[Arbre] À l'intérieur de la nuit

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[Arbre] À l'intérieur de la nuit

Message par Thomas Munier » 01 Juin 2016, 07:46

À L'INTERIEUR DE LA NUIT

La découverte douloureuse de la condition vampirique au cours d'une nuit sans fin.

Jeu : Arbre, clochards magnifiques dans les forêts hantées de Millevaux

Joué le 12/12/2015 sur google hangout

Personnages : Agathe, Mala, Gautier

Retrouvez l'enregistrement de la partie sur ma chaîne youtube

Image
photomontage par Simon Li Angeldust cc by-nc-nd
crédits images : Zajcsik, vetonethemi, Thomas_G, CC0, galeries sur pixabay



Contexte :

La Morinie, au nord, sous la pluie. Marais, forêts, villages, ports. Vous êtes des maudits, vous portez l'empreinte des vampires, des buveurs de sang. Et cette condition n'a rien de l'idéal romantique que vous auriez pu imaginer. Tiraillé par une faim surnaturelle, soumis à la putréfaction, terrorisés par la lumière, vous êtes des parias parmi les parias. Les acteurs d'une pièce de théâtre en décomposition où le décor ne vous survivra pas. Et l'espoir ?

Situation initiale :
Les clochards sont à Calais, dans un bidonville de réfugiés qui fuient un fléau et veulent prendre la mer pour se rendre en Angleterre. Ils viennent de se faire mordre par un vampire. Alors que le vampire s'acharnait particulièrement sur un de leurs proches, les clochards ont pris la fuite. Ils se transforment à leur tour en vampires sans personne pour leur expliquer les affres de leur nouvelle conditions.


L'histoire :

Le bidonville, à Calais. Il y a eu toutes ces attaques de horlas dans le continent. Ils sont sortis des forêts et s'en sont pris aux communautés humaines. Puis des humains se sont transformés à leur tour en horlas. D'autres sont morts. L'invasion horla a pris tant d'ampleur que des milliers de réfugiés se sont massés à Calais, dans l'espoir de passer en Angleterre. Les autorités de Calais, débordées, les ont parqués sans limite de temps dans un quartier insalubre de la ville, qui s'est rapidement transformé en bidonville : la jungle de Calais.

Ils sont cinq à avoir survécu à l'attaque de l'étranger dans la nuit, dans cette zone isolée du bidonville. Ils courent à perdre haleine vers le quartier arménien. On en voit déjà les cabanes de bric et de broc aux entrées drapées de toiles, et les braseros alimentés par les insomniaques, comme de petits phares dans la nuit.
Parmi ces cinq rescapés, Agathe, belle, des taches de rousseur sur le visage, des dreads et des tresses blondes dans tous les sens, des yeux bleus comme des lacs. Elle mesure un mètre cinquante, tellement maigre que ça se voit même sous ses épaisseurs de vêtements, couverte de colifichets clinquants, des médailles, des pins, des clous, des perles, des colliers, des bracelets : elle aime toutes les choses qui brillent. Elle veut passer en Angleterre, pour y retrouver sa fille, que son père lui aurait enlevée. Mais elle cache un crâne de fillette dans son sac. Elle court avec Yui, son gigantesque Berger des Pyrénées dont les poils hirsute forment aussi des dreads. Mala, jeune et sans âge à la fois, la peau foncée, de longs cheveux noirs voilés, toujours l'air fragile, vulnérable, qu'on veut protéger. Elle a des vêtements rapiécés, rien de clinquant, elle parle une langue bizarre en plus du franquois. Elle traînait tout le temps avec Juan, qu'elle disait être son frère, un jeune, mince, barbu avec un chapeau feutre noir, un débardeur de cuir, pas mal de bijoux fantaisie et une paire d'alliances glissées dans une lanière portée en sautoir autour du cou. Mala usait beaucoup de son air vulnérable pour que Juan la protège au péril de sa propre vie. Mais Juan n'est pas là. C'est lui sur lequel leur assaillant s'est acharné pendant qu'ils prenaient la fuite.

