[Inflorenza] L'enfant-fleur

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[Inflorenza] L'enfant-fleur

Message par Thomas Munier » 19 Oct 2016, 11:54

L'ENFANT-FLEUR

Quand hommes et monstres se déchirent, tout est création, par Felondra.


Image
crédits : felipe ascencio, licence cc-by-nc, galerie sur flickr.com


Deuxième partie: jeudi 6/10


Pour cette partie, les conditions étaient meilleures: j'ai pu relire le livre (et notamment l'exemple de partie, Tes paroles ne m'atteignent pas, très éclairant), imprimé les aides de jeu (très très bien faites) et proposer aux joueurs de le lire (ce qui est le cas de Ledo et aidera bien la partie).


Les joueurs (dans l'ordre du tour):


- Felondra (moi-même);

- Oracle, joueur débutant, n'a fait qu'une partie d'initiation Pathfinder à une convention bruxelloise cet été.

- Blakerts, joueur "intermédiaire", a une ou deux campagnes de Warhammer et DD à son actif.

- Ledo, joueur débutant, n'a qu'une ou deux parties de DD à son actif.


Je présente l'univers selon le résumé de l'aide de jeu et leur propose de présenter les mécaniques au fur et à mesure. Je les préviens rapidement sur le ait qu'il n'y a pas de meneur de jeu, ce n'est pas un jeu de rôle dit "classique", mais que je les aiderai si ils ont un blanc, qu'on est tous ensemble pour raconter une histoire, qu'il ne s'agit pas de juger la qualité de ce que les autres inventent, etc.


Felondra I

Phrase (corruption): Je veux savoir pourquoi les arbres ont corrompu mon coeur.


C'est le crépuscule, dans un petit village fait de bois et de pierre, entouré d'une palissade. Mon personnage est à la fenêtre, il regarde en soupirant vers la forêt tout autour. On l'a enchainé aux bras parce que, tous les soirs, il veut rejoindre la forêt. Ce personnage est très pâle, longiligne, avec de longs cheveux très noirs. On me demande son genre, je ne sais pas encore.
Je termine là, explique la fin d'instance sans conflit, écrit une nouvelle phrase.

Phrase (nature): A la nuit tombée, je me referme comme une fleur.

Le soleil finit de se coucher, ses rayons me laissent dans le noir de la chambre. Je me replie sur moi-même, comme une fleur, j'attends le soleil du lendemain.


Oracle I

Phrase (chair): La nuit, ma faim de chair me pousse à chasser les humains.


C'est la nuit. Le personnage d'Oracle marche dans les bois. Il est grand, il marche on ne sait depuis quand, il ne suit pas le temps des humains. Il est dans cette forêt depuis toujours d'après lui. Il mesure environ 3m50 mais se recourbe. Peut-être qu'il était humain avant, maintenant il a davantage l'air d'une sorte de crocodile, de serpent, avec des pointes lui sortant du dos, sur deux puis quatre pattes.


Dans le village au loin, c'est la fête. Deux villageois se sont éloignés, ils voulaient s'épandre loin du village, tant pis si on dit que les bois sont dangereux. Je les piste un temps. Quand ils se séparent, je leur tombe dessus.


Je propose un conflit simple, dont l'objectif serait de parvenir à tuer le couple. Comme ça, ça pose un enjeu, ça fait de la mort ou de la vie du couple un carrefour narratif. Oracle accepte avec joie. Il obtient un dé de sacrifice. Je lui propose alors, pour ne pas que son personnage ne disparaisse, qu'il développe un pouvoir. Comme dans l'exemple de partie, relève Ledo. On sourit tous les deux, la ressemblance est un peu troublante.

Bref, il accepte.


Pouvoir (pulsion): Par mes hormones, j'attire les êtres masculins à moi.


Alors qu'il va se jeter sur eux, la fille se retourne, hurle. Le personnage d'Oracle souffre de cela, il ne pensait pas être si repoussant. L'homme, par contre, reste. Face à tant de fragilité, le personnage d'Oracle fuit au coeur de la forêt. Il se sent impuissant, vide. Horrible.


