Page 1 sur 1

[Wonderland] Keyboard Cat

Message Publié : 20 Avr 2016, 15:24
par Thomas Munier
KEYBOARD CAT

Enquête tragi-comique, tunnels de dialogues à la Tarentino et réalités dispersées pour cette traque d'un impitoyable serial killer, par la plus foutraque équipe de tous les temps.

Jeu : Wonderland, piégés dans les réalités.

Joué le 30/10/2015 aux Utopiales
Personnages : Tatayoyo, Jeremy Sanders, Ronald, Razor, Jonathan V.Dibert, Viktor "Sale Fouine" Kurkoff


Image
crédits De3P-photographer, jaydoubleyougee, julochka, lockacid licence cc-by-nc & Charlie Schmidt domaine public vivant


Le théâtre :

Les personnages font partie d'une section spéciale du FBI chargée de traquer les tueurs en série. Cette fois-ci, ils ont affaire à Keyboard Cat, un tueur mystérieux. Sa signature : sur les comptes Wonderland de ses victimes, il laisse une vidéo humoristique d'un chat roux vêtu d'un sweat bleu qui joue du synthé.
La trame se résume à cette prémisse, tout le reste émerge en jeu.


Feuilles de personnage :

Elles ont été rédigées avant que le jeu commence. C'est important de le souligner.

Tatayoyo
Handicap : daltonien
Attache : médaillon de ma mère morte violée et tuée par un clown fou.
Ressource : Beretta 17 coups
Motivation : Devenir le mal qui détruira le mal (les vilains)
(devenue Motivation : le suicide ?)
Objectif : prendre la place de Keyboard Cat
Destin : attaqué par des clowns psychopathes

Jeremy (Hachaya) Sanders
Handicap : Paranoïa
Attache : photo de mon enfant
Ressource : indics dans le milieu "huppé" de Wonderland.
Motivation : mon enfant s'est perdu dans Wonderland.
Objectif : Détruire Wonderland.
Deston : premier homme à aller sur Mars.

Ronald Carter
Handicap : se trompe toujours entre la droite et la gauche
Attache : boîte d’allumettes donnée par mon cousin au troisième degré du côté de mon père (personne importante pour moi).
Ressource : Keyboard Cat me parle.
Motivation : Admiration. Croit comprendre les motivations du tueur (sera sacrifiée, pour être remplacée par la motivation : Vengeance)
Objectif : protéger Keyboard Cat en secret (sera réécrit en "Tuer Keyboard Cat").
Destin : devenir le meilleur joueur de Seven Wonders du monde.

Agent Razorbayeknikovitchy -> DarkSasukedu44 sur Wonderland
Handicap : Je... j... n'en... a... ai...pa...papas.
Attache : montre à gousset héritée de ma grand-mère décédée dans un accident de fête foraine pendant son spectacle de femme à barbe.
Ressource : Une IA-clone qui peut prendre ma place dans les situations qui l'exigent.
Motivation : Éviter que le mal me gangrène.
Objectif : Comprendre Keyboard Cat et analyser les origines de sa démence.
Destin : Monter un élevage de licornes arc-en-ciel.

Image

Jonathan V.Dibert Magna Carta
Handicap : Mon fils est handicapé, il survit grâce à Wonderland, sa seule porte sur le monde.
Attache : Fils gravement handicapé suite à accident de la route, je conduisais.
Ressource : mon smartphone, toujours connecté. Il me permet de rester en contact avec ma famille.
Motivation : Rendre Wonderland plus sûr afin que mon propre fils puisse grandir en lieu sûr. Que cela soit "Wonderland".
Objectif : Supprimer la menace Keyboard Cat par tout les moyens. Peu importe les moyens, seul compte le résultat.
Destin : si mon fils meurt, je perds toute raison de vivre.

Viktor Kurkoff alias "Sale Fouine"
Handicap : cible des ragots
Attache : ma vieille cabane dans les arbres loin de toute civilisation.
Ressource : Enigma 2015, site secret de décryptage moderne (sacrifiée)
Motivation : Utiliser Keyboard Cat pour surveiller Wonderland.
Objectif : Effacer toute existence de Keyboard Cat.
Destin : Doit effectuer le premier face à face réel avec Keyboard Cat.


