[Inflorenza] Les Orphelins de Vienne

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[Inflorenza] Les Orphelins de Vienne

Message par Thomas Munier » 12 Juil 2016, 09:42

LES ORPHELINS DE VIENNE

Entre la dentelle et le sordide, grandeur et décadence de l'Empire d'Autriche-Hongrie, avec le pire MacGuffin depuis longtemps.

Jeu : Inflorenza, héros, salauds et martyrs dans l'enfer forestier de Millevaux

Joué le 26/02/2016 à Rennes lors de la Tournée Rennes est Millevaux

Personnages :
Ritter Alwin Von Wallenstein, Graf Stanislas Von Kenshten, Gräfin Lisbeth Aurora, Graf Charles du Bourg, Graf Aurès, L'artiste

Image
illustration : domaine public


Le théâtre :

Nous jouons à Vienne telle qu'elle est décrite dans l'Atlas. Capitale d'un Empire d'Autriche-Hongrie qui fut fondé par des barbares, elle se donne deux générations plus tard un air de centre de la civilisation. La haute noblesse autrichienne se pare de dentelle et de majesté, de sabres dorés, d'opéras, de perruques et de clavecins, mais sous le velours se cache encore des origines monstrueuses.

Création de personnage :
Trois phrases dont un objectif, un élément sordide et un style de combat (la façon dont le personnage lutte pour atteindre ses objectifs, ce peut être un style martial, un art, un comportement social, etc...).


L'histoire :

Un grand bal est donné au palais de l'Impératrice Wilhelmina-Astrid 1ère, la plus belle des femmes de soixante ans, droite dans son corset, contemplant la foule de ses gens de haute noblesse depuis son balcon. Que de mauvaises langues profèrent qu'elle aurait un symbiote horla dans le ventre, avec une bouche à la place du nombril, comme avait sa barbare de grand-mère qui a fondé l'empire, elle ne laisse rien paraître de son agacement. Ce soir, l'empire est grand, c'est un des plus beaux palais du monde, parquet lustré, lustres en cristal de Bohème, plafonds à tympans ornés des plus grandes fresques, tous les grands nobles de l'empire réunis dans leurs plus beaux atours, dentelles et perruques, orchestre symphonique et chanteurs interprètent pour le plaisir de la cour un opéra composé juste pour l'occasion : une cérémonie de remise de fonds pour l'Orphelinat de Vienne.

Les orphelins et les orphelines, parés pour l'occasion comme des nobles miniatures, dansent au milieu des convives. Ils attirent bien des convoitises. Le premier à vouloir s'avancer sur la piste pour danser avec eux, c'est le Marquis, magnifique dans sa tunique de velours bleu, avec sa grande perruque bouclée et sa canne-épée brodée d'or.

La plupart des nobles de l'Empire cachent quelque chose de sordide sous leur apparence gracieuse. Ceux qui ont fait ce monde étaient des barbares il y a seulement deux générations. Il en reste des séquelles.

Ainsi du Graf Stanislas Von Kenshten, qui veut attirer les enfants sous son emprise pour tenter des expériences sur eux avec ses champignons. Il s'approche du marquis et lui fait respirer un gaz de champignon qui lui fait pourrir le visage. Le Marquis s'enfuit, en proie à la honte et à l'horreur. Il est recueilli par le Graf Aurès, qui se targue d'être médecin en public, en réalité un automate qui accède peu à peu à l'humanité en rajoutant à son corps des éléments de chair humaine. Sous prétexte de soigner le Marquis, il lui arrache la peau du bras pour la greffer sur la sienne. Le Marquis n'est pas un homme comme les autres, c'est un Masque d'Or, il raconte que l'Impératrice en est sûrement aussi une : des plus qu'humains qui gouvernent le monde dans l'ombre et complotent pour la suprématie.

