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Projet d'adaptation de JDR thérapeutique

05 Jan 2016, 21:01

Bonjour, bonsoir,
J'ai 25 ans, je suis rôliste depuis déjà pas loin de 5 ans, et je maîtrise plus que je ne joue. J'ai déjà fait pas mal de parties avec Thomas, dans les différents univers qu'il propose.
Aujourd'hui je viens vers vous avec un projet assez particulier. Je suis en première année de formation pour devenir éducatrice spécialisée et je rechercherai un moyen d'adapter le JDR pour une approche thérapeutique. Je planche sur les travaux de Moreno, ainsi que sur les idées autour du psychodrame.
Pourquoi,je viens à vous aujourd'hui? Eh bien à travers les parties que j'ai pu jouer avec Thomas, j'ai glané quelques idées pour les adapter aux différents JDRs que je maîtrise. (Le plus gros changement avec P13)
Lors de ces parties j'ai souvent ressentis de vives émotions et ai parfois lâché des particularités dans les différents personnages joués et à la fin de ce court laps de temps, j'avais une impression d'avoir laissé quelque chose dans le scénario et d'avoir crée quelque chose avec les joueurs, quelque chose de fort, qui en me mettant assez à l'aise me donnait des aspects assez sécurisants pour personnifier encore les persos.
Malgré que les joueurs m'étaient proprement inconnus, il s'est passé de chouettes choses.
Partant de cette idées, ainsi que de mes diverses XP avec mes joueurs dans des OS avec une ambiance très très particulière, je me dit qu'en continuité de ma formation je reprendrai bien ces vieilles idées de JDR thérapeutique pour les remettre au goût du jour.
J'ai déjà exposé ces idées sur le groupe "discussions de rôlistes" sur fb. J'ai eu des réactions diverses et certains seraient intéressés par ce projet.
Je comptais potasser correctement le truc (après quelques stages, et beaucoup de lecture, ainsi que des XPs avec des personnes ordinaires) avant de porter ces idées sur le lieu professionnel.
Mais vous, vous en pensez quoi? J'ai cru comprendre que généralement vous faisiez des JDRs typés narratifs, je ne pense pas être la seule à avoir ressenti des émotions aussi vive lors de parties improvisées sur des thèmes touchant directement et profondément l'humain...
Messieurs, j'attends vos réponses :)
Dernière édition par Scarlett Souris le 08 Jan 2016, 15:14, édité 1 fois.

Re: Projet d'adaptation de JDR

06 Jan 2016, 00:17

Bonsoir Scarlett Souris,
ça m'a l'air un chouette projet !

Est-ce que tu cherches des JdR qui pourraient aller dans sens ? Dans un type particulier ?
Pour ma part, j'aime les jeux qui nous font explorer toutes sortes d'émotions, j'en ai écrit quelques uns :
Les Cordes Sensibles (anciennement Psychodrame, ça ne s'invente pas), où l'on explore des problématiques existentielles de personnes ordinaires (le jeu tournant autour de drames réalistes comme Six Feet Under) :
- Ici une partie inspirée de la série Skins : viewtopic.php?f=48&t=3612
- Là une mini-campagne inspirée de Buffy contre les Vampires : viewtopic.php?f=48&t=3092

Sinon j'ai un JdR sur des histoires d'enfants maltraités, façons Dickens, Les Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire ou la série Shameless : viewtopic.php?f=48&t=3539

Les liens conduisent vers des rapports de partie qui en diront bien plus que ce que je peux dire à ce sujet.
Est-ce que je suis dans le sujet ?

Re: Projet d'adaptation de JDR

06 Jan 2016, 12:28

Bonjour Frédéric et merci de ta réponse :)
Je vais répondre à ton commentaire en respectant l'ordre.
Frédéric a écrit :Est-ce que tu cherches des JdR qui pourraient aller dans sens ? Dans un type particulier ?

Pour le moment je ne recherche pas de JDR vu qu'à mon sens je me débrouille déjà pas mal avec les deux JDRs cités (le troisième en lecture). Je cherche surtout des JDRs typés psychos, et qui permettent de réfléchir à des questions existentielles (dans le cas des parties ludiques) ou encore à démarrer un genre de thérapie accélérée (si je suis dans le cadre de mon travail)
J'avais demandé à Thomas de maîtriser "Cordes Sensibles", sauf que les autres joueurs ont préférés "S'échapper des faubourgs" :)
J'ai lu,gosse les aventures des orphelins Baudelaire, et ça m'a passablement lassée, l'histoire est très très redondante à mon sens, et à force j'en perdais mon latin. Je ne suis pas aussi sensible que toi aux phénomènes de résilience chez les enfants dans les histoires fictionnelles. Je le suis plus dans la vie réelle, et je conseille énormément les livres qui ont pu être écrit à ce sujet (NB: pourtant j'ai adoré HP, ayant grandis avec, nous avions le même âge. J'ai attendu qu'Hagrid vienne me chercher pendant 6 mois quand j'étais en 6éme ^^. Chaque année sortait un livre, chaque année on avait toujours le même âge mais nos problèmatiques changeaient, HP m'a accompagnée jusqu'au lycée!)
J'ai lu le rapport de jeu Skins, mais pas en entier pour Buffy, moi j'étais plus fan de Charmed de que Buffy à l'époque et au delà de ça je ne voyais pas l'intérêt de tout lire ce rapport. Je cherche surtout des avis ^^ je me doute que ces parties doivent être riches en émotions!
Tu es en effet dans le sujet. Je n'ai pas encore de projet bien établit, et je ne sais encore si je vais pas d'abord proposer une approche ludique, pour dériver plus facilement et sans méta sur une partie thérapeutique. Dans le sens que proposer directement un psychodrame, j'ai peur que les personnes se concentrent trop justement sur ça, sans se laisser à leurs émotions et ressentis. De plus pour le moment j'ai plus ce projet pour des enfants, donc avec eux, c'est obligé je les ferai fuir, si je ne passe pas par du ludique avant tout!
Je maîtrise d'autres JDRs qui sont excellents pour les enfants, Horlogerie des Mondes (refaire les contes de fées, ex: le chaperon rouge n'existe pas, des horlogers sont envoyés pour le recréer, mais, dans cet univers il s'avère que le chaperon est bleue, qu'elle adore les loups, a fuit sa famille, que sa grand mère n'est pas sénile... Les horlogers doivent au possible tenter de refaire le conte le plus précis possible. Le conte ne sera pas parfait, il sera soit trop cruel, soit trop édulcoré) , les Annales du Disque Monde qu'on ne présente plus (bien que j'émette quelques réserves, l'univers est assez wtf, et j'aurai peur de perdre des non avertis...) et plus récemment Les Légendes de la Garde (jouer des souris, où toutes choses peut leur être mortelles, est extrêmement intéressant à mon sens pour prendre conscience de choses toujours existentielles mais qui sont passer sous le sens commun, et du coup plus personne n'y fait attention...)
Par contre je suis assez étonnée car la thématique d'enfants maltraités est largement reprit dans Little Fears, et je trouve toujours un peu abusif de vouloir créer des JDRs à tord et à travers sur tous les univers, alors qu'un JDR existe déjà (on joue des enfants qui combattent leurs peurs enfantines), derrière il est largement possible de garder les mêmes mécanismes de jeu, et de changer un tant soit peu le contexte (comme je l'ai fait pour Patient 13 sur cette partie https://www.youtube.com/watch?v=-WB-GxK9xiw, mes patients n'étaient plus en hôpital, mais à l'extérieur, avec une mémoire qui revenait progressivement, et le système de goupil que Thomas utilise dans "Clochards Magnifiques", si tu as quelques heures à perdre je serai ravie d'avoir ton avis quant à cette partie. Mes deux joueurs ne se connaissent pas et c'est ce qui a rendu d'autant plus particulier cette partie!)
Je suis navrée d'avance si tu trouves certains propos durs, je suis une personnes assez directe, et je n'ai pas forcément la diplomatie de passer par plusieurs chemins pour commenter quelque chose qui ne me convient pas, j'apprends cependant encore à modérer mon langage pour ne paraître trop incisive ou agressive.
J'attends ta réponse :)