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(artwork (c) by equine_luva69)


Il y a Gautier, un mètre quatre vingt, de longs cheveux filasses, en baskets-joggings, un K-way jaune. Il lui manque l'annuaire et l'auriculaire de la main gauche. Il a la gueule en sang, probablement depuis l'attaque. Dans sa poche, un calepin où il note tout son passé, parce que Gautier il oublie tout très vite. Glissée dans ce carnet, une photo de femme. Gautier est flanqué d'Aurèle, un ado en basket-joggings lui aussi. Aurèle n'a pas les mêmes problèmes de mémoire que Gautier, et il est là pour lui rappeler toutes les choses utiles.

En ce moment, justement, Gautier est en plein black-out, et Aurèle lui réexplique tout, il lui rappelle qu'il est son pote, qu'ils sont tous à fuir les horlas et Attila, l'attaque par les étrangers, qui les a tous mordus, puis s'est acharné sur Juan, alors ils ont pris la fuite. Aurèle ne s'est pas fait attaquer, il avait pris du retard sur le groupe pour ramasser un truc brillant dans un fossé et quand il les a rattrapés, il a vu l'attaque, il s'est planqué, et quand ils ont fui, il les a rejoints.

Ces cinq vagabonds ne fuient pas que les horlas ou l'étranger. Ils ont aussi volé trois objets importants à la bande de pillards du féroce nain Attila : un collier, un carnet, un album photo : des objets chargés de mémoire. Et comme la mémoire est une monnaie, il y a de quoi leur payer le passeur vers l'Angleterre. Mais Attila ne se laisse pas voler impunément : il vaut mieux pour eux qu'ils ne retombent jamais entre ses mains, car la mort serait plus douce que ce qui les attendrait alors. En plus, Attila convoite Agathe : qu'il veuille se venger d'elle en particulier ou qu'il la désire, ou les deux, ce n'est pas bon pour Agathe.

Yui, le Berger des Pyrénées d'Agathe est drôlement bizarre. Il est couvert de sang, il grogne, comme quand il a très faim. Agathe lui donne à manger, mais le chien dédaigne la nourriture, il pisse même dessus. Agathe essaye elle-même de manger des provisions, mais elle n'en sent plus le goût, juste la texture, et c'est comme si son œsophage se fermait, refuser d'absorber la nourriture. Elle est obligée de la régurgiter. Agathe voit un objet brillant dépasser de la poche ventrale du sweat d'Aurèle : sans doute ce qu'il avait ramassé dans le fossé pendant qu'ils se faisaient attaquer. Comme elle convoite tout ce qui brille, elle lui dérobe discrètement. C'est un morceau de miroir. Elle se voit dedans, mais ce n'est pas son vrai reflet. Ou plutôt, c'est comme si c'était le reflet de ce qu'elle était vraiment. Alors que les autres voient une Agathe qui garde le contrôle, Agathe voit dans le miroir un reflet d'elle-même en pleine panique.

Maintenant qu'ils ont repris leurs esprits, les rescapés décident de retourner sur les lieux de l'attaque. Il est peut-être encore temps de sauver Juan et de faire sa fête à leur assaillant.

Là-bas, à l'orée du bois qui a poussé dans le bidonville sur les déchets et les charniers, l'assaillant a disparu, et Juan gît dans la boue, exsangue. Mala le serre dans ses bras. Elle ressent envers lui une sensation de proximité, qu'elle n'a jamais ressenti de la sorte. Revient alors à son esprit un souvenir où Juan avait rempli son rôle de protecteur. C'était quand ils fuyaient la menace horla sur les sentiers de forêt. Ils étaient juste avec Agathe, Yui, Gautier et Aurèle, ils n'avaient pas encore rejoints une colonne de réfugiés. Un étranger s'était présenté à eux, il disait s'appeler Nuit. Ses cheveux noirs lui recouvraient les yeux et son corps était recouvert d'un lourd manteau de cuir. Il leur a demandé s'il pouvait cheminer avec eux, car seul il était à la merci des prédateurs, des horlas ou des pillards. Juan le sentait pas, il a d'abord refusé, il a dit qu'on ne savait pas si on pouvait lui faire confiance, il s'est interposé entre Nuit et Agathe. Gautier a demandé à Nuit de montrer ce qu'il cachait sous son manteau de cuir, Nuit a d'abord protesté, mais comme Gautier insistait, il a ouvert son manteau. Dessous, il était nu. Il avait la peau très pâle et portait des nécroses à divers endroits du corps. Des insectes grouillaient sur son pubis. Finalement, ils l'ont pris en pitié et il a rejoint leur groupe.