L'un des comtes, celui qu'on nomme l'Artiste parce qu'il peint comme un dieu, observe chaque orphelin. Surtout les orphelines. Il aime leur innocence, leur chair neuve. Il aime les écorcher et les violer. Il tombe en arrêt devant celle qui semble être la meneuse, la princesse des orphelins, Ludmila, la pureté incarnée, avec ses boucles blondes et ses grands yeux et sa petite robe, un ange tombé du ciel. Il veut danser avec elle, mais quelqu'un s'en mêle. La Gräfin Lisbeth Aurora. Sa bizarrerie à elle, c'est de jouer avec les tarots, de jouer avec les destins des hommes comme si c'était des cartes. Et elle est là en spectatrice, pour conduire chacun de ces nobles décadents vers son destin. Un autre compte, le Graf Charles du Bourg, comploteur obséquieux, convoite les orphelins qu'il veut envoyer en Transylvanie comme colons pour la gloire de l'Empire. La comptesse Lisbeth tire une carte qui dit que ce sera remis à plus tard. Elle met le feu à une tenture. Le feu se communique à toute la salle de bal, les enfants s'enfuient.

L'Artiste court pour rattrapper Ludmila, à travers les immenses jardins à la française, par-delà la grille d'or forgé qui termine l'enceinte du palais, à travers les maisons des nobles de Vienne, à travers les maisons bourgeoises, puis jusque dans les bouges les plus sordides à la lisière de la forêt. Il la trouve acculée dans une impasse, en face d'un clochard qui lui dit d'approcher, d'une voie éraillée, qui cache son apparence d'une hideur certaine derrière une capuche élimée. L'Artiste tue le clochard et sauve Ludmila, il l'amène dans son salon privé, lui offre des sucreries et tant de belles choses, et lui promet une vie dorée, elle lui dit que personne ne s'est jamais occupé ainsi d'elle, qu'elle est pour toujours son obligé, qu'elle se soumettra au moindre de ses désirs, mais qu'elle souhaiterait aussi que ses amis les orphelins soient aussi sauvés de la condition misérable qui les attend. L'Artiste a pensé un temps violer et démembrer cette victime parfaite, mais il préfère prolonger cette douloureuse attente. Il peint un portrait de Ludmilla et remarque que son art a évolué. Son pinceau est toujours aussi prodigieux, mais maintenant il transmet aussi des émotions. Il peint à même l'égrégore. Est-ce de l'amour ?

Le Marquis revient au bal, le visage couvert de son masque d'or, il le trouve en flammes et affronte Von Keshten en duel en équilibre sur une palissade. Mais avec ses champignons, Von Keshten le plie à sa volonté, et en fait un esclave dévoué à ses plans.

A l'issue de l'incendie, les orphelins ont été regroupés sous la responsabilité de l'Impératrice, qui les a emmenés dans son donjon. Les comptes et la comtesse demandent audience auprès de l'impératrice, qui les reçoit dans son salon privé avec les duchesses qui l'accompagnent, dont Ottavia, sa favorite. Le Graf Charles Du Bourg, qui est capable de détruire les esprits les plus forts, sous-entend qu'à la cour on médit sur le symbiote de sa Majesté, qu'on appelle une rose noire en terme de cour, puisqu'à la cour chaque insulte porte un nom de fleur. Aussitôt, les duchesses, à l'exception d'Ottavia, murmurent dans le dos de l'impératrice, et celle-ci se retrouve contrainte de donner aux comtes l'accès aux orphelins. Pour autant, elle maintient qu'ils sont au service de l'Empire, et confie que d'ici deux jours on leur implantera une rose noire pour en faire des super-soldats, qu'on utilisera pour traquer en premier lieu les espions de l'ennemi ottoman. Le Graf Alwin, absent de la réunion, mais présent le soir du bal, est sûrement le premier sur la liste. Il n'a pas de projet pour les enfants, bien qu'il soit fasciné par l'art morbide des champignons de Von Keshten et curieux de ce qu'il peut faire sur les enfants. Il est le dernier survivant d'un temple dédié aux horlas, le temple de Mlada Boleslaw. Le temple a brûlé avec ses fidèles alors qu'il le fuyait. Il est à Vienne pour renverser l'Impératrice au profit des Ottomons, dévoués aux horlas comme lui.

