[Odysséa] 1/3 : Les Derniers Jours de Troie

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[Odysséa] 1/3 : Les Derniers Jours de Troie

Message par Thomas Munier » 29 Jan 2016, 16:15

ODYSSÉA 1/3 : LES DERNIERS JOURS DE TROIE

Nous avons revécu l'Odyssée dans une mer en ruines envahie par la forêt. En voici la légende. 15 heures de jeu en table ouverte, 28 personnages, 25 personnes.

Jeu : Odysséa peut être vu comme un jeu à part entière (à paraître prochainement) ou comme un théâtre pour Inflorenza, héros, salauds et martyrs dans l'enfer forestier de Millevaux

Joué le 29 octobre aux Utopiales à Nantes

Personnages :
Le protecteur, l'incertaine, le vengeur, le déserteur, la justicière, Athléos, Alistène, Achille, Andréas, Inos, Clélia, Emera, Ulysse 1, Thésias, l'enfant, Circé, Ulysse 2, le mycénien, le père de famille, le frère, l'oracle de la mer, celui qui ne voulait pas souffrir, Callisto, Hélène, Ulysse 3, le charpentier, l'oracle de la guerre, Télémaque, Énée


Image
crédits : Bushman.K, chaley 420, Chrisgold NY macroscopic solutions, sarah sitkin, streetweeper, licence cc-by-nc, galerie sur flickr.com


L'histoire :

Partie 1 : les derniers jours de Troie

Dix ans que la guerre de Troie s'enlise. Ulysse a un plan pour y mettre fin. Le Cheval de Troie. Il fait construire un cheval de bois assez grand pour qu'il puisse s'y dissimuler avec ses meilleurs soldats. Ils offriront le cheval en tribut aux troyens. Le peuple de Troie croira que les grecs se rendent et feront rentrer le Cheval dans la ville. Alors, à la faveur de la nuit, Ulysse et ses braves sortiront du Cheval et ouvriront les portes de la ville aux troupes grecques. Mais Ulysse confie son problème à ses hommes : les troyens ne tomberont jamais dans un tel panneau, pas tant que les dieux les protégeront. Alistène, champion grec qui voue sa vie à la guerre, sait comment faire pour que Troie perde la faveur des dieux. Il faut tuer le prêtre d'Apollon, protecteur de la ville.

Mais d'abord, il faudra passer les gardes qui protègent le temple. Alistène va voir l'oracle d'Arès, le dieu de la guerre, pour qu'il lui assure de passer les gardes. L'oracle est un fou exubérant, qui porte une cuirasse défoncée, les cheveux et la barbe en bataille, et qui exhorte les soldats à se lancer dans des charges meurtrières au lieu de se reposer. L'oracle lui dit : "Pour faire réussir une ruse aussi sournoise, je te demanderai de combattre un taureau dans l'arène au nom d'Arès. Mais ce taureau te prendra ton œil."
Alistène accepte. L'oracle le fait entrer dans une modeste arène construite au milieu du campement grec avec des charpentes de bateau. Il referme la porte de l'arène derrière lui, le laissant seul face au taureau et au sable blanc. Ce qui devait arriver arriva : Alistène remporte le combat contre le taureau, mais l'animal lui éclate un œil avec sa corne.

A la faveur de la nuit, Alistène et ses hommes de confiance longent le chemin sur la falaise hors des murs de Troie qui conduit au Temple d'Apollon. Les rochers de la falaise sont en pleine croissance. On entend le grondement de la pierre qui travaille et on voit à l’œil nu des excroissances grossir de la falaise. Depuis le début de la guerre de Troie, la terre est devenue folle. Elle grandit et dévore la mer, petit à petit.

Grâce au sacrifice d'Alistène, ils trouvent devant le temple les gardes troyens en plein sommeil et peuvent au-delà en silence.

Dans le temple, il n'y a que le prêtre et son enfant. L'enfant se présente devant eux, et pointe un couteau sur sa propre gorge. Il menace de se tuer si l'on porte la main sur son père. S'avance vers lui un guerrier grec, qu'on appelle le protecteur, parce qu'il voulait gagner la guerre en épargnant les civils. Comprenant que c'est un sacrifice nécessaire, il passe outre ses convictions et tue l'enfant.