L'histoire :

Dans la section du FBI qui traque les serial killers, il y a un agent très spécial. Ronald Carter est gitan. C'est un après-midi de grande chaleur, il est dans la piscine, il flotte dans une bouée. Toute sa famille est là. Les tantes, les grands-mères, les neveux, les cousins. Ils sont en train de jouer à Seven Wonders, toute la famille est mordue de ce jeu, c'est rare les jeux de cartes où tu peux jouer à sept, c'est bien pour les familles nombreuses, alors ils improvisent un tournoi de Seven Wonders. Ronald a son cousin préféré à sa gauche, et il voit bien que son cousin, il a un jeu pourri, il va perdre, quoi qu'il se passe. Alors Ronald adopte une tactique, il soutient son cousin à fond, comme ça ils sont à deux contre sept, et grâce à cette tactique, il finit par gagner la partie. Le cousin a l'air content que Ronald l'ait soutenu malgré sa lose. Il lui offre une Marlboro. Cigarettes de contrebande, bien sûr. "Tu fermes les yeux là-dessus, cousin ?" Bien sûr. Le cousin lui fait : "Tu sais, j'ai rencontré une fille, c'est une strip-teaseuse. Elle est canon. Tu vois, au départ, je me suis dis que c'était pas une fille pour moi, mais en fait elle me plaît bien. Je veux que tu la rencontres, trouve-toi une nana et on se fait un restau tous les quatre, tu vas la rencontrer, tu verras que c'est une fille bien, et tu pourras en parler en bien à la famille, pour que la famille elle comprenne que c'est sérieux entre nous, même si c'est une strip-teaseuse."
"Je veux lui offrir un cadeau, pour lui faire comprendre que c'est du sérieux. Un beau cadeau qui montre que je la traite comme une dame. Tu offrirais quoi à ta gonzesse, toi ?
- Je sais pas, une caravane ?
- Ça fait pas le mec qui s'emballe, une caravane ? Genre, on se connaît depuis deux semaines, et je veux déjà t'emmener en vadrouille dans l'Arkansas ? Non, je veux lui offrir un cadeau qui soit rien qu'à elle... Je sais pas... T'as quoi comme loisirs en ce moment ? Un truc qui te botte ?
- Moi, je me lancerais bien dans les combats de chiens...
- Ah ouais, ça c'est cool... des combats de pitbulls ! T'aurais un pitbull, tu l'appellerais comment ? Tu choisirais quelle couleur ? Tu crois que ça lui ferait plaisir à ma blonde si je lui offrais un pitbull ? Tu crois que ça existe, les pitbull roses ? Où alors il faut les peindre ? Tu crois que ça lui ferait plaisir, un pitbull rose ? Je prends un mâle ou une femelle ?
- Plutôt une femelle, quand même.
- Tu sais quoi, je trouve que c'est une sacrée bonne journée. Une chouette journée. Tu sais, ce soir, j'ai un coup à faire. Tiens, je veux que tu prennes soin de ça en mon absence."
Ils ont pas arrêté de fumer des Malbac de contrebande en causant, et toujours le cousin les allumait avec une boîte d’allumettes, une boîte du club de strip où il a rencontré sa nana, et c'est cette boîte qu'il tend à Ronald.


Scène de crime. Un laboratoire de métamphétamine, dans le désordre le plus total. La victime : le Chapelier, un dealer notoire. On l'appelait le Chapelier parce qu'il avait toujours ces bérets, les Kangol, et aussi parce qu'il frimait un max, toujours. Là, le Chapelier est étendu au sol et il frime plus du tout. Sa bouche est bourrée de médocs, va savoir s'il est mort d'overdose ou juste étouffé. Sur sa poitrine est posé son téléphone portable. Il joue une vidéo de Keyboard Cat. Deux experts dépêchés sur les lieux. Razor, et Quinn, le chef de la section, une rousse sévère toujours en tailleur. Quinn demande à Razor de faire son boulot de profiler, de rentrer dans la tête de ce malade. Qu'est-ce qui le motive à faire ses crimes ? "J... Je... n...ne... s..sai...sai...sais... pas !", répond Razor.

Autre scène de crime. Un clown a appelé le 911 pour dire qu'il était en danger de mort. La section débarque. C'est l'agent Tatayoyo (c'est un surnom... Oui, bien sûr que c'est un surnom...) qui arrive en premier dans le chapiteau. C'est un nerveux, en plus il a une hantise des clowns depuis qu'un clown a violé et tué sa mère. Il ne réfléchit pas deux secondes, il sort son Beretta 17 coups et descend le clown. Pas possible de couvrir une bavure pareille : Razor embarque Tatayoyo dans sa voiture, direction la garde à vue. Le téléphone portable du clown s'est allumé. Il joue la vidéo de Keyboard Cat.

