Une épopée intimiste de la Madone des Noyés à l'Homme qui RitSuite de
Nantes à Compostelle 1/3
J+ (brigands) Je veux être le brigand le plus riche de la planète.Avec Malo, mon fidèle comparse, nous parcourons la campagne à la recherche de personnes à détrousser. Sur la rive sud de la Loire, après le Monastère du Pardon, nous trouvons un bivouac. Il y a là une femme et son enfant, en haillons. Il y avait d’autres personnes, mais elles sont parties. Nous nous apprêtons à détrousser la femme et l’enfant, mais Malo, qui a un sixième sens pour détecter les trésors, me dit qu’ils n’ont rien sur eux.
+ (barré) Et nous nous endormîmes près du feu.Alors la femme et l’enfant nous disent : « Nous n’avons rien sur nous, mais si vous cherchez de l’or, il y en a caché dans notre village. L’Homme qui Rit et ses hommes le cherchaient. Ils ont rasé notre village et tué tous ses habitants, sauf nous, qui avons pris la fuite. Ils n’ont pas trouvé le trésor pour autant car il est enterré. Alors, il a fait brûler les maisons et ils sont repartis. Nous, nous ne retournerons pas au village car nous ne voulons pas croiser les fantômes de nos voisins. Si vous n’avez pas peur, nous pouvons vous y conduire, en revanche. »
Nous décidons de leur faire confiance et bivouaquons avec eux.
+ Nous avions appris l'emplacement d'un trésor.Le lendemain, la femme et l’enfant tiennent leur promesse et nous conduisent auprès des ruines calcinées de leur village, plus au sud sur la même rive de la Loire.
+ Nous ramenâmes l'homme sur mon dos et notre sac rempli d'or.Dans le village, nous croisons le fantôme du chef, mais il ne nous pose pas de problème. Nous creusons sous les débris fumants de sa maison et trouvons un sac rempli d’or. Nous avons aussi affaire à un sbire de l’Homme qui Rit revenu chercher le trésor : un homme qui a un sourire crispé, comme tous les sbires de l’Homme qui Rit. Nous avons le dessus sur lui et le faisons prisonnier. Il nous dit que nous venons de nous faire un ennemi puissant en la personne de l’Homme qui Rit. La femme et l’enfant prennent peur.
Nous relâchons le sbire et nous faisons ensuite la rencontre de l’étrange Dorian, qui rejoint notre groupe.
Nous gagnons La Rochelle, citadelle fortifiée au bord de la plage. Au pied des remparts, il y a de nombreux campements. Pèlerins ne pouvant s’offrir l’entrée dans la ville, gitans, bateleurs, marchands ambulants…
L’Homme qui Rit a retrouvé notre trace. Il arrive dans les campements et commence à transformer en sbires tous les hommes et les femmes qu’il touche, et les sbires s’en prennent à nous.
Nous arrivons in extremis aux portes des remparts. Avec l’or, nous achetons notre droit de rentrer dans la ville fortifiée. A l’intérieur, nous dépensons tout l’or pour acheter des armes, de quoi protéger la femme et l’enfant. Je m’équipe d’un magnifique fusil avec une lunette de visée. Nous allons voir les templiers et nous les convainquons de la menace que représentent les sbires massés au pied des remparts. Ils acceptent de faire une sortie avec Dorian et Malo. Moi, je vais me poster sur les remparts pour faire le sniper avec mon fusil.
+ Un homme avait contourné et m'a blessé à l'épaule, je réussis quand même à le tuer.L’un des sbires avait pu rentrer dans la cité fortifié et avait gagné les créneaux pour m’attaquer par derrière !
+ Je suis repoussé par son bras qui me blesse, ma visée s'en trouve faussée.A un moment de la bataille, j’ai l’Homme qui Rit dans mon viseur. Mais la blessure que j’ai reçue du sbire fausse mon tir et je le manque.
