JdR de Mélanie [sans nom] Psychopathe-Land
Publié : 09 Avr 2015, 18:12
Quatrième playtest hier soir du JdR de Mélanie (qui n’a pas encore de nom officiel, mais déjà une demi-douzaine de noms officieux, notamment “HBO RPG” tant les scènes produites font penser à un gros mix des séries phares de la chaîne TV US).
Après 3 tentatives plus ou moins laborieuses, on a enfin réussi à faire tourner le jeu. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était décoiffant.
Vous êtes bien accrochés ? This is how we roleplay in Poitiers :
Le setting propose de jouer dans Paris, quelques centaines d’années après notre époque. Le monde est revenu à un état sociétal proche du moyen-âge (ou carrément post apo, il y a une marge d’interprétation concernant la couleur du monde), mais les infrastructure de notre époque subsistent plus ou moins (donc on peut imaginer des types qui participent à des joutes chevaleresques, vêtus de tôles, et juste à côté d’autres quelqu’un qui conduit une voiture parce qu’il a trouvé un bidon d’essence et un véhicule en état de marche.
La société s’organise de façon féodale, chaque royaume étendant son emprise sur une ville et ses environs. La famille Balthus gouverne Paris, tandis que d’autres gouvernent d’autres villes et se livrent des guerres. Mais ce qui nous intéresse, c’est essentiellement Paris.
Ce monde est essentiellement peuplé d’humains, mais il existe aussi des immortels : des êtres humanoïdes ayant des particularités physiques animales diverses (crocs, fourrure, yeux de loup, griffes, cornes… ou des singularités physiques : un troisième œil au milieu du front, etc.). Tous les immortels doivent se nourrir de sang humain.
Les humains ont créé une nouvelle espèce en utilisant du sang d’immortels : les damnées. Ce sont toutes des femmes et sont plus puissantes que des immortels (qui sont eux-mêmes plus puissants que les humains) et elles sont utilisées par la couronne pour combattre la menace des immortels (qui en fait font partie intégrante de la société. Elles constituent une caste importante, mais détestée par la population car leur damnation symbolise la souillure.
ENfin, les immortels inféconds par nature peuvent s’accoupler avec une damnée pour donner naissance à un hybride (qui est encore plus puissant que tous les autres).
Parmi les activités de nos personnages, ce sont tous des gens influents et puissants, soit socialement, soit physiquement. Dans l’ensemble des personnages prétirés, il y a la Reine de Paris, un chef de gang, un noble affairiste, une prêtresse, la cheffe des damnées (et accessoirement capitaine de la garde royale), etc.
La partie :
Je joue Styx, un immortel transformé au 5e siècle. Chef de gang, au corps couvert de tatouages tribaux nordiques, portant une épaisse barbe, des yeux rouges et des bois de cerf (les descriptions des spécificités physiques des êtres surnaturels sont à notre entière discrétion).
Mes objectifs sont :
Avoir un héritier (alors que les immortels sont stériles)
Me venger d’Hildegarde (le personnage de Gaël, qui a tué ma femme et mon enfant il y a de cela des siècles).
Placer des immortels dans des lieux de pouvoir.
Détruire la famille Balthus (pour conduire à l’avènement des immortels, que ceux-ci cessent de vivre dans l’ombre et prennent le pouvoir sur les humains, faibles, mais bien plus nombreux qu’eux).
Je cadre la première scène et décide que je suis au lit avec Cégeste, mon amant et second dans le gang. Il constate que je suis absorbé par mes pensées. Il me dit qu’il est capable de deviner à qui je pense. Il me dit “quelqu’un avec les mêmes yeux que moi” et je lui réponds “ma fille avait de bien plus beaux yeux que les tiens”.
Les deux immortels discutent puis commencent à faire l’amour et un rapport de force s’installe dans l’acte [censure pour cause de passage explicitement pornographique, mais comme le faisait justement remarquer Gaël : it’s not porn, it’s HBO RPG].
Ils sont tous les deux interrompus par un membre du clan venu trouver Styx.
Gaël joue Hildegarde, une damnée née au 10e siècle, cheffe des damnées au service de la famille Balthus et de la milice.
