+ Pourquoi prends-tu un exemple de transmission orale (avec justement la possibilité de demander ses attentes au public ?) pour débattre d'une question de transmission écrite ?
Il ne faut pas se mentir. Le JdR est massivement une tradition orale. C’est pourquoi je m’interroge sur le media de la transmission du savoir. Je comprends qu’il faut aux joueurs une base de référence pour jouer à un jeu et surtout pour le diffuser. Mais je ne suis pas sûr que ce soit la porte d’entrée dans le médiat. Pour moi la porte d’entrée dans le médiat c’est la tradition orale.
Je parle d’expérience, je suis dans des association qui font de l’animation autour du JdR depuis bientôt 10 ans. J’en ai fait en convention, j’en ai fait dans la rue, j’en à même fait sur les plages de la Loire atlantique de l’initiation au JdR. Et bien je suis persuadé qu’un nouveau joueur entre dans le JdR parce qu’il a eu une première excellente partie et non parce qu’il a lu une super base de jeu.
La différence entre la tradition orale et la tradition écrite c’est le « feedback ». Il est directe en tradition orale. Tu peux soit interroger, soit voir que ton interlocuteur ne comprends pas tes propos ou qu’il n’est pas intéressé par tes propose. Le feedback sur un support écrit est beaucoup plus long.
Donc je m’interroge sur, comment est lu un livre de JdR ? Par quel chapitre on commence à lire une base ? Qu’est-ce que les joueurs vont chercher dans une base ? etc.
Moi par exemple, je n’attends pas un chapitre sur « qu’est-ce que le JdR » ou deux pages sur un « exemple de partie » …
Je n’attends pas dans une base, des conseils au MJ. J’attends que l’auteur me dise quoi faire en tant que MJ si je joue à son jeu. Pour les conseils, il n’a qu’a, comme D&D, sortir un supplément spécial MJ : le guide du MJ …
Enfin, si le JdR n’était pas une tradition orale avant tout, alors cela voudrait dire que l’on peut en juger sur la seul base de la lecture des règles, sans y avoir joué. Ce qui est faux à mon avis. On ne peut, en fait, juger un jeu qu’en y jouant et en y rejouant et en y re-re-rejouant.
+ A ton avis, si on postule que seuls les jeux de rôles dédiés à l'initiation méritent d'avoir une section consacrée à la définition du jeu de rôle, en quoi ne vois-tu pas Vade Mecum comme un jeu dédié à l'initiation ?
En fait, je ne pense pas non plus que, même dans un JdR qui a pour propos l’initiation, un chapitre sur « Comment jouer au JdR » ait sa place. Simplement parce que la base ne s’adresse pas au débutant mais au MJ qui fera jouer des débutant.
Encore une fois, je serais très intéressé par une étude qui nous disent comment les joueurs sont entré dans le jeu de rôle. Je suis persuadé que les autodidacte, j’étends par-là les joueurs qui ont commencé le JdR en lisant une base et qui ont fait jouer leurs amis sur cette base, sans avoir jamais assisté à une partie, sont ultra minoritaire.
Pour quoi donc écrire des jeux en fonction d’une ultra minorité ??? C’est une exercice purement théorique à mon avis. C’est quelques pages de perdu où l’auteur aurait réellement pu nous dire quelque chose d’utile.
Mais, dans le cadre d’un jeu d’initiation, je peux comprendre que l’on y consacre quelques ligne dans la mesure ou l’initiation est le propos du jeu. J’y vois, à défaut d’une utilité, une certaine logique, une thématique en somme.
+ Faut-il sectionner l'accès au jeu de rôle, avec des bases pour les initiés et des bases pour les débutants ? Pourquoi ?
Puisqu’on en parle, Je trouve absurde de faire des jeux d’initiation. Pour quoi faire un jeu auquel les gens vont jouer 2 fois avant de passer à autre chose ??? C’est un peu comme si on donnait des béquilles à des enfants pour qu’ils apprennent à marcher, c’est idiot. Il vaut mieux leurs proposer un « vrais » jeu et les accompagner avec bienveillance.
Il faut des MJ qui proposent de faire découvrir le JdR, mais pas des jeux pour découvrir le JdR.
De plus, en convention, quand je fais des parties de découvertes, je ne fais jouer qu’à des jeux gratuits, sur internet. Si les joueurs ont aimé la partie, s’ils veulent jouer à un JdR alors cela ne doit rien leur couter. S’ils accrochent, ils pourront toujours à ce moment-là accéder à une offre payante dans le cadre de leur passion.
En somme, pour moi, un jeu d’initiation c’est un jeu gratuit, clair et accessible facilement sur internet.
Quand je fais de l’initiation, je ne fais pas la promotion d’un JdR mais DU JdR.
Mais évidemment je n’ai pas, moi, un quelconque produit don je serais dépendant de la vente. Je ne suis pas dans une démarche commerciale mais au mieux dans une démarche de passionné au pire dans une démarche d’éducation populaire.
+ Au vu de la variété et de la complexité du média, est-ce qu'on n'est pas toujours débutant en jeu de rôle ?
Cette question sonne comme un sophisme à mes oreilles, comme un argument rhétorique fallacieux. Au vu de la complexité d’une situation de combat, maitre Morihei Ueshiba (fondateur de l’aïkido) se considérait il comme un débutant en combat ?
Existe-t-il la moindre activité humaine qui soit réellement simple ? Et donc ne somme nous pas tous des éternels débutants ?
Si on veut progresser en quoi que ce soit, n’est-il pas sein d’aborder en permanence les choses comme un « débutant » ? comment se confronter à la barrière épistémologique autrement qu’avec un état d’esprit de débutant ?
Enfin, et en suivant ton idée, en quoi un auteur de JdR serait-il plus savant que qui que ce soit d’autre et donc en position de donner des leçons, si l’activité de JdR était si complexe que cela ?
+ Que penses-tu de cette phrase de Gregory Pogorzelski : "tout jeu bien écrit et bien présenté est un jeu d'initiation" (pour le contexte, voir [url=tout jeu bien écrit et bien présenté est un jeu d'initiation]cet article[/url])
CQFD, un jeu d’initiation cela n’a aucun intérêt. Donc un paragraphe « comment jouer au JdR » dans un jeu d’initiation en a d’autant moins.