Une fois que Mala repose le corps de Juan, Agathe lui arrache les alliances qu'il portait autour du cou, parce qu'elle convoite tout ce qui brille. Quand elle s'en empare, elle accède à une partie de leur contenu mémoriel. Elle voit les parents de Mala lui parler, comme si elle était Mala. Ils lui disent qu'avec le chaos ambiant, avec l'invasion horla, ils ne sont pas sûrs d'être toujours là pour l'aider. Ils lui disent qu'elle sait paraître vulnérable, et qu'elle doit en jouer pour que Juan la protège coûte que coûte, quitte à le manipuler.
Mala exige qu'Agathe lui rende les alliances, qui sont les alliances de ses parents, mais Mala refuse, et Agathe cède pour ce coup.

Les empreintes montrent que leur assaillant a dû partir dans le bois. Cet endroit a l'air d'une bouche de noirceur au cœur du bidonville, ses arbres sont comme des crocs, les ténèbres à l'intérieur semblent épaisses comme de la glu. Gautier a peur d'y rentrer, mais tous les autres veulent poursuivre l'assaillant, alors après quelques protestations, il se résigne à les suivre.

L'humus du bois est profond comme si la forêt avait mille ans, il grouille d'asticots. Gautier en ramasse un et le mastique, par curiosité. Il ne sent aucun goût, juste la texture, et lui aussi échoue à l'ingurgiter.

Au terme d'une marche assez loin à l'intérieur de la nuit, ils entendent une voix aigre dans les branches. C'est une chauve-souris qui leur parlent. Ses ailes membraneuses pendent, d'une longueur anormale. Ses oreilles sont immenses et son visage hideux. "En vous mordant, je vous ai fait un cadeau. Je vous ai récompensés pour m'avoir donné l'asile. Je vais vous donner un nouvel indice pour vous aider à gérer ce cadeau. Sachez que vous allez devoir vous nourrir de sang humain chaque nuit, sinon vous allez vous rigidifier comme des cadavres, et si le jour vous trouve ainsi, gare à vous."
Gautier monte aux branches, il s'approche de la chauve-souris, qui est sans doute Nuit. Elle lui crache au visage : "Ne porte pas la main sur moi. Car vous avez besoin de mon aide pour gérer votre nouvelle condition. Vous avez beaucoup à apprendre. Comme les métamorphoses, par exemple. Je reviendrai la nuit prochaine vous donner un nouvel indice."

Agathe lui demande en quoi c'est un cadeau. La chauve-souris devient arrogante. "C'est moi qui décide quand je donne les informations. Ne me manquez pas de respect. Juan voulait m'exclure. Je lui ai fait ce qu'il méritait.". La chauve-souris est tellement sûre de son emprise sur eux qu'elle ne se méfie pas. Gautier la fait tomber des branches. Mala se saisit de son couteau et s'acharne sur le cœur de la bête. Sous ses coups, la chauve-souris se retransforme en homme, c'est bien Nuit, Mala continue de lui frapper le cœur, encore et encore, jusqu'à ce que ce que sa cage thoracique ne soit plus que de la bouillie. Nuit se raidit comme un vieux cadavre. Mala enlève alors le couteau. Nuit se réanime alors, il se retransforme en chauve-souris et prend la fuite d'une aile malhabile.

Les rescapés ont à la fois réduit à néant leur chance d'avoir l'aide de Nuit, et ont manqué l'occasion de le tuer. Ils essayent de sortir de la forêt, mais elle est beaucoup plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Ils sont perdus.

Ils trouvent le corps de Juan. Il a été traîné ici, sans doute par Nuit, pendant qu'ils se perdaient. Il est étendu sur l'humus grouillant d'asticots, les bras en croix, les poings serrés. Ses yeux ont été arrachés. Sous le choc, Mala se penche sur son corps. Elle trouve les yeux de Juan cachés dans ses poings.

