[Les Sels de Millevaux] Le Convent de Prague

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[Les Sels de Millevaux] Le Convent de Prague

Message par Thomas Munier » 17 Juin 2016, 08:09

LE CONVENT DE PRAGUE

La formation d'un convent d'alchimistes à Prague, la ville fantastique. Premier test très prometteur du jeu de Yoann Calamai sur l'alchimie à Millevaux, un hack d'Arbre et d'Inflorenza minima !

Jeu : Les Sels de Millevaux par Yoann Calamai, jouez des alchimistes rongés par l'achèvement du grand œuvre au cœur de l'enfer forestier de Millevaux.

Joué le 01/02/2016 sur google hangout

Personnages : Matilda Dobner, Petr Vlk, Anselmo Montela

Partie enregistrée sur ma chaîne youtube ici et ici

Image
illustration : Balthazar Schwann pour le Philosophia Reformata de Daniel Mylius, domaine public


L'histoire :

Une crypte sous le cimetière juif de Prague. Fragments de la Torah gravés sur des plaques. Candélabres. Une grande table ronde de pierre où figure une étoile de David. Quatre personnes en capuche réunies pour la première fois, assemblée secrète pour constituer un convent d'alchimistes.

Celle qui prend la parole en premier, c'est Isadora, la plus expérimentée, qui a recruté les trois autres. Elle baisse sa capuche, révèle le visage ferme d'une femme de trente ans aux longs cheveux noirs. Un œil orange, un œil violet.

Ils tombent leur capuches. Matilda Dobner est une jeune femme, 18 ans, elle a un bonnet de tissu, des tresses brunes, des grands yeux innocents, elle semble très influençable, c'est une alchimiste brodeuse. Petr Vlk est un noble, qui travaille pour le Gouvernement. Il est rondouillet, il a des yeux globuleux, une peau ridée, des lèvres fines. Cet alchimiste de la mémoire sourit peu et paraît empêtré dans ses convictions et ses projets occultes. Enfin, Anselmo, alchimiste du corps humain, est un médecin qui fait des expériences avec l'électricité. Il est de faible constitution et tousse souvent. Il est très pâle, des cernes noirs, une moustache et une barbichette poivre et sel. Il est encore jeune, quarante ans, mais il a vraiment l'air malade. Isadora se lèche les lèvres en le regardant, elle dit être impatiente d'expérimenter une autopsie humaine à ses côtés, bien que la pratique soit interdite. Les autres alchimistes disent qu'ils seront aussi curieux de voir ça. Matilda essaye-t-elle de paraître plus courageuse qu'elle n'est ?

Elle leur demande de convenir ensemble d'un objectif à atteindre par le grand-œuvre. Tous s'accordent à éradiquer l'oubli. Isadora les interroge sur leurs motivations, ils répondent, qui Matilda la bonté, Anselmo l'humanisme, Petr restaurer la mémoire et la fierté du peuple. La cynique Isadora en rit.

Elle leur demande leurs spécialités, d'où ils tiennent leur savoir, et quel est leur objectif personnel en dehors du grand-œuvre. Matilda dit qu'elle tient ses savoirs de sa mère, brodeuse alchimiste comme elle, et que sa mère est morte sur le bûcher, accusée à tort de sorcellerie. Isadora demande si elle pu récupérer ses cendres, Matilda répond qu'elles ont été dispersées dans le vent. Isadora réplique qu'elles peuvent peut-être encore être récupérées : avec l'alchimie, tout est possible tant qu'on est prêt à payer le prix.

Elle leur présente des écritoires, des plumes et des parchemins, pour qu'ils écrivent leurs testaments. Ensuite, il est temps de mettre fin à leur apprentissage. Elle leur tend une seringue faite du fer le plus pur, réputé pour annuler la souillure, afin qu'ils s'injectent les sels d'un ancien alchimiste dont ils obtiendront les savoirs, mais qui les hantera : leur daemon. Même l'innocente Matilda présente ses veines à la seringue sans sourciller. Bientôt, les daemons parleront dans leur tête et les tourmenteront.