Ses objectifs sont :
- Retrouver du crédit auprès de la reine.
- Être en couple avec Léonore sans la détruire.
- Corrompre la cheffe des mystique (qui détiens le secret du rituel de la création des damnés).
Gaël cadre la scène : Hildegarde va voir Léonore dans une vieille chapelle catholique en mauvais état, décorée d’une statue de la vierge Marie et d’un Christ hermaphrodite.
Le seul contact des mains de Léonore suffit à apaiser les tourments d’Hildegarde, mais cette fois-là, la fatigue se lit sur le visage de la prêtresse et l’apaisement ne se produit pas.
Léonore est très faible pour une raison obscure. Face aux questions d’Hildegarde, Léonore lui explique qu’elle ne peut rien lui dire sur les raisons de son affaiblissement. Elle trahit juste le fait qu’elle manque de sang (explication : mon personnage vend son sang car elle est une hybride d’immortel et de damnée et son sang est une véritable drogue qui s’arrache à prix d’or).
Hildegarde se met en colère, du coup Léonore reprend (un peu abruptement) les mains de Hildegarde pour l'apaiser. Elle se concentre tellement fort pour réaliser ça, que sa peau devient transparente par endroit et cadavérique.
Hildegarde retrouve bien une paix intérieure, elle repose une fois la question et se retrouve de nouveau face au refus de Léonore qui pense que parler serait dangereux. Hildegarde quitte les lieux en lançant qu'elle saura de toute façon ceux qui lui font du mal (toute la scène était très tactile et sensuelle, on sent que les deux personnages éprouvent des sentiments forts l’une pour l’autre).
Mélanie (le MJ) cadre à présent une scène pour mon personnage : En pleine négociation d’affaires, Cégeste commence à me faire un foin à propos du fait que je cherche à mettre sa sœur enceinte (puisque c’est le seul moyen pour moi d’avoir un enfant).
On s’isole dans le couloir et par un jeu de moquerie et de menaces, je lui fais comprendre qu’il ne pourra pas m’empêcher d’obtenir ce que je désire.
Il quitte les lieux et part retrouver sa sœur. Étant une damnée, Gabrielle a pour mission de tuer les immortels, or son frère Cégeste étant un immortel, sa situation est extrêmement tendue.
J’entreprends de suivre Cégeste pour qu’il me mène à sa sœur. Dans les souterrains de la ville, il s’arrête dans un bar moisi, Gabrielle porte un vêtement à capuche pour dissimuler son identité, mais certaines personnes ont l’air de la reconnaître (les damnées ne sont pas nombreuses et c’est une caste méprisée, car souillée par le sang d’immortel).
Je m’avance à leur table et m’assoie parmi eux de façon nonchalante. Cégeste se crispe, je pose ma main sur la sienne dans un geste d’affection et de domination. Puis je m’adresse à Gabrielle. Elle sait quels sont mes plans pour elle. Je lui fais remarquer que les clients du bar la dévisagent et que si elle se joignait à moi, nous pourrions prendre le pouvoir, que la mère de mon enfant serait bien traitée. Le temps des humains est révolu, elle n’a plus à se battre pour ceux qui l’asservissent.
Elle semble acquise à cette idée, mais objecte que si elle doit porter un enfant un jour, ce sera celui de son frère, et personne d’autre.
Je me lève de table et j’attrape un des clients dédaignant Gabrielle par le cou en l’écrasant de ma main et je bois son sang devant une assistance terrifiée.
Gabrielle se jette sur moi, s’ensuit un combat dans lequel j’utilise des clients du bar paniqués comme boucliers humains, mais elle finit par prendre le dessus, me plaque contre le mur d’une seule main et me murmure à l’oreille qu’elle ne me laissera pas faire tout ce que je veux. Puis me laisse tomber et quitte le lieu.
Nouvelle scène cadrée par Mélanie : de façon à apaiser les damnées (et probablement à mieux les contrôler), un rituel visant à purger leur âme de leurs tourments est pratiqué régulièrement. À cette occasion, des prêtres et prêtresses copulent avec eux, de façon à activer leur pouvoir de transe.
