Sur l'édition indépendante

Réflexions et billets d'humeur

Sur l'édition indépendante

Message par Epiphanie (Julien) » 12 Mai 2014, 12:36

Merci Fabien, de m'ouvrir ton espace!

Reprise de la discussion commencée suite au dernier Podcast de La Cellule (http://cellulis.blogspot.fr/2012/12/podcast-jdr-le-jeu-de-role-independant.html) consacré à la librairie Charybde. Je recopie mon post initial. Si vous avez des questions, n'hésitez pas!

Alors sur la question de l'édition indépendante, si tu as des questions, je crois que je peux essayer de t'y répondre. Je bosse pour deux éditeurs dits indépendants, et je travaille aussi sur des opérations de mise en valeur de l'édition indépendante en librairie et sur le net.

La définition d'un éditeur indépendant, stricto sensu, c'est la même que celle que Hugues donne de la librairie, c'est à dire un éditeur qui agit avec ses fonds propres, et pas pour le compte d'un groupe. Exemple: Grasset, ou Fayard appartiennent au groupe Hachette, Denoël appartient à Gallimard.... Ils ne sont donc pas indépendants. En revanche, Les Moutons électriques, Le Diable Vauvert, les éditions Toussaint Louverture (http://www.monsieurtoussaintlouverture.net/) ou Dystopia (http://www.dystopia.fr/) travaillent sur leurs fonds propres, et sont donc indépendants.

L'indépendance n'est certes pas un gage de qualité, comme il l'a été dit dans le podcast (et ce que nombre de ces éditeurs ont tendance à oublier), et de grands groupes publient des collections, ou des livres magnifiques. Mais, à l'heure actuelle, le vivier de création et de renouvellement de la littérature (et même plus largement du livre, autant texte qu'objet), c'est parmi les éditeurs indépendants qu'on le trouve, et ce, en grande partie pour des raisons économiques. Les grands groupes sont sur une stratégie à la fois du "coup" et du "classique", bref, de livres qui se vendent à grande échelle (disons à plus de 3000 exemplaires en moyenne, même si ce seuil diminue), soit sur un temps très court, soit sur un temps très long. Un livre qui ne s'impose pas un mois et demi après sa publication est mort et tous ses exemplaires (enfin la plupart) s'en vont joyeusement au pilon. Un éditeur indépendant de taille moyenne ou petite n'a pas les frais de structure des grosses boites. Il est souvent plus flexible quant à la commercialisation de ses livres et peut les pousser plus longtemps (1, 2, 5 ou même 10 ans). Il a besoin de moins de ventes immédiates pour rentrer dans ses frais (ça peut aller de 100 à 1200 ventes alors que pour un éditeur de groupe, 2500 ventes en très peu de temps est souvent un minimum). Il réalise souvent un travail éditorial plus poussé sur l'ouvrage: accompagnement de l'auteur sur des projets plus audacieux, travail sur la forme du livre, la qualité de fabrication ou les illustrations, découverte d'auteurs inconnus, de livres réputés impubliables.
Là encore, ce n'est pas inscrit dans le marbre. Certains grands éditeurs de groupe font encore ce travail, mais c’est quand même de plus ne plus rare.
On pourrait parler aussi des pratiques commerciales, des rapports avec les clients et les libraires...
Epiphanie (Julien)
 
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Epiphanie (Julien) » 12 Mai 2014, 13:26

Justes quelques précautions et précisions pour aborder la discussion

- J'ai eu l'occasion de discuter avec Fabien de ce qu'il entend par indépendance, mais je n'ai pas encore eu le temps d'écouter les podcasts de la Cellule précisant cette notion. Dans le milieu de l'édition, et malgré la définition ci-dessous, c'est encore assez flou.

- D'un point de vue économique, le système de commercialisation des livres est assez différent de celui des jeux de rôles puisque la plupart du temps, les libraires ont un droit de retour sur les invendus, c'est à dire que dans l'année qui suit l'achat d'un livre, ils peuvent le retourner et se faire rembourser par l'éditeur. Les Jdr "mainstream" étant distribués quasi exclusivement par Millénium, distributeur de jeu, les boutiques ne disposent pas de ce droit de retour.

- On est sur une autre échelle en terme de nombre de publications (en moyenne 650 romans sortent durant la dernière semaine d'août et les deux premières de septembre), mais pas tant que ça en terme de ventes (mais j'aurais du mal à donner des chiffres tant la variété des situations est grande)

Ceci étant posé, et plutôt que de me lancer dans un grand exposé rébarbatif, je vais attendre vos questions, ça sera plus vivant.
Epiphanie (Julien)
 
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Mangelune » 12 Mai 2014, 14:31

Merci Epiphanie pour ces précisions !