Ensuite, ils gobent chacun un œuf d'albâtre, qui pourra charger leur infortune et la décharger pour empêcher une autre infortune, selon la loi des équivalences alchimiques.

Elle les instruit du danger, pour leur intégrité et pour la réalité elle-même, d'opérer pour le grand-œuvre dans un simple laboratoire. Il leur faudra chacun créer un labyrinthe, un théâtre mental, et un golem, qu'ils enverront dans ce labyrinthe procéder au grand-œuvre à leur place ; ainsi ils protégeront la réalité d'un possible désastre comme le chimiste œuvre en se protégeant derrière une vitre.

La première urgence est de se trouver des locaux pour opérer ; la suivante de se procurer les métaux et du matériel d'alchimie : athanors, alambics et creusets ; la dernière de rassembler les savoirs nécessaires à la création des labyrinthes et des golems. Isadora propose qu'on se dote d'un moyen de communication rapide et fiable ; Matilda propose que chacun s'arrache une oreille, qu'on les réduise ensemble dans un mortier, et que chacun récupère une oreille reconstituée, alors tout le monde entendra ce que dira tout le monde ; mais si Matilda fait confiance à tous dans l'innocence de sa jeunesse, les autres sont encore à se jauger, alors la motion est rejetée.

Anselmo et Isadora, l'un fasciné par la vie et l'autre par la mort, conviennent d'œuvrer ensemble dans la crypte du cimetière juif. Isadora se chargera d'en calciner une pièce et de condamner ses accès à la chaux, afin que la souillure des morts ne contamine leurs expériences.

Il leur faut des occupations, qui leur procurent à la fois couverture et argent. Le Gouverneur de Prague, Soleymane, sans doute pour faire un pied de nez au pouvoir central de l'Empire d'Autriche-Hongrie, Vienne la très-catholique, a soumis un décret qui ouvre Prague à toutes les religions et toutes les philosophies. Les temples les plus exotiques comme les ateliers d'alchimiste ont donc toute liberté d'ouvrir enseigne en pleine rue. Mais Isadora préfère opérer dans l'ombre, craignant le contrôle du Gouvernement. Ne dit-on pas qu'il a jadis employé des alchimistes, les condamnant en public et les asservissant en privé, dans les caves des archeries de la Ruelle d'Or, sous l'ombre du gigantesque Château de Prague ?

Anselmo veut se faire médecin, après tout c'était sa profession avant de fuir Gênes, où son maître a connu l'opprobre et la mort pour ses méthodes avant-gardistes. Il se rend dans la Nouvelle Ville, grands quartiers tracés au cordeau sur une assise de marais assainis à la va-vite, marchés grouillants de la plèbe. L'hôpital est sis dans une ancienne cathédrale dont les fondations s'enfoncent chaque jour un peu plus sous terre. C'est là un assemblage de passerelles et de lits cachés par des tentures blanches. Isobel, la médecin en chef qui le reçoit, la soixantaine, vêtue de noir, des gros grains de beauté sur le visage et des mains gonflées par les âges et l'ouvrage, paraît débordée, désabusée. La diphtérie et le choléra remplissent l'hôpital comme les eaux du marais gonflent le lit de la Vlatva. Elle envoie Anselmo à l'épreuve, on le charge d'opérer une toute jeune femme, Petra. Elle agonise dans son lit d'hôpital. Anselmo retire son drap ensanglanté et voit sa jambe, qui fut écrasée par un arbre, broyée, en bouillie, empestant la gangrène, les orteils gonflés, les ongles ayant sauté sous la pression. Anselmo mande à une nonne infirmière une scie, du fil, une aiguille et une bougie. Il sait qu'il passera pour un fou s'il stérilise les instruments au seul feu qui est la cheminée de la cantine, alors il stérilise sous la cachette de la tenture, à la bougie. Tout le monde a la migraine dans l'hôpital, Anselmo l'attribue aux miasmes, mais Petra, peut-être dans son délire, a une autre opinion. Elle dit qu'il s'agit de la souffrance des malades, c'est elle qui donne la migraine. Elle lit dans les énergies, c'est un don qu'elle tient de sa mère. Anselmo s'apprête à l'amputer. Petra sent la vie d'un vieil homme dans un autre lit, atteint de la grippe, il mourra si Anselmo la sauve, par le principe de circulation des énergies vitales. Anselmo lui dit qu'ainsi va la vie, certains vivent et d'autres meurent. Elle crie de tous ses poumons alors qu'il la découpe. La bonne soeur se cache les yeux avec les doigts, mais de temps elle les écartes, ce qui fait qu'elle regarde quand même. Anselmo conserve la jambe de Petra : il lui promet qu'il lui rendra un jour. Elle le supplie de le prendre ensuite à son service, car dans son village on ne voudra pas d'une handicapée, elle serait chassée, réduite à la mendicité. Anselmo lui dit de se contenter de vivre. Elle dit : "Qu'à cela ne tienne, je reviendrai vous voir tous les matins jusqu'à ce que vous changiez d'avis."