La scène ressemble à une orgie, dans une église, avec des habits cérémoniels prévus pour cette copulation rituelle et sacrée. Hildegarde participe, mais ses émotions la submergent et elle entre dans une frénésie incontrôlable et tabasse le jeune prêtre avec qui elle avait un rapport sexuel.
Les autres personnes présentes mettent du temps à réagir et finissent par quitter les lieux. Seule reste Léonore qui s’approche pour tenter de la raisonner et choisit ce moment (le pire qui soit) pour lui révéler que Styx puise son sang pour en faire un trafic.
Suite à cette révélation Hildegarde ne se contrôle plus et pour obtenir sa transe entreprend de violer Léonore. Cette dernière réagit en tentant de l’apaiser par des mots et des caresses.
Un conflit est joué. Gaël joue pour obtenir une transe afin de s’apaiser, ce qui voudrait dire violer son amante. Le corps à corps est destructeur, mais finalement Hildegarde finit par se rendre compte de ce qu’elle était en train de faire et renonce et s’enfuit, dévorée par la culpabilité.
Commentaires
Comment dire ? C’était énorme !
Les 3 ou 4 playtests précédents étaient grippés, parce que les objectifs de nos personnages étaient souvent trop passifs ou abstraits, ou trop dépendants de secrets que seul le MJ connaissait. Du coup, on se retrouvait vite bloqués sans savoir comment agir pour progresser vers leur résolution, ou réagir aux situations que nous cadrait le MJ.
Là on a pris du temps avant de jouer pour élaborer des objectifs qui impliquent forcément l’accomplissement de quelque chose et qui soient en relation avec un ou plusieurs autres personnages importants présents sur le réseau des relations (en fait, tous les personnages jouables).
Une remarque : dans la dernière scène de Gaël, Mélanie a établi que Hildegarde perdait le contrôle et Gaël a joué dans ce sens. Du coup, il s’est trouvé à défendre le pire parti possible pendant le conflit et de son propre aveu, il ne savait plus vraiment comment il en était arrivé là tant la situation lui échappait. ^^
J’ai ressenti quelque chose de nouveau dans cette partie, par rapport à mes pratiques du JdR diverses (et aussi dans l’une des précédentes qui avait un peu marché, mais nettement moins bien que celle-ci) : jouer des personnages badass, voire flamboyants, mais aussi cruels, fourbes et violents, mais dont les comportements sont le fruit de la situation dans laquelle ils se trouvent.
Au premier plan, les rapports de domination avec les autres personnages : certains nous dominent, et on en domine d’autre. D’emblée les relations sont perverties et il va falloir passer en force ou manigancer pour obtenir ce qu'on veut.
On a besoin des autres, mais les autres sont aussi des obstacles.
De plus, la mécanique du jeu (que j’ai bricolée pour dépanner au départ et qui s’est avérée plutôt efficace, donc on l’a gardée) avantage le joueur qui va user de brutalité ou de manipulation et accorde une grande importance aux relations.
Toute la préparation des personnages consiste à préparer énormément de prises pour générer un Positionnement riche pendant la partie (des perches pour que le MJ nous mette dans des situations impossibles : relations, passé, objectifs, choses qui comptent vraiment pour le personnage, etc.).
Typiquement, Vampires de Victor Gijsbers échoue selon moi à nous pousser à être cruels. Il nous contraint à l’être et donc on se force et c’est vite artificiel.
Ce jeu est tout à fait différent et nos comportements excessifs (je ne retranscris pas la moitié de la perversité et de la violence dans mon CR) étaient naturels : on jouait comme ça sans se forcer, parce que tout était en place pour qu’on y vienne sans avoir à y penser (vous avez dit vide fertile ?).
Styx humiliait et intimidait constamment Cegeste, par exemple, mais celui-ci reste attaché à lui.
Le fait que l’on ait une grande marge de manœuvre concernant l’esthétique de nos personnages (notamment les caractères monstrueux des immortels) nous offre une part de créativité bienvenue.
Je remarque également que les thématiques du jeu sont très orientées vers le Queer, le féminisme, la masculinité, la parentalité, la violence, les relations de dépendance, voire de domination, etc. C’est cru, c’est sale, c’est immoral, c’est sexuel, c’est transgressif. C’est fucking awesome !