Blakerts I

Phrase (mémoire): Je veux retrouver celui qui enlève une personne du village tous les trois ans, même si personne d'autre ne s'en souvient.


Dans le village, la fête bat son plein. Un homme, vieux, fourbu, barbu, tranche dans le décor. Il passe près des gens, un carnet à la main, leur montre des visages barrés, les exhortent à la prudence. Eux le repoussent - ils veulent simplement s'amuser, qu'il les laisse tranquille avec ses absurdités, au moins pour ce soir! Le vieux n'arrête pas de répéter les mêmes paroles sans sens, comme si des gens disparaissaient régulièrement, on s'en rendrait bien compte!


La fille du couple arrive, en criant, il leur dit "vous voyez!" mais ils tournent le dos.

Fin de l'instance sans conflit.

Phrase (mémoire): Je garde dans mon carnet les souvenirs de ceux qui ont été enlevés et de tous les habitants du village.


Ledo I

Phrase (sacré): Je veux convertir le village à la foi d'Irminsul.

De la forêt arrive un homme, il est fort, massif comme un chêne, des muscles saillants couverts de tatouages. Ce qui marque le plus, c'est l'arbre qu'il a sur tout le front, les racines semblent plonger dans son nez, les branches se perdre dans ses cheveux.

Lui écoute le vieil homme, la fille qui crie, et décide d'aller avec eux pour retrouver celui qui a fait ça. En lui, cette certitude: si il fait ça, il aura fait un premier pas vers le coeur de village.


Ils annoncent donc vouloir retrouver trace du personnage d'Oracle. Lui ne veut pas qu'ils le retrouvent, j'explique donc les règles du conflit duel.


J'aide Oracle dans ce conflit - les bois ont corrompu mon coeur, je ne désire pas qu'on débusque ce qui s'y cache. Le personnage de Blakerts aide logiquement Ledo, son carnet lui rappelle les disparus de son village, il veut faire la lumière sur cette affaire.



Au final, Oracle l'emporte. Les personnages de Ledo et de Blakerts, qui suit Ledo dans la forêt, sont perdus. En se perdant, le personnage de Ledo s'éloigne de la zone corrompue de la forêt, vers une zone saine, où (phrase de puissance - nature): "les arbres me parlent".

Je ne sais plus ce que j'écris comme phrase.

Le personnage d'Oracle a peur des humains, il les fuit, se sent traqué. (puissance: pulsion): "ma peur des humains me rend plus fort." Blakerts, lui, doit écrire une phrase de souffrance en technologie. Finalement, il écrit qu'en se perdant, il bute contre une branche et brise un élixir de mémoire qu'il boit régulièrement pour se souvenir de tout. Les visages sur le livre ne lui sont plus familiers.


Felondra II


Une trace de sang mène dans les bois. Je veux retrouver mon père. J'ai poussé, poussé et mes poignets ont lâché, libérant Ysaïs (mon personnage) de ses fers. C'est un jeune garçon.

Je lance un conflit simple visant à retrouver le personnage d'Oracle.

On se dit que ce n'est pas le même conflit qu'avant, d'ailleurs le personnage d'Oracle m'aide, il veut que je le retrouve, je ne suis pas comme les autres.

J'obtiens un sacrifice. Je réussis et ne suis plus une fleur fermée la nuit. Je prends des risques à sortir seul, je me sens faible face à l'immensité de la forêt. Comme un papillon sorti du cocon.


Oracle II


Le personnage d'Oracle est là, face à Ysaïs. Ombre horrible parmi les ombres, nous nous sommes retrouvés dans un cercle d'arbres. Sa faim est trop forte, il se jette sur moi pour me dévorer.
J'accepte de mettre la vie de mon personnage en péril. En retour, si je l'emporte, il sera attaché à mon personnage au-delà de toute raison.