L'agent Jonathan V.Dibert est en voiture avec son fils, il l'emmène à l'école. Son fils lui dit de conduire moins vite, il a peur. Mais Jonathan est pressé.
"T'es toujours pressé !
- Excuse-moi d'avoir un boulot ! Les criminels se chassent pas tous seuls !
- Pense au moins qu'on va à l'école de cirque cet après-midi avec l'école, c'est là que tu devras aller me chercher. Et roule moins vite, j'ai peur !"
Une voiture leur file le train. C'est celle de Razor. Ce con passe tout son temps libre à verbaliser les excès de vitesse. Jonathan monte dans les tours.
Son smartphone résonne. Excédé, son fils s'en saisit, il veut le jeter par la fenêtre. Saleté, il aurait dû verrouiller les portes arrière ! Jonathan lui attrape le bras et peut sauver son portable, mais il se déporte violemment sur la gauche...

Le cousin de Ronald conduit un camion de contrebande. Ronald est assis à côté de lui, ils papotent, le cousin explique qu'il va aller voir les pitbulls, pour en choisir un pour sa blonde. Ils fument des malbacs de contrebande. Et soudain, le choc.

Le camion est défoncé et la voiture de Jonathan est pliée en deux. Le cousin sort du camtard, il a l'air bloqué dans sa conversation, il ne réalise pas qu'il y a eu un crash. Il a des bouts de verre partout. Du sang. Le gamin est salement touché.

L'agent Kurkoff va dans son bureau. Il voit que les tiroirs ont été ouverts, ses papiers ont été fouillés. Il sursaute quand il réalise que l'agent Tatayoyo est aussi dans son bureau.
"Qu'est-ce que tu fous là ?
- Je me suis trompé de bureau !"
Ils disent tous ça. Ils sont tous à l'espionner dans cette section.
Il fait le tour des bureaux, et il tombe sur Jérémy Sanders et sa coéquipière Frenza. Frenza est une grande blonde, trop maquillée, minijupe, boucles d'oreilles créole. Elle mâche du chewing-gum en permanence. Elle est assise les pieds sur son bureau, et lit tranquillement les dossiers sur Keyboard Cat qu'a accumulés Kurkoff.
"Qu'est-ce qui te prend de fouiller dans mes affaires !
- Ta gueule ! C'est toi le taré ! T'as vu tout ce dossier que t'as fait sur Keyboard Cat ! On dirait un album photo de fan ! Tu te paluches en pensant à lui ! T'es rien qu'un gros pervers détraqué !"
Kurkoff reprend son dossier, et s'en va, dans une fureur totale, mettre des verrous sur tous ses tiroirs.
Ronald Carter passe par là. Il chourave une agrafeuse. En fait Ronald n'arrête pas de carotter du matériel administratif. Là, il repart avec un gros rouleau de papier essuie-mains sous le bras. Tout ça, ça part chez les gitans.
Frenza se tourne vers Sanders : "Ils sont tous allumés dans cette section. À la dernière minute, on ne pourra compter que sur nous deux. T'es prêt à assurer le coup ?"

Tatayoyo est dans la salle de garde à vue. Personne ne vient l'interroger. Il y a juste un téléphone portable posé sur la table. Le téléphone du clown. En fond d'écran, le clown, toujours maquillé, a posé sur son canapé avec sa femme et ses enfants. Le téléphone sonne. Tatayoyo décroche. "Salut... C'est Keyboard Cat à l'appareil. ça a dû être dur pour toi de revoir ce clown... T'as vu cette photo ? Tu trouves pas qu'il a l'air de tenir sa famille en otage ? Et ce taré a même pas enlevé son costume pour prendre une photo de famille. Tu le reconnais ? C'est celui qui a fourré et tué ta mère. Considère que je t'ai fait un cadeau. Ça a dû être dur, je veux dire perdre ta mère à cause d'un putain de clown ? Tu sais ce qui me révolte ? C'est pas qu'il l'ait fourrée, c'est pas qu'il l'ait butée... Non, c'est la manière. Ce taré a pas enlevé son costume de clown pour le faire ! Je veux dire, tu trouves pas que c'est un manque de respect ? C'est ça le problème, y'a plus de respect...
- Je vais te trouver, et je vais te démonter..."