+ Mon bras s'arracha suite à la détonation.Les troupes de l’Homme qui Rit n’ont pas le dessus. L’Homme qui Rit prend la fuite à cheval vers la plage. Alors je l’aligne à nouveau et abats son cheval. Mais le fusil explose à ce moment, m’arrachant le bras. Nous allons le voir sur la plage, avec Dorian, la femme et l’enfant. La scène est atroce. L’Homme qui Rit gît la jambe écrasée sous son cheval, lui-même agonisant et porteur d’un rictus sardonique. Il veut nous léguer son sourire, mais nous reculons, horrifiés. Sauf Dorian qui accepte ce cadeau maudit et devient le nouvel Homme qui Rit. Il transforme l’enfant en sbire et s’approche de nous. Je ne réfléchis pas, je pense à la sécurité de la femme et de l’enfant. Je sors un des pistolets qu’on a achetés avec l’or du village, et je crible Dorian de balles. Il ne rira plus jamais.
Malo+ (folie) Je sais ce que les gens ont comme argent sur eux, ça m'intéresse car je veux m'enrichir.Avec J, nous écumons la campagne à la recherche de trésor. Quand nous croisons la femme et l’enfant, mon pouvoir me dit qu’ils n’ont pas d’argent. En revanche, ils peuvent nous conduire dans les ruines de leur village, où il y a de l’or, en échange de notre protection.
+ (barré) Je ratai mon lancer de pierre et il s'enfuit après un sourire machiavélique.Alors que nous passons la nuit au bord de l’eau avec la femme et l’enfant, j’aperçois une silhouette sur l’autre rive. Je vois un sourire sardonique percer comme une lueur dans la nuit. C’est l’Homme qui Rit, il nous surveille. Je lui lance une pierre mais il s’enfuit sans avoir été touché.
+ (barré) L'enfant se réveille et il me dit que le moine est très dangereux.Il m’explique que l’Homme qui Rit a rasé son village et tué tous ses habitants, il est sans pitié, il aime le sang encore plus que l’or. Il m’explique aussi que ce n’est pas un homme normal : c’est un sourire qui peut se déplacer d’homme en homme. Le dernier en date, c’était un moine du Monastère de la Mémoire. Il a pris le sourire et maintenant il est le nouvel Homme qui Rit.
+ (barré) Je porte le sac d'or.+ L'Homme qui Rit est à nos trousses et nous allons à la ville nous armer.+ Le chef des Templiers accepte de nous aider.+ Des sbires essayent de me tuer.+ Les Templiers me défendent et je rentre dans la ville.+ L'Homme qui Rit (réincarné) a l'air de vouloir tuer la femme et l'enfant, je m'interpose entre les deux.+ L'enfant devient un sbire.+ Je sauve l'enfant en lui disant : "Sois toi-même."Quand J tue Dorian, l’enfant reste un sbire mais se cherche un nouveau maître. Il se tourne vers moi. Moi, je ne veux pas qu’il reste un sbire, une sorte de zombie. Alors je lui donne un seul ordre, « Sois toi-même » et l’enfant est sauvé. Dans cette aventure, nous avons perdu tout l’or que nous avions trouvé, mais nous avons gagné une famille.
Alain+ (pulsions) Je veux aller à Compostelle, pour voir si la plage y est plus belle qu'à La Rochelle.Je suis sur la plage de La Rochelle, dans le coucher de soleil. L’endroit est magnifique. Il y a un cheval mort, des hommes, une femme et un enfant. Je les ignore. La Rochelle m’a apporté ce qu’elle pouvait de beauté. Je veux m’en aller vers Compostelle dont on dit que la plage est la plus belle du monde. Je ne m’embarque pas dans un pèlerinage de foi, mais dans une quête de beauté et de simplicité.