C'est Matilda, la petite brodeuse innocente qui vit chez sa tante, qui se charge d'aller quémander des métaux. Elle se rend à la ruelle d'Or, étroit passage à l'ombre du château où s'entassent dans les maisons à encorbellement échoppes de bijoutiers et d'alchimistes. C'est là que Maître Szolt, qu'on dit avoir été l'alchimiste secret de Soleymane, a ouvert le premier une boutique de joaillerie-alchimie. Matilda y entre, elle y découvre une dizaine de vendeurs qui s'affairent. Maître Szolt vient à elle, il la connaît puisqu'elle lui a demandé de la choisir comme apprentie, chose qu'il a refusé. C'est un homme très grand, le visage mou mais sévère, en manteau brodé de fourrure. A chacun de ses doigts une bague réputée contenir quelque minéral ou poison. Il l'invite à la suivre au sous-sol, elle découvre le plus grand laboratoire d'alchimie dont on puisse rêver. Vastes voûtes sous lesquelles peinent et suent une cinquantaine d'apprentis autours des feux de forges et des alambics complexes, enfants aux pieds nus qui actionnent des soufflets qui font trois fois leur taille, tintement de l'enclume des forgerons et des joaillers. Un jeune homme se distrait un temps de son ouvrage pour observer Matilda à la dérobée, avec curiosité. C'est Pavel, l'apprenti que Maître Szolt a choisi à sa place.

Le laboratoire contient maintes chambres secrètes fermées par des portes blindées, le maître entraîne la brodeuse dans l'une d'elle, son bureau et laboratoire privé. Sur le meuble, il y a pour une fortune de paillettes d'or, et une collection impressionnantes de grimoires sur l'étagère. Quand Matilda lui annonce qu'elle souhaite acquérir tous les métaux nécessaires au métier d'alchimiste, le maître lui rit d'abord au nez puis la bombarde de questions : qui est son nouveau maître ? Ou travaille-t-il ? L'innocente brodeuse ne connaît pas le mensonge, et malgré les mises en garde de son daemon, annonce que son maître vient d'arriver de Gênes. Szolt devine qu'il s'agit d'Anselmo. Elle dit qu'elle ignore où se trouve son laboratoire. Comment va-t-elle le payer ? Le daemon lui parle avec la voix de sa mère. Isadora serait-elle parvenu à récupérer les cendres de sa mère pour lui injecter ? Sa « mère » la prévient que Szolt va sans doute en vouloir à sa vertu, elle doit s'en méfier. Mais la brodeuse lui fait une meilleure proposition : elle coudra la robe de mariage de sa fille. Le maître acquiesce, mais il augmente le défi : sa fille se marie dans une semaine, à Soleymane en personne. La robe devra être d'une grande majesté, et surtout elle devra contenir un charme pour envoûter le gouverneur, à jamais. La brodeuse rétorque qu'une robe de mariée ne pourra être utile qu'un jour et une nuit. Le maître répond qu'elle a tout à fait raison ; c'est donc une toilette entière qu'elle doit lui confectionner en une semaine. Atterrée, Matilda essaye de négocier en sus un athanor et un alambic, mais le maître lui fait bien comprendre que c'est lui qui dicte les conditions !

