[Inflorenza Minima] L'Enfer de Dante

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[Inflorenza Minima] L'Enfer de Dante

Message par Thomas Munier » 25 Juil 2016, 10:37

L'ENFER DE DANTE

Grandeur et décadence de la famille Borgia dans un enfer Renaissance où le destin et le temps forment un labyrinthe empli de pièges, où petites et grandes histoires saignent ensemble.

Jeu : Inflorenza Minima, contes cruels dans la forêt de Millevaux

Joué le 28/02/2016 à Rennes lors de la Tournée Rennes est Millevaux

Personnages : Lucrèce Borgia, le Pape Jules II (Roderic Borgia), César Borgia, Rodrigue Borgia, Alessandro Borgia

Image
illustration : Gustave Doré, domaine public


Le théâtre :

On joue en Enfer tel qu'il est décrit dans l'Enfer de Dante, en le décalant dans l'univers de Millevaux, et la table incarne forcément des membres (historiques ou imaginaires) de la famille Borgia.
La marque :
Chaque personnage porte sur le front un tatouage indélébile qui dit pour quel péché en priorité il a été condamné à l'Enfer. Les miroirs n'existent pas en Enfer et l'eau ne reflète rien, aussi il est impossible de lire sa propre marque.
Souvenirs :
Les joueur.se.s avaient ce choix à la création : soit leur personnage se rappelle de tout son passé de mortel sauf de son péché, soit il se rappelle uniquement de son péché.
Clause de vaudeville :
Un personnage peut intervenir dans n'importe quelle scène même si le Meneur a omis de l'appeler.
Charger son cœur :
J'habille le principe du pouvoir d'Inflorenza minima de cette façon : les damnés ont le cœur froid, mais s'ils font quelque chose qui leur nuit ou les éloigne de leur objectif, leur cœur se remet à battre. Ils peuvent ensuite décharger leur cœur pour obtenir une fois ce qu'ils veulent sans payer le prix.
[NDLA : Entretemps, j'ai publié Inflorenza Minima et le terme technique "charger son cœur" a été adopté pour tout le jeu.]
L'Obole :
On peut payer des services avec une obole = une info, un bon souvenir, un mauvais souvenir, un remords, un regret. Petite obole : on raconte seulement. Grande obole : on offre l'information, qui devient maintenant la propriété de l'acheteur (cela peut revenir à offrir son passé, par exemple).
Le Supplice :
Un jour ou l'autre, le démon intime de chaque personnage viendra le trouver pour lui infliger le supplice qui lui est dû. Les joueur.se.s avaient le choix à la création de déterminer si le supplice avait déjà eu lieu, où s'il était encore à venir (et dans ce cas, on ignorait sa nature).


Feuilles de personnage :

Lucrèce
Péché = J'ai jalousé les amantes de mon père
Objectif = empêcher Rodrigue et Alessandro de quitter l'Enfer

Le Pape Jules II
Péché = J'ai intrigué pour que toute ma famille se retrouve en Enfer à mes côtés (ne s'en rappelle pas)
Objectif = empêcher ma famille de quitter l'Enfer

Rodrigue
Péché = J'ai tué Ottavia par sodomie (ne s'en rappelle)
Objectif = retourner dans le monde des mortels pour retrouver Ottavia (il a oublié qu'elle est morte).

César
Péché = J'ai convoité ma soeur (ne s'en rappelle pas)
Objectif = couper les ponts avec sa famille.

Alessandro
Péché = j'ai tué mon frère sur un coup de colère
Objectif = retrouver son frère au paradis


L'histoire :

Le passé, quand les Borgia étaient encore des mortels.

Alessandro a 8 ans. Il joue avec son petit frère Giacomo dans le palazzio Lucrécia, sous la surveillance distraite de Bianca, leur gouvernante. Sa mère Lucrèce, est absente. Elle voit rarement ses enfants. Giacomo veut prendre un jouet à Alessandro, Alessandro se fâche et le frappe. Giacomo tombe sur une pile de jouets en bois. Il est mort.

Bianca met les mains sur sa bouche, elle est paniquée. Statufié, Alessandro ne dit rien. Bianca prend le petit corps dans ses bras. Elle est vite couverte du sang qui file du crâne de Giacomo.