+ (pélerins) Ils ont l'air un peu coincés mais ils n'ont pas un mauvais fond.Je m’en viens à la porte sud de La Rochelle. La route est pavée est bien entretenue. Un défilé de cinquante pèlerins, escortés par dix templiers qu’ils payent pour assurer leur protection, part pour Compostelle. Je vais pour les rejoindre. L’une d’elle, Sylvaine, me reproche de ne pas vouloir faire le chemin par conviction chrétienne. Mais finalement, je discute avec elle, et je la convaincs que je ne suis pas là pour leur nuire et que je serai de bonne compagnie, même si je ne me considère pas comme un pèlerin, mais comme un voyageur.
+ (société) Des principes moraux trop rigoureux sont une entrave à la liberté, notamment la mienne.Sur le chemin, je constate que les pèlerins sont brimés par leur religion. Je me méfie. Ils pourraient entraver mes faits et gestes, et moi je veux rester libre par-dessus tout.
+ (horlas) Quelles que soient leurs excuses, les Horlas sont monstrueux.Nous faisons une halte en haut d’une falaise, les pèlerins veulent rendre grâce à la Madone des Noyés. C’est une petite statue de vierge en marbre, posée dans une alcôve d’un autel, en haut de cette falaise battue par les vents et le bruit des vagues en furie. Il y a une grille derrière l’autel, censée empêcher les chutes du haut de la falaise. Elle est toute simple, un mètre de haut, deux barreaux.
Jean-Jacques me fait savoir que la statue est maléfique. Moi, je m’avance pour la briser, mais alors le chef des Templiers me dit que je blasphème. Il interdit qu’on touche à la Madone et me fait enfermer dans une cage à roulettes.
Le groupe bivouaque au pied de la Madone. Pendant la nuit, la fille d’un couple ami de Sylvaine, sort de sa tente et passe derrière la grille. Elle a un grand sourire apaisé.
Elle saute !
Sylvaine court lui porter secours, mais c’est trop tard, elle s’est abîmée dans les profondeurs tout en bas.
Je comprends que la Madone des Noyés est un Horla, peut-être un produit de l’égrégore concentré autour de cette falaise. Elle ne pense pas faire mal, elle pense que l’eau apporte le réconfort final aux noyés, elle pense les libérer de leur vie de souffrance. Il n’empêche que c’est un monstre, un assassin de sang-froid. Elle a influencé l’esprit de cette pauvre petite fille pour qu’elle saute.
+ (pulsions) Le Templier est victime de sa propre injustice.Au matin, nous mettons en garde les pèlerins contre la Madone des Noyés. Nous pensons qu’elle est la cause de ce suicide. Mais le Chef des Templiers ne nous croit toujours pas, il interdit toujours qu’on profane la Madone.
Cependant, plus tard, la Madone lui donne un ordre et il se jette à la mer à son tour. Alors maintenant les gens me croient et me libèrent. Je jette la statue à la mer, et je sens par l’égrégore qu’en fait elle est heureuse de rejoindre la mer, et ses frères et sœurs les noyés.
+ (nature) J'ai aidé les pèlerins à oublier leur peur mais aussi les deux noyades, finalement je me sens coupable.Nous continuons la route le long du littoral. La prochaine étape importante, c’est la cabane d’un ermite, un saint que les pèlerins vont consulter. Nous descendons un étroit escalier de pierre sans rambarde qui descend le long de la falaise. Nous arrivons à un arbre creux qui a poussé on ne sait comment dans les récifs, et l’ermite en a fait sa maison. Au bout de l’arbre, une longue jetée s’avance dans la mer. L’eau est agitée par les rouleaux, le ciel est gris, les nuages sont d’une blancheur neigeuse.
Sylvaine et Jean-Jacques vont parler à l’ermite. Moi, j’admire la mer. Depuis la jetée, je plonge dans l’eau. Ce contact avec la nature me régénère. J’invite les autres pèlerins à plonger à leur tour. La plupart le font, ils oublient un temps leur peur et leur culpabilité. Mais quand ils sortent de l’eau, ils ont aussi oublié le souvenir des deux noyés : le Templier et la petite fille.