Les grecs sont devant le prêtre, maintenant. C'est un homme à la barbe blanche. Il écarte sa tunique et leur montre son torse nu. Il s'adresse au guerrier grec le plus proche, celui qu'on appelle le vengeur : il veut gagner la guerre parce qu'on lui a dit que les grecs devaient se venger de Troie. "Frappe en plein cœur, si tu l'oses !". Le vengeur hésite un instant, puis se résout à planter son épée dans le torse du prêtre.

Alors que le prêtre s'écroule, il reste à renverser la vasque qui contient le feu sacré d'Apollon. Celui qui commettra un tel sacrilège aura certainement un assassin d'Apollon à ses trousses. S'avance celui qu'on appelle le déserteur, parce qu'il veut avant tout fuir la guerre. La réussite du stratagème du Cheval de Troie lui paraît la seule façon de mettre fin à la guerre, et donc de s'enfuir. Alors, c'est un risque à prendre. Il renverse la vasque.

Ils sont maintenant à l'intérieur du Cheval de Troie, avec Ulysse. Sans la protection d'Apollon, les troyens ont été dupes du stratagème. Ils ont fait rentrer le cheval dans la ville. La nuit est tombée, maintenant, il est temps d'agir. Ulysse ordonne à ses soldats de tuer les gardes troyens qui campent autour du Cheval et au pied des portes des remparts.
Celle qu'on appelle la justicière, parce que dans cette guerre, elle veut avant tout protéger les innocents, voit une garde qui lui tourne le dos, et Ulysse l'ordonne de la tuer maintenant. Mais la justicière reconnaît cette garde : c'est Sofia, sa meilleure amie.

Elle se rappelle quand Sofia était une guerrière grecque comme elle. Sofia lui expose son projet de déserter au profit des troyens. Troie est la dernière grande civilisation du monde : une nation de paix et de prospérité. Si suffisamment de grecs se rendent aux troyens, c'en sera fini de la guerre et de la souffrance. Sofia lui demande de déserter avec elle, sa meilleure amie, mais la justicière refuse : sa loyauté reste à la Grèce.

Ulysse presse la justicière de passer à l'action, alors elle descend du Cheval, épée en main. Il faut en finir avec cette guerre. Sofia a le temps de se retourner, elle sourit quand elle reconnaît la justicière, puis elle a une expression de surprise quand la justicière lui plante son épée dans le ventre et lui couvre la bouche.

Les compagnons d'Ulysse essayent d'ouvrir la porte, mais c'est impossible. Il faudrait vingt hommes pour y parvenir. Ou un colosse. Une force de la nature que les grecs auraient infiltrée dans Troie pour leur être utile à ce moment précis.

C'est ce type de personne qu'Ulysse a demandé à ses hommes de recruter il y a des mois de cela. Il s'est tourné vers celle qu'on appelle l'incertaine, parce qu'elle ne s'est pas assignée de quête, pour qu'elle leur trouve un tel homme.

Elle a cherché un homme très fort, et elle a trouvé Antaclès. Antaclès est un guerrier grec très puissant, une montagne de muscles, mais soumis à l'hubris, l'orgueil héroïque. C'est un fou de guerre, une bête sauvage. Antaclès est enfermé dans une des prisons du campement grec, car il a mené des actions de guerre inconsidérées qui ont causé la mort de ses hommes inutilement.

L'incertaine lui explique qu'elle va le libérer, il va alors devoir déserter et rejoindre le camp des troyens. Un jour, plus tard, ils feront appel à lui pour qu'il trahisse les troyens. Antaclès accepte mais oblige l'incertaine à prêter le serment des dieux : en échange de ses services, et pour compenser le déshonneur qu'il accepte, dès lors qu'elle fera appel à lui, elle devra lui confier le commandement de cent soldats grecs. L'incertaine hésite. Confier des hommes à ce fou dangereux, c'est les envoyer à la mort. Mais elle ne voit pas de meilleure solution pour ouvrir les portes, alors elle accepte.

Elle s'enfile en ville et va trouver Antaclès devenu troyen. Il l'accompagne et ouvre les portes à lui tout seul alors qu'il faut vingt hommes d'habitude.

Il ouvre les portes, triomphant, sans se cacher d'éventuels tirs de flèches grecques. Déjà les grecs se précipitent dans la brèche. Il y a cent guerriers spartes en tête, les troupes d'élite de Ménélas. Antaclès se tourne vers l'incertaine : "Respecte ton serment !". La mort dans l'âme, l'incertaine fait signe à Ulysse, et Ulysse use de son autorité pour mettre les cent guerriers spartiates aux ordres de ce monstre sanguinaire.