Le Graf Aures se rend au donjon pour voir la personne chargée d'implanter les roses noires aux orphelins. C'est en fait le frère d'Alwin, il a le même visage quoique beaucoup plus barbu et hirsute. Celui-ci accepte de lui implanter une rose noire. Le Graf Aures, désormais pourvu d'un symbiote au sein de son abdomen, dont la bouche ressort à la surface, se sent désormais entier. Il se sent enfin humain.

Quand Stanislas et Charles arrivent pour récupérer chacun un tiers des orphelins à leur sinistre but, il est trop tard. Ludmila s'est présenté à eux et leur a offert à chacun un dessin de la main de l'Artiste. Grâce à la peinture magique, les enfants se sont retrouvés téléportés dans un lieu secret, hors d'atteinte des comptes.

Mais le Graf Aures s'empare de Ludmila. L'Artiste les poursuit et les retrouve dans la chambre des tortures de l'automate devenu humain. Il dit à Ludmila qu'il va rentrer avec lui. Il sait désormais qu'il ne pourra jamais lui faire le moindre mal. Sa pureté l'a vaincu. Ludmila le prend dans ses bras.

Mais le Graf Aures tire Ludmila à lui. Il la tue et la découpe sous ses yeux pour se parer de sa peau vierge et ensanglantée
"C'est drôle, je ne ressens rien. On dirait bien que je ne suis pas resté humain bien longtemps."

Alwin est convoqué par l'Impératrice. Elle est seule avec Ottavia. Elle lui avoue qu'elle sait pour sa duplicité, et lui somme de se soumettre tant qu'il en est encore temps. Ottavia dégrafe le corset de l'impératrice : elle a bien un symbiote dans le ventre, et une bouche noire à la place du nombril. Ottavia se penche et embrasse la bouche noire à pleine langue. Puis Ottavia se retire, et l'Impératrice somme à Alwin de se pencher et faire de même. Alwin comprend qu'elle utilise les symbiotes horlas comme armes, qu'elle va en implanter à chaque humain pour en faire des robots de chair porteurs de son code génétique, les asservir. Finalement fasciné, il se soumet et embrasse le ventre de Sa Majesté. Le voilà à son tour doté d'un symbiote.

En capturant Ottavia, les autres comptes obtiennent une entrevue par l'impératrice retranchée au sommet de son donjon. Charles s'y rend avec Ottavia. Avec son fiel légendaire, il demande qu'on lui donne les moyens de récupérer les enfants, il demande aussi qu'on coupe la tête d'Alwin.
De son côté, Lisbeth Aurora tire les cartes de façon à ce que chacun connaisse le pire destin.

L'Impératrice envoie Charles croupir en prison.

Et elle envoie Alwin se battre aux frontières
avec une maigre troupe
charger contre l'armée ottomane
dans une contre-attaque suicidaire
seul au fond des bois


Feuilles de personnages :

Charles, Comte Du Bourg

Objectif : recruter des orphelins pour semer le chaos en Transylvanie
(barré) Style de combat : pousser les gens au suicide ou à la perte de combativité
(barré) Element sordide : a été contraint de céder au cannibalisme durant l'expansion de l'empire et y a pris goût
(barré) Je fuis au lieu de sauver les enfants : je suis un pleutre

L'artiste

Objectif : recruter les orphelins pour les envoyer en Transylvanie, sauf les vierges, que je vais garder
(barré) Element sordide : Je viole les vierges et récupère leur sang
Style de combat : plume et pinceaux, sur les gens ou sur du papier. Je dessine et ça prend vie et effet. Je dessine avec du sang. Le mien ou celui des autres. J'aime beaucoup le sang des jeunes filles.
(barré) Pouvoir : transfert des émotions par l'art : une toile ou une sculpture véhiculent plus d'émotion que nul discours ou regard. L'art est un appel, l'art est une arme, l'art est sorcier
Ludmila