+ (nature) J'ai fait un long chemin, j'ai déjà vu Compostelle. Et sa plage est magnifique.Nous faisons encore un long périple à travers les Landes. Puis nous arrivons enfin au pied des Pyrénées. Les montagnes nous observent, massives, pensives. Notre convoi échoue dans une passe au pied du col de Roncevaux. Sont aussi rattroupés là un convoi de gitans, un convoi de pèlerins lépreux, et un convoi de pèlerins pauvres (qui n’ont pas comme nous les moyens de se payer une escorte de templiers). Il y a aussi une troupe de barbares, une cinquantaine. Nous allons voir leur chef, une païenne gigantesque avec des coquillages tressés dans ses chevaux noirs. Elle se nomme Gertrude et veut nous vendre les services de sa troupe comme passeurs, prétendant assurer notre sécurité contre les brigands qui pulluleraient dans les montagnes.
Je vais voir la cartomancienne gitane qui tire les Tarots du Passé. Elle me tire le Monde, et m’annonce que je suis déjà allé à Compostelle, j’en reviens en fait. Elle a raison. Je m’en souviens maintenant. La plage de Compostelle est bien la plus belle du monde.
+ (brigands) Je me demande si je ne nous ai pas mis en danger en refusant l'aide des mercenaires.Pensant que les barbares mercenaires sont à la fois hors de prix et de mauvaise compagnie, je fais partie des membres du groupe qui pèsent dans la balance pour qu’on ne s’achète pas leurs services. Mais je commence à craindre que ces barbares délaissés ne s’en prennent ensuite à nous sur la route, ou que nous soyons à la merci des brigands. Serais-je contaminé par les craintes des autres pèlerins ?
+ (société) Vivre en groupe trop longtemps, c'est risquer de se perdre.Sur le chemin, j’ai appris à apprécier ces pèlerins, malgré leurs peurs, malgré leurs doutes, malgré leurs morales. Mais je ne veux pas devenir comme eux, et c’est ce qui va arriver si je reste avec eux. Aussi je leur donne congé au pied de la montagne, notamment mes chers Sylvaine et Jean-Jacques. Avant de prendre un autre chemin, j’adresse une simple prière pour ne pas les oublier comme j’ai oublié les feux dardant du coucher de soleil sur la plage de Compostelle.
Sylvaine+ (barré) (amour) Je veux emmener mon fils à Compostelle pour voir la mer car nous avons vécu des choses difficiles.Quand mon mari, le père de mon fils Jean-Jacques, est mort, Jean-Jacques et moi ne sommes pas parvenus à faire notre deuil. Alors nous avons pris la route de Compostelle en espérant y trouver de quoi alléger nos souffrances morales. Quand nous sommes partis de la Rochelle, nous étions entourés de pèlerins qui partageaient nos peines, cette solidarité de chagrin m’aidait beaucoup. Alors, quand Alain, ce voyageur insouciant, a voulu rejoindre notre cohorte, je m’y suis d’abord opposé. Puis j’ai compris que je ne devais pas me laisser à l’aigreur, alors je l’ai accepté parmi nous.
+ (barré) Ce que me dit le vieux pèlerin me fait remonter des souvenirs douloureux et me plonge dans une profonde tristesse.Etre parmi des pèlerins n’est pas que des avantages. Chaque jour sur le chemin, l’un d’eux me confie ses peines et ses doutes et par sympathie je suis encore plus triste qu’au départ.
+ (pulsions) Je saute sur le Templier, remplie de colère.Nous faisons une halte auprès de la Madone des Noyés. Jean-Jacques me confie que cette statue lui fait peur. J’ai tendance à le prendre au sérieux, mais sans plus. Mais au milieu de la nuit, la fille de l’un de mes amis monte sur la rambarde, et sous nos yeux horrifiés, elle saute. Le lendemain, je veux prévenir les autres du danger que représente cette statue, mais le chef des Templiers ne me croit pas. J’en viens à le frapper, alors qu’auparavant jamais je n’aurais porté la main sur un homme de Dieu.