Re: Projet d'adaptation de JDR

06 Jan 2016, 17:10

Salut Scarlett,

Les thématiques que tu indiques m'intéressent fortement. J'ai même un début de jeu psychologique en attente de développement. Je suis parti du principe dans mes propres réflexions que :
- On met toujours de soi dans le JDR
- Nos ressentis sont modifiés par la manière dont notre cerveau traite les informations reçues par nos 5 sens, c'est-à-dire par la manière dont notre inconscient va déformer notre vision des choses (et créer une interprétation subjective d'une situation ou d'un évènement)
- Nous n'avons ni visibilité ni recul sur nos ressentis et avoir un minimum de recul nécessite une thérapie ou a minima un regard extérieur averti (avis péremptoire et personnel)

D'où mes deux questionnements (je n'ai pas encore les réponses) :
- A quel point peut-on mettre de soi dans le JDR ? Quelles mécaniques permettent de favoriser ce "transfert d'identité" du joueur vers le personnage ?
- Comment faire prendre conscience au joueur que ce qu'il voit dans le personnage, d'un regard extérieur, lui appartient en réalité ?

C'est pour moi l'un des avantages que pourrait avoir le JDR thérapeutique : permettre au joueur d'avoir un regard extérieur sur lui-même à travers son personnage, dans un cadre de "double-transfert d'identité". Regard extérieur qui nécessite habituellement l'intervention d'un thérapeute.

Je ne sais pas si mes réflexions correspondent à tes messages mais ça ne mange pas de pain de les partager. En tout cas n'hésite pas à partager la suite de tes propres recherches, je les lirai avec plaisir. :)

Brisecous alias Mathieu

Re: Projet d'adaptation de JDR

06 Jan 2016, 17:18

Salut Scarlett,

Heureux de te voir faire un tour sur ce forum :)

Je me permets de m'immiscer dans la conversation pour livrer ce que je comprends de tes attends (et donc, rectifie-moi si je tombe à côté) :

Tu cherches à faire du JDR, auprès d'enfants, dans un but psycho-thérapeutique. L'idée c'est de partager avec eux, autour des émotions, et peut-être d'avoir des expériences cathartiques. Je m'écarte aussitôt du débat qui consisterait à savoir s'il est adéquat de le faire avec des enfants ou si tu as les compétences pour le faire.

Des expériences de jeu qu'on a pu avoir ensemble et que tu peux en effet reproduire sur d'autres pratiques, je retiendrai deux principe : exprimer les émotions du personnage, et lier son personnage au reste du groupe.

C'est à la fois libératoire et protecteur (le personnage n'est pas le joueur, mais le joueur peut justement utiliser ce prétexte pour exprimer des choses qui laisserait enfouies sinon), et à mon sens, c'est l'expression des émotions du personnage qui amène que le joueur ressente des émotions.

Dans l'absolu, on peut supposer qu'on peut exprimer les émotions de son personnage dans tout JDR, mais force est de constater que bien des jeux, des scénarios ou des groupes de jeu sont loin d'en faire une priorité.

Dans les jeux qu'on a joués ensemble, on exprimait les émotions du personnage parce que :
+ On écrivait des phrases au sujet de son personnage, qu'on lisait à voix haute et qu'on réinvestissait en jeu (Inflorenza)
+ On révélait au fur et à mesure des détails intimes sur son personnage (Arbre, S'échapper des Faubourgs)
+ Un joueur était chargé de jouer une voix intime qui conversait avec le personnage d'un autre joueur (le Goupil dans Arbre, clochards magnifiques dans les forêts hantées de Millevaux) ; ça crée un effet confessionnal, le joueur répond en exprimant les émotions de son personnage.

Dans les jeux qu'on a joués ensemble, il y a eu effet cathartique de groupe parce que :
+ Les objectifs des personnages étaient liés (Inflorenza)
+ Les personnages étaient liés (S'échapper des Faubourgs)
+ Les personnages étaient en compétition (Inflorenza, S'échapper des Faubourgs)

Il y a aussi des dynamiques d'exploration de la vie intime et de liant du groupe dans Les Cordes Sensibles. C'est tout sauf un hasard puisque je m'inspire des travaux de Frédéric depuis longtemps, même si je revisite les choses à ma sauce.

Le souci, c'est que l'ensemble de ces jeux cités dans mon message me paraissent trop techniques pour jouer avec des enfants. Ils mériteraient d'être joués sous une forme simplifiée (je pense que Les Cordes Sensibles peut être simplifié sans perdre en profondeur). Inflorenza a connu trois simplifications (Inflorenza a capella, Inflorenza minima, Inflorenza scriptoria) qui peuvent être utilisées avec des enfants.

