Les podcasts de La Cellule, Saison 6

[Romaric Briand]

Nouveau podcast sur Le Blog de la Cellule

La forêt hantée de Millevaux regorge de sinueux sentiers qui permettent d'en atteindre le cœur. Hier, avec Inflorenza, nous avions emprunté un chemin narrativiste. Cette semaine, avec Arbre, nous empruntons un chemin simulationniste. Dans ce jeu de rôle classique freeform de Thomas Munier, nous interprétons des vagabonds crasseux, des gueules cassées, en quête de trésors et de gloire.

Avec Thomas et Karim, nous arpentons un village muselé par un code arbitraire, une forêt parcourue de bêtes immondes et une scierie dirigée par un fou. En quoi les mécaniques d'Arbre encouragent-t-elles les propositions créatives simulationistes ? Comment le jeu plonge-t-il ses joueurs dans une ambiance horrifique ? Comment le jeu traite-t-il des relations entre le corps et les propriétés mentales des personnages ? Ce nouveau chapitre de Millevaux est-il aussi freeform que le prétend son auteur ?

http://www.lacellule.net/2014/11/podcast-playtest-n05-arbre.html
(Durée 02 : 31 : 02)

Bonne semaine à tous ! Portez vous bien et surtout jouez bien !

[Frédéric]

J'en suis à mi-écoute, et je dois dire que je trouve ce podcast excellent. Il coïncide avec pas mal de mes interrogations du moment.

Au passage, bravo Thomas, très bonne explication quant au fait que la crédibilité (et même le canon de la partie en fait) est un phénomène de groupe et non un bloc de marbre taillé avant la partie dans le bouquin du jeu.

[Romaric Briand]

On a eu des trucs fabuleux dans cette partie. Des coïncidences incroyables qui montre que le jeu est sacrément bien foutu. ;)

[Thomas Munier]

En fait, ce playtest m'a retourné la tête. La partie ne s'est pas faite sans heurts, et plein de problèmes de contrat social ont émergé. Arbre a vraiment pris un tournant suite à cette partie. J'ai trois rapports de partie qui suivent, avec pour objectif le fait de permettre au joueur de protéger ce qui compte pour lui et d'avoir un meilleur contrôle sur les propriétés de son personnage, et l'idée d'aller vers un système de résolution (oui, rom, je le reconnais, il y en a un, en fait, ce playtest m'a amené à mieux comprendre ce qu'était un système de résolution) encore plus narratif et "invisible".

[Globo]

J'entends l'affirmation : je n'aime pas sombre. C'est du domaine du goût. Moi je n'aime pas le café, par exemple.

Pour le reste, ce que tu dis, Romaric, de sombre révèle plus de la méconnaissance et/ou de l'idée que tu te fais de sombre que de la réalité du jeu.

Par exemple, tu attribue a sombre le fait que Thomas ait définit un tour d'initiative, à un moment de votre partie. Il se trouve qu'il n'y a pas d'initiative a sombre ... Puisque la résolution des actions sont simultanées. Il y a une organisation de la déclaration d'intention, d'abord les PJ (peut importe l'ordre) puis les antagonistes, mais la résolution est simultanée.

Tu reproche ensuite a sombre d'être trop tournée vers l'action, la baston. Je rappel que sombre simule un film d'horreur. Dans les canons du film d'horreur on n’a pas : je passe mon temps a des épanchements romantismes ou je me livre des envolée lyriques ou je réfléchis au sens de la vie ... Mais, je cours, je cris, je me bat pour survivre ...

Cependant, je te concède Romaric que sombre peut virer à la machine à saucisse. Mais, après deux ans de sombre assez intensif en ce qui me concerne, je peux te garantir que cela ne tient pas à la base du jeu mais aux scénarios. Certains scénarios de sombre sont des machines à saucisses et d'autres sont de vrais scénarios, avec de vrais choix pour les joueurs et de vraies interactions possibles entre eux.

Par exemple, j'ai pendant longtemps tenu une position assez virulente contre les parties de jdr de moins de deux heures (notamment les parties d'initiations). Je disais : une partie de jdr en moins de deux heures est au jdr ce que le macdo est à la gastronomie ! Jusqu'à ce que je croise Johan et qu'il me fasse jouer deep espace gore ... Qui est un vrais scénario de jdr en 30 mn explication des règles incluses ... A contrario, et je le lui ai dis de vive voix, je pense que son scénario overlord (qui lui a servi à mettre au point sombre zéro) n'est pas du jdr.