Alors, Antaclès mène ses nouvelles troupes vers le quartier des civils. Ils se précipitent vers les dortoirs où femmes, enfants et vieillards se reposent. Ils vont faire un bain de sang qui restera marqué dans la légende !

Le justicier ne l'entend pas de cette oreille. Il faut empêcher ce massacre. Il court vers le temple de Poséidon qui est dans ce quartier. A l'intérieur, les colonnes du temple ont enflé à cause de l'emprise. Bientôt, le temple sera entièrement refermé. Bientôt, les dieux ne seront plus, puisque comme le dit la légende, le jour où la Guerre de Troie sera finie et qu'Ulysse rentrera en Ithaque, les dieux disparaîtront et la mer se refermera. Le justicier trouve dans le temple l'oracle de Poséidon, un homme frêle aux yeux globuleux, simplement habillé d'un filet de pêche. Il demande à faire un pacte avec lui pour tuer Antaclès. En échange, l'oracle lui demande de tuer le premier guerrier grec qu'il verra en sortant.

Alors qu'il sort du temple, le premier guerrier grec que le justicier aperçoit, c'est Éphyle.

Le vengeur se rappelle bien d'Éphyle. C'était un frère d'armes. Il se rappelle du jour où Éphyle lui a parlé de ce qu'ils feraient ensemble quand la guerre serait terminée. "Quand la guerre sera terminée, on construira un bateau, on ira en mer, et on pêchera la crevette ensemble. On aura le calme de la mer et le bleu du ciel pour nous seuls, et on deviendra riches en vendant les crevettes. T'en pense quoi ? Tu es d'accord ?".

Quand le justicier s'approche d'Éphyle, avec son épée tirée, le vengeur comprend ce qui est en jeu. Tous les autres compagnons d'Ulysse tirent aussi leur épée. Alors le vengeur fait de même. Ils encerclent Éphyle. Éphyle se tourne vers le vengeur, son ami, il lui lance un regard incrédule. Et tous le frappent. Le vengeur le frappe.

Les compagnons d'Ulysse reprennent leurs esprits, et courent vers les dortoirs pour retrouver Antaclès. Antaclès est là avec ses hommes, dans un instant ils vont passer des dizaines et des dizaines d'innocents par le fil de l'épée. C'est alors qu'Hector, le champion de Troie, beau, grand, rutilant dans son armure, fait irruption dans le dortoir, et tue Antaclès sous leurs yeux : il était sans doute l'un des rares hommes sur terre à pouvoir le faire. Antaclès mort, les spartiates se dispersent. Hector s'approche du déserteur, il reconnaît en lui l'homme qui a renversé la flamme d'Apollon. Hector est l'assassin, celui qui dédie sa vie à retrouver le profanateur et le punir de mort pour leur avoir soustrait la faveur d'Apollon. Mais il retient son épée si les compagnons d'Ulysse acceptent d'accomplir une mission délicate pour lui : faire sortir de la cité Priam, le roi de Troie, en toute discrétion.

Ulysse a découvert dans quels quartiers se trouvait Hélène. Il perd son sang-froid. Hélène, la plus belle femme du monde, est la seule femme qu'il ait jamais désirée. Il abandonne temporairement ses compagnons pour aller la retrouver.

Hector conduit les compagnons dans les étages supérieurs de Troie, dans le palais de Priam. Ils franchissent une salle immense au plafond retenu par cent colonnades. C'est une sorte de hammam géant, la vapeur recouvre tout le sol. Ils y croisent des enfants, garçons et filles, certains adolescents, d'autres très jeunes. Ils sont parmi les trois-cents enfants de Priam. Un jeune enfant demande à Hector ce qu'ils font ici. Hector lui dit : "Nous allons faire sortir Priam de la ville." Puis il se couvre la bouche. Il a commis une erreur fatale, il a divulgué leur plan. S'ils veulent que les grecs ignorent la fuite de Priam, il faudrait tuer tous les enfants témoins. Les compagnons d'Ulysse sont fatigués du meurtre d'innocents : ils préfèrent que la fuite de Priam soit chose publique plutôt que de se résoudre à passer ces enfants par le fil de l'épée.