Il existe une autre approche, c'est celle de Vincent Bidault (infirmier en accueil psychatrique de jour pour jeunes), auteur du jeu de société Feelings avec Jean-Louis Roubira. Vincent a animé des sessions de jeu de rôle avec des ados en accueil de jour, plus précisément il a utilisé les scénarios de R.E.V.E.S, le jeu de rôle de la FFJDR. Ce sont des scénarios très neutres, et très bac à sable. Par exemple, il y a un scénario, L'île, où les personnages doivent former un équipage pour se rendre sur une île. L'approche de Vincent, en tant que maître de jeu, c'est de laisser les joueur.se.s faire ce qu'ils veulent dans cet espace imaginaire partagé, sans jugement de sa part. Ainsi, il les laisse s'exprimer (par exemple, une personne ayant subi des agressions par le passé va choisir de jouer un personnage ultra-violent). La clé ici, c'est un décor très neutre, un scénario bac à sable, et un MJ qui laisse la bride sur le coup des joueur.se.s en terme de comportements. Après, ce qui est particulier, c'est qu'en tant qu'infirmier, Vincent connaît le passif médical et émotionnel (parfois extrême) de ses joueur.se.s. Pour approfondir, il faudrait le contacter.

Troisième approche, le jeu de rôle tel qu'il est pratiqué en gestalt-thérapie. Ici, la forme ludique est quasiment absente au profit de l'aspect thérapeutique. Les personnes sont intégrées dans une thérapie de groupe. A chaque personne, on va demander, tour à tour, de jouer son propre rôle et de rejouer une scène de son passé (elle peut la faire basculer dans l'uchronie si elle le souhaite, il me semble) ou d'un futur souhaiter, et elle demande aux autres participants de la thérapie de groupe de jouer les rôles des personnes qui sont impliquées dans ses scènes. (c'est un peu flou, là, je vais inventer un exemple : Germain est dans la thérapie, il veut rejouer la scène où son épouse lui a annoncé sa volonté de divorcer. Il demande à tel participante de jouer son épouse, à tel participant de jouer son fils, à telle participante de jouer sa fille, et ensemble ils rejouent la scène).
Bon, c'est hyper particulier, je sais bien que tu envisages les choses autrement, mais ça me paraissait intéressant de souligner cette approche pour rajouter des informations, peut-être c'est réutilisable avec des aménagements (par exemple, une mise en abîme de la gestalt : le personnage -imaginaire- rejoue un traumatisme -imaginaire- qu'il a vécu).

Sur le fait qu'on investisse de soi dans son personnage, cf Le Joueur-Simulacre, de Romaric Briand (recueil théorique Le Maelstrom). On trouvera aussi matière, sur le rôle et l'émotion, dans les théories nordiques du GN (par exemple, sur l'effet Bleed).

Re: Projet d'adaptation de JDR

06 Jan 2016, 17:35

Pourquoi écrire un jeu sur un sujet proche d'un jeu existant : tout d'abord, Little Fears parle des peurs d'enfants, tandis qu'Orphans' Rhapsody parle de maltraitance et de la façon dont les enfants tentent d'échapper à l'oppression d'adultes qui ne les écoutent pas et pensent avoir tous les droits sur eux.

Little Fears fonctionne avec un scénario, Orphans' Rhapsody non. Son système est dédié, avec un découpage par scènes, une mécanique augmentant l'oppression de l'adulte maltraitant par une dynamique perverse, etc. En bref : ça n'a rien à voir. Si tu as joué à plusieurs jeux de Thomas Munier, tu as sans doute pu voir à quel point dans un univers similaire, deux systèmes différents transforment l'expérience (entre Millevaux Sombre et Inflorenza, par exemple).

Mais on n'est pas là pour parler de moi...
Je trouve ton projet très intéressant. Ma seule interrogation est l'encadrement "émotionnel", mais j'imagine que ça, c'est ton boulot.

Re: Projet d'adaptation de JDR

06 Jan 2016, 19:46

Je rajoute une chose, tant que j'y pense :

Pour permettre aux émotions et à la catharsis de groupe d'émerger, il y a une quatrième approche, qui est de choisir un contexte de départ propice. Quand j'ai fait jouer dans la Forêt d'Aokigahara (une forêt où les jeunes japonais.e.s se rendent pour mettre fin à leurs jours), on a joué à fleur de peau. Si je suis assez content de la contribution du système et de nos qualités de jeu, le contexte a, je pense, été le déclencheur dominant.

Re: Projet d'adaptation de JDR

06 Jan 2016, 20:02

Wahou que de réponses! Je suis ravie d'avoir capté votre intérêt ^^
Je vais répondre dans l'ordre de vos réponses :)
Bonsoir Brisecous, je me rappelle avoir joué avec toi sur une partie de SDA, via JDRV, c'était ta première maîtrise et tu étais du Canada ou du Québec je ne sais plus trop... Bref revenons à nos moutons!
Brisecous a écrit :D'où mes deux questionnements (je n'ai pas encore les réponses) :
- A quel point peut-on mettre de soi dans le JDR ? Quelles mécaniques permettent de favoriser ce "transfert d'identité" du joueur vers le personnage ?
- Comment faire prendre conscience au joueur que ce qu'il voit dans le personnage, d'un regard extérieur, lui appartient en réalité ?

_ Eh bien de base on crée nos premiers personnages sont crées avec les qualités qu'on voudrait avoir ou qu'on ne pense pas posséder. J'ai eu une discussion il y a quelques années avec une psychologue quant à ce sujet, elle me parlait des XP qu'elle avait fait avec des enfants en consultations, en leur demandant de dessiner un dessin les représentant (on rejoint par certains côtés les travaux de F. Dolto dans cet essai), plus de 90% des enfants se représentaient en héros en expliquant leurs pouvoirs, ce qu'ils en feraient, ect... Sachant que nous vivons tous avec une part d'enfant plus au moins refoulé ou à contrario acceptée, la créa de persos rentrent dans le sens pour le JDR.
_ C'est ici à mon sens que mon intervention sera moindre, car la personne fera son petit bonhomme de chemin consciemment ou inconsciemment à travers sa propre XP du JDR. Je ne suis pas dans les méthodes frontales pour choquer l'usager au point de lui poser un problème moral "on me fait remarquer que je vais mal, mais je ne me sens pas capable de réaliser ce qu'on demande, si je plie, je me soumets et ce sera extrêmement difficile pour moi, si je ne le fais je vais décevoir et ce sera aussi difficile à supporter car j'ai confiance en cette personne, car elle m'aide présentement à m'en sortir" (en psycho on nomme aussi cela injonction paradoxale). Ex connu: les SDFs auxquels ont propose un projet pour se réhabiliter socialement, en passant par le premier stade d'avoir un appartement, le projet en question peut prendre des années et parfois quand on pense que cela fonctionne, la personne craque, et retourne dans la rue (il y aurait encore tant à dire sur ce sujet, mais ce serait changer complètement l'axe de cette discussion!)