En sortant du laboratoire, Matilda croise un homme étrange. Beau de sa personne, un bouc bien taillé, des habits brodés et rouge... et des porte-jarretelle. Il semble évoluer comme s'il était persuadé d'être invisible, aussi il s'étonne que Matilda la voie et le bouscule. Il lui promet qu'ils se reverront.

Petr retourne au Château. Pour travailler aux services de la censure du Gouverneur, c'est lui qui a rassemblé tous les livres confisqués aux victimes de l'Inquisition, dans une bibliothèque interdite sise dans une tour du château. Son accès est gardée par un labyrinthe ; alors que depuis le décret la bibliothèque est ouverte à tous, la seule personne hormis Petr qui y soit jamais parvenu, c'est Isadora, pour y consulter certains ouvrages licencieux, tels le Kitab Al-Azif, écrit par un scribe syrien dément, puis pour recruter Petr au sein du convent.

Mais n'a-t-il pas franchi le seuil du château qu'on le convoque chez le gouverneur. On le conduit dans une antichambre où il ronge son frein pendant quatre heures, et enfin deux gardes en livrée avec des hallebardes le conduisent au bureau du Gouverneur. Au fond de la pièce, une vaste peinture représentant l'impératrice, jeune et belle, perruque, corset, diamants et robe de princesse. A des lieues de la légende que raconte Isadora, comme quoi les autrichiens étaient des barbares il y a seulement une génération et que la mère de l'impératrice avait un symbiote horla dans le ventre, et que l'impératrice actuelle pourrait bien en avoir aussi un.
Le faciès de Soleymane tranche aussi avec la délicatesse impériale. Le turc est un peu bouffi par les excès, une de ses paupières tombe depuis ce que certains appellent "une crise" et l'on sait que ses docteurs l'entoure de près.

"On va vendre tous les livres", assène-t-il à Petr. Il faut remplir les caisses du gouvernement, et en mettre plein la vue aux autrichiens lors de son mariage, dans une semaine. Il donne à Petr un jour pour faire l'inventaire. Dans vingt-quatre heures, un érudit viendra faire un contre-inventaire, et ensuite ce sera la vente aux enchères. Petr argumente de son mieux, mais il obtient juste que ce premier inventaire se borne aux ouvrages les plus précieux, et donc les plus chers ; précisément les ouvrages que Petr cherche à sauver.
Il s'en retourne à la bibliothèque, immense, sombre et désordonnée, hauts plafonds, étagères massives et escaliers roulants. Il met de côté les grimoires consacrés aux golems et aux labyrinthes, qu'il compte bien détourner au profit du convent. Isadora se présente à lui, comme à son habitude elle semble venir de nulle part. Elle prend dans ses mains le Kitab Al-Azif et le compulse avidement. Les pages respirent, poissent et chuintent, la couverture en peau humaine est toute chaude. Elle insiste pour que Petr sauve pour elle le Kitab, et aussi l'Evangile selon Lazare, un traité de nécromancie chrétienne. Mais Petr refuse, il lui dit de les prendre avec elle si elle veut, mais Isadora révèle que pour franchir le labyrinthe, elle a une martingale, qui lui interdit de s'encombrer d'objets. Le ton monte entre les deux. Ils ne se font pas confiance. Petr lui dit de racheter les ouvrages à la vente aux enchères. Elle dit qu'elle a ses raisons pour ne pas s'y présenter ; elle confiera des deniers à Anselmo et l'y mandera pour acheter l'Evangile selon Lazare, mais elle insiste pour que Petr dérobe pour elle le Kitab ; Petr annonce qu'il ne veut pas tromper l'érudit, alors ce ne sera fait que si Isadora s'en charge elle-même.