Ils franchissent la salle des enfants et avant d'atteindre Priam, ils trouvent Cassandre, la prophétesse. Cassandre est une belle femme, quoique le regard trop grave. Elle est drapée dans une toge blanche. Athléos, l'un des compagnons d'Ulysse, lui demande de lui faire profiter de ses dons de divination. Cassandre lui annonce qu'elle ne lui dira une vérité qu'à chaque fois qu'il lui sauvera la vie. Athléos dit qu'ils vont l'exfiltrer avec Priam, déjà cela fait une première fois qu'il lui sauve la vie. Alors Cassandre lui dit une première vérité : il ne sera heureux que s'il sert Poséidon. Que faire de cette nouvelle quand on est un compagnon d'Ulysse, dont Poséidon a juré la perte ?

Ils trouvent ensuite Priam, juché sur son trône, dans une salle de palais aux colonnes couvertes d'or. Priam est majestueux, il porte sur sa tête la tiare qui symbolise tout le savoir, la science et la poésie de Troie, ses yeux sont fardés de noir, et sa barbe est ceinte dans un fourreau.

Priam n'accepte de les suivre que s'ils le laissent tuer Ulysse. La légende dit que celui qui tue Ulysse devient Ulysse. Priam deviendrait alors l'héritier d'Ithaque, où il pourrait fonder la Nouvelle Troie.

Ils partent avec Priam et retrouvent Ulysse, qui a emporté la belle Hélène avec lui. Priam enfonce son couteau dans le cœur d'Ulysse, et la prophétie s'accomplit : il devient le nouvel Ulysse. Il conserve l'amour d'Hélène et conserve aussi le passé de Priam : il porte le nom et la science de Troie avec lui. Alistène convoite le nom d'Ulysse et de Priam, pour faire d'Ithaque une nouvelle Troie et ainsi perpétuer la guerre. Cassandre menace de se suicider si Alistène devenait Ulysse/Priam, alors Athléos s'oppose à Alistène, car la vie de Cassandre lui est précieuse au point d'accepter de l'abandonner pour lui donner une chance de survie. Ils se précipitent sur Ulysse / Priam pour le tuer, mais ils le tuent en même temps, alors le nom d'Ulysse / Priam ne saute dans aucun de ces deux meurtriers : il saute dans le corps du déserteur. Hector regarde le déserteur. Priam est mort sous ses yeux. Les compagnons d'Ulysse n'ont donc pas rempli leur part du marché. Alors, de toute sa force de héros, il tue le déserteur, pour venger la profanation du temple d'Apollon.

Hector devient alors Ulysse ! De Priam, il ne conserve pas le nom, mais seulement la science de Troie, un élément fondamental pour refonder une Nouvelle Troie qui soit aussi grande que l'ancienne, la dernière grande nation de l'humanité, maintenant que les grecs sont retournés à la barbarie.

Hector montre un passage secret à ses compagnons, qui permet d'accéder directement au port de Troie et s'enfuir en bateau. Ils peuvent partir aussitôt s'ils le veulent. Hector veut quant à lui retrouver Énée, l'un des fils adultes de Priam, pour emporter avec lui quelqu'un qui porte le nom de Troie. Mais retourner dans les palais de Troie à sa recherche, c'est prendre le risque de rencontrer des grecs. Les compagnons décident pourtant de l'accompagner. Alistène a une idée derrière la tête : tant que le nom de Troie survivra, la guerre se poursuivra, et c'est faire honneur au dieu de la guerre, comme Alistène l'entend.

En repartant à la recherche d'Énée, ils tombent face à Achille, le plus grand guerrier du monde grec. Achille sait par les enfants qu'ils ont prévu d'exfiltrer Priam, et leur somme de lui dire la vérité, sans quoi il les tuera. Athléos tient trop à sa vie pour mentir : il lui annonce la mort de Priam.

Achille se tourne vers Ulysse / Hector : ce moment au coeur de la bataille est l'occasion de se venger de lui. Lors de la guerre de Troie, Achille était tombé amoureux d'une femme, Briséis. Mais dans un accès d'hubris, d'orgueil guerrier, le roi grec Agamemnon a exigé que Briséis lui soit offerte comme concubine. Achille avait caché Briséis pour qu'Agamemnon ne l'obtienne pas. Mais le rusé Ulysse l'avait retrouvée et l'avait livrée à Agamemnon.

