Mori

Pour le développement de vos jeux ou pour discuter de théorie

Mori

Message par Aregallia » 24 Juin 2016, 01:46

Ceci constitue un premier rapport de partie afin de présenter aux membres de ce forum le projet que je développe actuellement
Il s'agit de Mori accessible au format portable document file à cette adresse :
https://drive.google.com/open?id=0B9z54 ... UtnNjM1OVE
Que joue-t-on ?
Le cauchemar d'une jeune âme submergée par ses craintes, ses angoisses et ses doutes.
La jeune âme, en proie à ses tourments, se plonge dans le cauchemar afin d’y puiser ses réponses.
Qui joue—t-on ?
Trois joueurs interprètent les facettes de cette âme, les Enapas.
Celui qui est Multiple expose l'Argument, le cauchemar
Les autres Enapas de l'âme sont Celle qui est Multiple.
Celle qui est Multiple, est tout à la fois la figure maternelle de la jeune âme, la figure paternelle, sa Deva, (déesse tutélaire), son Devos, l'âme et ses sœurs.
Organisation matérielle
Une table, trois chaises, quelques pierres d'un jeu de go et des pièces de monnaie, un bâton de marche, un bol (en l’occurrence un bol tibétain) placé au centre de la table.
Pour cette première session Celle qui est Multiple est animée par deux de mes fils, Mathieu (15 ans) et Gabriel (12 ans).
Je présente le propos du jeu ainsi que son cadre et une première question émerge.
Mathieu se demande comment il pourra invoquer une quelconque divinité en cours de partie alors même qu'il n'a que de vagues notions du panthéon Celtique.
Je lui indique qu'il lui suffira de recourir à une périphrase du type «ô Corneille des Combats, maîtresses des champs de bataille ». pour évoquer la déesse guerrière sur l'existence même de laquelle il s'interrogeait.
En outre, le principe de base est que rien n'est contingent, tout est vérité.
Dès lors, quand bien même la Deva ne serait pas révérée à cette époque, sous ces latitudes, elle est présente au sein du cauchemar de la Jeune âme et à ce e titre pertinente au sein du contenu fictionnel de la session.

