Salut Brisecous, désolé pour ma mémoire vacillante concernant ta nationalité, je me souvenais d'une décalage horaire, je dois confondre :)
Brisecous a écrit :Salut Scarlett,Je me souviens de cette partie qui fut l'une de mes premières parties de MJ, effectivement. Par contre je ne suis pas du tout québécois ! Il me semble également, si je ne te confonds pas, que nous avons fait une partie de JDR avec Thomas Munier (s'échapper des Faubourgs que tu cites.
-Tiens je ne me rappelle pas avoir joué avec toi, tu ne devais pas avoir le même pseudo, tu jouais quel perso?
Brisecous a écrit :Faire du JDR peut être apaisant, car il permet de se libérer, de se livrer, d'être dans l'échange, de casser les barrières, de vivre des émotions. Néanmoins, cela suffit-il à en faire un outil thérapeutique ? Le JDR est-il thérapeutique en lui-même ou bien peut-il servir de support à une thérapie à condition d'être conçu pour cela ?
-Je suis intimement persuadée qu'en effet le JDR via une notion thérapeutique peut se mettre en place, mais cela demande une longue formation professionnelle, ainsi qu'un cadre sécure. Etre en accord avec soi, en paix et à l'écoute de son passif pour ensuite mieux aider les autres, sinon sans tout cela, ce métier est infaisable! Une formation de psychodramatiste existe en France.
Je débute dans le sujet, mais à mon sens tous les JDRs peuvent être thérapeutiques, c'est l'impulsion du MJ qui lui donnera cet aspect là ou non, ou même sans le vouloir, le MJ abordera un sujet qui touche directement un de ses PJs, soit celui-ci s'exprime de suite et généralement (tu remarqueras) ne souhaiteras pas expliquer son malaise (c'est perso et c'est normal), ce qui posera des questionnements autour de la table (voir le MJ sera désolé et se bloquera sur certaines actions pour ne plus gêner son PJ à l'avenir), soit il ne le dit pas, se sent capable d'affronter la situation, car c'est dans le "jeu" rien ne peut lui arriver, son personnage n'est pas lui (dans La Méthode du Dr Chestel, les joueurs revêtent un Masque, celui-ci les protège de toutes les folies que leurs personnages pourront rencontrer pour se préserver "eux"), soit il va se murer dans le silence, délaisser la partie (malheureusement cela arrive souvent sur de grosses tables et le MJ tellement accaparé par les autres joueurs, n'y fera pas attention), et finir par quitter la table.
Encore une fois, c'est une méthode proposée, non imposée :) La différence c'est qu'en psychothérapie, tu parles et certains psy qui se sont formés à cette manière, te répondent et t'aiguillonnent, soit parfois te laisse bavasser pendant des heures entières. Là sûr que oui c'est plus gênant! Non seulement on te répond, mais en plus, le psy est souvent la représentation de ta plus grosse trouille ou de ton ennui le plus noir! Normal que cela dérange. Je conçois complètement que les premières séances de psychodrame doivent être foncièrement et viscéralement poignantes. Je pense qu'ensuite c'est toi et seulement toi qui décide (encore une fois) de si tu te sens capable d'affronter cela. Sachant qu'avant un lien de confiance doit se faire entre le patient et son psy, qu'il se sache en sé-cu-ri-té (rien de possible sans cela) et sur du non jugement. Se confronter à soi même est la plus dure des thérapies, car elle nous ramène à nos erreurs, nos échecs ainsi que des souvenirs cuisants, humiliants, blessants... C'est le patient qui décide, et je pense qu'un jour ou l'autre on a tous envie d'être acteur de sa vie et non plus la victime.
Brisecous a écrit :Edit : Petite réflexion personnelle. Je déteste la confrontation. Partons du postulat que je participe à un JDR thérapeutique sur la confrontation, dans le but de m'aider à gérer ces situations. Si le jeu me confronte en permanence à mon problème, comme tu l'indiquais toi-même Scarlett, ce pilonnage va probablement me faire détester le jeu et m'empêcher de régler le problème. Je me demande quelles pourraient être les mécaniques ou les astuces, sur un plan théorique, qui pourraient permettre de faire voir aux gens sans confrontation leur problématique, par des moyens détournés.