Ronald court dans une galerie des glaces. Il a été contacté par Keyboard Cat, qui voulait le brancher sur un coup. Pour Ronald, qui admire en secret Keyboard Cat et le considère comme un nettoyeur des rues, c'était une aubaine unique. Ronald est paumé dans cette putain de galerie des glaces. Lui qui a toujours confondu sa gauche de sa droite, il a bien du mal à suivre les instructions que le tueur lui donne au téléphone. Au QG, la section est déjà en train de trianguler l'appel. Ils ont un signal.
"Si tu prends à gauche, tu vas pouvoir me rencontrer. Si tu prends à droite, tu vas trouver ma future victime."
Ronald se concentre pour pas se gourer de direction. Il veut d'abord rencontrer Keyboard Cat. Quel qu'en soit le prix.
Et pour une fois, il prend la direction qu'il voulait.
C'est une loge d'artiste de cirque, avec le miroir et les ampoules et tout un barda de maquillage posé sur la coiffeuse.
Assis en face du miroir, il y a un type en costume de clown blanc avec un masque de chat. "Je suis content de te rencontrer, Ronald. Tu sais ce qui me hérisse le plus ? Le manque de respect. Par exemple, tu prends tous ces jeunes, ils vont au McDrive, ils repartent avec tous leurs sacs et leurs cartons, et ils les jettent par la vitre de leur bagnole quand ils ont fini. Je veux dire, l'environnement, c'est pas une poubelle ! Tu trouves çà normal ? Hein, t'en penses quoi ?"
Posé sur la coiffeuse, un camescope montre ce qui se passe dans la pièce en face. On y voit le cousin de Ronald. Il est attaché à une chaise, et pendant qu'il causait avec Keyboard Cat, il s'est fait dévorer par un pitbull peint en rose !
Ronald pète un câble. Il arrache le masque de Keyboard Cat, mais découvre que ce n'est qu'un mannequin.
Il se précipite vers la pièce où se trouve son cousin préféré, mais c'est trop tard. Son smartphone se met à jouer la vidéo de Keyboard Cat.

La section en entier fonce vers le signal qui a été triangulé. Mais ils n'arrivent pas à la galerie des glaces. Ils arrivent à un autre chapiteau, un de ces petits cirques minables. Le sol est jonché de bons pour des places à moitié prix, distribuées en surnombre par le cirque par rapport au nombre réel de places à demi-tarif qu'ils peuvent proposer. Le parking est plein, il y a de la lumière et de la musique sous le chapiteau. Keyboard Cat est forcément là-dessous. Ils entrent. Razor est éberlué. Un gamin de quinze ans habillé en Monsieur Loyal présente à tous un spectacle... de femme à barbe ! C'est une femme à barbe, comme sa grand-mère jadis morte pendant un de ses numéros, et elle chante l'Ave Maria. Le public fait des grands "chut !" à la section. Monsieur Loyal allume un cercle de feu, et la femme à barbe saute au travers... Au moment où elle passe à l'intérieur du cercle, les flammes deviennent bleues et triplent de volume. La femme s'écroule au sol, une torche humaine, la barbe en feu. La section boucle le périmètre et intervient direct, mais il est trop tard pour la sauver. Razor trouve un téléphone portable installé au pied du câble en feu, et relié à un système électronique qui a dû servir à activer à distance l'ajout d'un produit accélérant dans le feu.
Le téléphone joue la vidéo de Keyboard Cat.

Jonathan va chercher son fils à la sortie de l'école de cirque. Celui-ci est vêtu d'un costume de clown blanc en papier crépon, avec un chapeau conique en carton. Il porte un gros ballon rouge, mais en fait il est maussade. Il monte dans la voiture. Il se plaint que Jonathan va retourner au travail dès qu'il l'aura déposé. Jonathan lui explique qu'il n'a pas le choix, qu'il ne peut pas prendre de congés, pas tant que les tueurs courent dans la nature. Jonathan lui fait promettre de l'amener à Dysneyland ce week-end. Ils feront le train fantôme, et les montagnes russes, et tous les manèges. Il prendra un des trois cents jours de congés qu'il lui reste, il répondra pas au téléphone si Quinn appelle. Ils passeront tout le week-end ensemble à Dysneyland. Il lui fait promettre.

Kurkoff interroge Monsieur Loyal. Le jeune sort une litanie sur le manque de respect, alors Kurkoff lui met vachement la pression. Le jeune finit par craquer. Il est prêt à en dire plus sur Keyboard Cat si on lui accorde l'immunité pour sa collaboration, et si on lui garantit que personne ne pourra espionner leur conversation. Kurkoff l'amène dans sa tour de mémoire pour plus de sécurité. C'est le souvenir d'une cabane de pêche où il allait pour être tranquille, loin de la civilisation, loin de tous ces toquards qui l'espionnent en permanence. Le jeune explique que Keyboard Cat l'a menacé de mort s'il ne laissait pas ce téléphone portable au pied du cercle en feu. Il donne les coordonnées des appels qu'il a reçu, et Kurkoff lance son super logiciel espion à la traque du signal.