De mon point de vue, le jeu de rôle (et donc son indépendance) posent des problèmes différents de ceux de l'édition traditionnelle : le nombre d'éditeurs de jdr est très restreint, de même que la capacité du marché à absorber les sorties, du coup il y a moins d'opportunités pour un auteur de percer. Cela signifie un intérêt à s'auto-publier pour gagner en visibilité, contrairement à l'édition "traditionnelle" où les sorties sont innombrables et où l'auto-publication est vue comme un domaine largement amateur (et généralement méprisé). Quelqu'un comme Thomas Munier pourrait peut-être en dire plus sur le sujet.

De plus, si les marges sont à peu près les mêmes que celles de l'édition (un écrivain de jdr reçoit 5-10 % du prix de vente hors taxes), les quantités sont moindres, du coup l'auteur de jdr (amateur ou pro, sauf rares exceptions) reçoit vraiment une misère pour son travail. L'indépendance a donc un intérêt économique à faire sauter les intermédiaires et collaborateurs pour tirer un revenu raisonnable de son travail.

Si j'ai bien compris, on fait la différence en édition traditionnelle entre les termes "indépendant" et "auto-édité" :
- indépendant est employé surtout pour parler des libraires ou des éditeurs qui s'affranchissent de la tutelle des quelques grands groupes comme Hachette & co, ou qui sont possédés par ceux qui y travaillent directement (en schématisant, on peut dire que le propriétaire de librairie indépendante choisit et vend ses livres, le propriétaire de société d'édition indépendante sélectionne ses auteurs et les accompagne individuellement)
- auto-édité est appliqué aux auteurs qui ne passent par aucune structure pour publier leur livre.

Reste notamment la question du nombre de livres vendus pour une maison d'édition indépendante, et la comparaison avec les livres de jdr (qui peuvent s'écouler à 200-500 exemplaires sans que ce soit considéré comme un gros flop)
Contes et histoires à vivre, un site pour parler des Errants d'Ukiyo, de Perdus sous la pluie et du reste.

Pensez aussi à la page Facebook officielle de Perdus sous la pluie.
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Frédéric » 12 Mai 2014, 17:54

Bonjour Épiphanie !
La définition que l'on utilise pour parler d'indépendance en jeu de rôle est celle de Christoph Boeckle :

Un jeu indépendant est un jeu dont les décisions créatives et commerciales sont entre les mains de son auteur, c'est-à-dire qu'il en détient les droits à ces niveaux.

Et c'est synonyme d'auto-édité.
Christoph en parle un peu plus dans ce fil : http://www.silentdrift.net/forum/viewto ... f=2&t=1158
Dernière édition par Frédéric le 12 Mai 2014, 17:56, édité 1 fois.
Frédéric
 
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Frédéric » 12 Mai 2014, 17:56

Notons que je dis "on", mais tout le monde ne partage pas cette définition sur ce forum, et certains la développent dans d'autres directions.
Frédéric
 
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Epiphanie (Julien) » 13 Mai 2014, 20:12

Alors, quelques éléments de réponse et quelques faux semblants

Mangelune a écrit :De mon point de vue, le jeu de rôle (et donc son indépendance) posent des problèmes différents de ceux de l'édition traditionnelle : le nombre d'éditeurs de jdr est très restreint, de même que la capacité du marché à absorber les sorties, du coup il y a moins d'opportunités pour un auteur de percer. Cela signifie un intérêt à s'auto-publier pour gagner en visibilité, contrairement à l'édition "traditionnelle" où les sorties sont innombrables et où l'auto-publication est vue comme un domaine largement amateur (et généralement méprisé). Quelqu'un comme Thomas Munier pourrait peut-être en dire plus sur le sujet.


Si je suis entièrement d'accord avec toi sur cette différence du marché et l'offre plus que monstrueuse que propose l'édition française (indépendante ou non) actuellement, les problèmes ne sont pas forcément différents.
Si je rebondis sur la définition que me donne Frédéric ci-dessus, étrangement, les enjeux sont les mêmes: le contrôle des données économiques et créatives. Il est toutefois difficile de donner une vision unifiée dans le cas de l'édition indépendante, mais il existe un courant, réel mais intangible, d'éditeurs qui vont plus loin et qui respectent cette définition en choisissant que la qualité et l'originalité doivent passer avant les données économiques, ou que, mieux, c'est la qualité (des textes comme des objets) qui permettra au final à l'entreprise de se faire connaître et se développer. Parmi la pléthore d'éditeurs existant, je dirais qu'il y en a une petite centaine qui rentrent dans cette approche du marché et du travail. Et pour ces éditeurs, la donne, en terme de ventes, n'est pas très élevée de ce qui se pratique dans le jeu de rôles.
Ce sont sur ces maisons d'édition que je vais me concentrer car c'est, à mon sens, ici que se font les plus grandes innovations à la fois en termes éditoriaux, et aussi en terme de pratiques économiques novatrices. Il n'est pas rare, chez ces maisons, que les auteurs soient mieux rémunérée, que l'on ne s'accapare pas tous leurs droits mais qu'on les aide à les développer.
Mais surtout, si ces maisons réclament une part d'influence sur le travail de l'auteur, la plupart travaillent en bonne entente avec ceux-ci dans une démarche de confiance réciproque, leur laissant les coudées franches et se comportant finalement comme une sorte de premier lecteur/ super testeur.