Replaçons maintenant sombre dans son contexte. Il est massivement développé pour être joué en convention, dans des lieux publiques et à des endroits complètement contre immersif. Pourtant, même dans ces conditions là, c'est un des jeux à l'immersion la plus forte que je connaisse. Il faut cependant prendre le soin au préalable bien expliquer aux gens que l'on joue des victimes dans un film d'horreur. Alors même les apartés "déconne" restent dans le canon esthétique et dans l'immersion car le joueur ne sort pas du film. Il se contente de changer de point de vue pour passer de celui de la victime du film à celui du spectateur qui le regarde et qui se fend la gueule devant le film avec ses potes. Alors, on n’est pas dans la contre immersion mais toujours dans le jeu avec un simple glissement de point de vue qui permet aux joueurs de s'autoriser un petit break avec la tension horrifique sans pour autant quitter la fiction. J'irais même plus loin sombre permet l'immersion même dans une « manga fest » avec du cosplay en toile de fond et de la pop asiatique a plein ballon ...

Mais il est possible aussi de faire des scenarios RP où le propos du scénar n’est pas la baston … Je pense notamment à un vieux scenario de maléfice que j’adore. Je ne possède pas maléfice, je le faisais donc jouer avec les règles de l’appel de cthulhu. Les 4 ou 5 dernières fois que je l’ai fait jouer j’ai utilisé sombre … et bien il fonctionner franchement mieux qu’avant …

Alors oui, sombre n’est pas un jeu à campagne. C’est un jeu à one-shoot mais l’intérêt et pour le MJ de pouvoir jouer et rejouer le même scenario jusqu'à le maitriser vraiment. Et croyez moi chaque histoire sera différente …
Oui sombre n’est pas un jeu intimiste à jouer entre potes. C’est un jeu à partager et à jouer avec plein de monde. En faisant jouer et rejouer les scenarios.
Oui sombre ne pousse pas à l’introspection …
Oui il faut accepter que l’on joue des victimes, que son personnages mourra probablement, que ce n’est pas grave et que si on meurt on jouera autre chose que son personnage d’origine dans la fiction.

Enfin, de c’est 3 dernières années, Sombre est le jeu qui m’a fait le plus progresser dans le Jdr. Il est même loin devant les jeux de Vincent Baker. A sombre, j’étais dedans à ma première parti et la première fois que j’ai été MJ ca à marché. AW est un super jeu qui m’a aussi fait progresser mais il m’a fallu entre 8 et 10 parties avant d’arriver à le faire fonctionner à ma table …

Sur ce Romaric, je te mets au défit, trouvons 3 – 4 autres joueur et je vous maitrise mon sombre « RP ». Il sera temps ensuite de parler de sombre …

[Romaric Briand]

Très bonne idée Globo ^^ On se testera Sombre avec toi !

Alors, moi, perso, je ne connais effectivement que deux Sombres, le Sombre de Millevaux et le Sombre zéro. Du coup, je croyais avoir joué à Sombre, mais il semble que non, à en lire ton message. Bon, j'ai aussi fait partie des relecteurs de la première base à l'époque. J'avais essayé d'attirer l'attention de Johan sur le fait qu'il fallait davantage de conseils pour le meneur de jeu afin de garantir qu'une partie de Sombre se passe aussi bien qu'avec lui.

J'avoue ne pas être fan des slashers et comme tu dis chacun ses goûts. ^^

Par contre, je maintiens qu'il y a dans Millevaux beaucoup plus d'aspects à exploiter que ce que Sombre y proposait en matière de partie. J'en veux pour preuve le fait que Thomas en ait fait d'autres jeux ;)

Mais Thomas les aime tous alors que j'aime surtout Arbre, à ce jour.

[Schultz (Jérôme S.)]

Super podcast !
"Tous tes jeux Thomas, sont sadomasochistes".

Et Jérôme comprit alors pourquoi les jeux de Thomas le fascinaient tant...

[Thomas Munier]

Y'a pas de mal à se faire du mal !

[Romaric Briand]

Nouveau podcast de La Cellule sur "le rôle du flic", avec Nicolas Verdes.

Parmi les rôles omniprésents dans les jeux de rôle, on trouve des anarchistes, des terroristes, des résistants mais aussi des défenseurs de l'état. Détective, policier, militaire, autant de rôles qui permettent d'accéder à des compétences et à des équipements très intéressants pour les joueurs que nous sommes. Mais, si ces costumes semblent aussi faciles à revêtir, dans la fiction, le port des ces mêmes uniformes, dans la réalité, implique bien des difficultés pour les hommes et les femmes qui les endossent au quotidien.

