'un sample était légal seulement s'il ne reprenait pas plus quelques secondes (- de 10 je crois) de l’œuvre originale. Pour les puristes et les sampleurs dj très ancrés dans ce mouvement, un sample est bien une partie d'une œuvre musicale limitée en temps mais elle doit être modifiée, triturée, retravaillée par le sampleur qu'elle soit reconnaissable ou non à la fin de son travail. Si l'on fait une analogie avec le jeu de rôle, on est en droit de se demander : "Quelles sont les limites de l'inspiration des bonnes idées des autres ?", "Y a-t-il un nombre d'idées maximales à reprendre ?" et pour un cas extrême "Dans quelles mesures joue-t-on à un jeu différent ?"
Je ressors 2 notions de cette réflexion :
- une notion de conservation et de dépassement/amélioration, elle rejoint la notion d'Aufhebung utilisée par Hegel
- une notion d'utilisation de l'idée originale détournée de sa fonction première, elle rejoint la notion de hack
Qu'en pensez vous ?