De plus, si les marges sont à peu près les mêmes que celles de l'édition (un écrivain de jdr reçoit 5-10 % du prix de vente hors taxes), les quantités sont moindres, du coup l'auteur de jdr (amateur ou pro, sauf rares exceptions) reçoit vraiment une misère pour son travail. L'indépendance a donc un intérêt économique à faire sauter les intermédiaires et collaborateurs pour tirer un revenu raisonnable de son travail.


Reste notamment la question du nombre de livres vendus pour une maison d'édition indépendante, et la comparaison avec les livres de jdr (qui peuvent s'écouler à 200-500 exemplaires sans que ce soit considéré comme un gros flop)


Du coup ce n'est pas forcément différent. Certains éditeurs de poésie considèrent un tirage valide à partir de 150 exemplaires vendus.
La plupart des maisons d'édition du groupe précité sont contentes quand 1500 exemplaires sont vendus, et, à titre personnel, les deux maisons pour lesquelles je travaille ont un chiffre de ventes moyen aux alentours de 600 exemplaires par titre.



Si j'ai bien compris, on fait la différence en édition traditionnelle entre les termes "indépendant" et "auto-édité" :
- indépendant est employé surtout pour parler des libraires ou des éditeurs qui s'affranchissent de la tutelle des quelques grands groupes comme Hachette & co, ou qui sont possédés par ceux qui y travaillent directement (en schématisant, on peut dire que le propriétaire de librairie indépendante choisit et vend ses livres, le propriétaire de société d'édition indépendante sélectionne ses auteurs et les accompagne individuellement)
- auto-édité est appliqué aux auteurs qui ne passent par aucune structure pour publier leur livre.


oui.
Il y a plusieurs choses qui font que l'auto-édition est mal vue.
- La première est un problème de quantité: il y a énormément de livres qui sortent et il est très difficile de s'y retrouver, même pour certains professionnels, et notamment les libraires. A ce stade, la "marque éditoriale" agit comme un "sceau de qualité", ou du moins une quasi certitude qu'il pourrait y avoir des ventes. Cet argument est celui qui est le plus souvent avancé et, à mon sens, il est fallacieux pour la simple et bonne raison que pas mal de libraires vont mettre en pile tout un tas de merdes sorties de chez les grands éditeurs sur la seule foi de marques qui n'assurent plus leurs standards de qualité. Un exemple? La Pléiade, une collection qui, de son simple nom impose le respect... Et qui a sorti plein de volumes tous moisis ces dernières années ne respectant pas l'idéal de qualité qu'incarne la collection. Corollaire: les petits éditeurs indépendants patissent du même problème

- la deuxième: Si c'est fait tout seul, c'est pas fait professionnellement. Là encore, les petits éditeurs pâtissent du même problème: si c'est pas fait chez un gros éditeur, c'est que ce livre ne vaut pas la peine/a été fait comme un sagouin/ a été publié par un pote de l'auteur. C'est tout aussi faux.

- la troisième, qui est aussi la plus "vraie": trop de choses à voir, pas le temps de trier le bon grain de l'ivraie. Les critères de sélection en librairie sont grosso-modo: 1e- Ce qui se vend et les pressions des représentants des groupes de diffusion. 2e- le goût personnel du libraire. 3e- les prescriptions par des lecteurs/la presse ou télé littéraire. et chaque librairie va naviguer entre ces trois points, chacun à sa manière. La librairie Charybde se base surtout sur les points 2 et 3, autant dire que ce n’est vraiment pas courant.