Tatayoyo a bien fini en taule pour son crime. La vraie, avec le pyjama orange, et tous les mecs qu'il a jetés en cabane qui lui gueulent derrière les barreaux comment ils vont lui mettre la misère. Tatayoyo est appelé au parloir. Son gardien de prison, c'est Razor, qui a été dégradé pour mauvaise conduite. Tatayoyo entre dans le parloir sécurisé, et Razor, qui a dû se faire acheter, ferme derrière lui. Le type qui se présente au parloir, est habillé en costume de clown blanc, avec la totale, la fraise, les boutons en pompon noir, les culottes bouffantes. Et un putain de masque de chat.
Tatayoyo décroche le téléphone. "Tu vois, ce qui me désole, c'est ce qui va t'arriver.". Il lui montre une vidéo sur son téléphone portable. On voit les autres taulards, ils sont dans les douches, et ils sont en train d'enfiler des masque de clown. "Ces types, ils ont tous ces couteaux, tu sais, ces couteaux de taulards, qui sont fait avec des lames de rasoirs avec un manche en PQ aggloméré. C'est complètement dingue le temps qu'ils doivent passer à fabriquer ces couteaux. Tu vois, ce qui me choque, c'est pas ce qu'ils vont te faire. C'est pas la violence qui me choque. C'est qu'ils aient accepté d'enfiler ces masques de clown pour le faire. Tu vois, ça c'est un manque de respect. Je te laisse une chance pour t'en sortir dignement."
Il lui passe un objet sous la vitre du parloir. C'est son Beretta.
"Il reste qu'une seule balle. Fais-en bon usage."
Et ce taré de Keyboard Cat quitte la pièce.
Tatayoyo manque de passer à l'acte. Mais Razor vient le chercher, pour lui annoncer qu'il est libre. Kurkoff vient juste de hacker les logiciels du procureur pour pourrir le dossier et obtenir un non-lieu. Il en a complètement grillé son logiciel Enigma-15, mais Tatayoyo est libre.

Jonathan et Jérémy sont à Dysneyland avec leurs fils. Il est tard, ça devrait même être fermé, mais les deux gamins ont insisté pour aller dans la piscine à boules, alors les agents ont joué de leur badge pour faire patienter les vigiles.
Les gamins jouent dans la piscine à boules, elle est vraiment grande, si grande qu'ils n'ont même pas pied dedans. Le fils de Jeremy lui demande d'aller jouer avec lui, mais son père lui répond qu'il préfère attendre dehors. L'enfant plonge dans les boules aussi profondément qu'il peut. Un peu après, le fils de Jonathan vient voir les deux parents, il pleure et il dit que le fils de Jeremy ne remonte pas. Jeremy et Jonathan fouillent la piscine à boules à fond, mais pas moyen, ils ne le retrouvent pas. Il est perdu. À jamais. Perdu dans ce Dysneyland virtuel. Jeremy est effondré. Il se jure de détruire Wonderland, quelque soit les conséquences. Même s'il sait très bien que sans Wonderland, le fils de Jonathan ne pourra pas communiquer avec son père, maintenant qu'il est dans le coma, depuis l'accident, et que Jonathan perdrait toute raison de vivre sans son fils.

Jonathan a interrogé toutes les personnes présentes sous le chapiteau, il a épluché toutes les vidéos des scènes de crime, et il a enfin trouvé le fil rouge, la personne présente sur les lieux à chaque fois : Frenza, la coéquipière de Jeremy. Ils foncent à son domicile, et bien sûr elle a pris la poudre d'escampette, et il y a plein d'indices qui l'accusent. Jonathan se réunit avec les autres membres de la section, et ils mettent en place une souricière. Ils savent que Ronald a le pouvoir d'attirer Keyboard Cat, puisqu'il est en relation avec lui. Ils vont organiser un tournoi de Seven Wonders, chez les gitans.

Jonathan, Ronald et le fils de Jonathan se promènent dans une fête foraine. Quand il allait le visiter, Ronald lui a appris à jouer à Seven Wonders, et l'enfant est devenu fan. Pour tout dire, il est même rapidement devenu très fort à ce jeu. Il faut dire qu'il avait tout le temps qu'il voulait pour y jouer. L'enfant réclame de participer au tournoi de Seven Wonders, Jonathan bien sûr refuse. Il dit : "Tu es privé de tournoi, tes notes à l'école sont trop catastrophiques.
- Mais c'est dégueulasse, je suis toujours puni !"
Razor débarque, il engueule le gamin : "Co...co...Connard ! Arr...r..ête d...de t...te com...compo...porter comme un...un handicapé ! Re...rega...garde-m...moi, je reste...te..te digne !
- Et si je ramène de super notes, je pourrai y aller ?
- Oui, tu pourras y aller."
Et l'enfant ramène de super notes. Bien sûr. Quand on ne dort pas, on a tout le temps de faire des merveilles.