Tous se réunissent à nouveau dans la crypte et font part de leurs avancées et de leurs problèmes. Le problème le plus urgent est celui de Matilda. Elle a besoin d'acheter du temps. Il y a une méthode : la transfusion sanguine, mais elle ne fonctionne qu'avec une personne avec laquelle le transfuseur a passé un moment privilégié, et le rendement est très mauvais : pour gagner un mois, il faut prendre vingt ans à l'autre. Anselmo fait venir Petra. Elle est en béquilles, et elle n'a d'yeux que pour Anselmo. Sur le chemin, elle l'a chastement embrassé dans le cou, et ça l'a laissé sous le choc, il l'a empếché d'aller plus loin. Il dit qu'il la prendra à son service si elle accepte de donner une partie de son sang à Matilda et perdre alors vingt ans de sa vie. Petra accepte à une condition : si elle perd vingt ans, elle sera ménopausée, alors elle veut qu'Anselmo lui fasse un enfant tout de suite : la lune est propice. Anselmo refuse, au prétexte qu'il ne peut plus toucher une femme ; son daemon lui susurre que s'il s'agit d'une promesse qu'il a tenue à quelqu'un qui a disparu, comme son ancienne femme, il est temps de se détacher de cette promesse pourrie, mais Anselmo persiste. Il demande à Petr de féconder Petra a sa place. Petra accepte le compromis. A l'aide d'une seringue en fer pur, ils procèdent ainsi à la transfusion. Le visage de Petra se creuse et se bouffit en cinq minutes, et en moins d'une minute son ventre gonfle, et elle accouche. Le temps qu'Anselmo coupe le cordon, l'enfant a déjà trois ans. Ses traits rappellent la physionomie de Petr. Petra demande à Anselmo de lui trouver un nom, il répond : Angelo.

Matilda sent le sang arriver dans ses veines, et avec elle une vision terrible, une partie de la vie de Petra. Mais Matilda serre les dents, renonce à arracher le tube, et accepte le sang. Elle reçoit vingt ans de la vie rêvée de Petra, épousant Anselmo, élevant leurs enfants avec lui, heureuse. Cette vie qui n'aura pas lieu. La brodeuse sent alors la violence d'un temps qui s'accélère pour elle ou ralentit pour les autres, elle voit les autres alchimistes au ralenti, elle pourrait tous les tuer si elle voulait, mais au lieu de ça elle s'éclipse, il est temps pour elle de se mettre à l'ouvrage. A peine les alchimistes ont fini un clignement d’œil qu'ils ne la voient plus.

La question d'envoûter les robes n'est pas tranchée. Ce sera l'objet d'autres sacrifices. Elle a déjà des idées derrière la tête sur ce point.


Commentaires sur le jeu :

La création de personnage et le briefing étant fastidieux, j'ai décidé, pour respecter la volonté de l'auteur d'incorporer au maximum dans la narration des éléments habituellement circonscris au méta, d'incorporer ces éléments à la première réunion du convent. Si au départ les personnages sont sous des capuches, c'est à la fois pour montrer la situation de manque de confiance, et aussi pour permettre aux joueurs de décrire leurs personnages seulement quand ils seraient prêts. C'était une grande réussite, il faut dire que le thème du jeu s'y prêtait bien.

Je voulais éviter aux joueurs une info dump sur l'alchimie. Aussi je suis parti du principe que leurs personnages étaient certes des scientifiques ou des mages expérimentés, mais qu'ils avaient encore beaucoup à apprendre pour accomplir le grand-œuvre, et donc les informations leurs seraient distillées au compte-goutte et en roleplay, par le biais des figurants et des grimoires. De même, j'ai transmis les informations sur la Prague géopolitique par le roleplay d'Isadora. Je suis assez content de cette idée.

Enfin, pour introduire les choses en douceur, j'ai estimé qu'avant d'opérer dans le labyrinthe avec son golem, il fallait d'abord les créer, ce qui rajoute un enjeu dans la campagne et retarde le moment où je devrai expliquer les spécificités techniques des labyrinthes, des golems et du grand-œuvre.