Aujourd'hui, Achille va lui rendre la pareille : il va lui dérober un être cher. Il engage le combat avec Ulysse. Athléos sait qu'il doit servir Poséidon pour être heureux, et servir Poséidon, c'est nuire à Ulysse. Athléos demande à Cassandre d'user de ses pouvoirs divins pour lui permettre d'assommer Ulysse. Cassandre accepte, mais en échange Athléos devra lui rendre sa liberté. Athléos accepte : il pense que la devineresse lui en a assez dit sur son futur. Il laisse Cassandre s'enfuir seule vers le passage secret, et profite du combat pour aller dans le dos d'Ulysse et l'assommer.

Pour se venger d'Ulysse, Achille lui dérobe Hélène et va la livrer à Parîs, l'autre fils de Priam, celui qui avait séduit Hélène et l'avait dérobé au roi grec Ménélas, provoquant la Guerre de Troie.
Quand Achille arrive en face de Parîs, celui-ci pointe vers lui un arc à la flèche empoisonnée. Parîs a consacré toute sa vie à apprendre comment tuer Achille, ce fleuron de l'armée grecque qu'on dit invincible, il ne veut pas louper cette occasion.

Achille propose de négocier. Alors Achille lui fait jurer le serment des dieux. Il n'engage pas le combat entre lui, mais en échange Achille jure protection à Hélène. Puis Parîs et Hélène s'en vont ensemble, pour fuir Troie qui est maintenant à feu et à sang.

Quand Ulysse reprend ses esprits, Achille lui dit qu'Hélène est maintenant prisonnière de Ménélas, le roi de Sparte qui a franchi toute la mer et levé une armée pour la retrouver à Troie. Ulysse exige qu'on se précipite par le passage secret, qu'on regagne le port de Troie, pour retrouver Ménélas avant qu'il ne prenne la mer.

Ulysse et ses compagnons descendent sur le port, déjà en proie aux combats. Achille les accompagne, car il veut assister aux souffrances d'Ulysse.

Parmi les rares bateaux encore en état de prendre la mer, ils voient celui de Ménélas et celui d'Agamemnon. Des guerriers grecs qu'ils croisent, ils apprennent qu'Agamemnon reprend la mer car il croit que Ménélas a emporté Hélène sur son bateau, et Ménélas reprend la mer car il croit qu'Agamemnon a emporté Hélène sur son bateau et le retrouvera en mer pour la lui redonner. Parîs a certainement fait un pacte avec un oracle pour que les grecs avalent une telle supercherie.

Ulysse croit toujours qu'Hélène est dans le bateau de Ménélas. Il veut rejoindre ce bateau à tout prix, mais ses compagnons préfèrent prendre le bateau d'Agamemnon. Alors Ulysse se sépare d'eux. Mais la légende dit que la déesse Athéna assigne toujours des compagnons pour protéger Ulysse. Du moment où Ulysse se sépare d'eux, son nom reste parmi eux. L'homme qui les quitte n'est déjà plus Ulysse, c'est juste Hector. Le nom d'Ulysse se réincarne dans un des compagnons qui le désire le plus, Alistène le fou de guerre, qui porte donc avec lui la science de Troie et l'héritage d'Ithaque, deux choses dont il pourra faire usage pour perpétuer la guerre.

Quand Ulysse / Alistène, Athléos et Achille arrivent au bateau d'Agamemnon, c'est pour assister à une funeste scène. Agamemnon est debout sur l'avant du navire. Homme massif et superbe, son visage caché par un masque d'or à la barbe bouclée, il tient Briséis, la bien-aimée d'Achille, qu'il lui a jadis volée pour en faire sa concubine et sa bien-aimée, et il s'apprête à lui trancher la gorge. Il ne le fait pas par cruauté ou par châtiment. Il le fait parce qu'en ces temps crépusculaires, les dieux ont soif de sang pour survivre, et les offrandes animales ne les contentent plus. Aucun bateau ne peut partir en mer si l'un des membres de l'équipage ne sacrifie pas un être cher aux dieux. Alors, Agamemnon, qui aime sincèrement Briséis, s'apprête à lui trancher à gorge.

Achille ne supporte pas l'idée de voir mourir sa bien-aimée. Il préfère qu'Agamemnon tue Cléos, le fils de Briséis.