Les dés sont lancés, je l'emporte.(puissance, amour) "Ce qui se cache au fond des bois est mon père."

Le personnage d'Oracle s'est jeté sur moi mais je suis là, innocent, pûr. Finalement il m'enserre dans ses bras, sentant qu'il faiblit. Parce que (souffrance, amour): "Mon amour me fait redevenir humain."


Suite et fin


Là j'ai un coup de flou. En résumé, le personnage d'Oracle m'a déposé dans sa caverne, énorme, pleine des trophées de ses précédentes victimes disposées sur un rocher couvert du sang séché des villageois précédents. Il est ressorti pour tendre une embuscade aux personnages de Ledo et Blakerts, mais ceux-ci l'attendaient, parce que les arbres ont soufflé au personnage de Ledo de se préparer à l'arrivée de celui d'Oracle. Ils l'ont mis hors-combat, s'étonnant de voir un humain trop grand, quelques pointes lui sortant du corps, mais surtout il raptisse à vue d'oeil, reprendra bientôt forme humaine totale.


Ils le ramènent au village, Ledo veut qu'on le brûle selon les rites de son ordre, il est la source de corruption de la forêt autour. Blakerts, lui, défend que la forêt est corrompue et que ce pauvre hère n'est qu'une victime de la corruption environnante.

Le village décide finalement en faveur de Ledo, qui réalise trop tard qu'en gagnant le village à sa cause, il perd l'amitié naissante qui le liait à Blakerts.


Les villageois vont dans la grotte pour que le monstre leur montrent que c'est bien lui, qu'il a tué tous ces villageois. Ils l'ont mis dans les fers qui ont servi avant à enserrer les bras d'Ysaïs, lui maintiennent la tête dans un collet de fer qu'ils tiennent par de longues perches. Ysaïs voit tout ça, caché dans les buissons près de la grotte. Il décide de se venger de ce village qui l'a trahi. Il retourne au village, le brûle et veut finir par brûler la forêt. Comme ça tout partira en cendres.


A ce moment intervient la fin de partie, le conflit de masse final.


Le personnage d'Oracle se jette dans les flammes, attirant tous les hommes du village avec lui par ses phéromones. Il meurt malgré qu'Ysaïs ait tenté de l'en empêcher.

Le personnage de Blakerts meurt en essayant de tuer le personnage de Ledo, la source de tout ce mal selon lui.

Le personnage de Ledo, lui, parvient à sauver la forêt des flammes et part, laissant ces villageois incapables.

Ysaïs, enfin, observe ce qu'il a fait. Il passe parmi les villageoises restantes et leur murmurent des paroles de haine, crée la discorde, révèle tous les secrets du village. Toutes se jettent les unes sur les autres en entendant les tromperies, les malheurs, tout ce qui était caché.


Le sourire au visage, Ysaïs part.





Partie hyper satisfaisante!! Tous les joueurs étaient très contents de ce qu'on avait fait ensemble. Ils étaient tous étonnés qu'on ait réussi à faire une telle fiction sans meneur, sans structure pré-existante.

De mon côté, ce qui m'a le plus étonné, c'est la force du ressenti. Sans faire d'interprétation ou presque (ce que je préfère en jeu de rôle), la partie créée est forte, on s'y immerge. A certaines écritures de phrase, l'émotion sort. L'histoire est forte, dense, même si on ne l'interprète pas à fond. On était souvent en méta, à se demander quelle phrase écrire, à faire des propositions, à se relancer entre joueurs.


Autre point qui nous a rassemblés, tout est création. La moindre phrase, le moindre dé lancé. Ça c'est vraiment fort.



Voilà, finalement c'est plus long que quelques lignes. Mais je voulais un peu détailler parce que je trouve que ça valait le coup, pour des parties faites entre (quasi) étrangers (je joue beaucoup avec KamiSeiTo, sinon personne n'avait joué avec personne avant ces parties) :)



Bravo à toi d'avoir pondu un tel bijou!
Énergie créative. Univers artisanaux.
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Thomas Munier
 
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