C'est le tournoi de Seven Wonders. Ils ont loué un grand chapiteau, ils l'ont loué au vieux Pepe, un chef forain, un vieux qui arrête pas de râler sur le manque de respect qu'ont les jeunes, un type qu'ils ont longtemps suspecté d'être Keyboard Cat, d'ailleurs.
Incidemment, c'est même le premier tournoi international de Seven Wonders. Les gitans ont appelé l'auteur du jeu, il a dit qu'il n'y en avait pas encore, alors il leur a accordé que celui-là soit le premier. L'enfant de Jonathan est là aussi, en lit roulant, avec toutes les machines qui le maintiennent en vie, et la machine qui le connecte à Wonderland. Quand il participe à une manche, le tournoi se passe en réalité augmentée.

Image

Jonathan est sur les dents. Il a prévu l'artillerie lourde, y'a une section surarmée du SWAT en arrière. Il surveille son fils de près.
Pas de trace de Frenza jusqu'à la finale, qui se déroule en réalité augmentée, vu que le gamin y participe. Et Ronald aussi. Putain, il va peut-être devenir champion du monde de Seven Words. Après ça, adieu le FBI. Razor se dit que s'il quitte le FBI à son tour, ce sera pour monter un élevage de licornes sur Wonderland. Il le fait déjà comme passe-temps, mais il passerait bien à la vitesse supérieure. Alors un des joueurs annonce qu'il était un prête-nom, que tous ces coups lui étaient dictées par une personne sur Wonderland, et que cette personne va rentrer pour prendre part à la finale. La personne qui rentre alors sous le chapiteau, c'est Frenza. Elle se campe au milieu des joueurs et fait : "C'est quoi, ce merdier ?". Razor entend un grondement arriver... Une licorne se ruent dans le chapiteau. Razor sort son flingue, des détonations dans tous les sens, mais c'est inutile, ou trop tard... La licorne transperce le torse de Razor. Celui qui a vécu par la licorne périra par la licorne. Le coup était virtuel, mais celui qui a programmé l'animal a désactivé les sécurités neuronales de Wonderland. Pour Razor, le coup est si violent qu'il meurt aussi bien dans Wonderland que dans la réalité.
Il s'écroule au côté de Frenza, qui a été criblée de balles. Le portable de Frenza s'allume. La vidéo de Keyboard Cat. Putain, Frenza était juste une victime de plus.

Kurkoff sait qu'il a les moyens de convaincre Keyboard Cat de le rencontrer en vrai. Il sait aussi que ça pourra lui être fatal, mais il est temps d'en finir.

Il est dans sa cabane. Tatayoyo est planqué dans une armoire, avec son Beretta. Les autres de la section sont planqués un peu partout autour de la cabane, avec des armes lourdes.
La personne qui entre, c'est la chef Quinn. Kurkoff l'invite à converser discrètement avec lui, dans sa tour de psyché.

La tour de psyché de Kurkoff, c'est le bureau du FBI. Ses collègues passent et repassent en l'espionnant d'un air suspicieux. Il y a des micros et des caméras partout. Un peu comme dans la réalité... Tous les gars de la section sont réunis dans la tour de psyché. Alors Quinn se met à table :
"Vous comprenez pas, ce qui me choque, c'est votre manque de respect... Le manque de respect pour l'insigne ! Vous êtes censés être la crème de la police, le dernier rempart de la civilisation, et au lieu de ça ! Kurkoff, tu passes ton temps et le budget du FBI a surveiller tout le monde. Tatayoyo, tu te balade avec un flingue illégal et tu fais des trous dans les victimes. V.Dibert, tu utilises ton boulot comme prétexte pour pas t'occuper de ton gosse. Razor, au lieu d'enquêter, tu passes ton temps à faire la circulation, et quand on te dégrade, tu deviens un gardien de prison corrompu. Et toi, Carter, bordel ! A cause de toi et de ta filière gitane, y'a plus une foutue agrafe, une foutue pochette ou un foutu trombone dans cette boutique ! Comment tu veux que le FBI arrête les criminels si on peut même pas agrafer un putain de dossier ! J'ai jamais vu une équipe de baltringues pareille !"

Elle est rouge de colère. Elle agite une pile de papiers et les envoie voler.

Blam. Blam. Blam ! (répéter dix-sept fois)

Tatayoyo a vidé son chargeur. Putain, ça fait du bien.

Seul Sanders était absent de cette souricière-là. Il avait un autre objectif. Détruire Wonderland. Il a contacté les milieux huppés, pour savoir où étaient les serveurs du réseau. On lui a répondu, en ricanant : "Tu crois qu'il existe des serveurs assez puissants pour héberger une telle réalité virtuelle ? Bien sûr que non ! Wonderland utilise le cerveau des gens comme serveurs !" Alors il a demandé s'il y avait pas quand même un focus. "S'il y a un focus, ce serait peut-être le cerveau du directeur de Wonderland."