Entre Rodrigue, en armure. A cette époque, il est encore vivant, il est encore condottiere, c'est avant que son frère César ne le fasse tuer pour prendre sa place. Il comprend que Bianca finira bien par dire la vérité un jour, et ce sera une opprobre supplémentaire pour la famille Borgia. Il la prend dans ses bras, comme pour la rassurer, et commence par serrer, serrer.

Alessandro part en criant.

Rodrigue sait que s'il tue Bianca, Alessandro échappera à l'Enfer, il échappera à la rumeur d'être un assassin. Mais il n'ose pas le faire. Il desserre son étreinte, et convient avec Bianca de faire passer la mort de Giacomo pour un accident. Sur son lit de mort, bien des années plus tard, Bianca racontera ce qu'elle a vu, et c'est ainsi qu'Alessandro ira en Enfer... La culpabilité que Rodrigue ressent alors se met à réchauffer son coeur. Rodrigue est en train de desserrer son étreinte sur Bianca, et son propre corps est froid et son coeur à l'arrêt, comme si c'était moins un souvenir de sa vie de mortel qu'une revisite de son passé, et soudain la culpabilité qu'il ressent pour avoir éviter de changer le cours du temps en faveur d'Alessandro, cette culpabilité réchauffe son coeur, qui bat à nouveau.

Le présent, en Enfer.

Bianca a fini en Enfer pour avoir dénoncé Alessandro. Elle se présente, toute vieille, à la Basilique Saint-Pierre où règne le Pape Jules II, grand-père d'Alessandro, auprès de ses cardinaux qui le détestent. Il a désormais fait main basse sur le pouvoir séculaire aussi bien que sur le pouvoir religieux, dans les sept cercles de l'Enfer.

Bianca lui demande l'Indulgence, puisqu'il en fait commerce, puisqu'il fait commerce de places au paradis. Elle a appris qu'on ne peut mourir une fois qu'on est en Enfer, hormis si l'on a acheté une indulgence, auquel cas on meurt à nouveau. Personne ne sait ce qu'il advient d'un damné qui meurt, mais on raconte que s'il a acheté l'indulgence, il va au Paradis. Ce que le Pape sait, c'est qu'il fait commerce avec un démon. Quand quelqu'un achète une indulgence, il laisse le démon tuer la personne. Aucune garantie que cela amène au paradis. Le Pape accepte de vendre une indulgence à Bianca. Cette fourberie réchauffe son coeur, qui se remet à battre. En échange, Bianca doit payer une grande obole. Elle décide de payer avec un de ses regrets : le regret de n'avoir jamais divulgué un secret.

Elle entraîne Jules dans son souvenir. Ensemble, ils s'aventurent dans le palazzio Lucrecia, dans le passé. Elle l'amène devant une porte, à laquelle la jeune Bianca est en train d'écouter. La vieille Bianca et le Papes Jules franchissent le seuil. Derrière, une chambre avec des roses et des bougies, et sur le lit rouge à baldaquins, c'est sa fille Lucrèce, nue et offerte.
Elle vient de tuer une des maîtresses du Pape qui lui ressemblait beaucoup, et elle s'est teint les cheveux pour prendre sa place. Le Pape du passé n'a jamais compris la supercherie. La vieille Bianca déshabille le pape du présent et l'invite à saillir Lucrèce, pour recréer le passé. S'il omet de le faire, Alessandro ne sera jamais né. Alors, il monte sur le lit, et il prend sa fille, de toutes ses forces.

Alors qu'il la couvre, il voit le démon sortir de derrière les tentures, et se diriger vers la vieille Bianca. Il fait chut du doigt pour que le Pape le laisse prendre son dû. Et alors que le Pape et sa fille connaissent l'orgasme, le démon arrive dans le dos de la vieille Bianca et l'étrangle, en silence.

A la taverne du septième cercle, le bouge qui recueille les pires damnés, un théâtre qui s'enfonce dans le sol par paliers, et sur le dernier palier, un comptoir où l'on sert les liqueurs les plus fortes que seules les damnés peuvent apprécier : ciguë, pétrole, acide. César Borgia est crasseux, hirsute, ivre. Il a coupé les ponts avec sa famille. Il regarde le monde des damnés avec ironie. Un homme se présente à lui. Machiavel, son biographe, celui qui l'admirait tant pour sa cruauté guerrière. Il porte une capuche pour masquer le fait que son front est vierge de la marque infamante du péché : Machiavel est encore un mortel, seulement il a le pouvoir de se rendre en Enfer pour assurer des transactions avec les damnés. Ses yeux sont clairs et ses ongles impeccables. Machiavel a appris que Rodrigue et Alessandro veulent quitter l'Enfer, et il peut le leur permettre. Il souhaite que César le conduise à ses frères.

