[Inflorenza] Lourdes

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[Inflorenza] Lourdes

Message par Thomas Munier » 28 Mars 2016, 16:32

LOURDES

Enseigner la maîtrise d'Inflorenza minima en se mettant à la place de joueur pour guider le meneur en mode tutoriel. Compte-rendu et maîtrise par Huldugarn, avec moi en joueur.

Jeu : Inflorenza, héros, salauds et martyrs dans l'enfer forestier de Millevaux

Joué le 08/03/2016 sur google hangout
Personnage : Eugène


Image
crédits : Martin Labar, sahiljanata, zoriah, licence cc-by-nc, galeries sur flickr.com


L'histoire :

Eugène, Pisse-coing et Mazoute la Chamane-Pute, membres de la communauté de la cimenterie, sont mis en quarantaine par leurs pairs car ils présentent des signes d’infection par la mouffe.

Eugène, qui souhaite trouver un remède à son état, interroge la Chamane-Pute, mais elle est en détresse respiratoire et n’est pas en mesure de l’aider.
Eugène convainc Pisse-coing de venir en aide à la Chaman-Pute, ils dissimulent ses symptômes en se délestant de leur hardes puis proposent de la transporter vers la carrière à la lisière de la forêt, pendant qu’Eugène va réclamer de l’aide à son papy avant leur départ.

Afin de ne pas se faire identifier, il se couvre de sable et ajuste son capuchon.
Aux portes de la cimenterie, il est hélé par des membres de la communauté sortants munis de torches et de carburant, dans l’intention explicite de bouter le feu aux contaminés. Ils sont suivi des proches impuissants et implorants des futures victimes, figure parmi eux le papy d’Eugène.

Eugène va à sa rencontre et se fait reconnaître, il persuade son aîné de l’aider à s’enfuir et ce dernier accepte de le retrouver le soir même lorsqu’il aura échappé à la vigilance de la garde pour les guider vers Lourdes.

Le soir venu, Eugène et le papy rejoignent Pisse-Coing et la Chamane-Pute, ils s’interrogent sur la route à suivre, le papy refuse de passer par la forêt et insiste pour prendre la route mais informe que transporter la Chamane les ralentira et les exposera aux attaques de pillards ; la Chamane, dans un sursaut de vigueur, leur promet que sa présence éloigne les dangers de la forêt et leur assure qu’il s’agit du chemin le plus court.
Eugène prend la décision d’abandonner la Chamane-Pute à son sort, et le petit groupe prends la direction de Lourdes par la route.

Ils parviennent a Lourdes sans encombre. Les vestiges sont envahis de mendiants et loqueteux amputés et difformes qui empestent la crasse et les maladies. Ils apprennent que seuls les pèlerins soumettant une offrande jugée digne de la miséricorde du puissant mage qui officie dans la grotte leur permettra d’accéder à ses services.

Eugène se résout à faire offrande de son papy. Celui-ci proteste et cherche un échappatoire, mais il est déjà conscient que son sacrifice est la clé du salut pour son petit-fils. Il accepte et le service d’ordre s’empare de l’offrande.

Eugène est amené au Chiromancien, il découvre l’envers du décor et apprend que la mouffe ne le tuera pas, mais qu’il se transformera en Horla a l’issue d’une longue souffrance. Pour en guérir, le Chiromancien l’informe qu’une autre affection de son choix lui sera inoculé dans le processus. Eugène accepte et choisi de souffrir d’Alzheimer.

Il quitte la grotte a l’issue d’une manipulation impie qui recouvre son corps de croûtes, le laissant sain de corps, mais plus d’esprit.


Commentaires :

Huldugarn est un joueur de Millevaux de la première heure, il connaît très bien l'univers, en revanche il n'a jamais maîtrisé dedans (et je crois qu'en règle générale, il a très peu maîtrisé, sinon jamais). Il a proposé de présenter le jeu lors d'une démo de deux heures, et il m'a sollicité pour l'aider à développer ses techniques de maîtrise. Il avait déjà un scénario, un genre de bac à sable qui partait du principe que les personnages étaient atteint de la même maladie de la chamane-pute, il avait en tête le décor de la cimenterie et de Lourdes, et du chemin entre les deux avec ses embûches, et les figurants qui peuplaient ces trois zones ainsi que leurs motivations. Nous avons ensemble opté pour Inflorenza minima comme système de jeu.