Ils ont besoin de comprendre mieux les choses pour trouver la sortie. Agathe pense que la réponse réside dans les alliances, puisque c'est un artefact mémoriel. Mais pour accéder au souvenir caché dans les alliances, elle doit sacrifier un de ses souvenirs. Elle décide de sacrifier le souvenir de sa rencontrer avec les autres rescapés. C'était à un moment où ils zonaient tous dans les campements des pillards d'Attila, vaguement comme aides de camp, vaguement comme piques-assiettes, vaguement comme aspirants pillards. C'est à ce moment, en pleine nuit, qu'Agathe a volé les trois précieux objets de mémoire d'Attila, son butin. Ils brillaient tellement. Attila l'a poursuivie seule, jusqu'aux abords du camp. Ce nain, incarnation même de la colère, l'a rattrapée juste quand elle arrivait là où campaient Mala, Agathe, Gautier et Aurèle. Il lui a saisi la main d'une poigne de fer : "Je te faire tellement morfler, sale traînée !". Et les autres n'ont pas réfléchi, ils ont sauté sur Attila, ils l'ont tabassé, ils l'ont assommé, et ils ont pris la poudre d'escampette avec Agathe et les trois objets de mémoire. C'est comme ça qu'ils sont devenus solidaires dans la fuite, mais maintenant Agathe ne s'en rappelle plus.

Agathe est maintenant dans le souvenir des alliances. C'est le moment du mariage des parents. Des caravanes s'avancent dans la forêt, au zénith de cette belle journée, sous le bruit des flonflons, les chants tziganes et les pluies des cotillons. Agathe est dans le chariot des invités d'honneur, elle voit Juan au jour de sa vie où il est le plus beau, et Mala est à ses côtés. Agathe et Mala parlent à Juan. Juan s'excuse auprès de Mala, il n'a pas su la protéger jusqu'au bout, pourtant Mala se rappelle au moment de l'attaque, Nuit s'est acharné sur Juan parce que Juan s'est débattu, parce qu'il leur a crié de s'enfuir. Juan s'excuse encore parce que si Mala veut sortir de la forêt, elle va devoir lui manger les yeux.
Mala lui ferme les yeux.

Retour à la dure réalité. Dans sa tête, le goupil de Mala insiste pour qu'elle mange les yeux. Alors elle s'exécute. Elle ne sent pas le goût, mais bien la texture, d'abord molle puis dure quand on atteint l'espèce d'os qu'il y a au milieu. Et cette fois-ci, elle arrive à les ingurgiter.

Ils voient alors le passé, à rebours. Ils voient Nuit monter sa macabre mise en scène avec le corps de Juan, à rebours, lui enlever les yeux de ses poings, lui ouvrir les mains, lui remettre les bras le long du corps, lui remettre les yeux dans les orbites, il a un sourire carnassier comme s'il savait que les rescapés le regardaient. Il prend les bras de Juan dans les siens et le tire vers la sortie de la forêt, à rebours, et les rescapés le suivent pour retrouver leur chemin, ils le suivent au cœur de la nuit, dans cette mascarade hallucinée.

A la sortie de la forêt, la faim se fait vraiment pressante. Gautier dit à Aurèle de les fuir, car sinon tôt ou tard, ils seront tentés de se nourrir sur lui. Aurèle proteste : "Mec, tu peux pas dire ça ! On est des frères ! Depuis le temps ! On va trouver une solution ! Vous allez vous nourrir sur d'autres mecs ! T'as besoin que je reste avec toi pour te rappeler les choses !". Mais Gautier insiste, alors Aurèle recule et leur tourne le dos. Il leur jette un dernier regard, et il s'enfuit dans la nuit en courant.

Les rescapés hésitent sur l'endroit où se rendre pour se nourrir. Il leur faut des proies isolées. Aller vers le quartier italien, où rôdent des dealers et des toxicos ? Ou retourner au quartier arménien ? On sait qu'il y a souvent des disparitions là-bas. On peut trouver des parents qui font des rondes à la recherche de leurs enfants, et peut-être qu'on peut aussi trouver les enfants.
Agathe voit Yui qui s'agite et qui a flairé une piste, alors ils décident de lui lâcher la bride et de le suivre.