Ils sortent de la taverne. Pas de ciel en Enfer, puisque l'Enfer est sous terre, mais un plafond de sol d'où pendent des millions de racines, et d'où suintent les larmes des mortels qui pleurent leurs disparus. Machiavel affirme que si aucun mortel ne nous pleure, il est impossible de revenir dans le monde des mortels. César ouvre la bouche et goûte les larmes qui tombent. Il goûte les larmes du seul mortel qui le pleure. Son fidèle chien de chasse.

Le passé, revisité. César est dans la forêt avec son chien, ils traquent une biche. Maintenant, ils l'ont débusqué, César n'a plus qu'à lancer son chien dessus. Le chien regarde César, et pleure. Il lui dit : "Tu sais, quand tu seras parti, tes ennemis se vengeront de toi, à travers le seul être que tu aies jamais aimé et qui t'ait jamais aimé. Ils me tomberont dessus et me tueront à coups de bâtons." Machiavel est à l'orée de cette clairière, il ne perd pas une miette de la scène. César se penche sur son chien. Le chien niche une de ses pattes sous le bras de son maître et il tend le cou pour que César puisse faire ce qu'il a prévu. César égorge son chien avec le couteau de chasse, pour lui épargner la mort infamante de la bastonnade. Ce faisant, il s'interdit aussi tout retour dans le monde des mortels.

César revient au palazzio Lucrécia. Les serviteurs lui donnent un bain, un homme lui rase la barbe avec douceur et application, un autre lui coupe les cheveux. Il reçoit Rodrigue et Alessandro et leur expose l'offre de Machiavel. Puis entre Lucrèce.
Quand César a fini son bain, il se lève et urine dans la baignoire. Encore un pied de nez.

Rodrigue, Alessandro et Machiavel partent à cheval vers la taverne pour retrouver Machiavel.

Arrive un billet à l'intention de Rodrigue : le Pape le veut comme condottiere pour mener son armée contre l'armée de France : c'est la guerre en Enfer et seul Rodrigue est capable de la lui faire gagner. Mais le billet arrive trop tard, Rodrigue est déjà parti pour la taverne.

Le Pape retrouve Lucrèce qui lui explique le départ de ses frères. Elle veut savoir où ils sont partis et interroge César, qui refuse de lui dire. Elle pense alors à demander à un démon, moyennant une obole, un de ses souvenirs.

Avec le Pape, elle descend dans la chapelle du palais et ils entrent dans le confessionnal. De l'autre côté, il y a le démon à qui il faut raconter un remords. Le Pape raconte comment il a laissé son fils César tuer Rodrigue pour s'assurer qu'il aille en Enfer à ses côtés.

César descend dans la chapelle. Il entre dans le confessionnal à côté du démon. Il dit : "Pardonnez-moi mon père, car je me prépare à assassiner mon frère pour lui dérober son titre de condottiere."

Un combat mental s'engage entre lui et le Pape et Lucrèce, qui veulent le dissuader de commettre ce crime.

César est dans la baignoire. Il sent la lame de rasoir passer très lentement sur son visage. Ses cheveux tombent dans l'eau au ralenti. Entre Lucrèce. Il l'avait oublié comme il a oublié son péché : le désir qu'il a toujours éprouvé pour elle. Elle entre dans la pièce, c'est la plus belle femme du monde. Il pourrait tomber instantanément à nouveau amoureux d'elle. Mais il choisit d'étrangler cet amour dans l'oeuf. Ce renoncement réchauffe son coeur, qui se remet à battre.

César se défend, il refroidit son coeur pour avoir plus de poids. Mais en face, il y a Lucrèce et le Pape, et le Pape refroidit son coeur aussi, alors ils ont le dessus. Ils le convainquent d'épargner Rodrigue. Rodrigue n'est finalement jamais mort assassiné par César. Il est toujours vivant.

Alors qu'Alessandro et Rodrigue chevauchent côte à côte vers la taverne, Rodrigue disparaît.

