par Steve J » 24 Juin 2015, 13:14
Sinon, je ne sais pas pour vous, mais je suis assez enthousiaste devant les quatre jeux que je dois critiquer.
Le premier s'appelle Le Lustre des Libellules, il s'agit d'un jeu écrit en français par Jason Pitre dont ce n'est pas la langue maternelle (on lui doit notamment Spark qui proposait un des meilleurs systèmes de création de cadre de campagne).
Il faut du coup saluer l'exploit, même s'il est évident à la lecture qu'il lutte avec notre langue cela reste compréhensible et agréable à lire.
On y incarne des libellules qui réagissent à des dangers en mettant en avant différent traits de leur personnalité ce qui les amène à évoluer. Les mécaniques de résolution amènent généralement le joueur à simplement décrire comment son personnage réagit (pas de lancé de dé) ce qui est une approche plutôt intéressante.
Le deuxième, Le Pays des Rêves, est un jeu pour enfant (de 4 à 6 ans) animé par des adultes et amenant les gamins à explorer des univers fantastiques.
C'est bourré d'idées qui donnent vraiment l'impression que les deux auteurs savent où ils vont (on les soupçonne d'avoir des enfants).
On ne nomme pas les choses mais on les décrit. Ainsi un bateau devient "un ensemble de planches qui flottent sur lesquelles ont a accroché des bouts de tissus qui permettent au vent de le tirer". L'idée étant qu'on peut demander aux enfants s'ils savent nommer les choses.
Les personnages peuvent se transformer en animaux, chacun ayant un pouvoir très marqué, en dépensant des jetons qu'ils peuvent gagner en faisant des dessins.
Si les PJs ratent leurs jets de défense, les enfants peuvent quand même éviter de perdre des PVs en décrivant comment leur personnage évite l'attaque...
Le troisième Memento Mori est un jeu qui cite Sartre, notamment huis-clos, en amenant les joueurs à incarner des personnages morts qui discutent entre eux. Le jeu donne plein d'exemples de pitches, entre le discours entre philosophes morts (Karl Marx qui parle à Adam Smith), le meurtrier retrouvé par ses victimes, les morts récents qui retrouvent leurs ancêtres...
C'est très théâtrale (le jeu propose même de convier un public) et stimulant même si je trouve que le jeu manque de mécaniques pour créer des enjeux (en même temps on peut apprécier cette absence d'enjeux).
Le quatrième, Asabbiya, se joue par réseaux sociaux et l'on incarne les Architectes qui cherchent à contrôler l'Histoire du monde. Le jeu s'inspire du Fondation d'Asimov et notamment de la psycho-histoire cette science de la prédiction qui s’appuie sur une compréhension macroscopique du monde.
Le jeu nous amène à incarner des personnages qui vont impacter les événements clefs de l'Histoire du monde ("les Jonctions").
Il va falloir que je le relise plus en détail mais, si tout ne me convainc pas, je trouve qu'il y a des bonnes idées sur l'articulation entre le macro et le micro (qui est le récit privilégié du JDR).
Sinon j'ai pour l'instant aussi lu le jeu de Guylène ...Un dernier verre dont j'apprécie beaucoup les mécaniques permettant d'entrer dans les flashbacks en empruntant un personnage et les idées sur les différentes possibilités de juger les récits des autres joueurs.
Ainsi que le jeu de kiraen et Kalysto dont la thématique m'impressionne et qui nous rappelle que le JDR est aussi là pour aborder des sujets qui nous touchent. Il y a vraiment quelque chose qui passe à la lecture de votre jeu. Je suis un peu dubitatif à la lecture des mécaniques, trouvant le jeu a priori un peu trop rigide pour mes goûts. Il faudra que je relise ça à tête reposée mais l'impact des descriptions des joueurs sur l'évolution de la situation me parait un peu ténu ce qui m’embête un peu. J'espère qu'il y aura des tests de ce jeu qui permettront d'avoir des retours de partie et d'en discuter plus longuement ici.