Yui les conduit dans une décharge à ciel ouvert, et c'est là qu'ils trouvent deux proies, planquées derrière une tôle, au milieu des sacs poubelles. C'est deux adolescents, un garçon et une fille, ils sont nus et ils se sont cachés là pour faire l'amour à l'insu de leurs parents. Et la fille, blonde, atteint son summum, et la faim des vampires culmine à ce point.

Agathe laisse son chien attaquer le garçon. Gautier tombe en état de choc, il fait un nouveau black-out, il ne sait plus qui il est, ce qu'il est, ce qu'il fait là, et cette fois-ci, plus d'Aurèle pour lui refaire un topo.

Agathe se précipite sur la fille, elle lui mord la gorge avec avidité, et quand elle boit son sang, c'est la seule chose qui a du goût et qu'elle peut ingurgiter, c'est chaud, ferreux, dégueulasse et en même temps ça contient l'orgasme de la fille, et sa jeunesse. Et aussi sa dette, dette qu'Agathe doit absorber avec le sang. La fille est unie au garçon contre l'avis de la famille du garçon. Et elle s'est promis que s'il arrivait malheur au garçon, elle se mettrait au service de cette famille pour compenser. Et c'est une famille dégueulasse, qui fait tout ce qu'on peut faire avec du trafic d'humains.

Mala veut aller se nourrir sur le garçon, mais boire deux fois à la même coupe, ça tue la proie, alors Agathe veut l'en empêcher, car si le garçon meurt, elle devra se mettre au service de sa famille. Mala ne l'écoute pas. Elle s'est déjà couchée pour les alliances, elle ne cédera pas une deuxième fois devant Agathe. Elle commence à boire à la coupe du garçon. Si elle boit toute sa coupe, elle absorbera un souvenir d'un garçon, qu'elle prendra pour son propre souvenir, et là, elle en a juste un aperçu.

Elle est dans un barque qui traverse la Manche en pleine nuit, direction l'Angleterre. Elle est dans le corps du garçon. En face d'elle, un passeur qui travaille pour sa famille, elle en voit le visage. Elle voit aussi les deux passagers, un homme et sa fille. L'homme dit qu'il doit faire passer sa fille en Angleterre, pour la protéger de sa mère. Agathe se doute bien qu'il s'agit de la fille d'Agathe. Si elle absorbe le souvenir, elle connaîtra le visage du passeur, elle fera tout le voyage, elle connaîtra le nom du port anglais où ils auront accosté.

La fille la regarde. Elle est en pleurs. Nue, sanglante, en frissons. Elle la supplie d'épargner le garçon. Alors Mala lui prend la main. La fille se laisse faire. Elle sait que si elle la vide, elle héritera de l'amour que la fille porte pour ce garçon, elle en sera désespérément, irrémédiablement, amoureuse. Mais elle s'y résout. Elle a déjà été obliger de tuer par le passé, elle peut le refaire. Elle lui prend la gorge, c'est une sensation paroxystique, et alors que la fille rend son dernier soupir dans ses bras, cela lui rappelle la première fois qu'elle a tué.

C'est ce type qui avait voulu lui faire... du mal. Juan n'était pas dans les parages. Alors, elle s'est défendue toute seule, elle lui a enfoncé son couteau dans le ventre.

Juan accourt, mais c'est trop tard, le type était déjà raide. Juan prend Agathe dans ses bras. Il s'excuse de ne pas avoir été là pour la protéger. Cela ne se reproduira plus. Plus jamais.

Mala se détache de ses bras et le regarde.

Et lui ferme les yeux.

Et sous les paupières de Juan

coulent des larmes de sang


Feuilles de personnage :

Agathe :

Image

artwork (C) (je n'ai pas retrouvé l'auteur)


Mala  

Image

artwork (c) by Makis Siderakis, galerie sur flickr.com

un as de pique

Mémoire
chaleur du foyer familiale
une berceuse 
langue tzigane
dispute violente
Crâne
yeux rieurs
Longs cheveux noirs
masque sourire
Têtue comme une mule
Entrailles
maladie hémophile
Cœur
Juan mon frère
poids de la culpabilité
se nourrit des secrets
Amour adolescent pour Jules.
Viande
Morsure dans le cou
peau brune
Matériel
Journal intime volé
bracelet gravé
un morceau de tissu 
Couteau genre opinel 
Champignons séchés
Microcosme
Attila - ennemi