-J'entends que dans le jeu il faut garder une partie de plaisir, mais c'est là que justement le ludique et le thérapeutique se dégage l'un de l'autre. Déjà on n'oblige pas le patient à suivre ou à faire ce genre d'atelier ça lui est proposé, et de plus il peut être un simple spectateur (avec l'accord du patient-acteur de cette séance, ainsi qu'avec de multiples autres choses). A mon sens tu peux avoir trois sortes de JDR:
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Le ludique pur et dur que nous pratiquons tous en tant que PJ, et qui parfois cependant nous amène à devoir aborder un sujet qui nous ennuie (personnellement le sujet ou les situations que j'évite d'abord en tant que PJ est le viol, pourtant en tant que meneuse, et ce récemment, j'ai fais une partie, d'un homme enfermé en prison qui expliquait à son avocat comment il avait sauvagement violé et tué une jeune fille). A mon sens s'approcher d'un truc qui nous gêne en partie ludique est complexe, car on se rapproche trop de "nous", hors beaucoup font des persos un peu exutoires, ou à l'opposés d'eux (comme je l'ai cité plus haut, sur l'étude menée des dessins d'enfants). Se joue généralement en campagne, en fonction de la plateforme, virtuellement ou IRL, avec des personnes que nous connaissons ou non. Là je ne vous apprend rien, c'est le commun de nos parties
-Le ludique/thérapeutique, c'est actuellement ce que je fais passer dans mes parties. Dans le sens que le scénario présenté est assez intéressant pour attacher mes joueurs à l'histoire, et assez pour qu'ils puissent vivres des situations plus que laborieuses et qui font appel à leurs sens du jugement, de la morale et de l'éthique. Dans ces parties, je casse le côté "vous PJs, seraient les héros de cette histoire", certes ils ont des qualités et pas des moindres comme tout un chacun, mais il s'avère qu'en fait c'est aussi beaucoup de défauts et même en farfouillant un peu certaines qualités viennent de gros vilains défauts... Le faire en OS, plutôt qu'en campagne, car les émotions sont fortes et dures à digérer, le débrif est souvent très coloré et mes joueurs sur le coup, étant encore dans le flux de l'histoire parlent à cœur ouvert de leurs émotions sans se dire '"si je dis ça c'est trop perso, c'est trop de "moi", je pourrai pas assumer mes dires ensuite". Le propos est sincère, et la partie permet par la suite de prendre conscience ou de se remettre en question dans la vie de tous les jours quant à certains choix qu'on fait en sachant que ce sont de mauvais choix (j'en reviens à notre notion toute bête du bien et du mal, ou aussi appelé en psycho le "juge intérieur" ou plus cartoonesquement parlant le petit diable sur l'épaule et le petit ange sur l'autre). Maîtrisant essentiellement virtuellement, j'ai fais la même partie avec deux joueurs que je ne connaissais pas, et qui eux se connaissaient (assez jeunes, impulsifs, mais de bonnes idées), et deux joueurs qui ne se connaissaient pas, mais que j'avais connus sur deux parties (où j'étais MJ). Je pense qu'en tant que MJ on a tous notre petit carnet de joueurs avec lesquels on aime bien jouer, car ils répondent à nos attentes en terme de jeu. Il s'avère que ces deux là à mon sens allaient très très bien ensemble. J'ai eu une demi heure de mou, le temps que chacun se mettent dans son rôle (l'un PJ, l'autre sa conscience), et ensuite ça démarré du feu de dieu, un feu d'artifice juste magique. Partie terminée ils étaient à bout de souffle, heureux bien qu'abasourdis par la violence de la partie. Je ne me place nullement en professionnelle de psychologie, je ne dis pas non plus que depuis cette partie, leurs vies a été changées du tout au tout, mais sur un court laps de temps de quelques heures ils ont été confrontés à des choix, à des décisions et des horreurs intimes ou des dilemmes que nous rencontrons tous.
-Le thérapeutique tout court là on entre dans quelque chose de bien précis et pourtant de très large. En effet tu as deux sortes de séances possibles (je parle des plus répandues, car il existe plus de 100 psychodrames possibles à mettre en scène)
1) soit avec d'autres personnes qui ont un problème de communication avec autrui (d'ailleurs on parle plus d'atelier d'affirmation de soi par le cognitif en JDR, que que psychodrame à proprement parler), mieux donner ses intentions pour mieux évoluer avec ses collègues (généralement c'est des soucis au boulot) ou avec des personnes dérangeantes en public (parle tout fort dans une salle de cinéma, musique à fond dans le train...), s'exprimer avec compréhension et empathie, sans chercher pour autant à changer son avis pour plaire à l'autre mais s'affirmer point barre. Ce sont avec des personnes que tu ne connais pas, et qui justement, par ce manque de lien apporte des données nouvelles. Je m'explique, le psy demande à G. d'expliquer son souci (sa secrétaire qui arrive tous les jours en retard d'une demie-heure). Le psy demande à quelqu'un de jouer la secrétaire. On met en place la scène, en plaçant les bureaux comme dans la situation réelle, et G. donne des façons d'être de sa secrétaire. Le JDR dure seulement quelques minutes, les autres observent. G. donne son avis de suite, puis la personne qui a jouée sa secrétaire, puis enfin le reste du groupe. Le psy oriente les réponses, fait rejouer la scène max 3 fois (les autres aussi doivent passer après tout ^^), généralement en 10/15 minutes une situation de tension (et tu serai impressionné des tensions toutes cons comme un retard d'une tierce personne peuvent engendrer comme stress!) est réglée et sera testée le plus vite. les autres séances seront là pour approfondir cette affirmation de soi.
