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[Inflorenza] L'Ogre et le Petit Poucet

07 Avr 2016, 15:27

L'OGRE ET LE PETIT POUCET

Faire du jeu de rôle en narratif pur avec un enfant de six ans.

Jeu : Inflorenza, héros et drames dans l'enfer forestier de Millevaux

Joué le 21/08/2015
Personnage : Le Petit Poucet

Image
illustration : Gustave Doré, domaine public


Le théâtre :

On rejoue le conte du Petit Poucet. Le père du Petit Poucet et la marâtre viennent d'abandonner leurs sept enfants dans la forêt. Le Petit Poucet a pensé à semer des miettes de gâteau pour retrouver son chemin, mais un corbeau les a toutes mangées !
L'astuce du Petit Poucet n'a pas fonctionné et les enfants se retrouvent perdus.
Chaque joueur joue le Petit Poucet ou un autre des ses frères et sœurs, âgés de 5 à 18 ans.


L'histoire :

Le Petit Poucet et ses frères sont élevés dans une cabane par un couple d'adultes qui prétendent être leurs parents, mais en fait ce ne sont pas leurs vrais parents, ce sont de mauvaises personnes. Le "père" dit aux enfants de se préparer pour une promenade dans les bois. Le Petit Poucet pense à emporte une lampe-torche et un bâton.

Ils s'enfoncent loin dans les bois. Le crépuscule les rattrape. On entend les hiboux. Il y a des bruits de bêtes dans la forêt. Le croassement d'un corbeau fend la nuit.

Le beau-père allume un feu. Il raconte une histoire aux enfants. Dans la forêt, il y aurait un château, avec un ogre terrible qui aurait des bottes de sept lieues.

Il part ensuite chercher du bois. Mais il ne revient pas. Les enfants vont le chercher dans la forêt. Ils entendent un loup hurler à la lune ! Ils perdent le feu de vue et ils se sont tellement éloignées que la lampe du Petit Poucet s'éteint.

Ils se disent que le loup a peut-être capturé leur beau-père, alors ils montent le chemin pour attaquer le loup. Ils aperçoivent ses grands yeux brillants à travers la nuit, ils l'entendent pousser un grognement qui semble surgi du fond des âges, et enfin ils aperçoivent sa silhouette. Il a le ventre tout gonflé !

Les enfants prennent leurs jambes à leur cou et retournent au campement ! Ils abandonnent l'idée de retrouver le beau-père. Ils veulent rentrer à la maison mais il leur faudrait une carte. Ils n'en ont pas, mais ils savent que l'ogre en a une. Ils escaladent la colline pour aller au château de l'ogre. Cris des hiboux.

Quand ils arrivent au bord des douves du château, le pont-levis s'abaisse devant eux en grinçant, et la herse se relève dans un cliquetis sinistre. Des bruits de pas résonnent dans tout le château !

C'est l'ogre !

Il va au devant d'eux, immense, barbu. Il prend une voix très douce et leur demande s'ils sont perdus. Il leur dit qu'il n'est pas méchant comme dans les contes et il leur donne la carte, afin que les enfants puissent rentrer chez eux.


Retour sur le jeu :

Les parents de ce jeune homme de six ans m'avaient demandé de lui raconter une histoire pour l'endormir. J'ai pris le parti d'en faire un jeu de rôle.

L'enfant a plutôt orienté le rituel du conte. Il fallait éteindre la lumière et je devais avoir une lampe de poche, que j'ai utilisée pour faire des effets au mur, et que j'éteignais dans les moments les plus dangereux. Je n'ai pas pris la peine d'expliquer au joueur ce qu'était le jeu de rôle, je lui ai juste dit qu'il était le Petit Poucet et je lui demandais ce que le Petit Poucet faisait. Le joueur "malgré lui" a d'ailleurs plutôt décrit les actions des enfants dans leur globalité.

J'ai joué avec les règles d'Inflorenza Minima sans les expliquer.

En gros, les règles disent que quand le joueur veut réussir quelque chose de difficile, je lui demande un prix à payer.
Mais je n'ai demandé qu'une fois à prix à payer, pour trouver une trace de son beau-père, il fallait s'enfoncer dans la forêt assez loin pour perdre de vue la flamme du camp et pour que la lampe-torche s'éteigne. J'ai bien sûr coupé ma lampe-torche à ce moment-là.

Le joueur a dit lui-même quand le conte était terminé. Il a dit : "Maintenant l'histoire est terminée." quand j'ai décrit la herse qui se relevait. Je pense qu'il avait déjà eu un peu peur avec le loup et qu'il ne voulait pas affronter l'ogre. Je lui ai demandé si je pouvais quand même lui raconter la fin en une minute, en précisant que ça finissait bien, et j'ai donc conclu avec l'ogre gentil qui leur donne la carte.

Quand les enfants sont retournés au feu de camp après avoir fui le loup, le joueur a dit que le Petit Poucet avait une carte et j'ai émis un veto, racontant que la carte était chez l'ogre. C'était maladroit de ma part. Avec le recul, j'aurais préféré plutôt dire oui pour la carte et improviser une péripétie sur le chemin du retour.

Au total, ça a duré un quart d'heure. C'était plutôt minimaliste, mais c'était satisfaisant au vu de mes contraintes : j'étais seul avec un enfant que je ne connais pas bien, les parents étaient dans une autre pièce. Et ça m'a démontré qu'on peut faire du jeu de rôle avec les plus jeunes sans avoir besoin de dés ou de feuille de personnage.
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