Nous convenons que pendant la partie, aucune de nous ne prendra la parole en dehors du tour de parole de son Enapa.
Aucun commentaire ne sera formulé.
Ils seront émis après la phase de Résolution.
Toute énonciation se fera au présent de l'indicatif en utilisant la première personne du singulier.
Seules exceptions, les dialogues que suscitera l'Enapa pendant son tour de parole en tendant le bâton de paroles à son interlocutrice et les souvenirs qui débuteront par l'emploi des temps du passé.
Avant de débuter la partie, les Enapas qui sont Celle qui est Multiple déterminent, à priori, les aspects de l'âme au moyen de quatre pierres blanches qu'ils répartissent entre les cercles figurés sur la marelle qui tient de lieu de plateau de jeu.
Mathieu, place deux pierres dans le cercle « Tu honoreras les Devos » en indiquant à son frère Gabriel que cela permet d'invoquer des Devas et de disposer d'une réserve de deux pierres en plus des leurs afin de surmonter l''adversité.
Après une brève discussion, Gabriel accepte et une pierre est placée sur le cercle « Tu t'exerceras à l'Aregallia » et la dernière dans « Tu feras le bien ».
Mathieu et Gabriel s'asseyent plus profondément dans leurs sièges afin de se détendre. Claude les invite à laisser leurs bras retomber le long du corps. Détendre le moindre de leurs muscles.
Celui qui est multiple diffuse un fond musical d'introduction « Défini » de Clair Obscur, (album In Out V.I.S.A. 1988) puis expose son argument :
Argument
« Qu'importent donc les sables, la mort, La Malencontre,
Si au plus près d'Ogmios je me suis préservé ?
Il est celui dont je conçus le songe où je me rêve, et dure à jamais,
C'est transmué en Lui que je vous reviendrai. »
« L'invité boit
Tous les angles rassemblés
Dans le cercle de la Table
Puis brûle le vide
Puis brûle le feu
Dans le non et le oui
de la fumée.
Inlassablement il reconstruit
Ses murs comme une digue
Contre la monarchie d'une étoile.
Aujourd'hui l'invité plante devant
la porte un squelette d'oiseau
Cousu sur un cœur immédiat
Qui inverse la lumière
Il bouche un trou avec un trou
En dépeuplant la mort
La maison qu'il amène avec lui
Est une lampe simple
Qui épelle une étoile simple
une femme précipitée
Elle porte le nom
D'un noyé pur
Celui qui déroule puits
Et déguise la Tour. »
« Un bois
La nuit
Une barque
Je suis confuse
Mes souvenirs à moi se dérobent.
Une partie de chasse. Un sanglier. Je suis auprès de l'Altros, (maître) Segios. Nous chassons. Nous chassons à trois. Les chiens ont levé une laie de belle proportion.
Nous suivons les chiens avec peine dans les tréfonds de la Vieille forêt. C'est un bois que je ne connais pas »
Celui qui est Multiple lâche une pierre noire, signalant ainsi une dissonance une fragmentation du récit, de l'âme.
« Je me souviens : Dago, Père qui s'éloigne détournant le regard. Une colère froide l'habite. Lui et Segios ont échangé des mots vifs. Leurs muscles saillent. La mésentente est entrée dans le Domaine. »
« Comme à l'accoutumée, Segios, à court de mots m'a confié une javeline, mon arc et un poignard. Il a hélé Quatre Dents. Nous sommes partis en chasse, mais sans nos montures...loin de nos terres. Nous avons franchi l'eau.
Segios a juste dit : « Remonter l'eau, c'est la voie du souvenir ».
Le temps est lourd de menaces. Tous attendent l'orage.
Fragments Passage Ailleurs Nous sommes ailleurs. Nous sommes sur les terres de Ceux qui combattent en Hurlant. Nous n'avons pas nos limiers.
A nouveau Celui qui est Multiple a lâché une pierre dans le bol.
Aucun des trois. Chacun dispose d'un épieu et d'une dague.
Nous suivons les traces d'une énorme laie, lorsque nos pas croisent la ligne d'un vieux mâle encore plus imposant.
« Celui la est pour toi, Fils. Méfie toi et prend mon poignard. Moi je demeure en ce lieu. J'ai un vieux compte à régler » me dit Segios.
Les traces, je les suis depuis des heures ce me semble.
Mes pas se perdent dans ce bois de moi inconnu.
La forêt pourrait être celle de Forêt Noyée.
Les clières s'ouvrent sur des fondrières. De saules séculaires y croulent sous les lianes moisies. L'odeur n'est pas celle de Forêt Noyée. J'en connais le parfum subtil.
Ici, je trouve le même parfum qu'en l'île, au sanctuaire, près du bois sacré.
Partout, des lianes épaisses enserrent les troncs étiques des bouleaux noyés dans la boue et l'humus.
Là bruissent et bourdonnent les moustiques. Peu d'oiseaux se morfondent dans cette sylve pourrie.
Les traces abordent une mare dans l'axe de la pente de la combe. Je devine y trouver leurs sœurs sur la plage sableuse qui me fait face.
J'y découvre des traces fraîches de sabots non ferrés. Des traces de sangliers, plus légers, moins récente, qui viennent à la mare depuis une sente et repartent par celle-ci. En revanche, nulle trace de mon gros sanglier, mais des empreintes nettes de pieds nus
Deux pierres tintent dans le bol.
Après un long silence, Gabriel prend une pierre noire puis entame son récit :
« Segios doit être profondément troublé par son altercation avec Dago. Leur désaccord doit être profond. Me laisser ainsi seul dans la forêt. Je suis sur qu'il souffre du mépris que lui témoignent les autres membres de Teuta... »
Celui qui est Multiple place une pierre noire devant Gabriel et entame un récit souvenir sur les liens qui unissent Dago le père, prince de la Teuta et son vassal Segios.
Après un commentaire sur le penchant pour le bon vin de Segios, il passe le bâton de parole à Mathieu
« Ces traces sont singulières. Ma proie serait-elle un esprit néfaste ? »
Gabriel et Celui qui est Multiple offrent chacun une pierre blanche à Mathieu.
Commentaire et problématique
Aucune dynamique n'a succédé à cet échange, et frustré de voir l'histoire s'enliser j'ai ajouté au cauchemar la décrivant quitter la combe pour se voir suivie d'ombres et inquiétantes et rejoindre finalement ce qu'elle pris à torts pour Segios et se révéla être un esprit néfaste
L'argument est très simple, les accroches me semblent évidentes et je n'ai obtenu aucune réaction de Mathieu et Gabriel. L'atmosphère était propice, petite lumière, nuit silencieuse au dehors....
Lors de la partie précédente, l'argument était plus fumeux, plus sombre : l'histoire des choux exposé dans l'ébauche dans sa variante graine.
La dynamique de prise de pierres de Dissonance avait alors pleinement fonctionné.
Une belle surenchère, naturelle, avec deux récits qui se chevauchait et une proposition de résolution aux antipodes de la proposition de départ.
Le seul à même de les soigner était le pédagogue grec et la conclusion était que la vérité est ailleurs. (Et non il n'a jamais regardé X Files). Chacun a délaissé le propos onirique ou horrifique pour prendre le problème d'un point de vue moral ou abstrait.
Gabriel a raconté l'histoire d'un ostracisation et Mathieu une lutte entre tenants de la modernité et traditionalistes obscurantistes dont l'âme serait le jouet et lui a évidemment tranché pour la modernité (étudiant scientifique, passionné de mathématiques et de logique).
La première partie, relatée ici très sommairement, nous a mobilisé une heure.
S'exprimer sans commentaire et à la première personne, sans effacer ses dires fut difficile à maîtriser, mais ils y sont parvenus. La partie fut pour moi décevante dans la mesure ou le cauchemar n'a pas été vécu au premier degré.
Dans la seconde tout fut fait pour susciter une ambiance inquiétante, mais là tout est tombé à plat.
La richesse de la première partie contraste douloureusement pour moi avec la seconde.
Au prime abord, on pourrait considérer le manque d'empathie avec la nébuleuse Jeune âme.
Or, chacun ayant crée un personnage d'Aregallia et connaissant le contexte culturel dispose des éléments du code permettant de passer outre.
Je dispose bien d'un mécanisme introduisant le caractère déstructuré du cauchemar, un mécanisme permettant l'équilibre des interventions avec le bâton de parole, mais je sèche pour le coté sombre
Dernière édition par Aregallia le 24 Juin 2016, 23:40, édité 3 fois.
Aregallia
 