+ (mémoire) Je veux jeter la statue dans la mer.+ (brigands) Je comprends la nature de la statue : c'est un Horla. + Mon esprit s'est ouvert et j'ai une remise en question de mes principes de foi.Une fois qu’on s’est débarrassés de la Madone, je réalise que je dois remettre en cause ma foi aveugle : tout n’est pas sacré qui en revêt l’aspect.
+ (amour) En observant mon fils, du haut de la jetée, je me fais emporter par la foule et tombe à l'eauQuand nous arrivons chez l’ermite, je lui demande audience. Le voyage m’a beaucoup réfléchir. Le vieil ermite, un aveugle, m’emmène discuter à l’abri des oreilles indiscrètes, au bout de la jetée. Nous discutons, je lui parle de mon mari, et de la fille de mon ami, que je n’ai pas pu sauver.
Sous l’impulsion de l’insouciant Alain, Jean-Jacques se met torse nu et saute se baigner dans l’eau. Je reste à le regarder, moitié confiante, moitié soucieuse. Sous les appels d’Alain, de nombreux pèlerins sautent à l’eau, ils me bousculent et j’y tombe malgré moi ! J’en serai quitte pour une douche froide et une belle frayeur !
+ Ce serait bien d'avoir les mercenaires avec nous mais je reste prudente et attends la décision collégiale.Quand nous arrivons au pied des Pyrénées, nous nous retrouvons pour la première fois à prendre une décision vraiment délicate. Faut-il engager les mercenaires barbares pour nous protéger sachant qu’ils ressemblent eux-mêmes beaucoup à des brigands ?
+ (barré) (miracle) Il est revenu de Compostelle, comment est-ce possible, qu'a-t-il vu ?+ (amour) Je n'ai pas une entière confiance en lui mais je me fie à mon instinct.Quand Alain nous quitte pour poursuivre son chemin de son côté, je me sens seule. Mais Jean-Jacques est plus confiant, quant à lui. Il fait partie des personnes qui ont l’idée de mettre ensemble notre convoi avec celui des pèlerins pauvres, des pèlerins lépreux et des gitans. Ensemble, nous nous offrons les services des mercenaires, en pariant sur notre nombre pour que ceux-ci ne s’en prennent pas à nous et assurent notre protection comme promis. Jean-Jacques devient-il un homme ? Je sais qu’il est faillible mais mon instinct me recommande de suivre le sien.
Jean-Jacques+ (barré) (science) Je veux que ma mère arrête de se réfugier dans la religion.Tout autant que Sylvain, ma mère, je n’arrive pas à faire le deuil de mon père. Elle a décidé de faire le pèlerinage de Compostelle pour oublier, alors bien sûr je l’ai suivi, puisque je n’ai que dix ans, mais je ne crois pas que ce soit la religion qui nous apporte le réconfort dans cette épreuve.
+ (barré) (science) Je suis convaincu et dégoûté de l'obscurantisme des pèlerins.Quand nous arrivons sur le rocher de la Madone, je comprends que cette petite statue de la vierge n’est pas normale. Je comprends qu’il s’agit d’un être qui pense, qui est malsain. A mon sens, cette statue n’a rien à voir avec la religion et je vois pourtant les pèlerins la vénérer et implorer son secours.
+ (nature) Je veux survivre aux Horlas.Pendant la nuit, j’assiste au suicide de la fille de notre ami. Je comprends qu’elle agit sous l’impulsion de la Madone, et que je peux l’en empêcher si je me concentre assez, hélas mon esprit d’enfant n’est pas aussi fort que celui de la Madone, et ni Sylvain, ni Alain ni moi ne sommes assez forts d’esprits ou assez rapide pour sauver cette pauvre fille.