Bref, on compte bien continuer la semaine prochaine, et je suis impatient de voir comment tout cela va évoluer. *-*
Après 3 tentatives plus ou moins laborieuses, on a enfin réussi à faire tourner le jeu. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était décoiffant.
Vous êtes bien accrochés ? This is how we roleplay in Poitiers :
Le setting propose de jouer dans Paris, quelques centaines d’années après notre époque. Le monde est revenu à un état sociétal proche du moyen-âge (ou carrément post apo, il y a une marge d’interprétation concernant la couleur du monde), mais les infrastructure de notre époque subsistent plus ou moins (donc on peut imaginer des types qui participent à des joutes chevaleresques, vêtus de tôles, et juste à côté d’autres quelqu’un qui conduit une voiture parce qu’il a trouvé un bidon d’essence et un véhicule en état de marche.
La société s’organise de façon féodale, chaque royaume étendant son emprise sur une ville et ses environs. La famille Balthus gouverne Paris, tandis que d’autres gouvernent d’autres villes et se livrent des guerres. Mais ce qui nous intéresse, c’est essentiellement Paris.
Ce monde est essentiellement peuplé d’humains, mais il existe aussi des immortels : des êtres humanoïdes ayant des particularités physiques animales diverses (crocs, fourrure, yeux de loup, griffes, cornes… ou des singularités physiques : un troisième œil au milieu du front, etc.). Tous les immortels doivent se nourrir de sang humain.
Les humains ont créé une nouvelle espèce en utilisant du sang d’immortels : les damnées. Ce sont toutes des femmes et sont plus puissantes que des immortels (qui sont eux-mêmes plus puissants que les humains) et elles sont utilisées par la couronne pour combattre la menace des immortels (qui en fait font partie intégrante de la société. Elles constituent une caste importante, mais détestée par la population car leur damnation symbolise la souillure.
ENfin, les immortels inféconds par nature peuvent s’accoupler avec une damnée pour donner naissance à un hybride (qui est encore plus puissant que tous les autres).
Parmi les activités de nos personnages, ce sont tous des gens influents et puissants, soit socialement, soit physiquement. Dans l’ensemble des personnages prétirés, il y a la Reine de Paris, un chef de gang, un noble affairiste, une prêtresse, la cheffe des damnées (et accessoirement capitaine de la garde royale), etc.
La partie :
Je joue Styx, un immortel transformé au 5e siècle. Chef de gang, au corps couvert de tatouages tribaux nordiques, portant une épaisse barbe, des yeux rouges et des bois de cerf (les descriptions des spécificités physiques des êtres surnaturels sont à notre entière discrétion).
Mes objectifs sont :
Avoir un héritier (alors que les immortels sont stériles)
Me venger d’Hildegarde (le personnage de Gaël, qui a tué ma femme et mon enfant il y a de cela des siècles).
Placer des immortels dans des lieux de pouvoir.
Détruire la famille Balthus (pour conduire à l’avènement des immortels, que ceux-ci cessent de vivre dans l’ombre et prennent le pouvoir sur les humains, faibles, mais bien plus nombreux qu’eux).
Je cadre la première scène et décide que je suis au lit avec Cégeste, mon amant et second dans le gang. Il constate que je suis absorbé par mes pensées. Il me dit qu’il est capable de deviner à qui je pense. Il me dit “quelqu’un avec les mêmes yeux que moi” et je lui réponds “ma fille avait de bien plus beaux yeux que les tiens”.
Les deux immortels discutent puis commencent à faire l’amour et un rapport de force s’installe dans l’acte [censure pour cause de passage explicitement pornographique, mais comme le faisait justement remarquer Gaël : it’s not porn, it’s HBO RPG].
Ils sont tous les deux interrompus par un membre du clan venu trouver Styx.
Gaël joue Hildegarde, une damnée née au 10e siècle, cheffe des damnées au service de la famille Balthus et de la milice.
Ses objectifs sont :
- Retrouver du crédit auprès de la reine.
- Être en couple avec Léonore sans la détruire.
- Corrompre la cheffe des mystique (qui détiens le secret du rituel de la création des damnés).