Le démon dit qu'il a laissé un cadeau pour eux dans la chapelle, et ce cadeau leur dira où sont partis Rodrigue et Alessandro. Lucrèce et le Pape sortent du confessionnal. Posé sur l'autel, il y a un miroir. C'est le petit miroir que le Pape avait offert à Lucrèce pendant leur vie de mortel, qu'elle utilisait toujours pour se coiffer. Les miroirs sont censés ne pas exister en Enfer, et l'eau elle-même ne renvoie le reflet de personne ! Les miroirs permettent de voir le péché qui est sur son front.

Mais comme le Pape a sauvé Rodrigue de l'Enfer, son péché n'est plus d'actualité. La phrase sur son front a changé. C'est maintenant écrit : "J'ai forniqué avec ma fille." Lucrèce s'empare du miroir et songe à le brisé, mais le Pape s'y oppose. Il se regarde dans le miroir, contemple son péché, et en arrière-plan, il voit la taverne. Il part aussitôt à cheval vers la taverne, suivi de près par Lucrèce.

Quand Alessandro arrive à la taverne, elle est abandonnée. Il n'y a plus que Machiavel, au comptoir. Il descend le voir et lui dit qu'il veut une entrevue avec son frère Giacomo qui est au paradis. Machiavel lui tend un verre d'arsenic : il va mourir le temps de voir son frère, et ensuite Machiavel le ramènera à la vie. Il allonge Alessandro sur une table et lui donne l'arsenic. Le Pape est arrivé en haut de la taverne, mais il laisse faire, curieux de voir la suite. Alessandro meurt.

Quand il se réveille, il est dans le salon avec tous les jouets renversés, il est au sol. Giacomo le contemple. Il lui dit qu'il ne lui a jamais pardonné de l'avoir tué, car s'il le fait, Alessandro quittera l'enfer. Il mourra tout à fait, il ira nulle part. Alessandro lui demande pardon. Alors Giacomo lui dit : "Je te pardonne." et il lui ferme les yeux.

Machiavel voit qu'Alessandro ne se reveille pas. Il lui fait des massages cardiaques sous les imprécations du Pape, mais rien n'y fait. Alessandro est mort pour de bon. Lucrèce arrive juste pour voir ça.

Machiavel insiste pour qu'Alessandro ait des funérailles chrétiennes. Le Pape veut une cérémonie en grandes pompes, mais ce n'est pas possible, il faut faire vite, le corps d'Alessandro va partir en cendres. Alors ils l'enterrent juste en haut de la taverne, sans fleur ni couronne. Le Pape fait inscrire comme épitaphe : "Sa famille était trop unie."

Lucrèce demande à Machiavel de le faire accéder au monde des mortels, pour qu'elle convainque Rodrigue de redescendre. Machiavel lui demande un souvenir en échange de ce service. Elle raconte comment elle a empêché le Pape d'avoir un dernier enfant avec sa première épouse. Elle et Machiavel sont derrière des tentures, ils voient la scène. Un grand lit, où le pape couche avec son épouse. Lucrèce s'approche de la table où se trouve la bouteille de chianti préférée de sa mère, un vin que son père déteste, elle sort une fiole de poison abortif. Mais cette fois-ci, elle n'ose pas verser le poison. Quand le pape a fini son oeuvre, son épouse lui demande de lui servir du vin. Il sait que si sa femme a ce dernier enfant, sa vie sera changé, il sera une meilleure personne. Il ira au purgatoire après sa mort. Séparé de ses enfants qui iront en Enfer. Alors il verse le poison abortif dans le vin et sert sa femme.

Machiavel estime qu'il a été payé. Il entraîne Lucrèce au fond des tentures. Ils traversent les tentures, il y en a toujours, c'est très long. Le sol monte, et devient boueux, chargé de racines et d'asticots. Les asticots qui se nourrissent des morts.

Enfin, ils arrivent dans l'étude de Rodrigue. C'est maintenant un vieillard, il rédige son testament. Lucrèce demande à Machiavel de lui raconter son péché. Machiavel fait entrer Rodrigue dans une salle attenante. Ils y retrouvent Ottavia, nue, attachée par des chaînes, offerte. Rodrigue la prend avec sauvagerie. A ce moment, voyant que la situation lui échappe, Ottavia le supplie d'arrêter. C'est à ce moment-là que par colère il a continué et l'a tuée à la tâche. Mais c'était un autre Rodrigue. Celui-là comprend qu'un tel geste lui vaudrait la damnation éternelle. Alors, il se retire. Et il devient moine, c'est ainsi qu'il passera ces derniers jours.