En réalité, on a un secteur d'activité, la chaine du livre, qui est fortement structurée, à la fois par des pratiques ancrées depuis les années 50, et par un modèle économique extrêmement violent, totalement dépassé et destructeur qui privilégie la surproduction de la part des éditeurs, au détriment de la qualité, et la rotation rapide des titres en librairie au détriment d'un travail de sélection et de lecture. Ce mouvement est soutenu, implicitement ou explicitement par la plupart de ses acteurs (de l'auteur au libraire en passant par les plus obscurs diffuseurs, distributeurs et représentants) qui le considèrent soit comme une fatalité indépassable, soit comme la meilleure manière de tirer leur épingle du jeu. C’est un modèle qui encourage les éditeurs à tirer trois fois plus qu'ils ne vendent, à sortir énormément et à standardiser leur production. C’est donc un milieu où l'indépendance est une réelle nécessité et où le développement de nouvelles méthodes de travail est nécessaire.

Quelle place pour l'auto-édition là-dedans? Et bien elle ne peut pas s'imposer par les circuits classiques de commercialisation. Internet arrange un peu ça, en offrant de nouveaux espaces de visibilité, et les solutions en ligne comme Lulu permettent d'avoir des objets relativement aboutis au final, mais les propositions sont là encore tellement pléthoriques, les auteurs en herbe tellement nombreux qu'il est tout de même bien rare que les projets qui en valent vraiment la peine, bénéficient d'un vrai travail puissent trouver le lectorat qu'ils méritent. C'est un peu plus facile pour les petits éditeurs indépendants, mais dans les deux cas, le nerf de la guerre passe à mon sens par les modes de prescription, nouveaux ou anciens, qui réaliseraient un véritable travail de mise en avant: forums, rencontres, soires, lien direct ou non avec le lectorat, présence physique ou virtuelle... tout reste à inventer.
Epiphanie (Julien)
 
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Frédéric » 13 Mai 2014, 20:39

Merci pour ces éclairages, très intéressants !

Je pense que ce qui a permis aux indépendants américains (ou en tout cas, à certains d'entre-eux) de s'imposer sur le marché du jeu de rôle, c'est d'avoir amené des véritables innovations en terme de format de livre, de coût, de nombre de pages (une réduction à tous ces niveaux) et surtout, d'expérience de jeu.

Une certaine pérennité due à une minimisation des risques financiers a sans doute permis aux auteurs de ne pas disparaître du jour au lendemain.

Une communauté s'est formée sur internet et s'est étendue, permettant à certains auteurs un bénéfice confortable (je ne sais pas si l'un d'eux vit de ses ventes de jeux de rôle). Pour une frange du public de ces jeux innovants, indépendance est synonyme de qualité.

Par ici, on s'inscrit en héritage de cette communauté. Le public francophone est cependant moins grand.
Frédéric
 
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Fabien @ InMediasRes » 14 Mai 2014, 18:15

Sur ce sujet, il est important de distinguer le marché stricto sensu du JdR et ceux de la littérature (BD/livres) ou mêmes des autres jeux de cartes/plateau, qui sont des marchés de volume et de cycle de vente court comme l'a très bien expliqué Épiphanie.

Car l'idée même de l'indépendance, au sens artistique, est de s'affranchir des contraintes du marché, qui vont brider la créativité voire disqualifier un projet peu susceptible de trouver preneur. Attention, nous parlons essentiellement du fond d'une oeuvre. Sa forme devant être chez l'indépendant autant (voire plus) irréprochable que celle des éditeurs en place. A moyens égaux s'entend.
Or les contraintes du marché, comment impactent-elles l'éditeur dans ses choix éditoriaux ?
1. l'oeuvre doit être en adéquation avec une cible suffisamment importante pour que les ventes rentabilisent le volume de production minimum
2. l'effort de diffusion de l'oeuvre auprès du public doit permettre de maintenir sa rentabilité

On peut y voir un cercle (vertueux ?) où plus la cible est importante, plus le produit bénéficiera d'une large diffusion, retombés médiatiques en sus. A ce stade, il s'agit de statistiques qui ne reflètent pas la réaction du marché. Il s'agit juste de quantifier (et modérer) le risque. Et c'est là où le cercle devient plutôt vicieux. Car pour limiter le risque et garder la plus grosse cible possible, les éditeurs / producteurs seront tentés de ne pas sortir des sentiers battus.
Un exemple : passionné de hockey, je décide de faire un jeu de plateau sur ce thème. En France, on compte moins de 200 000 licenciés (ice et rollers confondus) et qu'on peut estimer que moins de 20 % d'entre-eux s'intéressent aux jeux de société, autant dire que mon projet ne trouvera pas preneur.
Après il y a toujours moyen d'adapter le marché à son jeu : plutôt que de destiner mon jeu au marché français, je le diffuse exclusivement au Canada et en Europe de l'est où c'est le sport national comptant des millions de fans. Je peux aussi plier mon oeuvre aux caprices du marché et en faire un jeu de foot, multipliant ma cible et mon potentiel de ventes par 50. Mais puis-je alors toujours m'estimer indépendant ?...