Gaël cadre la scène : Hildegarde va voir Léonore dans une vieille chapelle catholique en mauvais état, décorée d’une statue de la vierge Marie et d’un Christ hermaphrodite.
Le seul contact des mains de Léonore suffit à apaiser les tourments d’Hildegarde, mais cette fois-là, la fatigue se lit sur le visage de la prêtresse et l’apaisement ne se produit pas.
Léonore est très faible pour une raison obscure. Face aux questions d’Hildegarde, Léonore lui explique qu’elle ne peut rien lui dire sur les raisons de son affaiblissement. Elle trahit juste le fait qu’elle manque de sang (explication : mon personnage vend son sang car elle est une hybride d’immortel et de damnée et son sang est une véritable drogue qui s’arrache à prix d’or).
Hildegarde se met en colère, du coup Léonore reprend (un peu abruptement) les mains de Hildegarde pour l'apaiser. Elle se concentre tellement fort pour réaliser ça, que sa peau devient transparente par endroit et cadavérique.
Hildegarde retrouve bien une paix intérieure, elle repose une fois la question et se retrouve de nouveau face au refus de Léonore qui pense que parler serait dangereux. Hildegarde quitte les lieux en lançant qu'elle saura de toute façon ceux qui lui font du mal (toute la scène était très tactile et sensuelle, on sent que les deux personnages éprouvent des sentiments forts l’une pour l’autre).
Mélanie (le MJ) cadre à présent une scène pour mon personnage : En pleine négociation d’affaires, Cégeste commence à me faire un foin à propos du fait que je cherche à mettre sa sœur enceinte (puisque c’est le seul moyen pour moi d’avoir un enfant).
On s’isole dans le couloir et par un jeu de moquerie et de menaces, je lui fais comprendre qu’il ne pourra pas m’empêcher d’obtenir ce que je désire.
Il quitte les lieux et part retrouver sa sœur. Étant une damnée, Gabrielle a pour mission de tuer les immortels, or son frère Cégeste étant un immortel, sa situation est extrêmement tendue.
J’entreprends de suivre Cégeste pour qu’il me mène à sa sœur. Dans les souterrains de la ville, il s’arrête dans un bar moisi, Gabrielle porte un vêtement à capuche pour dissimuler son identité, mais certaines personnes ont l’air de la reconnaître (les damnées ne sont pas nombreuses et c’est une caste méprisée, car souillée par le sang d’immortel).
Je m’avance à leur table et m’assoie parmi eux de façon nonchalante. Cégeste se crispe, je pose ma main sur la sienne dans un geste d’affection et de domination. Puis je m’adresse à Gabrielle. Elle sait quels sont mes plans pour elle. Je lui fais remarquer que les clients du bar la dévisagent et que si elle se joignait à moi, nous pourrions prendre le pouvoir, que la mère de mon enfant serait bien traitée. Le temps des humains est révolu, elle n’a plus à se battre pour ceux qui l’asservissent.
Elle semble acquise à cette idée, mais objecte que si elle doit porter un enfant un jour, ce sera celui de son frère, et personne d’autre.
Je me lève de table et j’attrape un des clients dédaignant Gabrielle par le cou en l’écrasant de ma main et je bois son sang devant une assistance terrifiée.
Gabrielle se jette sur moi, s’ensuit un combat dans lequel j’utilise des clients du bar paniqués comme boucliers humains, mais elle finit par prendre le dessus, me plaque contre le mur d’une seule main et me murmure à l’oreille qu’elle ne me laissera pas faire tout ce que je veux. Puis me laisse tomber et quitte le lieu.
Nouvelle scène cadrée par Mélanie : de façon à apaiser les damnées (et probablement à mieux les contrôler), un rituel visant à purger leur âme de leurs tourments est pratiqué régulièrement. À cette occasion, des prêtres et prêtresses copulent avec eux, de façon à activer leur pouvoir de transe.
La scène ressemble à une orgie, dans une église, avec des habits cérémoniels prévus pour cette copulation rituelle et sacrée. Hildegarde participe, mais ses émotions la submergent et elle entre dans une frénésie incontrôlable et tabasse le jeune prêtre avec qui elle avait un rapport sexuel.