2) soit seul avec ton psy, et le psy accompagné d'un psychodramatiste (c'est lui qui influence la "partie"), pour le moment je n'ai pas de données assez vastes, car je suis en pleine lecture et je préfère avoir plusieurs sons de cloches, ainsi que mon propre avis sur la question avant de m'aventurer à expliquer un truc que je connais tout juste.
3) soit en famille, où chacun se départit de son rôle pour s'approprier le rôle de l'autre et permettre de rétablir les échanges et amener la compréhension de certaines phrases ou actions faites sans avoir réellement réfléchi aux conséquences. Là encore pas assez d'infos là dessus pour permettre une discussion digne d'intérêt.
J'entends totalement et rejoint ton avis sur la choc que cela peut amener de confronter quelqu'un à ses ennuis, problèmes, questionnements. Du peu que j'ai pu lire pour le moment, les séances sont espacées de plusieurs semaines et généralement entre se met facilement en place de l'arthérapie, qui permet au travers des expressions de ton corps (tout hein, danse, écrit, chant, musique, ...) ainsi que des séances de sports type combat (encore une fois je m'avance un peu, sois conscient que ma parole n'est pas d'or, je suis tout autant néophyte que toi quant à ce sujet je commence tout juste mes lectures!). Après on peut avoir des moyens détournés (le sport et l'arthérapie en font partie à mon sens). La psychothérapie est à mon sens quelque chose qui ne doit pas être imposé, car même dans le silence d'un patient se trouve sa manière de communiquer (qu'il soit dans l'idée de pouvoir parler mais de s'y refuser, ou de ne pas pouvoir et de s'exprimer via d'autres solutions)
Salut Mangelune, pas de souci pour le retard, je t'avais écris via fb, mais en effet, comme l'avait si justement relevé Thomas, j'aurai tout aussi bien pu t'écrire directement via ton fofo :)
Mangelune a écrit :A mon faible niveau théorique, je dirai que je ne suis pas à 100 % convaincu par la théorie de la catharsis qui affirme que la fiction nous purge de nos passions, je pense que ce n'est pas exactement ce qui se passe. Je sais aussi que j'ai été tenté en jouant aux Cordes Sensibles d'apporter - sous forme masquée - des éléments de ma vie privée, mais cet aspect n'a guère été concluant. Le jdr tel que je le vois autour de moi ne va pas assez loin dans l'immersion, dans l'implication, dans le réalisme des interactions, pour permettre de débloquer quelque chose ; et je ne suis pas sûr de vouloir qu'il aille dans cette direction. J'apprécie le côté "création sécurisée" du jdr sur table, et c'est notamment pour cela que je n'ai pas une envie énorme de me lancer dans le Grandeur Nature façon nordique. Au cinéma, devant un livre, je suis tout seul, et je m'investis par le truchement d'une fiction extérieure à moi. En jdr, je suis avec des gens, je crée la fiction, tout est plus risqué. Je n'ai pas envie de me livrer trop.
-Le truc, et comme j'ai pu le marquer plus haut, c'est qu'avant tout, tu en es envie. Ce n'est pas imposé de bosser tels problèmes ou telles pathologies. A te lire (navrée d'avance, je suis une nana assez directe, comme je le disais à Frédéric, j'essaye de me soigner, mais il arrive parfois que je sois un peu brute de décoffrage, par avance je m'en excuse ^^), tu parles surtout de ton expérience, et celle-ci n'est pas généralisée. On dirait que c'est comme si tu t'étais dit "why not, j'essaye on verra bien" mais en pensant sérieusement régler quelque chose, et qu'au final tu n'as pas eu l'effet escompté. Je te sens déçu de n'avoir pas eu les résutlats souhaités.
Premièrement, bien que ce JDR soit axé sur les émotions, le MJ n'était pas formé au psychodrame, donc (sans aucunement juger sa façon de maîtriser) pas apte à te diriger correctement dans ta quête de réponses.
Deuxièmement, vous deviez sûrement être à plusieurs dans cette partie, en tant que MJ, tenter de comprendre chacun de ses joueurs et de voir au travers des actions des trucs plus persos est à se taper la tête contre les murs! Ce n'est plus de l'empathie mais un enfer!