Ce principe accepté, un autre en découle : plus un marché est grand plus il faut d'effort pour cibler un segment précis. Ex : si je fais une BD sur du retro-futur-policier-introspectif, j'aurai certainement un petit public intéressé par mon oeuvre, même assez nombreux pour rentabiliser un premier tirage. Mais comment toucher ce public noyé dans la masse des millions de lecteurs de BD, si je ne diffuse pas exagérément l'ouvrage ? Là se dessine les contours du problème : plus on sort des goûts grands public, plus les efforts de diffusion transforment le projet en suicide commercial. Même avec les baisses de coûts de diffusion et de productions apportées par le numérique. C'est pourquoi les gros éditeurs ne le feront pas, même s'ils en ont les moyens. Un indépendant généraliste n'y risquera pas non sa faible trésorerie.
Seul un indépendant spécialisé pourra tirer son épingle du jeu, en se spécialisant dans une niche du marché, pour autant qu'elle soit porteuse, et que l'indépendant ait la trésorerie pour sortir 2-3 publications qui lui permettront d'acquérir l'étiquette de "spécialisé dans".
Et dans tout cela, peu ou pas de place pour l'auto-édition.

Si tout cela est vrai avec la quasi totalité des médias de loisir, il a une exception : le JdR en France. Pourquoi ? Car les faiblesses du JdR français (peu de pratiquants, peu de productions, peu de points de vente) sont également des forces pour le créateur indé qui s'auto-édite. Car quel que soit l'oeuvre, à qualité égale à celle du marché, le produit sera vu comme un phare en pleine mer dès sa sortie. Il ne demandera pas d'efforts délirants en communication ou en diffusion (même en auto-diffusion). De ce fait, le risque financier est limité et les chances qu'il trouve son public optimales.

Surtout qu'aujourd'hui les technologies sont du côté de l'auto-éditeur: le web 2.0 offre un vrai bouches-à-oreilles, l'impression numérique permet des coûts de fabrication optimisés et le financement participatif constitue une vraie solution pour la pré-vente et l'amorce financière d'une auto-édition.
Dans cette idée, le consommateur final est normalement aussi gagnant que l'auteur. La suppression des intermédiaires permet de dégager des économies substantielles, que l'auteur peut garder pour lui ou partager avec son public.
N'allez pas remettre en cause les plus gros éditeurs. Comme dans l'océan, il faut des poissons de toutes les tailles.

Sans compter que le JdR en France (comme ailleurs) est loin d'être un marché au point mort. Et les petits éditeurs et auteurs auto-édités apportent aujourd'hui un souffle nouveau qui pourra amener de nouveaux joueurs dans le giron grâce à une image différente, moins geek et plus mature.

Pour aller plus loin sur la question de l'auto-édition et des nouveaux modèles économiques du livre, je vous recommande le "Reinventing Comics" de Scott McCloud, qui bien que datant de 2000, s'avère être encore d'une surprenante actualité.
Fabien @ InMediasRes
 
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Epiphanie (Julien) » 14 Mai 2014, 19:15

Fabien @ InMediasRes a écrit :Car l'idée même de l'indépendance, au sens artistique, est de s'affranchir des contraintes du marché, qui vont brider la créativité voire disqualifier un projet peu susceptible de trouver preneur. Attention, nous parlons essentiellement du fond d'une oeuvre. Sa forme devant être chez l'indépendant autant (voire plus) irréprochable que celle des éditeurs en place. A moyens égaux s'entend.
Or les contraintes du marché, comment impactent-elles l'éditeur dans ses choix éditoriaux ?
1. l'oeuvre doit être en adéquation avec une cible suffisamment importante pour que les ventes rentabilisent le volume de production minimum
2. l'effort de diffusion de l'oeuvre auprès du public doit permettre de maintenir sa rentabilité


Alors ce n'est pas vrai pour tous les "indépendants". J'organise depuis trois ans des événements en librairie, bibliothèques te cafés, de mise en avant de l'édition indépendante (dans le sens le plus large du terme, mais avec un effort porté sur les projets les moins visibles), et un éditeur me disait que selon lui, le rêve de l'indépendant, c'est de faire un projet à sa manière, de prouver qu'il marche et de se faire racheter par un groupe. Dont acte: l'éditeur venait de se faire racheter et n'avait pas jugé bon de me prévenir à ce moment... Ça ne réduit pas la qualité du travail éditorial (en terme de textes, c'est un bon éditeur), mais ça oriente le travail et, surtout, ça se ressent dans les conditions de travail (emploi d'une personne non salariée pendant plus de deux années, nourrie de belles promesses...)