Les autres personnes présentes mettent du temps à réagir et finissent par quitter les lieux. Seule reste Léonore qui s’approche pour tenter de la raisonner et choisit ce moment (le pire qui soit) pour lui révéler que Styx puise son sang pour en faire un trafic.
Suite à cette révélation Hildegarde ne se contrôle plus et pour obtenir sa transe entreprend de violer Léonore. Cette dernière réagit en tentant de l’apaiser par des mots et des caresses.
Un conflit est joué. Gaël joue pour obtenir une transe afin de s’apaiser, ce qui voudrait dire violer son amante. Le corps à corps est destructeur, mais finalement Hildegarde finit par se rendre compte de ce qu’elle était en train de faire et renonce et s’enfuit, dévorée par la culpabilité.
Commentaires
Comment dire ? C’était énorme !
Les 3 ou 4 playtests précédents étaient grippés, parce que les objectifs de nos personnages étaient souvent trop passifs ou abstraits, ou trop dépendants de secrets que seul le MJ connaissait. Du coup, on se retrouvait vite bloqués sans savoir comment agir pour progresser vers leur résolution, ou réagir aux situations que nous cadrait le MJ.
Là on a pris du temps avant de jouer pour élaborer des objectifs qui impliquent forcément l’accomplissement de quelque chose et qui soient en relation avec un ou plusieurs autres personnages importants présents sur le réseau des relations (en fait, tous les personnages jouables).
Une remarque : dans la dernière scène de Gaël, Mélanie a établi que Hildegarde perdait le contrôle et Gaël a joué dans ce sens. Du coup, il s’est trouvé à défendre le pire parti possible pendant le conflit et de son propre aveu, il ne savait plus vraiment comment il en était arrivé là tant la situation lui échappait. ^^
J’ai ressenti quelque chose de nouveau dans cette partie, par rapport à mes pratiques du JdR diverses (et aussi dans l’une des précédentes qui avait un peu marché, mais nettement moins bien que celle-ci) : jouer des personnages badass, voire flamboyants, mais aussi cruels, fourbes et violents, mais dont les comportements sont le fruit de la situation dans laquelle ils se trouvent.
Au premier plan, les rapports de domination avec les autres personnages : certains nous dominent, et on en domine d’autre. D’emblée les relations sont perverties et il va falloir passer en force ou manigancer pour obtenir ce qu'on veut.
On a besoin des autres, mais les autres sont aussi des obstacles.
De plus, la mécanique du jeu (que j’ai bricolée pour dépanner au départ et qui s’est avérée plutôt efficace, donc on l’a gardée) avantage le joueur qui va user de brutalité ou de manipulation et accorde une grande importance aux relations.
Toute la préparation des personnages consiste à préparer énormément de prises pour générer un Positionnement riche pendant la partie (des perches pour que le MJ nous mette dans des situations impossibles : relations, passé, objectifs, choses qui comptent vraiment pour le personnage, etc.).
Typiquement, Vampires de Victor Gijsbers échoue selon moi à nous pousser à être cruels. Il nous contraint à l’être et donc on se force et c’est vite artificiel.
Ce jeu est tout à fait différent et nos comportements excessifs (je ne retranscris pas la moitié de la perversité et de la violence dans mon CR) étaient naturels : on jouait comme ça sans se forcer, parce que tout était en place pour qu’on y vienne sans avoir à y penser (vous avez dit vide fertile ?).
Styx humiliait et intimidait constamment Cegeste, par exemple, mais celui-ci reste attaché à lui.
Le fait que l’on ait une grande marge de manœuvre concernant l’esthétique de nos personnages (notamment les caractères monstrueux des immortels) nous offre une part de créativité bienvenue.
Je remarque également que les thématiques du jeu sont très orientées vers le Queer, le féminisme, la masculinité, la parentalité, la violence, les relations de dépendance, voire de domination, etc. C’est cru, c’est sale, c’est immoral, c’est sexuel, c’est transgressif. C’est fucking awesome !
Bref, on compte bien continuer la semaine prochaine, et je suis impatient de voir comment tout cela va évoluer. *-*