Le thème de l'alchimie et le traitement qu'en fait l'auteur colle à merveille avec le système de prix à payer et de Goupil (ici renommé Daemon). J'ai vraiment pris un grand plaisir de jeu, et j'ai la matière pour mettre en place une grande campagne urbaine, tendue comme j'aime. Je crois fort au potentiel des Sels de Millevaux !

Le jeu moral a très bien pris, et c'était mon objectif premier pour ce test. Il y avait aussi une ambiance super, entre Kafka, l'ère soviétique, le médiévisme, l'obscurantisme et l'ouverture...

Par contre, le jeu est exigeant pour moi, énormément d'infos à traiter. Je me suis résumé le livre de base en mots-clés pour m'en sortir.

Les joueurs se sont bien appropriés le concept du Daemon, ils commencent à leur donner une personnalité, surtout le joueur de Petr, qui incarne le Daemon de Matilda et agit comme s'il s'agissait de sa mère défunte.

Lors du debriefing, j'ai demandé aux joueurs leurs attentes, ils n'en avaient pas, alors je me donne carte blanche pour la prochaine. Il me faut développer mes fronts et voir quels sont les entourages plus positifs autour des alchimistes. On testera juste une nouvelle règle : les daemons pourront plonger leurs alchimistes dans des rêves de leur fabrication, afin de les tourmenter ou d'enquêter sur leur passé ou leurs sentiments.


Retours des joueurs :

Joueur d'Anselmo :

+ Le fait de faire la création de personnage en roleplay, c'est génial.

+ Avec le daemon, c'est compliqué d'imposer narrativement quelque chose. [Réponse de Thomas : je rappelle alors les différentes possibilités du daemon, en plus de causer avec son alchimiste : suggérer des actions d'infortune qui chargent l'oeuf d'albâtre, faire la balance karmique, suggérer des choses au MJ, et surtout enquêter sur le passé de son alchimiste...]

+ J'aurais voulu pouvoir faire des suggestions aux autres joueurs sur leurs personnages [réponse de Thomas : en théorie, on peut se donner des papiers entre joueurs, mais j'ai oublié d'appuyer dessus, on le fera par la prochaine séance. De surcroît, le daemon peut servir à faire des suggestions d'historique : "tu as peur de retrouver ta fille ?")

+ C'était fluide à jouer, comme on n'avait pas de dés ni de chiffres.

+ Le Grand-œuvre, pour moi, c'est juste un Mac Guffin. Ma priorité actuelle, c'est de roleplayer l'instant.

Joueur de Petr :

+ La feuille de perso est absconse, il faudrait la faire plus compréhensible.

+ J'ai le sentiment que ce jeu appelle des joueurs subtils, capable de distiller les informations de leur background au fur et à mesure. [réponse de Thomas : le jeu a des armes pour leur arracher leurs secrets, que ce soit le daemon, ou le système de l'Obole, ou on utilise ses secrets comme monnaie.]

Joueuse de Matilda :

+ Je n'y connais rien en alchimie, est-ce que c'est un défaut pour jouer ? [retour de Thomas : j'essaye de maîtriser pour que le jeu soit accessible même dans ce cas. Je crois que ce qui est important, c'est que les joueurs s'exercent à avoir une pensée magique, et tu l'as eu, par exemple, en proposant la fusion des oreilles. Le principal, c'est de considérer que tout est possible. Tu n'as qu'à dire ce que tu souhaites, moi je dis comment le faire et quel est le prix à payer. Tu peux aussi dire comment faire, dans ce cas je me borne d'énoncer le prix à payer.]

+ Retour à froid : On a parlé aussi d'être toujours sincère avec son daemon, même si notre personnage peut s'entêter dans une illusion, un déni, une exagération... C'est comme ça qu'on l'a joué instinctivement, mais on l'a acté pour la suite.
Énergie créative. Univers artisanaux.
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Thomas Munier
 
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