Message(s) : 6
Inscription : 07 Mai 2016, 23:11

Re: Mori

Message par Thomas Munier » 24 Juin 2016, 07:42

Bonjour Aregallia, et bienvenue sur les Ateliers !

Comme je n'ai pas encore lu ton document, je peine à comprendre comment les règles produisent l'aventure.

A quoi servent les pierres de dissonance ?

Tu dis que tu peines à rendre le côté sombre. As-tu des mécaniques qui sont censées le soutenir ?
Énergie créative. Univers artisanaux.
http://outsider.rolepod.net/
Thomas Munier
 
Message(s) : 2003
Inscription : 30 Nov 2012, 12:04

Re: Mori

Message par Aregallia » 24 Juin 2016, 08:12

Merci
A quoi servent les pierres de dissonance ?

Lorsqu'une facette de la jeune âme est en désaccord avec ce qui a été énoncé lors du tour de parole précédant, elle saisit une pierre noire afin d'exposer sa vision.
Celui qui est Multiple peut alors surenchérir et alimenter le récit en altérant un élément logique du contenu fictionnel en complément de l'apport de cette seconde facette de la jeune âme.
Les pierres noires ont été préalablement déposées dans le bol par Celui qui est Multiple lors de l'exposé de l'Argument, ponctuant les points de divergence, les éléments surréalistes, la matière proposée comme support fictionnel aux Enapas.

Par ailleurs, "comme rien n'est contingent, Tout est vérité", chaque énoncé successif des facettes (Enapas) est vrai dans le monde du cauchemar (Mori).
Toutefois, chaque contradiction dissonance, traduit un peu plus les fractures qui traversent le récit ou les émotions contradictoires qui agitent la Jeune âme.

Tu dis que tu peines à rendre le côté sombre. As-tu des mécaniques qui sont censées le soutenir ?


Le but d'un session de Mori est de s'extirper du cauchemar, soit d'achever le récit en recueillant un nombre de pierres blanches supérieur de 3 au nombre de pierres noires et proposer alors un issue plausible, une résolution élégante de la situation.

