Le jeu de rôle, art méta-fictionnel par excellence

[Eugénie]

Ok, je comprend mieux ton propos et je ne peux aller que dans ton sens.

Idem. Merci.

[Mangelune]

Rolistes, unissez-vous sous ma bannière méta-fictionnelle :)

Maintenant la grande question: c'est le rôle de qui de réguler le niveau de méta ? L'auteur via le jeu ? Le MJ ? La table ? Les joueurs ? Le contra social ? Un peu tout le monde ?

Pour le coup cela dépend du jeu et des groupes, c'est juste une donnée à prendre en compte dans la rédaction et éventuellement dans les debriefings de partie. Souvent, j'imagine que c'est un mélange entre les règles, la dynamique de la table, les égos de chacun...

[Guylène]

Dans l’ensemble je suis vraiment d’accord avec toi Vivien.

En revanche, je ne suis pas d’accord avec Maxime quand il dit

« les éléments purement méta non fictionnel (extradiégétique donc) sont à réduire au minimum en jdr »

Typiquement, en réponse au premier article de Vivien, le rire extra-diégétique est-il à bannir ? Je ne pense pas. Il faut s’en méfier certes, mais il ne faut pas tomber dans un extrême… du type « C’est sérieux là, on joue» Une partie de jeu de rôle reste un moment de partage, qui ne doit pas se transformer en devoir d’écolier.

Vivien, je serais curieuse d’avoir ton (vos) avis sur la méta-fiction dans le jeu que j’ai écris pour la Game Chef "...Un dernier verre" https://drive.google.com/file/d/0B8l_3UkFp_gCNFJXaU1qdGV5dFE/view?usp=sharing (NON ! ceci n’est pas de la publicité cachée !). Et je dis « Vivien » parce que je n’ai aucun remords à lui demander de lire mon jeu, j’en ai plus à vous demandez à vous tous. Mais si ça vous intéresse, allez-y bien sûr, j’en serai ravie.
En effet dans le jeu j’ai introduit deux niveaux de fictions : les personnages se retrouvent dans un bar, et se racontent leurs vies, sur base de flashback. Il y a deux types de scènes :

- Les flashbacks, qui sont des séquences de mise en scène d’un épisode de la vie des personnages
- Les « points comptoirs » où les personnages parlent des différentes scènes qu’ils viennent de se raconter.

Je suis en train de retravailler les mécaniques, mais du coup on a deux fictions qui se répondent. Si j’applique ce qui a été dit ici, ne pourrait-on pas y voir une méta-fiction à l’intérieur de la fiction A (des personnages dans un bar qui discutent de leurs vies« ah t’as vraiment pas de chance, ta mère a l’air d’être une sacré mégère ! ») concernant la fiction B (les flashbacks) ? La méta-fiction ne serait donc pas forcément extra-diégétique ???

Steve (et Frédéric s’il passe par là), toi qui a lu et joué à ce jeu, qu’en penses-tu ?

[Mangelune]

C'est une très bonne question, qui se pose aussi à propos de Sens Néant par exemple. A mon sens on est devant un problème de définition là : on peut ou non décider que ce qu'on nomme méta-fiction inclut aussi les fictions qui en englobent d'autres (un peu comme les récits de Shéhérazade commentant les histoires imbriquées les unes dans les autres).

Et là je suis bien embêté pour dire si oui ou non c'est de la méta-fiction.
- D'un côté non : c'est de la fiction, et toutes les fictions ont même nature, notre monde est normalement le seul réel (je sais, ce n'est pas le meilleur forum pour l'affirmer). En plus, dans ton jeu Guylène il me semble que les personnages font comme si le flashback était "réel", ils ne jugent pas de la fiction en tant qu'histoire inventée. Or je pense que pour pouvoir parler de méta-fiction, il faut que le discours prenne en compte le caractère fictif du récit.
- D'un autre côté oui : quand les personnages de la fiction globale parlent de la sous-fiction, il devient encore plus difficile de distinguer le joueur de son personnage - si je félicite untel pour ce qu'il a raconté, est-ce que je m'exprime en tant que personnage de fiction ou en tant que joueur ? Et puis on peut dire que les personnages ne sont pas dupes du caractère fictif des flashbacks, qu'ils jugent d'abord une bonne histoire sans tenir compte de sa véracité.

Enfin bon là on arrive à mes limites conceptuelles, et il me faudrait hélas lire des ouvrages sur le sujet pour pouvoir affirmer quoi que ce soit. Je m'intéresse pour le moment plus à ce qu'on peut en faire dans un système de jeu (au sens large) qu'aux limites de la définition.

[Guylène]

Appelez Gérard Genette !!

[Romaric Briand]

Moi, comme tu t'en doutes, je suis totalement d'accord avec toi, Vivien. Le jeu de rôle est toujours une activité méta-fictionnelle, mais ce n'est un art méta-récit que dans certains cas très précis (comme dans le JDR épistolaire par exemple, et encore ça se discute).

On dirait - pour reprendre les lourdeurs du Maelstrom - que c'est un art META-contenu-fictionnel. C'est cette dimension META qui rend le contenu fictionnel malléable, toujours pour reprendre la terminologie du Maelstrom.

Je suis totalement d'accord avec toi... ça devient un peu une habitude. J'en profite pour te signaler aussi que j'ai beaucoup aimer l'article sur l'humour dans le JDR. La prochaine fois, c'est promis, je ne serai pas d'accord et ce sera peut-être dans nos micros ;)

[Mangelune]

On dirait - pour reprendre les lourdeurs du Maelstrom - que c'est un art META-contenu-fictionnel. C'est cette dimension META qui rend le contenu fictionnel malléable, toujours pour reprendre la terminologie du Maelstrom.

Argh tu as réussi à créer un terme encore plus barbare que "contenu fictionnel malléable" !

Je pense néanmoins comprendre ce que tu veux dire par là et, querelle de mots mis à part, je pense aussi qu'on est d'accord sur le fond. Heureusement d'ailleurs, puisque comme je le disais ce que j'ai aimé du Maelström est une des origines de cette réflexion !