On peut y voir un cercle (vertueux ?) où plus la cible est importante, plus le produit bénéficiera d'une large diffusion, retombés médiatiques en sus. A ce stade, il s'agit de statistiques qui ne reflètent pas la réaction du marché. Il s'agit juste de quantifier (et modérer) le risque. Et c'est là où le cercle devient plutôt vicieux. Car pour limiter le risque et garder la plus grosse cible possible, les éditeurs / producteurs seront tentés de ne pas sortir des sentiers battus.
Un exemple : passionné de hockey, je décide de faire un jeu de plateau sur ce thème. En France, on compte moins de 200 000 licenciés (ice et rollers confondus) et qu'on peut estimer que moins de 20 % d'entre-eux s'intéressent aux jeux de société, autant dire que mon projet ne trouvera pas preneur.
Après il y a toujours moyen d'adapter le marché à son jeu : plutôt que de destiner mon jeu au marché français, je le diffuse exclusivement au Canada et en Europe de l'est où c'est le sport national comptant des millions de fans. Je peux aussi plier mon oeuvre aux caprices du marché et en faire un jeu de foot, multipliant ma cible et mon potentiel de ventes par 50. Mais puis-je alors toujours m'estimer indépendant ?...

Ce principe accepté, un autre en découle : plus un marché est grand plus il faut d'effort pour cibler un segment précis. Ex : si je fais une BD sur du retro-futur-policier-introspectif, j'aurai certainement un petit public intéressé par mon oeuvre, même assez nombreux pour rentabiliser un premier tirage. Mais comment toucher ce public noyé dans la masse des millions de lecteurs de BD, si je ne diffuse pas exagérément l'ouvrage ? Là se dessine les contours du problème : plus on sort des goûts grands public, plus les efforts de diffusion transforment le projet en suicide commercial. Même avec les baisses de coûts de diffusion et de productions apportées par le numérique. C'est pourquoi les gros éditeurs ne le feront pas, même s'ils en ont les moyens. Un indépendant généraliste n'y risquera pas non sa faible trésorerie.

Seul un indépendant spécialisé pourra tirer son épingle du jeu, en se spécialisant dans une niche du marché, pour autant qu'elle soit porteuse, et que l'indépendant ait la trésorerie pour sortir 2-3 publications qui lui permettront d'acquérir l'étiquette de "spécialisé dans".
Et dans tout cela, peu ou pas de place pour l'auto-édition.


La Niche est une stratégie d'autant plus rentable pour le petit éditeur qu'elle est souvent fortement subventionnée par les pouvoirs publics. Autre différence notable avec le jeu de rôles. Les traductions peuvent être financées à 60% par le centre national du livre, les frais de publication par des instituts culturels ou des bourses spécifiques. Ça représente clairement une manne non négligeable qui n'existe pas pour le JDR.

Mais ce n'est pas la seule solution. Ce que disait Frederic sur la fabrication des jeux, dans leur forme même: format, présentation intérieure etc. est aussi exacte pour l'édition indépendante: il s'agit de trouver de nouvelles manières de publier. Par rapport à mon post précédent, je parlais d'un modèle économique dominant. C'est ça qu'il faut remettre en cause: à combien tire-t-on un livre? plusieurs milliers pour diminuer le coût par exemplaires? Ou plusieurs centaines, quitte à réduire sa marge, mais en contrôlant les flux. La spécialisation et la subvention ne sont pas les seules manières de procéder. Et c'est là que je tire mon chapeau aux auteurs indés: il s'agit de refuser les mécanismes du marché, sans se plaindre et en étant conscient que ça demandera parfois beaucoup plus d'efforts pour faire connaitre et commercialiser son jeu pour faire naître de nouvelles pratiques vertueuses.
Mais ça nécessite des choix, et la mise en place de nouvelles structures.

Je suis personnellement assez bluffé par ce qui se passe ici en terme de test de jeux, de rapports de partie etc. Qu'on s'entende, en terme de littérature, je suis un fervent partisan de l'éditeur car je pense vraiment que la profession a quelque chose de fort à apporter à un auteur en terme de réseau, de questionnement, de confiance en lui et sur plein de points. Mais quand je vois les ateliers imaginaires, je ne peux pas m'empêcher de me dire que si une telle chose existait pour la littérature, je serais moins certain du rôle de l'éditeur. Vous me direz, ça existe: il y a bien des initiatives comme cocyclics, avec des beta lecteur etc. Certes, mais en terme de niveau d'expertise, ça n'a aucune mesure avec ce qui se pratique ici.