Chaque Malheur est traduit par le dépôt d'un statère (d'une pièce) dans l'emplacement Galar de la marelle.
Par Malheur il faut entendre souillure, affliction morale, donc mentale.
Sur le plan physique, les blessures infligées par les entités de cauchemar aux Enapas, ou les atteintes de la maladie sont matérialisées par des crans de Galar.
Si le Galar excède le nombre de pierres blanches +3 on aboutit à l'éveil sans proposition de résolution.
Aregallia
 
Message(s) : 6
Inscription : 07 Mai 2016, 23:11

Re: Mori

Message par Aregallia » 25 Juin 2016, 22:58

J'ai ressenti une profonde frustration à ne pas pouvoir peser sur le cours du récit avec des ressorts classiques. J'ai respecté la règle énoncé et j'ai attendu vainement que Mathieu et Gabriel surenchérissent, construisent leur récit sur le peur
Peut être est-ce une impasse.
Ce mode de jeu est peut être inapproprié à ce genre.
Clairement, ce procédé ne convient pas à mes fils qui souhaitent revenir sur le classicisme d'Aregallia.
Avant de renoncer définitivement, je souhaite expérimenter le dispositif Mori auprès d'autre joueurs
Aregallia
 
Message(s) : 6
Inscription : 07 Mai 2016, 23:11

Re: Mori

Message par Fabien | L'Alcyon » 26 Juin 2016, 22:15

Salut Aregallia !

Comme je te le disais, je trouve ton projet vraiment intriguant, j'espère en voir plus.

En même temps, j'ai beaucoup de questions pour mieux comprendre ce qui se passe et de points sur lesquels je t'invite à réfléchir.

D'abord, qu'est-ce qu'« Aregallia » ? Le document de ton jeu commence en le/la mentionnant, mais sans l'expliquer plus. Tu parles du classicisme d'Aregallia à la fin de ce sujet. De quoi s'agit-il ?

Tu dis que l'argument est très simple et que les accroches te semblent évidentes. Je suis pour ma part assez perdu et j'ai du mal à comprendre ce qui se passe dans la fiction: l'enfant rêve qu'il chasse une laie, et ça se passe mal ?

Je me pose une question aussi sur l'âge des deux joueurs (12 et 15 ans). D'une manière ou d'une autre ça a influencé la partie. J'ai l'impression que ton jeu demande une grande maturité et une grande créativité: ils y sont vraiment arrivé aussi facilement ? Peut-être que leur âge est aussi la raison de l'enlisement de la deuxième partie.

S'agit-il de votre deuxième partie ensemble ? En aviez-vous déjà fait ensemble avant en dehors de celle que tu mentionnes ?
Je pose la question parce que je me demande quelle expérience du jeu tes fils avaient avant d'y jouer.
As-tu aussi testé ton jeu précédemment et/ou avec d'autres personnes ? Est-ce que ces expériences permettent de mieux comprendre celle-ci ?

Est-ce que tu peux préciser plus la dynamique des pierres de dissonance ? Qu'est-ce que tu attends des joueurs avec cette mécanique ? J'ai bien lu ta réponse à Thomas sur ce point, mais je ne suis pas sûr de comprendre ce qui se passe.

Voilà, je pense que ça fait déjà pas mal de questions auxquelles répondre, j'en aurai d'autres après, mais on peut commencer par ça.

Je te le répète: je trouve vraiment ce projet très stimulant et très attirant, mais j'ai toujours du mal à comprendre comment il fonctionne. Je suis donc impatient de saisir comment tes parties se jouent !

Dernier point: ton projet est très ambitieux et c'est très bien. Mais nécessairement un projet ambitieux demande beaucoup de développement, beaucoup d'essais et va au devant de nombreux échecs durant les parties tests. Il demande aussi à être transmis, ce qui n'est jamais facile pour un jdr en général et encore moins pour un projet innovant. Tes difficultés me semblent donc normales et je t'invite à t'accrocher et à ne pas céder au découragement ! On est là pour t'aider à aller au bout de ton projet.
Bon courage et au plaisir de te lire !
Fabien | L'Alcyon
 
Message(s) : 788
Inscription : 06 Mai 2010, 11:07
Localisation : Strasbourg

Re: Mori

Message par Aregallia » 27 Juin 2016, 19:49

Bonjour,
D'abord, qu'est-ce qu'« Aregallia » ? Le document de ton jeu commence en le/la mentionnant, mais sans l'expliquer plus. Tu parles du classicisme d'Aregallia à la fin de ce sujet. De quoi s'agit-il ?