Gautier :

Mémoire :
BLACKOUT
Crâne :
Abandon : Je suis un Horlas?
Survie: Fuir c’est survivre
virtuose harmonica
Ici c’est l’enfer
Entrailles :
Pulsion de sang
bas instincts
Voleur
j’aime me battre
lubies morales
Cœur :
-
Viande :
Cheveux longs filasse
regard noir hagard
gravure sur l’avant bras : « “un Pj” nous fera tous tuer? »
annulaire et auriculaire manquant sur main gauche
tout en nerfs.
Matériel :
album photo
Mon carnet de notes !
Harmonica
jogging
K-way jaune
basket
planche à clou
Microcosme :
Aurèle (petit frere)


Commentaires sur le contexte :

J'ai un peu modifié la situation initiale. Lors du précédent test, le vampire étreignait uniquement les personnages avant de les abandonner à leur sort. Dans ce test, le vampire étreint les personnages puis boit le sang d'un de leurs proches, c'est alors que les personnages prennent la fuite, hagards.
Dans mon idée, le proche était forcément mort, mais je vais entériner par la suite qu'il peut aussi bien avoir survécu, voire avoir été transformé lui aussi en vampire.


Temps de jeu :

3/4 h de briefing / création du groupe et des personnages, 2h 1/4 de jeu.


Retour de la joueuse de Mala :

« Et donc mon principal retour, comme je te l'ai dit, j'ai trouvé ça fun de jouer la découverte de la nature vampirique, ça colle bien à l'univers. De plus, ça fonctionne particulièrement bien avec la mécanique du Goupil qui joue véritablement "la soif" et la perte d'"humanité". Mais du coup, comme cela prend beaucoup de place dans le jeu, j'ai été un peu frustrée qu'on ne joue d'avantage à effeuiller son personnage comme on avait pu le faire dans la partie précédente. Ceci dit, c'est toujours un plaisir de jouer avec toi. »


Ma réponse :

C'est tout à fait vrai, c'est une campagne à part, puisqu'ici les clochards deviennent des vampires et l'ensemble de choses à savoir sur la condition vampirique crée un jeu dans le jeu. Même si les clochards découvrent les règles au fur et à mesure, il est certain que ça va prendre de la place, et ça se superpose aux post-it, puisqu'à la création, les personnages sont de simples clochards, tout ce qui relève de la condition vampirique va s'ajouter en jeu. Donc, oui, on passe du temps à jouer le vampirisme, et donc moins de temps sur les post-it ou sur le goupil. Je pense cependant que c'est justement le propos de cette campagne, proposer cette chose en plus, et je peux concevoir que ça n'intéresse qu'une partie des joueur.se.s d'Arbre. Je pense aussi qu'il y a un biais d'observation : nous n'avons joué que deux heures, je pense que sur toute une campagne, il y avait la place de jouer les post-it et les goupils, qui ont d'ailleurs eu quelques utilités, notamment les post-it relatifs aux compagnons des clochards (Aurèle, Juan, Yui), et le goupil dans certaines situations critiques (manger les yeux). Pour ma part, je suis satisfait de ce test, même si en effet Vampires de Morinie est presque un jeu de rôle à part d'Arbre, un jeu-campagne. J'ai écrit des règles sur le vampirisme qui rendent le vampirisme gritty comme je le voulais et qui créent du jeu, et le fait de les jouer dans le cadre d'Arbre me permet de jouer des vampires qui tiennent le coup sur une campagne, à ma façon j'essaye de faire perdurer le rêve de campagne Millevaux vampire qu'avaient formés d'abord Badury (qui justement voulaient faire jouer des vampires dans le Millevaux du Nord, dans la Morinie), et ensuite Arjuna Khan qui a essayé de faire joueur des vampires à Arbre, mais sans le succès escompté car il avait la version playtest d'Arbre, dont le système est trop lâche, et qu'on avait assez peu discuté des règles vampiriques, se contentant de brosser des ambiances là où des procédures (absorption de dettes, mémoires) couplées au principe de prix à payer apportent la robustesse nécessaire.
Énergie créative. Univers artisanaux.
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Thomas Munier
 
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