Sans compter que le JdR en France (comme ailleurs) est loin d'être un marché au point mort. Et les petits éditeurs et auteurs auto-édités apportent aujourd'hui un souffle nouveau qui pourra amener de nouveaux joueurs dans le giron grâce à une image différente, moins geek et plus mature.


Une vérité toujours bonne à rappeler, et il en est de même pour le livre quelles que soient les jérémiades de 90% des professionnels. Il y a une extrême richesse dans ce qui sort chaque jour, il y a de vrais talents, nouveaux, qui émergent, des structures qui se créent, des pratiques nouvelles qui s'inventent, bref, c’est très stimulant et même si certaines réalités économiques sont dures, il ne faut pas oublier que ce qui peut permettre à un indépendant de faire la différence, c'est certes la qualité de ce qu'il fait, mais c’est aussi la passion qu'il déploie à créer et à défendre ses jeux/livres.
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Mangelune » 15 Mai 2014, 08:59

Effectivement le problème des subventions se pose de façon importante en jdr. Peut-être parce qu'on part perdants dès le départ et refusons de tenter notre chance (en éditant des jeux comme La Chaux de Fond 1904 qui a reçu des aides publiques il me semble ?)

Le problème de la rémunération des acteurs et notamment de l'auteur se pose aussi dans les deux milieux. Il y a un sujet sur le forum Casus No sur les Kickstarter et un éditeur a mis en avant la possibilité pour un éditeur, grâce à la vente directe aux consommateurs, de mieux rémunérer un auteur. Pour le moment c'est assez pauvre : 5 % du prix de vente hors taxes sur un jeu vendu 20 euros à 200 exemplaires, c'est en gros 180 euros qui rentrent dans la poche de l'auteur (moins de 1 euro par exemplaire) ; même si l'auteur touchait 10 % et si l'illustrateur était payé autrement, on serait loin d'une rémunération équitable.

Et les auteurs de jdr n'ont même pas de contrats liés à la vente directe via boutiques en ligne, où une répartition plus avantageuse serait possible.


Après question formats de livres ce que je trouve dommage c'est que l'auto-édition via Lulu & co a tendance à produire des livres A5 standardisés, sans parler du fait que la plupart des auteurs de jdr indépendants ne sont pas vraiment doués en maquettage ou en dessin (encore que pour le dessin ils font souvent appel à un intervenant extérieur), là où les éditeurs offrent une diversité et un professionnalisme bien plus grand. Cela retourne quelque part l'argument de l'originalité en faveur de l'indépendance.
Contes et histoires à vivre, un site pour parler des Errants d'Ukiyo, de Perdus sous la pluie et du reste.

Pensez aussi à la page Facebook officielle de Perdus sous la pluie.
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Frédéric » 15 Mai 2014, 11:30

Sur la question de la beauté de l'objet et du maquettage : Un beau et grand livre cartonné et joliment maquetté coûte généralement plus cher à produire et à imprimer. L'un des partis pris des indépendants américain (desquels on s'inspire par ici), c'est aussi de réduire ces coûts-là et de cette façon rentabiliser plus facilement leurs créations.
Pour ma part, je me sentirais de faire des maquettes encore plus sophistiquées, mais je ne le fais pas et c'est un choix.

Par contre côté uniformisation, il y a probablement une réflexion à avoir. Chez les américains, on trouve une grande diversité, des livres illustrés par des photos, des formats carrés, de tous petits livres (voir Vast 1 Starlit d'Epidiah Ravachol : http://dig1000holes.wordpress.com/vast-starlit/).
Ici, Fabien a illustré La Saveur du ciel avec des photos couleur libres de droit, Thomas propose une version faite main d'Inflorenza (totalement destroy, mais tellement originale et dans le ton du jeu), je pense qu'on gagnera à continuer d'innover.
Frédéric
 
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Fabien @ InMediasRes » 15 Mai 2014, 15:57

Frédéric a écrit :Sur la question de la beauté de l'objet et du maquettage : Un beau et grand livre cartonné et joliment maquetté coûte généralement plus cher à produire et à imprimer.

Ce n'est qu'une face de la médaille. L'autre, encore une fois, est le marché, le consommateur à qui l'on s'adresse.

2 exemples et 1 conclusion :

- L'édition BD franco-belge sort aujourd'hui des tirages de têtes en format demi-raisin avec couverture cartonné et du velin 160 g/m² intérieur (le tout relié cousu) qui coûtent une blinde à produire. Prix public de la bête entre 120 et 180 € pour des 60 à 80 pages. Le tirage est forcément restreint 250 à 500 ex max. Tout part en deux mois... On est sur un client collectionneur (voire spéculateur).