Bonsoir Thomas! J'avoue que partout où que j'aille en terme de JDR je finis toujours par te croiser :D
Thomas Munier a écrit :Tu cherches à faire du JDR, auprès d'enfants, dans un but psycho-thérapeutique. L'idée c'est de partager avec eux, autour des émotions, et peut-être d'avoir des expériences cathartiques. Je m'écarte aussitôt du débat qui consisterait à savoir s'il est adéquat de le faire avec des enfants ou si tu as les compétences pour le faire.

_ Justement, je suis actuellement en formation pour ;) De plus je me renseigne beaucoup en amont, je lis, contacte des professionnels de ces pratiques et surtout je ne compte pas tester ce genre de projet avant d'avoir testé cela dans la sphère ludique et privée. Enfin je sais que le terrain est très sensible. De plus, j'ai marqué pour le début je voulais commencer avec des gosses, car ce sont à mon avis les êtres les plus réceptifs à l’imaginaire. Je me vois mal proposer à Roger 50 ans alcoolique et drogué, SDF de se taper une petite partie entre deux speed ;). Enfin je suis pour les approches dites systémiques, c'est à dire prendre le cercle familial en compte plutôt que la personne étant "malade" ou que la famille considère comme malade. Les résultats sont de loin, les plus probants que je puisse voir. Néanmoins c'est une approche de longue haleine difficile et qui doit demander un réel lien entre le professionnel et les usagers.

_ Ce monsieur que tu cites a des ouvrages? On peut le contacter de quelles sortes ?

_ Ta troisième approche est plus communément appelée "psychodrame". (petite parenthèse que je me permets je bosse sur pas mal de travaux et ce terme est le plus utilisé)

J'espère que tu n'as mal prit le fait que j'ai utilisé ton idée de goupil, je voulais t'en parler à la fin de notre dernière partie, mais le début s'est orienté sur autre chose et au final nous n'avons pas eu de temps d'en reparler! Auquel cas je m'en excuse!
Je te remercie de toutes ces précieuses informations et vais plancher dessus de ce pas!

Bonsoir Frédéric
Frédéric a écrit :Je trouve ton projet très intéressant. Ma seule interrogation est l'encadrement "émotionnel", mais j'imagine que ça, c'est ton boulot.

_ Je te remercie d'y trouver de l'intérêt :) Je pense que je finirai par en faire un blog accessible à tous ainsi que les différents ouvrages que j'ai pu compulsés. Pour la question émotionnelle, je pense que c'est un travail que je vais bosser plus profondément en tant que MJ en ludique, puis avec les éléments et conseils glanés arriver à proposer un endroit sécure ainsi qu'une gestion des émotions saine.

De manière globale et moins personnel quant à vos réponses; j'ai une très grande envie de faire une formation pour devenir conteuse, la formation est payante, certes, mais elle se fait quelques w.e. dans l'année, et je suis certaine qu'il y aura encore des informations à prendre.

De plus en fonction de mes dispos de cet été, j'ai ouïe dire qu'il y avait une colonie axée JDR en France et qu'il recherchait des animateurs, ayant un peu d'XP dedans, ainsi qu'avec les enfants, plus ma formation d'éduc' spé en cours, je pense qu'il y aurait de fortes chances que ce ça se concrétise!
Je regardais aussi le JDR "Perdu sous la pluie" j'ai tenté de joindre l'auteur pour lui demander comment régler un achat pdf de son JDR mais pas de réponses depuis plusieurs jours, ce monsieur est joignable facilement?...

Re: Projet d'adaptation de JDR

06 Jan 2016, 20:22

Tu es sur ma section de forum, c'est assez logique qu'on s'y croise :)

Les coordonnées de Vincent Bidault

Mon oeuvre est libre de droits, donc non seulement je suis très heureux que tu reprennes certaines de mes idées (que j'ai sûrement reprises d'ici là, consciemment ou non), mais en plus j'y consens d'office, nul besoin de me consulter. D'une façon plus générale, personne ne peut déposer/breveter un mécanisme de jeu. Ceux qui se protègent, protègent un texte, un packaging ou un thème.

Mangelune, l'auteur de Perdus sous la Pluie, a aussi une section sur ce forum, il te suffira de lui envoyer un message. Pour la petite histoire, je l'ai déjà entendu dire qu'il ne jouerait pas à Perdus sous la Pluie avec des enfants :)

Je me permettrai enfin, sans aucune modestie, de te diriger vers ce dossier sur le JDR et l'animation.

Re: Projet d'adaptation de JDR

07 Jan 2016, 00:56

Merci de tes réponses et de tes liens, j'en écoute une partie ce soir et potasserai plus les autres en profondeur!
En tout cas je suis ravie, où que je poste ce projet beaucoup me donnent des idées et me permettent d'élargie des horizons, je me sens moins seule du coup et je suis rassurée ^^
Le travail est titanesque, mais en effet il y a de chouettes choses à faire !

Re: Projet d'adaptation de JDR

07 Jan 2016, 11:15

Salut Scarlett,

Je me souviens de cette partie qui fut l'une de mes premières parties de MJ, effectivement. Par contre je ne suis pas du tout québécois ! Il me semble également, si je ne te confonds pas, que nous avons fait une partie de JDR avec Thomas Munier (s'échapper des Faubourgs que tu cites).

Pour répondre à ta réponse sur mes deux questionnements :

- Le lien entre joueur et personnage est donc avéré. Je suis persuadé que les mécaniques de jeu (les règles) peuvent amplifier et surtout diriger, encadrer la part de soi que l'on met dans le JDR de manière à induire certaines réactions, certains comportements ou certaines situations. Si le but est de parler de sentiments, par exemple, la mécanique de jeu peut mener à exprimer des sentiments, voire à exprimer un sentiment particulier (colère...).

- Je pense qu'il ne faut pas confondre la posture du jeu et la posture du MJ. Les deux peuvent avoir un impact sur le patient-joueur. SI je comprends bien ton message, tu souhaites avoir une posture de MJ "en retrait" afin de laisser au patient-joueur le soin de faire "son petit bonhomme de chemin". La posture thérapeutique serait dont plus assumée par le jeu que par le MJ. Dans ce cas, cela signifierait qu'il faut travailler sur la posture thérapeutique du jeu.

Dans le JDR pédagogique, j'ai constaté que la mise en place de mécaniques ludiques ne suffit pas à faire un JDR pédagogique : pour cela il faut instaurer des mécaniques pédagogiques, conçues pour amener un certain discours, permettre certaines situations et en exclure d'autres. Dans mon JDR sur l'archéologie, je veux éviter les chasses au trésor à la Indiana Jones et favoriser la recherche scientifique, par exemple. Il faut également que mécaniques pédagogiques et ludiques s'entremêlent, soient bien équilibrées, pour que le jeu reste amusant à jouer malgré la contrainte pédagogique.