Machiavel dit à Lucrèce qu'il est temps de retourner en Enfer. Mais Lucrèce le tue. Plus aucun témoin. Puisqu'en Enfer, ni Rodrigue ni Alessandro ne l'attendent, elle va rester dans le monde des mortels. Elle entre au couvent pour avoir une bonne raison de couvrir son front, et ainsi cacher aux mortels son terrible secret, le secret de son identité et le péché gravé sur son front.

Si le Pape a renoncé à Rodrigue, il n'a pas renoncé à sa guerre. Il envoie Rogue, son meilleur homme de main, pourchasser César pour le forcer à devenir son condottiere.

César a fui dans la forêt. Rogue le retrouve et lui cloue le bras contre un arbre avec un carreau d'arbalète. Rogue est en armure, il porte la même armure que Rodrigue quand il était condottiere. C'est un démon.

Des hommes arrivent. Ce sont les ennemis de Borgia. Les Sforza, les Farnese, les Orsini. Ils sont armés de bâton.

Au loin dans les arbres, on entend le fracas des armées, les hommes en armure qui courent, les lames, les cris, les chevaux blessés.

Rogue dit à César qu'il peut se laisser corrompre, lui permettre d'échapper à la charge de condottiere. Mais en échange, il doit accepter ce qui vient. Le supplice qui lui était réservé. Les coups de bâton de ses ennemis.

Son chien est là, il gémit. Il est prêt à se sacrifier à sa place.

Le Pape arrive. César hurle, il arrache le carreau de son bras et fonce vers ses ennemis. Il frappe le premier. Mais les suivants abattent leurs bâtons sur lui. Ses os craquent, encore, encore et encore. C'est l'heure du supplice !

Le Pape est forcé de constaté qu'il a perdu son dernier fils. Le fracas des armes se rapproche. Alors Rogue l'aide à monter sur son cheval, il lui donne son armure.
Jules n'est plus le Pape. Il est ce qu'il était avant, Roderic Borgia, le père de Rodrigue. Il est le condottiere. C'était sûrement cela, son supplice.

Il charge à mort en direction des armées

à jamais.


Commentaires sur le jeu :

Joué en Inflorenza Minima, en Carte Blanche.

Une demi-heure de création de personnage, deux heures et demie de jeu.

Mon hébergeur, très connaisseur de Millevaux, m'avait demandé du psycho-trash, et peu de mécaniques. L'Enfer de Dante, en Inflorenza Minima, était juste parfait pour cette demande, et ça m'arrangeait car je voulais le tester depuis longtemps.

On a eu une ambiance de ouf. Entre la playlist Millevaux qui tombait au poil, des joueur.se.s impliquées et moi qui étais créativement au taquet (troisième jour de tournée), j'ai trouvé que la partie était mémorable. La scène où Jules et Lucrèce procrèent alors que Bianca se fait tuer dans leur dos, c'était ouf. "Eros et Thanatos", comme avait remarqué le joueur de César.

Je suis parti direct dans le vertige logique, usant et abusant des flashbacks dynamiques que j'ai aussi utilisés comme souvenirs transformables, métaphores à habiter et paradoxes temporels. A un moment, on a commencé à se poser des questions sur la cohérence, et le joueur de César a dit un truc qui nous a libérer : "On s'en fout, le temps, c'est magique ici." Bien vu. Super bien vu.

La joueuse de Lucrèce était assez débutante, j'ai souri quand le joueur de Jules II lui a dit à la fin : "Mais tu sais, d'habitude, le jeu de rôle, c'est pas comme ça, ça se joue dans l'ordre chronologique, y'a des dés, des feuilles de perso..."

J'ai apprécié le fait que les joueur.se.s ont fait des personnages très variés dans leur psychologie. Je crois que la question originelle du péché qui avait damné leur perso a été fertile. Mention spéciale pour le personnage d'Alessandro, qui venait beaucoup nuancer, un extrême qui valorisait les autres extrêmes tels que le personnage de César.
Énergie créative. Univers artisanaux.
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Thomas Munier
 
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