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[Les 8 Zéros] Zéro besoin

Message Publié : 14 Oct 2016, 08:53
par Thomas Munier
Voici la suite et la fin de ma série d'articles sur l'indépendance intitulée les huit zéros.

Le choix entre l'indépendance et l'édition par un tiers se résume à une question : quels sont nos besoins ? Si nous avons zéro besoin, l'indépendance est une voie toute tracée.

Zéro foulancement car zéro charge

Je suis indépendant d'un éditeur tiers mais je le suis également du financement participatif. Mes livres ne me coûtent rien à produire, sinon du temps. Quand je veux faire un livre, je le fais. La question du financement ne se pose jamais, et donc je peux faire l'impasse sur le financement participatif, un modèle économique qui pourrait gréver ma liberté créative à moins de prendre beaucoup de précautions.

Ne jamais chercher à faire plaisir au public

Je ne ressens aucun besoin de flatter mon public ou de lui offrir ce qu'il lui recherche. Je me laisse essentiellement guider par mes propres obsessions créatrices, dans un esprit proche de l'art outsider. Je cherche à faire des œuvres accessibles et compréhensibles, qui dans l'absolu pourraient être abordées par un clone de moi-même sans mémoire, mais seulement elles ne répondent à aucune commande. Si on cherche à offrir quelque chose que notre public recherche, on fait toujours la même chose, avec juste quelques raffinements ou variantes. Je n'aurais jamais fait Marchebranche ou Dragonfly Motel, car personne ne me l'aurait jamais demandé.

Ne jamais suivre un planning

D'une part je ne suis aucune dead line, d'autre part j'évite de me fixer un ordre de parution pour mes projets. Je saute d'un projet à l'autre au gré de mon humeur ou de mon énergie. Tant que je travaille, des choses vont sortir. Et vu la quantité de projets au moins publiables sous format brouillon dans mon disque dur, des choses continueraient à sortir quand bien même j'arrêterais de travailler. A une époque, je me disais qu'il fallait absolument sortir les choses dans un certain ordre (commencer par les projets les plus anciens, ou ceux dont j'aurais fait le plus de publicité), mais en réalité, quoi que je sorte, il y aura toujours au moins une personne pour s'y intéresser. Et les personnes qui s'intéressent à mes projets anciens tombés en sommeil peuvent accéder aux versions brouillon. Je ne suis ni l'esclave de mes anciens projets ni l'esclave des attentes d'un public. Je reviens à mes anciens projets seulement le jour où j'en l'envie et la force de les achever à leur juste mérite.

Le vœu de pauvreté

J'ai décidé de consacrer ma vie à la créativité, et j'ai décidé de le faire avec la plus grande liberté créatrice. J'ai donc fait vœu de pauvreté. Cela me permet de limiter mes besoins financiers et de limiter les possessions matériels et les loisirs qui pourraient me détourner de la créativité.

Aucune recherche de revenu

Le discours autour de l'indépendance tourne souvent autour du revenu qu'il permet de dégager. Je ne cherche aucun revenu de mon activité d'auteur. C'est pour cette raison que mes versions numériques sont gratuites et mes impressions à la demande sont à prix coûtant. Tant que j'aurai par ailleurs de l'argent sur mon compte en banque, dégager du revenu de mes écrits sera hors-sujet. La liberté créatrice est à ce prix. Je sollicite toujours les soutiens sous toutes leurs formes, du moment qu'ils soient inconditionnels. Mais tant que j'aurai encore la capacité physique et mentale d'écrire, j'écrirai, même si personne ne me soutient.