Le lendemain, ma mère et Alain tentent de convaincre le Chef des Templiers, mais cet imbécile ne veut rien entendre. Alors, quand je réalise que la Madone veut le pousser à son tour au suicide, je laisse faire les choses. Il se jette à l’eau devant tout le monde, ce qui convint les pèlerins du danger que représente la Madone. Alors, ils libèrent Alain et le laissent jeter la Madone à la mer. Je suis un peu coupable de n’avoir pas protégé le Templier, mais son sacrifice a permis de sauver de nombreuses vies.
+ (mémoire) Je me souviens de mon père qui nous protégeait, qui était fort de mon point de vue d'enfant.Quand nous allons voir l’ermite sur la jetée, il nous demande de lui parler de mon père. Il me manque. En parler me fait du bien, et quand Alain nous demande de nous jeter à la mer, j’y plonge volontiers.
+ (société) Les épreuves et les joies ont lié le groupe de pèlerins.Notre périple continue à travers les landes où des vents violents piègent le père de la fille qui s’est tuée à cause de la Madone. Notre médecin le soigne. Notre groupe est plus lié que jamais.
+ (barré) (science) Je n'aime pas la cartomancienne.Quand nous arrivons au pied des Pyrénées, il y a là d’autres convois, dont un convoi de gitans. Alors que j’explore le campement, une cartomancienne insiste pour me tirer les cartes dans le Tarot de l’Oubli. Elle tire la carte de l’Ermite, un homme sage, de bon conseil. Elle dit qu’elle représente l’âme de mon père, que tout ce qu’il reste de mon père c’est cette carte. Elle me demande de la lui acheter, je refuse car je ne veux pas croire ce qu’elle dit. Alors elle garde la carte, elle me sermonne d’abandonner ainsi mon père.
+ (nature) La montagne me semble dangereuse. Entre les dangers naturels et les brigands, je m’aperçois que la suite de notre périple pourrait être mortel. Je fais partie de ceux qui insistent pour que nous regroupions tous les convois et achetions la protection des barbares, ce que nous faisons.
C’est un convoi de bric et de broc qui monte les Pyrénées vers le col de Roncevaux. Barbares, pélerins riches, templiers, pèlerins pauvres, lépreux, gitans. Il y a de tels langages, de telles croyances et de telles cultures différentes que cela entraîne une concentration terrible d’égrégore, un cyclone qui donne naissance à un Horla de la folie. L’orage éclate, le vent souffle en tourbillons. Je réalise que le démon Horla cherche une personne à posséder, il choisit celle qui est le plus sensible à l’égrégore : la cartomancienne. Je cours pour empêcher ça. J’entre dans sa roulotte. La cartomancienne est suspendue au-dessus du sol, toutes ses cartes volent autour d’elles. Je me concentre, et avec moi Sylvaine, pour chasser le démon. Et nous avons tellement d’amour, tellement de peine, tellement de conviction, que nous y parvenons ! Le démon s’échappe, l’orage cesse, les cartes et la cartomancienne tombe. Alors la cartomancienne me regarde. En gage de gratitude, elle m’offre une carte.
La carte de l’Ermite.
Dès lors, ma mère et moi avons quitté le convoi des pèlerins. Nous avons fait notre deuil.
Thomas+ (barré) Cette eau est vivifiante, rejoignez-moi !Je suis un des pèlerins. Comme tous, hanté par mes peurs, mes doutes, ma foi. Quand nous arrivons à la jetée de l’ermite et qu’Alain plonge dans l’eau, j’oublie un tant tout ça et je le rejoins dans les vagues froides. C’est comme un nouveau baptême, je crie à mes frères de nous rejoindre.
+ Le courant m'emporte, sortez-moi de là !Mais quand les courants s’affolent et m’entraînent au large, les choses deviennent moins idylliques ! Les autres pèlerins me repêchent in extremis. Mon audace a failli me coûter la vie.
+ Nous allons finir par le regretter.Le voyage jusqu’aux Pyrénées a déjà comporté son lot de danger. Quand nous arrivons auprès des autres convois, je commence à penser que nous allons attirer la cupidité et finirons morts et détroussés si nous ne prenons pas des mesures. J’ai déjà été audacieux et confiant, j’ai bien vu ce que ça rapportait.