Si je fais le lien avec le JDR thérapeutique, il faut donc que les mécaniques ludiques et thérapeutiques soient exploitées. Certains jeux sont selon toi thérapeutiques, même si ce n'est pas leur objectif premier. Cependant, ce ne sont pas des jeux qui sont conçus spécifiquement pour cela, voire spécifiquement à un cadre précis de thérapie. De mon point de vue, la thérapie vise à cibler un problème, puis à le résoudre en utilisant des techniques ou mises en situations précises. Si le jeu thérapeutique vise à résoudre certains problèmes, il faut donc que le jeu soit conçu pour ces problèmes en utilisant les techniques adéquates et en mettant en place les situations qui permettront de débloquer le problème.

Faire du JDR peut être apaisant, car il permet de se libérer, de se livrer, d'être dans l'échange, de casser les barrières, de vivre des émotions. Néanmoins, cela suffit-il à en faire un outil thérapeutique ? Le JDR est-il thérapeutique en lui-même ou bien peut-il servir de support à une thérapie à condition d'être conçu pour cela ?

Edit : Petite réflexion personnelle. Je déteste la confrontation. Partons du postulat que je participe à un JDR thérapeutique sur la confrontation, dans le but de m'aider à gérer ces situations. Si le jeu me confronte en permanence à mon problème, comme tu l'indiquais toi-même Scarlett, ce pilonnage va probablement me faire détester le jeu et m'empêcher de régler le problème. Je me demande quelles pourraient être les mécaniques ou les astuces, sur un plan théorique, qui pourraient permettre de faire voir aux gens sans confrontation leur problématique, par des moyens détournés.

Re: Projet d'adaptation de JDR

07 Jan 2016, 11:47

Scarlett Souris a écrit :Je regardais aussi le JDR "Perdu sous la pluie" j'ai tenté de joindre l'auteur pour lui demander comment régler un achat pdf de son JDR mais pas de réponses depuis plusieurs jours, ce monsieur est joignable facilement?...


Hello Scarlett, je suis avec un intérêt certain ton thread même si je n'ai pas vraiment eu le temps de répondre comme il faudrait.

Désolé d'avoir loupé ton message, c'est jamais très pro quand un auteur empêche quelqu'un de lui prendre son pdf. Tu as essayé de me contacter via mon site ? Pour répondre à ta question, j'ai un compte paypal à feasson at yahoo.fr que tu peux utiliser pour me faire un versement, dans les commentaires tu précises pour quoi c'est et dans la foulée je t'envoie le pdf à l'adresse que tu auras indiqué.

J'en profite pour poster mon avis : comme toi et beaucoup de gens ici je pense, je fais du jdr d'abord pour ressentir des trucs (c'est aussi pour ça que je lis, regarde des films, écoute de la musique...) Après je n'y connais pas grand chose en thérapie, j'imagine que cela peut être utile si c'est dans un environnement contrôlé - je ne m'y risquerais pas moi-même.

A mon faible niveau théorique, je dirai que je ne suis pas à 100 % convaincu par la théorie de la catharsis qui affirme que la fiction nous purge de nos passions, je pense que ce n'est pas exactement ce qui se passe. Je sais aussi que j'ai été tenté en jouant aux Cordes Sensibles d'apporter - sous forme masquée - des éléments de ma vie privée, mais cet aspect n'a guère été concluant. Le jdr tel que je le vois autour de moi ne va pas assez loin dans l'immersion, dans l'implication, dans le réalisme des interactions, pour permettre de débloquer quelque chose ; et je ne suis pas sûr de vouloir qu'il aille dans cette direction. J'apprécie le côté "création sécurisée" du jdr sur table, et c'est notamment pour cela que je n'ai pas une envie énorme de me lancer dans le Grandeur Nature façon nordique. Au cinéma, devant un livre, je suis tout seul, et je m'investis par le truchement d'une fiction extérieure à moi. En jdr, je suis avec des gens, je crée la fiction, tout est plus risqué. Je n'ai pas envie de me livrer trop.

Concernant Perdus sous la pluie, Thomas me cite fort à propos, je n'ai pas créé un jeu avec des enfants pour faire jouer des enfants, mais c'est peut-être aussi parce que je côtoie assez peu d'enfants, et que ceux que j'ai côtoyés avaient l'air plus intéressés par des intrigues à la D&D avec affrontements inter-PJs que par des mini-histoires horrifiques les réduisant à l'impuissance.

Autre anecdote : j'ai fini récemment de lire l'hexalogie Gone, une série de romans pour ados dont le contenu dépasse largement en horreur Sa majesté des mouches et la plupart des romans "pour adultes" que j'ai connus. Je pense aussi à la bd jeunesse Seuls, incroyable de noirceur. Je me demande ce qu'en pensent les lecteurs-cibles, et si les adolescents ne pourraient être un public formidable pour Perdus sous la pluie voire son spin off futur, Libreté ?

Re: Projet d'adaptation de JDR

08 Jan 2016, 15:13

Salut Brisecous, désolé pour ma mémoire vacillante concernant ta nationalité, je me souvenais d'une décalage horaire, je dois confondre :)
Brisecous a écrit :Salut Scarlett,Je me souviens de cette partie qui fut l'une de mes premières parties de MJ, effectivement. Par contre je ne suis pas du tout québécois ! Il me semble également, si je ne te confonds pas, que nous avons fait une partie de JDR avec Thomas Munier (s'échapper des Faubourgs que tu cites.

-Tiens je ne me rappelle pas avoir joué avec toi, tu ne devais pas avoir le même pseudo, tu jouais quel perso?

Brisecous a écrit :Faire du JDR peut être apaisant, car il permet de se libérer, de se livrer, d'être dans l'échange, de casser les barrières, de vivre des émotions. Néanmoins, cela suffit-il à en faire un outil thérapeutique ? Le JDR est-il thérapeutique en lui-même ou bien peut-il servir de support à une thérapie à condition d'être conçu pour cela ?