C'était il y a quelques années. Ulysse avait trouvé la cachette de Briséis, mais Briséis était enceinte des oeuvres d'Achille. Elle s'apprêtait à accoucher. Alors Ulysse a accepté de laisser Achille assister à la naissance, avant qu'il n'aille livrer Briséis à Agamemnon.
Achille et Ulysse assistaient Briséis en plein travail, au coin d'un feu. Il y avait là aussi l'oracle d'Aphrodite, la déesse de l'amour, une toute jeune adolescente aux cheveux blonds bouclés, au regard innocent : elle apportait son savoir de sage-femme.

Cléos, l'enfant de Briséis et d'Achille, vient au monde. Briséis laisse Achille le prendre dans ses bras. Elle lui demande quel sera le sort de cet enfant. Achille veut-il l'emmener avec lui ou le laisser à Briséis ? Achille préfère lui laisser l'enfant, il sait que c'est nécessaire pour qu'Agamemnon le sacrifie, plus tard. Briséis lui demande ce qu'il préfère : elle peut élever l'enfant en lui inculquant la vénération de son véritable père, Achille, et la haine de son faux père, Agamemnon. Ou alors elle peut s'arranger pour qu'Agamemnon élève et aime Cléos comme son propre fils, mais alors Cléos ignorera qu'Achille est son père. La mort dans l'âme, Achille lui dit d'opter pour cette deuxième solution.

Agamemnon refuse de sacrifier Cléos. Sous l'injonction de Briséis, il l'a élevé et aimé comme si c'était son propre fils, et en réalité, il l'aime trop pour le sacrifier. Il explique à Achille que Briséis est d'accord pour mourir. Elle comprend que ce sacrifice est nécessaire pour qu'Agamemnon, Cléos, et tous ces hommes grecs survivent et rentrent chez eux. Une vie contre tant d'autres.

Mais Achille ne peut se résoudre à voir mourir sa bien-aimée. Il se dit qu'il va tuer Agamemnon, ses marins l'aiment, ce sera lui le sacrifice. Mais Achille a beau être un grand guerrier, Agamemnon est lui-même un héros qui a la faveur des dieux, il n'est pas assuré de le vaincre. Il va voir l'oracle de la guerre, qui est dans ce bateau, toujours en cuirasse, toujours le cheveu et le regard fou, à exhorter les hommes à remettre pied à terre et poursuivre les combats. L'oracle de la guerre promet de favoriser le bras d'Achille dans ce combat, mais en échange il veut plus de sang, il veut que Cléos meure aussi. Achille est désespéré, mais à choisir entre plusieurs êtres chers, il fera tout pour que Briséis survive, alors il accepte le pacte.

Achille défie Agamemnon en duel, et, favorisé par le dieu de la guerre, il terrasse le roi de Mycènes. Les marins sont plongés dans une grande tristesse. Ils ont perdu leur roi, leur général, leur capitaine. C'est alors que l'oracle de la guerre prend la parole, et ment sciemment aux marins : "Mes amis, le sacrifice d'Agamemnon n'a pas suffi ! Votre ferveur envers lui n'était pas assez grande ! Le bateau ne partira pas, à moins de sacrifier également Cléos, l'enfant d'Agamemnon !"

Briséis se tourne vers Achille. L'oracle de la guerre l'a convaincue que le sacrifice de Cléos est inévitable, alors comme elle aime cet enfant plus que tout, c'est elle qui va le tuer. Mais elle demande à Achille de le faire avec lui. Ensemble, ils étreignent l'enfant, et Achille le tient tandis que Briséis lui tranche la gorge. Achille comprend alors que Briséis ne pourra plus l'aimer. Il va voir l'oracle d'Aphrodite, la déesse de l'amour, il demande à faire un pacte pour regagner l'amour de Briséis. Elle accepte à condition qu'Achille fasse un nouvel enfant à Briséis. Briséis revient voir Achille, elle lui dit qu'il faut réparer aussitôt cette perte, elle l'entraîne dans une cabine et alors que le bateau prend la mer, ils conçoivent un nouvel enfant. Puis ils mettent une chaloupe à la mer et quittent le navire. Achille n'a plus en tête d'assister aux souffrances d'Ulysse. Il a une nouvelle vie à mener avec sa bien-aimée.
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Thomas Munier
 
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