+ Voyager en groupe me semble plus risqué que d'être seul.Je ne fais pas confiance aux barbares pour assurer notre sécurité, j’ai pourtant conscience qu’il vaut mieux les avoir dans notre camp que dans l’autre. Alors j’ai l’idée de fusionner les convois. Ainsi, nous avons de quoi payer la loyauté des barbares. De cinquante personnes, notre convoi grossit à deux cent cinquante. Une respectable cohorte qui devrait traverser les montagnes sans danger !
Tristan+ (science) Je veux aller à Saint-Jacques pour élucider les mystères de cette région, d'un point de vue objectif.Je rejoins les pèlerins au niveau de la jetée de l’ermite. Je ne suis pas croyant mais j’ai entendu parler des guérisons miraculeuses de Compostelle. En tant que médecin, j’ai besoin d’en savoir plus. Toute connaissance qui pourrait sauver des vies mérite mon intérêt. Je me joins alors au cortège de pèlerins pour aller étudier les miracles de Compostelle.
+ La fracture est prise en charge, et le patient est stable.Les Landes désolées que nous traversons sont aussi une forêt à leur façon. Une forêt de vent. Un pèlerin est happé par un tourbillon surgi de nulle part, il s’envole de plusieurs mètres en hauteur puis rechute sur le sol. Sa jambe est brisée ! Je me précipite pour l’ausculter. La chanoine qui accompagne les pèlerins insiste pour qu’on le soigne par la prière. J’arrive à convaincre qu’une désinfection et une attelle ne seront pas de trop en plus de la prière, et j’arrive à stabiliser le pauvre homme : sa jambe est sauvée, il en sera quitte pour finir le voyage en béquilles. La chanoine met sa guérison sur le compte de la prière, bien entendu…
+ Devant l'aveugle foi de la chanoine, je décide de partir tenter ma chance avec les gitans.Quand au pied des Pyrénées, nous débattons sur comment assurer notre protection, la chanoine ne semble montrer que mépris pour les barbares païens, et pour les gitans. J’en ai assez de cette foi aveugle, alors je me sépare des pèlerins riches pour rejoindre les gitans.
Jacques (joué par Benoit)+ (barré) Jacques, brigand de grand chemin, se fait passer pour un croisé afin de détourner les voyageurs.L’immense convoi de deux cent cinquante personnes arrive au col de Roncevaux. Comme tous les postes-frontières il est tenu par les espagnols d’Al-Andalus, la coalition catholique et musulmane qui est au pouvoir en Espagne. Si les espagnols redoutent beaucoup les habitants des Terres Franques, qu’ils considèrent comme des barbares et des envahisseurs, les postes-frontières ne bénéficient pas toujours de moyens à la hauteur de ces craintes. Le col est fermé par une grosse barricade en bois renforcée par des sacs de sable. Il est encadré par deux sommets, l’un d’eux est surmonté d’une tour de guet en pierres empilées qui a connu des jours meilleurs. Une dizaine de gardes, arabes et latins confondus, tient le poste. Ils sont cependant solidement équipés, hallebardes, casques et plastrons, et semblent déterminés et expérimentés.
Ils ne veulent laisser passer que les pèlerins, c’est-à-dire ceux qui portent la coquille Saint-Jacques.
Moi, je suis un brigand qui hante ces montagnes. J’ai l’idée de me déguiser en croisé, en apôtre de la Reconquista, pour m’infiltrer dans le convoi de pèlerins et les abuser et les détrousser à mon aise. Je me fais un allié du prêtre inquisiteur présent dans le convoi et avec lui, je plaide ma cause auprès des gardes-frontières. Mais je finis par croire à mon propre baratin. Avec tous ces pèlerins, toute cette tension… Est-ce parce que l’endroit est saturé d’égrégore ? J’oublie complètement ma vie de brigand et deviens un croisé pour de bon.