Alors il est allé au siège social. Bien sûr, la secrétaire ne lui a pas accordé de rendez-vous, mais il l'a ignorée. Flingue au point, il a passé la porte du directeur.

De l'autre côté, il y avait juste un lit d'hôpital à roulettes. Un gamin dans le coma. Le fils de Jonathan.

Alors Jeremy a fait feu.

C'était l'été. C'était vraiment une belle journée. C'était l'anniversaire du fils de Jeremy. Toute la famille était invitée, et toute la section aussi, et on faisait ça chez les gitans, parce que y'avait la piscine, les bouées sur lesquelles on pouvait se laisser aller, et on jouait à Seven Wonders.
Ronald cause avec son cousin, son cousin lui parle de sa nana, qui est strip-teaseuse. Il lui dit que c'est vraiment une belle journée. Il lui laisse sa boîte d'allumettes.
Le fils de Jeremy et celui de Jonathan montent sur le plongeoir. Ils crient pour que leurs parents les prennent en photo en train de faire la bombe.
C'est Quinn qui gère le barbecue, elle est en train de cuire les steaks. Un gitan lui passe un rouleau d'essuie-tout. Avec l'emblème du FBI. Quinn devient toute rouge.
Frenza cause avec Razor. Comme toujours, ils s'engueulent, parce qu'ils peuvent se piffer. En fait, Razor s'énerve dès que quelqu'un a une conversation soutenue avec lui, parce qu'il ne peut pas tenir la cadence. Mais quand même, Frenza se calme vite. Elle lui sourit. Elle lui dit :
"Tu sais pourquoi je mâche tout le temps du chewing-gum ?
- N...N...Non..."
Elle enlève son chewing-gum et se le colle sous l'oreille :
"Pa...pa...par ce que...que ç...ça m'em...m'empêche de bé...bé...bé...gayer !"


Règles utilisées :

Pour la création de personnage, chaque joueur écrit six éléments : un handicap, une attache, une ressource, une motivation, un objectif, un destin. Quand le personnage veut accomplir quelque chose d'important, je peux demander le sacrifice d'un des éléments en échange. Le personnage peut réécrire de nouveaux éléments, mais ils ne sont plus sacrifiables. Si le personnage a sacrifié son destin, ou a sacrifié les 5 autres éléments, il est éliminé. Si un personnage aggrave sa situation, il gagne un joker, qu'il peut dépenser une fois pour obtenir ce qu'il veut sans faire de sacrifice.
Je fais des tours invisibles, c'est à dire que j'alterne les scènes focalisées sur un personnage. Au début de chaque scène, je ne précise jamais si ça se passe dans la réalité, dans un rêve, dans Wonderland, dans le présent, dans le futur ou dans le passé. Les autres personnages peuvent faire irruption dans la scène quand ils veulent, sous le moindre prétexte. Les personnages peuvent utiliser à leur compte tout ce qui est dit en jeu, et on ne fait pas d'appartés ou de papiers traîtrise. Les tours de mémoire (première partie du jeu) sont des réalités virtuelles de poche construites à partir des souvenirs des personnages, qui permettent de se réunir en toute discrétion (comprendre les figurants ne pourront pas utiliser les infos), mais elles sont hackables au bout d'un moment, il faut alors leur préférer les tours de psychés, qui sont des réalités virtuelles de poche construites à partir de l'inconscient des personnages.
Une fois que j'ai fini un tour de table, je demande aux joueur.se.s de montrer leurs pouces (vers le haut, plus d'intensité, au milieu, on reste comme ça, vers le bas, moins d'intensité). Je suis la directive du moins-disant (par exemple, il suffit qu'une seule personne pointe le pouce en bas pour que je baisse l'intensité).

Retour des joueur.se.s :

Joueur de Jeremy Sanders :
+ Je me suis bien marré
+ A 6 personnages, sur ce jeu, c'est compliqué. 4 personnages, ça aurait été plus équilibré
+ Pour le peu de choses qu'il y a sur la feuille de perso, ça développe l'imaginaire.