Troisièmement j'entends parfaitement le fait que ce ne soit pas sécurisant de parler ouvertement de soi et qui plus est, de choses très intimes avec des gens qu'on connait ou non d'ailleurs. Tu aurais sûrement besoin de trouver une personne avec laquelle tu te sentes en sécurité et surtout qui soit
bienveillante (pas de jugements, pas de critiques, juste une personne qui reçoit tes sentiments, bruts, incisifs, avec toute la forme et le ressenti que tu as au fond de toi, sans te manipuler, t'orienter dans des choix qui ne te correspondent pas). J'ai pleinement conscience de la difficulté de cette rencontre, et reste complètement persuadée que les nombreuses années demandées en plus du titre de psychologue clinicien (qui a fait sa thérapie et en paix avec elle-ci pour que le passé ne vienne pas interagir avec les confessions de ses patients ou ne le retourne pas comme une vulgaire chaussette) sont plus que nécessaires pour commencer en toute sécurité une thérapie via le psychodrame. J'entends aussi les risques plus que majeurs que cela pourrait produire, au vue des confidences faites, d'une potentielle relation de dominant (psy)=> soumis (patient). Je comprends que les enjeux sont lourds. Encore une fois c'est une idée qui me trotte dans la tête depuis quelques années et ce n'est qu'à travers ma formation en cours que je me suis motivée à la concrétiser. Je prends contact autant avec des professionnels, des rôlistes, des formateurs qui interviennent dans des écoles, des personnes qui touchent un peu le JDR par certains côtés. Je me penche sur l'aspect, psycho, éducatif, communicatif, quotidien, ...
La psychologie humaine est si vaste et si intéressante. A ce jour il y a énormément d'études en cours ou finies qui nous amènent des choses fabuleuses sur notre interprétation du monde! De plus en plus, des méthodes dites "hors sujets" reviennent et sont prises en compte: magnétisme, hypnose, entre autres! Pourquoi pas le JDR! Ce à quoi je pense, n'est pas nouveau, je n'invente rien, je reprends juste des travaux menés il y a fort longtemps, je constate qu'il y a des formations pour cela, bref, qu'en partie du moins, cette méthode est validée et s'avère intéressante. C'est par sa complexité de mise en place ainsi que l'énorme travail de longue haleine, que la plupart des personnes sont refroidies, mais au vu des résultats, je me dis qu'il y a vraiment un truc à creuser. Je ne cherche pas à révolutionner le monde, je n'ai pas le syndrome du sauveur, je suis juste persuadée que le JDR peut aider. Et entre nous allier plusieurs passions au sein de son travail, alors qu'aux premiers abords cela semblait compliqué, m'apporte un épanouissement énorme! J'en apprends sur l'humain et affine mes façons de maîtriser. Je m'apprends moi-même aussi bête peut-être cette phrase. Après tout je ne suis qu'en formation d'éduc' spé, pas de psy, j'ai déjà 25 ans, et j'ai l'impression d'avoir ouvert un truc que je n'aurai pas le temps de tout comprendre en une vie. C'est une découverte vertigineuse et réellement dévorante. Je lis des tas de bouquins en même temps, radine sur tous les sites de livres possibles pour trouver ces fameux travaux de Moreno (tirages tous épuisés), sans trop claquer de tunes dedans (déjà qu'en vendant tous mes bouquins de JDR que je possède, je pourrais me faire un salaire complet), car les livres sont désormais rares et valent plus de 100e. Trouver des personnes exerçantes, et surtout qui acceptent de me répondre quant à mes questions, ne pas voir s'ouvrir des yeux en soucoupes quand je parle de JDR.. Pétard je suis mordue! Je prends ce que j'ai à prendre et même si mon projet ne se concrétise pas d'une manière ou d'une autre, j'aurai essayé (pour commencer) et enfin j'aurai toujours appris quelque chose et cela, me suffit entièrement :)
Je valide que je vais faire un blog pour regrouper mes lectures, mes impressions, et enfin quand j'oserai des parties tests ludiques/thérapeutiques, en essayant au possible de ne pas le dire en avance pour ne pas troubler le perception et le "merde, un truc thérapeutique, je dois absolument me préserver, sinon je vais dire des trucs persos sans réfléchir"
Plus généralement, je suis extrêmement touchée que ayez prit du temps pour me répondre et me donner vos impressions, même si vos avis ne sont pas en corrélation avec les miens, ils me sont d'autant plus précieux qu'ils me font penser à des problématiques auxquels je n'avais pas pensé. J'espère ne pas paraître avoir "réponse à tout", vos réponses me font énormément réfléchir et je passe parfois plusieurs heures à vous répondre. Je souhaitais donc vous remercier de prendre le temps d'alimenter ce débat :)