-Je suis intimement persuadée qu'en effet le JDR via une notion thérapeutique peut se mettre en place, mais cela demande une longue formation professionnelle, ainsi qu'un cadre sécure. Etre en accord avec soi, en paix et à l'écoute de son passif pour ensuite mieux aider les autres, sinon sans tout cela, ce métier est infaisable! Une formation de psychodramatiste existe en France.
Je débute dans le sujet, mais à mon sens tous les JDRs peuvent être thérapeutiques, c'est l'impulsion du MJ qui lui donnera cet aspect là ou non, ou même sans le vouloir, le MJ abordera un sujet qui touche directement un de ses PJs, soit celui-ci s'exprime de suite et généralement (tu remarqueras) ne souhaiteras pas expliquer son malaise (c'est perso et c'est normal), ce qui posera des questionnements autour de la table (voir le MJ sera désolé et se bloquera sur certaines actions pour ne plus gêner son PJ à l'avenir), soit il ne le dit pas, se sent capable d'affronter la situation, car c'est dans le "jeu" rien ne peut lui arriver, son personnage n'est pas lui (dans La Méthode du Dr Chestel, les joueurs revêtent un Masque, celui-ci les protège de toutes les folies que leurs personnages pourront rencontrer pour se préserver "eux"), soit il va se murer dans le silence, délaisser la partie (malheureusement cela arrive souvent sur de grosses tables et le MJ tellement accaparé par les autres joueurs, n'y fera pas attention), et finir par quitter la table.
Encore une fois, c'est une méthode proposée, non imposée :) La différence c'est qu'en psychothérapie, tu parles et certains psy qui se sont formés à cette manière, te répondent et t'aiguillonnent, soit parfois te laisse bavasser pendant des heures entières. Là sûr que oui c'est plus gênant! Non seulement on te répond, mais en plus, le psy est souvent la représentation de ta plus grosse trouille ou de ton ennui le plus noir! Normal que cela dérange. Je conçois complètement que les premières séances de psychodrame doivent être foncièrement et viscéralement poignantes. Je pense qu'ensuite c'est toi et seulement toi qui décide (encore une fois) de si tu te sens capable d'affronter cela. Sachant qu'avant un lien de confiance doit se faire entre le patient et son psy, qu'il se sache en sé-cu-ri-té (rien de possible sans cela) et sur du non jugement. Se confronter à soi même est la plus dure des thérapies, car elle nous ramène à nos erreurs, nos échecs ainsi que des souvenirs cuisants, humiliants, blessants... C'est le patient qui décide, et je pense qu'un jour ou l'autre on a tous envie d'être acteur de sa vie et non plus la victime.

Brisecous a écrit :Edit : Petite réflexion personnelle. Je déteste la confrontation. Partons du postulat que je participe à un JDR thérapeutique sur la confrontation, dans le but de m'aider à gérer ces situations. Si le jeu me confronte en permanence à mon problème, comme tu l'indiquais toi-même Scarlett, ce pilonnage va probablement me faire détester le jeu et m'empêcher de régler le problème. Je me demande quelles pourraient être les mécaniques ou les astuces, sur un plan théorique, qui pourraient permettre de faire voir aux gens sans confrontation leur problématique, par des moyens détournés.

-J'entends que dans le jeu il faut garder une partie de plaisir, mais c'est là que justement le ludique et le thérapeutique se dégage l'un de l'autre. Déjà on n'oblige pas le patient à suivre ou à faire ce genre d'atelier ça lui est proposé, et de plus il peut être un simple spectateur (avec l'accord du patient-acteur de cette séance, ainsi qu'avec de multiples autres choses). A mon sens tu peux avoir trois sortes de JDR:
-Le ludique pur et dur que nous pratiquons tous en tant que PJ, et qui parfois cependant nous amène à devoir aborder un sujet qui nous ennuie (personnellement le sujet ou les situations que j'évite d'abord en tant que PJ est le viol, pourtant en tant que meneuse, et ce récemment, j'ai fais une partie, d'un homme enfermé en prison qui expliquait à son avocat comment il avait sauvagement violé et tué une jeune fille). A mon sens s'approcher d'un truc qui nous gêne en partie ludique est complexe, car on se rapproche trop de "nous", hors beaucoup font des persos un peu exutoires, ou à l'opposés d'eux (comme je l'ai cité plus haut, sur l'étude menée des dessins d'enfants). Se joue généralement en campagne, en fonction de la plateforme, virtuellement ou IRL, avec des personnes que nous connaissons ou non. Là je ne vous apprend rien, c'est le commun de nos parties
-Le ludique/thérapeutique, c'est actuellement ce que je fais passer dans mes parties. Dans le sens que le scénario présenté est assez intéressant pour attacher mes joueurs à l'histoire, et assez pour qu'ils puissent vivres des situations plus que laborieuses et qui font appel à leurs sens du jugement, de la morale et de l'éthique. Dans ces parties, je casse le côté "vous PJs, seraient les héros de cette histoire", certes ils ont des qualités et pas des moindres comme tout un chacun, mais il s'avère qu'en fait c'est aussi beaucoup de défauts et même en farfouillant un peu certaines qualités viennent de gros vilains défauts... Le faire en OS, plutôt qu'en campagne, car les émotions sont fortes et dures à digérer, le débrif est souvent très coloré et mes joueurs sur le coup, étant encore dans le flux de l'histoire parlent à cœur ouvert de leurs émotions sans se dire '"si je dis ça c'est trop perso, c'est trop de "moi", je pourrai pas assumer mes dires ensuite". Le propos est sincère, et la partie permet par la suite de prendre conscience ou de se remettre en question dans la vie de tous les jours quant à certains choix qu'on fait en sachant que ce sont de mauvais choix (j'en reviens à notre notion toute bête du bien et du mal, ou aussi appelé en psycho le "juge intérieur" ou plus cartoonesquement parlant le petit diable sur l'épaule et le petit ange sur l'autre). Maîtrisant essentiellement virtuellement, j'ai fais la même partie avec deux joueurs que je ne connaissais pas, et qui eux se connaissaient (assez jeunes, impulsifs, mais de bonnes idées), et deux joueurs qui ne se connaissaient pas, mais que j'avais connus sur deux parties (où j'étais MJ). Je pense qu'en tant que MJ on a tous notre petit carnet de joueurs avec lesquels on aime bien jouer, car ils répondent à nos attentes en terme de jeu. Il s'avère que ces deux là à mon sens allaient très très bien ensemble. J'ai eu une demi heure de mou, le temps que chacun se mettent dans son rôle (l'un PJ, l'autre sa conscience), et ensuite ça démarré du feu de dieu, un feu d'artifice juste magique. Partie terminée ils étaient à bout de souffle, heureux bien qu'abasourdis par la violence de la partie. Je ne me place nullement en professionnelle de psychologie, je ne dis pas non plus que depuis cette partie, leurs vies a été changées du tout au tout, mais sur un court laps de temps de quelques heures ils ont été confrontés à des choix, à des décisions et des horreurs intimes ou des dilemmes que nous rencontrons tous.
-Le thérapeutique tout court là on entre dans quelque chose de bien précis et pourtant de très large. En effet tu as deux sortes de séances possibles (je parle des plus répandues, car il existe plus de 100 psychodrames possibles à mettre en scène)
1) soit avec d'autres personnes qui ont un problème de communication avec autrui (d'ailleurs on parle plus d'atelier d'affirmation de soi par le cognitif en JDR, que que psychodrame à proprement parler), mieux donner ses intentions pour mieux évoluer avec ses collègues (généralement c'est des soucis au boulot) ou avec des personnes dérangeantes en public (parle tout fort dans une salle de cinéma, musique à fond dans le train...), s'exprimer avec compréhension et empathie, sans chercher pour autant à changer son avis pour plaire à l'autre mais s'affirmer point barre. Ce sont avec des personnes que tu ne connais pas, et qui justement, par ce manque de lien apporte des données nouvelles. Je m'explique, le psy demande à G. d'expliquer son souci (sa secrétaire qui arrive tous les jours en retard d'une demie-heure). Le psy demande à quelqu'un de jouer la secrétaire. On met en place la scène, en plaçant les bureaux comme dans la situation réelle, et G. donne des façons d'être de sa secrétaire. Le JDR dure seulement quelques minutes, les autres observent. G. donne son avis de suite, puis la personne qui a jouée sa secrétaire, puis enfin le reste du groupe. Le psy oriente les réponses, fait rejouer la scène max 3 fois (les autres aussi doivent passer après tout ^^), généralement en 10/15 minutes une situation de tension (et tu serai impressionné des tensions toutes cons comme un retard d'une tierce personne peuvent engendrer comme stress!) est réglée et sera testée le plus vite. les autres séances seront là pour approfondir cette affirmation de soi.
2) soit seul avec ton psy, et le psy accompagné d'un psychodramatiste (c'est lui qui influence la "partie"), pour le moment je n'ai pas de données assez vastes, car je suis en pleine lecture et je préfère avoir plusieurs sons de cloches, ainsi que mon propre avis sur la question avant de m'aventurer à expliquer un truc que je connais tout juste.
3) soit en famille, où chacun se départit de son rôle pour s'approprier le rôle de l'autre et permettre de rétablir les échanges et amener la compréhension de certaines phrases ou actions faites sans avoir réellement réfléchi aux conséquences. Là encore pas assez d'infos là dessus pour permettre une discussion digne d'intérêt.
J'entends totalement et rejoint ton avis sur la choc que cela peut amener de confronter quelqu'un à ses ennuis, problèmes, questionnements. Du peu que j'ai pu lire pour le moment, les séances sont espacées de plusieurs semaines et généralement entre se met facilement en place de l'arthérapie, qui permet au travers des expressions de ton corps (tout hein, danse, écrit, chant, musique, ...) ainsi que des séances de sports type combat (encore une fois je m'avance un peu, sois conscient que ma parole n'est pas d'or, je suis tout autant néophyte que toi quant à ce sujet je commence tout juste mes lectures!). Après on peut avoir des moyens détournés (le sport et l'arthérapie en font partie à mon sens). La psychothérapie est à mon sens quelque chose qui ne doit pas être imposé, car même dans le silence d'un patient se trouve sa manière de communiquer (qu'il soit dans l'idée de pouvoir parler mais de s'y refuser, ou de ne pas pouvoir et de s'exprimer via d'autres solutions)