Mori est un projet qui idéalement deviendra je le souhaite autonome, mais à l'origine n'est que l'une des trois manifestations du projet Aregallia
Ce dernier est le fruit d'une commande de mes deux fils, qui jouent régulièrement avec leurs camarades au Lycée ou au collège et qui souhaitaient jouer avec moi. Nous avons examiné ensemble la ludothèque familiale et cherché ensemble un jeu qui conviendrait aux trois (Mathieu est MJ à Star Wars aux confins... et Gabriel à Numénéra enfin un hack de sa composition Powerkatze). Ne trouvant rien qui leur conviennent, ils m'ont demandé de leur créer un jeu sur mesure.
Aregallia est donc le résultat, soit un jeu proposant de joueur une communauté de la tribu silvanectis au III siècle avant J-C, au travers de certains de leurs jeunes membres qui surmontent l'adversité au moyen de leurs valeurs.
Le jeu est disponible est disponible à cette adresse https://drive.google.com/open?id=0B9z54 ... UJuZ21adXc.
Dans la phase de création, je considère que les baccos qui composent la communauté jouée ont des hantises que j'invite à définir de façon classique en tant qu'historique non joué.
Je propose toutefois d'y revenir sous forme de flash-back lorsqu'ils présentent un attrait pour l'évolution de la communauté ou de ses membres
Mori a été envisagé à l'origine pour répondre à cet aspect d'Aregallia.
Toutefois, je pense qu'il peut être envisagé de façon autonome.
Le troisième axe d'Aregallia est Adgatia, (la sagesse) et le propos est d'envisager l'influence de la culture grecque sur la communauté et permet d'incarner des personnages, atypiques, des modernistes épris de principes issus de la diaspora pythagoricienne. Pour l'instant seul le volet culturel est rédigé. Le propos est l'altérité. Il est en cours de développement.
Aregallia c'est donc un projet en 3 Aregallia, Mori et Adgatia.
Je me pose une question aussi sur l'âge des deux joueurs (12 et 15 ans). D'une manière ou d'une autre ça a influencé la partie. J'ai l'impression que ton jeu demande une grande maturité et une grande créativité: ils y sont vraiment arrivé aussi facilement ?

Je pense qu'ils sont capables d'une grande créativité dans le domaine ludique, (moins face à une question de corpus de français, mais c'est un autre sujet). Nous avons, depuis mon commentaire rediscuté de la partie. Ils considèrent que leur apathie était principalement due à la fatigue, (nous avions commencé à jouer vers 23h, 23h30 et ce sont de gros dormeurs).
Ils sont désireux de renouveler l'expérience en révisant les conditions matérielles, (nous jouerons plus tôt).
Nous jouerons la troisième session de Mori demain, avec une dimension d'Adgatia en toile de fond.
Les deux garçons sont très attachés au personnage de GennaÏos, le pédagogue grec, disciple de Pythagore, l'acousmaticien.
La créativité développée dans la première session m'a moi même étonnée. Le champ lexical n'atteint pas toujours au sommet, mais le contenu fictionnel est très intéressant et rafraîchissant.
Toutefois, je souhaite tenter l'expérience avec des adultes afin de déterminer ce que Mori recèle.
Est-ce que tu peux préciser plus la dynamique des pierres de dissonance ? Qu'est-ce que tu attends des joueurs avec cette mécanique ? J'ai bien lu ta réponse à Thomas sur ce point, mais je ne suis pas sûr de comprendre ce qui se passe.