Joueuse de Jonathan V.Dibert :
+ Pro : la feuille de personnage, le système tel qu'il est sur le papier (l'attrition).
+ Pro : jouer avec les émotions
+ Pro : les tours de psyché
+ Pro : l'impossibilité de déterminer le réel du virtuel.
+ Pro : on joue sur une trame temporelle fixe alors qu'en fait on alterne scènes au présent, flash-back, flash-forward.
+ Pro : les systèmes de tour de table permettent la mise en avant de chaque personnage via une scène.
+ Pro : enchaînement des scènes.
+ Pro : dynamisme (sur le papier).
+ Con : Pendant les scènes solo, ça manque d'interactions entre personnages : il faudrait faire un lien, qui ne ferait pas partie des 6 choses qu'on peut sacrifier.
+ Con : On ne ressent pas le système d'attrition (seulement trois personnages ont dû sacrifier une chose sur leur six, et sinon deux personnages ont atteint leur destin), du coup on joue pour ainsi dire sans système, ça manque de tension.
+ Con : Quel est le but, l'objectif du jeu ?
+ Con : la partie n'avançait pas vite (lié à la table ? Au fait qu'on était six personnages ?)
+ Con : système du tour de table par scène : pas convaincue. Manière un peu artificielle de mettre en avant les personnages ? Bridage des joueurs pro-actifs ? Nécessité de l'établissement d'un groupe soudé afin de faciliter les interactions.
+ Lors de l'utilisation de la tour de mémoire, ça manque de description / compréhension du lien émotionnel. On ne lit pas dans le souvenir les émotions du personnage.
+ Con : manque de dynamisme dans la pratique.

Joueur de Ronald :
+ L'as de pique, ça n'a pas été utilisé. On n'est pas tenté de se mettre volontairement en difficulté pour en gagner.

Joueur de Razor :
+ Peut-être réguler l'intervention des autres pendant les scènes solo, par exemple avec un système de jetons.
+ Permettre au joueur dont c'est la scène solo de participer au paramétrage, par exemple en lui permettant d'énoncer trois choses vraies au début de la scène.


Retour personnel :

Le fait de ne plus préciser à quel époque où dans quelle réalité on est, ça change tout. Pour potentialiser les ressources des personnages, j'ai accumulé les flash-back pour rejouer des moments-clés de leur vie, les rendant plus forts et plus concrets que si c'était resté de simples mentions sur la feuille de personnage. J'ai bien pris mon temps, comme la scène dans la piscine avec le cousin, qui a bien dû durer dix minutes, un quart d'heure, parce que j'avais prévu de faire du mal au cousin de Ronald juste après, et je voulais donc lui donner un maximum d'importance. Partir dans des longs tunnels de dialogue sur des sujets anodins, comme dans les films de Tarentino, c'était ma façon de donner de l'importance aux éléments sur la fiche des personnages.

A un moment, quand j'ai demandé les pouces, le joueur de Razor en a profité pour demander à ce qu'il y ait moins de temps consacré aux persos en solo, et plus de jeu collectif, et partant de cette demande, je me suis débrouillé pour que les scènes suivantes puissent facilement accueillir tout le monde, d'où les scènes de souricière avec toute la section présente. Cela confirme ce que je pensais : demander les pouces, c'est aussi l'occasion de permettre aux joueurs de faire d'autres recommandations en mode méta, et ça c'est salutaire, car comme ça on corrige le tir en cours de jeu.

Si je suis très fier de ce qu'on a raconté ensemble (j'avais un groupe très porté sur le comique, mais ils ont complètement appuyé mon virement vers le tragique), je rejoins les critiques sur les problèmes de rythme. Je donne raison à la joueuse de Jonathan quand elle dit qu'il manque un schéma relationnel entre persos qui amènerait plus de jeu collectif.

Je pense que je vais tester la prochaine fois un système de besoin : chaque joueur écrit en quoi il a besoin de chaque autre personnage. Je trouve qu'un besoin amène plus de jeu qu'un simple lien.

La joueuse de Jonathan a fait justement remarquer que j'avais eu au final très peu recours à mon système d'attrition. Sans doute que ce système se serait bien fait ressentir si j'avais demandé un sacrifice à chaque scène. Or, j'ai fait beaucoup de scènes d'exposition, où je ne demandais pas de sacrifices. Je ne sais pas encore si c'est un problème, dans le sens où je trouvais ces scènes intéressantes. C'est peut-être un problème si on se retrouve avec un jeu où se contente d'écouter un MJ raconter une belle histoire, et c'est sûrement un problème si les joueur.se.s s'ennuient quand la scène ne concerne pas leurs personnages, alors même que ces joueur.se.s seraient venus pour découvrir l'univers.

Peut-être aussi que je testerai une partie avec les règles du jeu Les Cordes Sensibles (qui porte l'aspect émotionnel et les schémas relationnels que je recherche), et une autre avec les règles du jeu Innommable (qui porte les révélations et l'aspect mindfuck que je recherche aussi). Il est possible que je sois en train de rechercher une sorte de fusion heureuse entre les esprits de ces deux jeux.