- l'édition jeux de sociétés, après la vague des party-games petits formats, beaucoup d'éditeurs que je croise depuis 2 ans se tournent exclusivement vers le jeu de plateau en grosse boîte. "Plus cher à produire, mais ça se vend aussi bien et on fait deux fois plus de marge". Fin de citation. On est sur un client calculateur du rapport qualité/prix.

Concluons avec l'édition rôliste, c'est quand même le sujet, qui se tourne visiblement vers ces deux types de clientèle depuis quelques années. Les Ed. Sans Détour en tête (gamme Chtulhu), mais également Edge (gamme StarWars), ou de plus petit éditeur comme 7ème Cercle, Footbridge ou John Doe (respectivement gamme Ephémère, boîte de Mouse Guard et boîte d'Oltrée) sortent des produits plus rare, plus beau, plus cher. Jusqu'à présent, je n'ai pas eu de retour de bide ou gouffre financier sur cette stratégie parce que ces éditeurs ont bien ciblé leur clientèle, ses attentes et sa capacité d'achat.

Frédéric a écrit :L'un des partis pris des indépendants américain (desquels on s'inspire par ici), c'est aussi de réduire ces coûts-là et de cette façon rentabiliser plus facilement leurs créations.

Du point de vue de la rentabilité (commencer à gagner de l'argent), c'est juste : on limite le risque financier et les problèmes de trésoreries. Par contre, les sommes engrangées sont loin d'être optimum. Si un joueur est prêt à dépenser 30 à 40 € pour acheter un jeu, pourquoi lui en vendre un à 15 € ? A marge égale, mieux vaut vendre à 40 qu'à 15 ! Surtout sur le secteur du JdR qui n'est pas un marché de volume, et ne le sera probablement pas avant très longtemps. Mais pour cela, il faut que l'ouvrage les vaille. La sobriété et le dépouillement des jeux "indés" ne sont malheureusement pas vendeurs, même à 15 €...

Je parle de la forme, car c'est malheureusement ce qui motive l'acte d'achat sur le JdR. Le fond, on ne le connaît qu'après, ou l'on s'en ait fait une idée via des parties tests ou des articles de presse. Le fond importe aussi, mais pour la suite. Les PDF en prix libre et les textes non-formatés à dispo sont de bonnes stratégies pour les auteurs indépendants pour augmenter leur visibilité.

Il en est du JdR comme de la BD où l'adage dit qu'on achète le 1er tome d'une série pour son dessin, et les suivants pour son scénario.

Alors soignez vos formes...
Dernière édition par Fabien @ InMediasRes le 17 Mai 2014, 08:40, édité 1 fois.
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Thomas Munier » 17 Mai 2014, 07:56

J'ai pas grand chose à ajouter mais je suis cette discussion avec grand intérêt !

Je retiens diverses stratégies possibles pour les auteurs indépendants. Je dis pas que toutes me plaisent, c'est juste une synthèse :
- continuer à privilégier la qualité et le fond
- trouver son originalité dans les formats
- capitaliser sur le pouvoir d'achat des rôlistes en proposant des versions collector ?
- continuer à travailler sa visibilité dans les medias rôlistes
Énergie créative. Univers artisanaux.
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Epiphanie (Julien) » 17 Août 2015, 11:07

Cette nouvelle est tombée récemment: Asmodée reprend Millénium (source: http://gusandco.net/2015/08/16/asmodee- ... aintenant/)

Il me semble que votre position d'indépendance et votre défense de ce modèle va trouver une justification nouvelle.
On parlait des conditions de diffusion/distribution du jeu avec Fabien il y a quelques semaines, et j'avais eu l'occasion de lui dire que si la situation du livre n'était pas très brillante, celle du jeu, avec une boîte (Millénium) en situation de quasi-monopole pour les productions mainstream était catastrophique. Et bien on vient encore de descendre d'un pallier puisque toutes les activités rentables de Millénium lui sont retirées pour ne lui laisser que le traitement du jdr. Je ne sais pas quel chiffre font les éditeurs avec les boutiques, mais une catastrophe s'annonce pour dans pas longtemps s'ils ne révisent pas sérieusement leur modèle. Et à mon sens ça va diriger encore un peu plus les gens vers le financement participatif avec ses qualités... et ses nombreux défauts.
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Re: Sur l'édition indépendante

Message par Frédéric » 17 Août 2015, 11:47

Ça sent mauvais cette histoire...
Je serais curieux d'avoir l'avis d'un éditeur de JdR à ce sujet. Ça doit se trouver sur le net.
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