Salut Mangelune, pas de souci pour le retard, je t'avais écris via fb, mais en effet, comme l'avait si justement relevé Thomas, j'aurai tout aussi bien pu t'écrire directement via ton fofo :)
Mangelune a écrit :A mon faible niveau théorique, je dirai que je ne suis pas à 100 % convaincu par la théorie de la catharsis qui affirme que la fiction nous purge de nos passions, je pense que ce n'est pas exactement ce qui se passe. Je sais aussi que j'ai été tenté en jouant aux Cordes Sensibles d'apporter - sous forme masquée - des éléments de ma vie privée, mais cet aspect n'a guère été concluant. Le jdr tel que je le vois autour de moi ne va pas assez loin dans l'immersion, dans l'implication, dans le réalisme des interactions, pour permettre de débloquer quelque chose ; et je ne suis pas sûr de vouloir qu'il aille dans cette direction. J'apprécie le côté "création sécurisée" du jdr sur table, et c'est notamment pour cela que je n'ai pas une envie énorme de me lancer dans le Grandeur Nature façon nordique. Au cinéma, devant un livre, je suis tout seul, et je m'investis par le truchement d'une fiction extérieure à moi. En jdr, je suis avec des gens, je crée la fiction, tout est plus risqué. Je n'ai pas envie de me livrer trop.