Ritter Alwin Von Wallenstein

(barré) Objectif : destituer l'Impératrice actuelle pour l'Empire Ottoman
Element sordide : Adorateur de Shub-Niggurath
(barré) Temple à Mlada Boleslaw
Style de combat : putréfaction par la parole.
Folie, hallucination, temple brûle
Symbiote venu de l'impératrice

Stanislas Von Kenshten

Objectif : formater les enfants (champignons spécifiques), tuer les adultes
Element sordide : trouble de la personnalité, collection de la peau des gens, champignons donnés en cachette : champignons qui prolifèrent progressivement, individu qui se décompoesent et meurt progressivement. j'ai le vaccin / remède.
Style de combat : Projection de nuage ou de jus acide de champignons qui brûle
(barré) J'ai oublié les gamins derrière moi, après la lutte sur la balustrade
J'ai le Marquis

Graf Aurès

Objectif : médecin expérimental, devenir humain en récupérant des morceaux de différentes espèces intelligentes
se nourrit des expressions et les provoque
Element sordide : bien obligé de perdre des morceaux eet faire des essais sur les victimes
Je me fais passer pour médecin
Style de combat : se bat avec des fils de marionnettiste
Le Marquis. Je suis son allié. Jusqu'au moment opportun. Quand on ne s'y attend pas.
Ce qui est en bois : pas de douleur

Lisbeth Aurora

(barré) Objectif : amener les autres vers leurs destin.
Element sordide : je me nourris et me complais dans les émotions extrêmes
Style de combat : tarot du destin.


Commentaires :

Nous avons joué en Inflorenza classique, en Carte Blanche, sans instance. Nous avons aussi utilisé la règle des pouvoirs, et certains personnages en ont donc développé un en cours de jeu, pour ajouter à la grandiloquence des situations !

J'avais cinq personnes à ma table, dont un qui avait lu Inflorenza mais qui attendait de pouvoir y jouer avec moi pour en comprendre le fonctionnement, et un qui avait peu de parties de jeu de rôle à son actif.
Pour davantage de fluidité, j'ai encouragé les joueur.se.s à jouer entre elles sans se préoccuper de moi quand c'était nécessaire, et même à se rajouter ou à corriger des phrases dès que ça leur paraissait logique, sans me consulter au préalable, ce qui m'a permis de me concentrer sur l'arbitrage des conflits et sur l'envoi de nouvelles péripéties quand c'était nécessaire. Mon boulot consistait également à faire en sorte que le sujet de la cour autrichienne soit traité, dans sa majesté et sa décadence.

Le fait d'avoir demandé à chaque personne de décrire un élément sordide pour leur personnage a conduit la table à définir des personnages classes en apparence, mais vraiment détraqués dans la réalité ! Cela a dépassé mes attentes, surtout le fait que le MacGuffin, l'objet de l'attention des personnages, était une bande d'orphelins dont ils voulaient user et abuser, mais en fait je m'en suis bien accommodé. J'ai beaucoup aimé le schéma de rédemption qu'a adopté l'Artiste, et comment le Graf Aurès a étouffé dans l'œuf toute possibilité de happy end. J'ai pris beaucoup de plaisir à voir chacun.e des joueur.se.s se défouler dans ce théâtre à leur (dé)mesure. Cette partie a ressemblé à ce que je voulais obtenir quand j'ai fais jouer La Meute, et que j'ai manqué parce que j'avais omis de cadrer l'action très exactement à la cour de l'Impératrice et d'appuyer sur cette double thématique de la majesté et de la décadence.

La joueuse de Lisbeth Aurora m'a fait un peu peur quand je l'ai vu développer un personnage un peu évanescent, se plaçant en arbitre des aventures des autres, mais j'ai laissé faire car je savais cette joueuse expérimentée, je venais juste de faire une autre partie avec elle, j'ai supposé qu'elle était à l'aise dans ce rôle qu'elle s'était donné et ce fut le cas.
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Thomas Munier
 
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