Les pierres noires symbolisent le caractère fractal du discours.
Je joue avec un bol tibétain et des pierres de go. Lorsque j'expose l'Argument, chaque pierre tombe à mesure que j'énonce un point qui remet en cause l'harmonie du monde selon l'idée que je me fais de la Jeune Âme. Ce faisant, la dissonance est audible. Lors de la première session, sans fond sonore sinon ma voie, lorsque les pierres tombaient, mes garçons sursautaient sur leurs chaises. Lors de la seconde session, nous étions assis en cercle, ils s'agitaient en grognant leur désaccord.
Par la suite, lorsqu'une Enapa tisse son récit alors que les autres écoutent, et chacune réagit et brûle d'impatience de rétablir la trame telle qu'elle l'envisageait. En plaçant la pierre marquant ce désaccord, elle ajoute un voile à l'ensemble. Elle influe effectivement sur le récit. Le récit s'enrichit. Elles permettent d'évoquer un dieu. Elles symbolisent tout ce qui est mobile dans le contenu du cauchemar, elles sont sa force. A tout moment, elles matérialisent son niveau, son intensité.
Et même, si individuellement chaque Enapa, souhaite aboutir à une résolution qui permette d'approcher ce qu'elle perçoit comme vrai, vérité, beauté de la Jeune âme, elle toujours tentée de modeler le discours à sa convenance propre.
Le jeu au travers de l'utilisation conjointe des pierres noires et des pierres blanches subit une double dynamique : prendre des pierres noires dans le bol c'est alimenter le cauchemar, mais c'est aussi le façonner créer. Offrir des pierres blanches c'est confier à l'autre le soin de poursuivre le récit selon son inclinaison.
Au sein des deux sessions jouées, la dynamique a réellement fonctionné. Et même sur la seconde ou les pierres noires se sont trouvées épuisées. Ils avaient utilisé toutes les pierres présentent dans le bol et je voyais devant moi, Mathieu, qui souhaitait à tout pris imprimer une autre direction au cauchemar, frustré, me demander du regard de remettre des pierres dans le bol afin qu'il puisse contredire l'autre Enapa.
Les pierres noires sont à la fois une instrument de créativité et un moyen de ressentir, par cette très simple matérialisation la frustration ou une angoisse sourde.
J'ai joué à hystoire de fou avec Denis Gerfaud et c'est un peu la dimension conjuguée d'angoisse et de tension nerveuse qu'il parvenait à distiller par la répétition en boucle du scénario. C'est long et un peu pénible. Mais intéressant dans la perspective d'immersion. C'est ce que je place dans mes pierres de Dissonances. Une tentation de peser sur le récit, à portée de mains, mais qui peut favoriser l'émergence d'une adversité accrue.
Celui qui est Multiple énonce l'Argument puis ne peut surenchérir que sur une pierre de dissonance ou en répondant à une question d'une Enapa. Il n'a pas la maîtrise du récit, pas plus que les autres Enapas, sinon au travers de la prise d'une pierre noire. C'est un moteur ambigu que personne ne maîtrise réellement une fois lancé.
Tu dis que l'argument est très simple et que les accroches te semblent évidentes. Je suis pour ma part assez perdu et j'ai du mal à comprendre ce qui se passe dans la fiction: l'enfant rêve qu'il chasse une laie, et ça se passe mal ?

Ce que j'ai reproduit, c'est le point de départ :
Deux fictions qui s'emmêlent, deux poèmes, dans la mesure ou il y avait deux Enapas en face de Moi.
Il chasse une laie qui se transforme en sanglier qui semble être autre chose, un Devos ou un Dusios (un esprit néfaste), un changeur de peau. La mare dont il émerge laisse plutôt présager de la seconde solution, les fondrières étant perçues comme de ouvertures sur le monde d'en bas.
Mathieu a tout de suite accroché, mais n'a pas assez développé.
L'autre lecture était que la jeune âme était morte et avait entrepris son voyage pour l'autre monde. Lecture destinée à Gabriel.
Conclusion provisoire, nous y reprendrons mercredi, sur un autre argument. J'enregistrerai la partie et façon à mieux documenter mon compte rendu.
L'argument tournera autour de deux thèmes la transformation et manifestation du divin/ mystique (phobie personnelle de Mahtieu) autour d'une cérémonie initiatique de la confrérie de Demné et l'altérité pour Gabriel au travers de la confrontation à un autre système de croyance, culte personnel et non publique (axe Sagesse du jeu) avec le test d'un nouveau mécanisme.
Aregallia
 
Message(s) : 6
Inscription : 07 Mai 2016, 23:11


Retour vers Vos rapports de partie

LES JEUX DES ATELIERS IMAGINAIRES

cron