-Le truc, et comme j'ai pu le marquer plus haut, c'est qu'avant tout, tu en es envie. Ce n'est pas imposé de bosser tels problèmes ou telles pathologies. A te lire (navrée d'avance, je suis une nana assez directe, comme je le disais à Frédéric, j'essaye de me soigner, mais il arrive parfois que je sois un peu brute de décoffrage, par avance je m'en excuse ^^), tu parles surtout de ton expérience, et celle-ci n'est pas généralisée. On dirait que c'est comme si tu t'étais dit "why not, j'essaye on verra bien" mais en pensant sérieusement régler quelque chose, et qu'au final tu n'as pas eu l'effet escompté. Je te sens déçu de n'avoir pas eu les résutlats souhaités.
Premièrement, bien que ce JDR soit axé sur les émotions, le MJ n'était pas formé au psychodrame, donc (sans aucunement juger sa façon de maîtriser) pas apte à te diriger correctement dans ta quête de réponses.
Deuxièmement, vous deviez sûrement être à plusieurs dans cette partie, en tant que MJ, tenter de comprendre chacun de ses joueurs et de voir au travers des actions des trucs plus persos est à se taper la tête contre les murs! Ce n'est plus de l'empathie mais un enfer!
Troisièmement j'entends parfaitement le fait que ce ne soit pas sécurisant de parler ouvertement de soi et qui plus est, de choses très intimes avec des gens qu'on connait ou non d'ailleurs. Tu aurais sûrement besoin de trouver une personne avec laquelle tu te sentes en sécurité et surtout qui soit bienveillante (pas de jugements, pas de critiques, juste une personne qui reçoit tes sentiments, bruts, incisifs, avec toute la forme et le ressenti que tu as au fond de toi, sans te manipuler, t'orienter dans des choix qui ne te correspondent pas). J'ai pleinement conscience de la difficulté de cette rencontre, et reste complètement persuadée que les nombreuses années demandées en plus du titre de psychologue clinicien (qui a fait sa thérapie et en paix avec elle-ci pour que le passé ne vienne pas interagir avec les confessions de ses patients ou ne le retourne pas comme une vulgaire chaussette) sont plus que nécessaires pour commencer en toute sécurité une thérapie via le psychodrame. J'entends aussi les risques plus que majeurs que cela pourrait produire, au vue des confidences faites, d'une potentielle relation de dominant (psy)=> soumis (patient). Je comprends que les enjeux sont lourds. Encore une fois c'est une idée qui me trotte dans la tête depuis quelques années et ce n'est qu'à travers ma formation en cours que je me suis motivée à la concrétiser. Je prends contact autant avec des professionnels, des rôlistes, des formateurs qui interviennent dans des écoles, des personnes qui touchent un peu le JDR par certains côtés. Je me penche sur l'aspect, psycho, éducatif, communicatif, quotidien, ...
La psychologie humaine est si vaste et si intéressante. A ce jour il y a énormément d'études en cours ou finies qui nous amènent des choses fabuleuses sur notre interprétation du monde! De plus en plus, des méthodes dites "hors sujets" reviennent et sont prises en compte: magnétisme, hypnose, entre autres! Pourquoi pas le JDR! Ce à quoi je pense, n'est pas nouveau, je n'invente rien, je reprends juste des travaux menés il y a fort longtemps, je constate qu'il y a des formations pour cela, bref, qu'en partie du moins, cette méthode est validée et s'avère intéressante. C'est par sa complexité de mise en place ainsi que l'énorme travail de longue haleine, que la plupart des personnes sont refroidies, mais au vu des résultats, je me dis qu'il y a vraiment un truc à creuser. Je ne cherche pas à révolutionner le monde, je n'ai pas le syndrome du sauveur, je suis juste persuadée que le JDR peut aider. Et entre nous allier plusieurs passions au sein de son travail, alors qu'aux premiers abords cela semblait compliqué, m'apporte un épanouissement énorme! J'en apprends sur l'humain et affine mes façons de maîtriser. Je m'apprends moi-même aussi bête peut-être cette phrase. Après tout je ne suis qu'en formation d'éduc' spé, pas de psy, j'ai déjà 25 ans, et j'ai l'impression d'avoir ouvert un truc que je n'aurai pas le temps de tout comprendre en une vie. C'est une découverte vertigineuse et réellement dévorante. Je lis des tas de bouquins en même temps, radine sur tous les sites de livres possibles pour trouver ces fameux travaux de Moreno (tirages tous épuisés), sans trop claquer de tunes dedans (déjà qu'en vendant tous mes bouquins de JDR que je possède, je pourrais me faire un salaire complet), car les livres sont désormais rares et valent plus de 100e. Trouver des personnes exerçantes, et surtout qui acceptent de me répondre quant à mes questions, ne pas voir s'ouvrir des yeux en soucoupes quand je parle de JDR.. Pétard je suis mordue! Je prends ce que j'ai à prendre et même si mon projet ne se concrétise pas d'une manière ou d'une autre, j'aurai essayé (pour commencer) et enfin j'aurai toujours appris quelque chose et cela, me suffit entièrement :)

Je valide que je vais faire un blog pour regrouper mes lectures, mes impressions, et enfin quand j'oserai des parties tests ludiques/thérapeutiques, en essayant au possible de ne pas le dire en avance pour ne pas troubler le perception et le "merde, un truc thérapeutique, je dois absolument me préserver, sinon je vais dire des trucs persos sans réfléchir"

Plus généralement, je suis extrêmement touchée que ayez prit du temps pour me répondre et me donner vos impressions, même si vos avis ne sont pas en corrélation avec les miens, ils me sont d'autant plus précieux qu'ils me font penser à des problématiques auxquels je n'avais pas pensé. J'espère ne pas paraître avoir "réponse à tout", vos réponses me font énormément réfléchir et je passe parfois plusieurs heures à vous répondre. Je souhaitais donc vous remercier de prendre le temps d'alimenter ce débat :)

Re: Projet d'adaptation de JDR

08 Jan 2016, 18:08

Heureux d'avoir pu t'aider - même si j'admets volontiers ne parler que d'une expérience personnelle, et absolument pas d'une recherche active. Attention par contre à ne pas tirer plus de ce que je dis, que ce que j'ai dit :
- "Je te sens déçu de n'avoir pas eu les résutlats souhaités." Non, aucunement. C'était juste tentant d'essayer, mais au final j'ai eu une très bonne partie, mais qui restait une partie de jdr, c'est à dire que si j'ai ressenti quelques émotions, cela n'a pas eu d'effet "autre". Et c'est sans doute tant mieux.
- "Tu aurais sûrement besoin de trouver une personne avec laquelle tu te sentes en sécurité et surtout qui soit bienveillante (pas de jugements, pas de critiques, juste une personne qui reçoit tes sentiments, bruts, incisifs, avec toute la forme et le ressenti que tu as au fond de toi, sans te manipuler, t'orienter dans des choix qui ne te correspondent pas)." Le terme besoin me gêne énormément. Je n'ai pas vraiment envie d'entrer plus dans les détails sur un forum public ou même en privé avec les personnes qui le parcourent, mais je fais bien la différence entre une thérapie et une partie de jdr "ordinaire", et je ne suis pas sûr d'avoir "besoin" de ce que tu décris ici.

Re: Projet d'adaptation de JDR thérapeutique

09 Jan 2016, 13:35

Juste une réflexion personnelle à toutes fins utiles :

Quand je fais du jeu de rôle, il m'arrive souvent de forcer l'aspect cathartique de la partie en emmenant volontairement des choses personnelles dans mon personnage, des problématiques que je peux avoir ou que j'ai pu avoir, ou un trait de caractère que je pense avoir. Je le fais souvent avec un filtre fictionnel (j'imagine un exemple : si je voulais parler de mon ancienne addiction à la cigarette, peut-être que j'incarnerais un héroïnomane).

Mais je le fais sans jamais préciser aux autres joueur.se.s que je suis en train d'investir quelque chose de personnel dans la partie. Cela reste mon expérience intime, et pour mon confort, c'est important que cela reste : le droit de taire qu'est-ce qui est personnel et qu'est-ce qui est imaginaire.

De même, je pense aussi que le jeu de rôle permet de nous exprimer en utilisant la pensée symbolique. Certes, on masque notre véritable message, mais au moins de façon intime on le comprend.

Quand je joue cathartique, j'utilise les liens avec les autres personnages uniquement pour enrichir ma catharsis, pour avoir des vis-à-vis. Je ne préjuge jamais de la volonté cathartique des autres joueur.se.s et ne les invite jamais à jouer cathartique.

Pour préserver justement ce droit à taire la catharsis personnelle, j'éviterai de vous citer trop d'exemples, je vais juste faire un lien vers ce compte-rendu où j'ai joué cathartique (je joue le personnage de Pierre Janvier), parce que la problématique que j'ai explorée à travers mon perso, je l'ai assez largement partagé en public, donc elle n'a rien de secrète. Et pendant cette partie, j'ai évité de préciser aux deux autres joueurs que j'étais en train de jouer cathartique.
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