Les règles trouvables sur le net étaient loin de lui suffire pour maîtriser (et pour cause, il manque des exemples et des conseils de maîtrises complets). Je lui ai proposé qu'on se fasse une partie en ligne sur ce même format de deux heures, avec une particularité : il serait meneur, avec ce scénario qu'il a conçu et m'a donné à lire, et moi je serais joueur, mais tout en étant joueur, je le guiderais sur les choses qu'il aurait à faire en tant que meneur.

Plus exactement, j'ai commencé la partie en créant mon personnage, puis en lui expliquant le principe des prix à payer, et en lui demandant, dans une des premières situations, quel prix j'aurais à payer pour progresser dans mon objectif (en l'occurence, pour maquiller la Chamane-Pute, nous avons dû sacrifier nos habits, cela restait faible, mais l'idée des prix à payer c'est d'en demander souvent jusqu'à faire mouche, arriver au prix à payer qui pose un vrai dilemme moral, ou au moins un dilemme mécanique franc : en l'occurence sacrifier nos habits n'a eu aucune incidence dans l'aventure, donc c'est un prix à payer faible, voire nul.)

Alors qu'on progressait dans le jeu, j'ai déroulé un par un mes conseils de maîtrise de base pour Inflorenza Minima ("enquêter, offrir, reprendre" et "D.E.U.S. Ex. Machina"), en lui demandant à chaque fois, comment il pouvait appliquer le conseil en fonction de la situation. Ainsi, pour "enquêter", j'ai dû lui demander comment il pouvait chercher à en savoir plus sur mon personnage, et il a utilisé Pisse-Coing pour me dire : "Est-ce que tu connais quelqu'un à la cimenterie qui pourrait t'aider ?" et j'ai repondu : "Mon papy, parce qu'il a plein de connaissances et il connaît le chemin pour Lourdes.", et ça ça été générateur d'aventure, ça m'a créé une ressource et une attache qui ont fait à deux reprises l'objet d'un dilemme moral (quand il a fallu choisir entre prendre la route où seul le papy pourrait survivre et celle ou seule la chamane pute pourrait survivre ; et quand j'ai décidé d'offrir mon papy pour guérir de la maladie.)

Huldugarn s'est très bien réapproprié l'univers, il s'en est très bien sorti sans moi pour ça. En revanche, j'ai constaté un problème majeur dans l'application des règles d'Inflorenza minima : il avait tendance à me proposer des dilemmes faibles (choix entre deux solutions toutes deux ne présentant que des avantages et aucun inconvénient ; ou choix entre une solution très pourrie et une solution avantageuse), et quand il me proposait un dilemme moral pertinent (choix entre passer par la forêt avec ses dangers biologiques et par la route avec ses brigands), il avait tendance à casser lui-même le dilemme en validant toutes mes propositions tactiques. Le plus compliqué et le plus intéressant fut donc de l'orienter vers une maîtrise qui fasse fi des bonnes idées tactiques des joueurs (on les contourne ou on les invalide à chaque fois que c'est possible) et aille vers des vrais choix cornéliens. Je pense que c'était lié à son trac de débuter, et aussi au fait que le jeu moral sans concession prôné par Inflorenza minima est une gymnastique qui nécessite un apprentissage.

C'était pour moi une expérience très intéressante sur le partage des responsabilités. Je suis loin de prétendre qu'on était complètement dans le jeu parce que j'abandonnais ma combativité à chaque fois que je proposais à Huldugarn de compliquer la vie de mon personnage, mais j'ai quand même eu un pincement au cœur quand j'ai décidé d'abandonner mon papy, et surtout ça me semble une excellente façon d'enseigner la maîtrise, que j'apprécierais de réitérer avec une nouvelle personne apprentie d'Inflorenza minima, en l'enregistrant cette fois-ci (cela nous avait été impossible pour des raisons techniques).
Énergie créative. Univers artisanaux.
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Thomas Munier
 
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