Pour ce dernier podcast ADN de l'année, Nicolas Verdes, membre de la police nationale de Rennes, auteur du Revers de la Balle et de La Vérité des Maux, deux livres sur la condition policière, vient témoigner de la réalité de son travail et de sa mission. Quel est le rôle du flic ? Avec quelles réalités doit-il vraiment travailler ? N'est-ce pas un paradoxe, pour lui, de raconter la réalité des maux à travers les mots d'une fiction ? Loin des poncifs hollywoodiens, télévisuels ou rôlistiques, Nicolas témoigne de son rôle d'outil, au service de la loi, au service d'un état qui l'use, pour des médias et des citoyens qui s'en foutent.

http://www.lacellule.net/2014/11/podcast-adn-n11-le-role-du-flic-avec.html
(Durée 02 : 47 : 53)

Un flic dans La Cellule. Oui, mais passera-t-il aux aveux ?
Bonne semaine à tous, portez-vous bien et surtout jouez bien !

[Aristide]

Intervention en retard mais j'y tenais : excellent podcast sur Arbre. MERCI. :)

[Steve J]

Pareil qu'Aristide de mon côté.
Les univers et les jeux de Thomas ont toujours un quelque chose de foutraques, et même de flous, qui fait leur faiblesse mais qui les rend aussi très évocateurs. Sa logique "freeform" (terme que personnellement j'utilise dans un sens complètement différent !) qui tend à se préoccuper plus de la fluidité de la narration que de celle du système de résolution est vraiment intéressante.
Après on a souvent l'impression que cela bouillonne tellement d'idées que Thomas ne les mène pas toutes à leur terme. Par exemple je trouve vraiment intéressant le fait de pousser la logique (tirée de DitV ?) qui fait que c'est le joueur (qui se croit) le plus compétent qui aura le dernier mot sur les éléments techniques qu'il connait le mieux. On a envie d'aller plus loin et de se dire que le joueur le plus connaisseur du tunnel sous la manche peut non seulement prendre le rôle du conseiller technique mais carrément être chargé de décrire la totalité du décors ("Tu es spécialiste de ce domaine ? Et bah mon coco tu aura l'autorité narrative dessus").
C'est un peu la logique de Dream Askew, la version d'Apocalypse World revue par Joe Mcdaldno. Outre son ambiance qui incite les joueurs à incarner des personnages queers, le système distribue les responsabilités narratives entre les joueurs. Chacun étant responsable d'un aspect du monde (le jeu se passe de meneur mais on peut sans doute s'en inspirer pour un jeu avec MJ).
Sinon, chose amusante, je comprends la frustration de Romaric avec les système de résolution flou. Sauf que quand je les utilise en tant que joueur ce n'est pas mes joueurs qui sont frustrés mais moi, je suis incapable de refuser une action bien décrite de la part de mes joueurs. Ils roulent donc sur les obstacles que je place devant leurs personnages. J'ai récemment eu l'occasion de le vérifier en testant Puppetland, autre jeu où le système de résolution diceless s'efface devant une ambiance très forte (en gros c'est Sens avec des marionnettes :-) ) et j'ai eu beaucoup de mal à incarner une opposition crédible face aux PJs.

[Thomas Munier]

Merci pour ces bons mots, Aristide et Steve.

Steve, quand tu parles de "freeform", tu parles d' american freeformet moi je parle de structured freeform(tu noteras que le premier est un rejeton du second). En gros, ton freeform, c'est mon freeform + des éléments de GN.

le partage des responsabilités narratives entre le MJ et l'expert est sans doute à creuser pour Arbre. L'idée actuelle (je ne sais plus ce que je dis dans le podcast), c'est que l'expert décrit ce qui touche à son domaine d'expertise (je rappelle que ça peut être une expertise toute relative, c'est juste le mec qui se la pète le plus sur le domaine en question autour de la table), et le MJ rajoute la couche Millevaux. En gros, l'expert dit :" le tunnel sous la Manche est décomposé en X tunnels" et le MJ rajouter "il y a plein de champignons sur les parois." Je rappelle que c'est un jeu où on encourage les joueurs à rester dans le personnage (aussi illusoire que ça puisse être), donc je veux pas y aller trop franco dans le partage des responsabilités.

Concernant le système de résolution flou, la logique était favorable au MJ dans notre playtest, elle est plutôt favorable aux joueurs depuis, sans doute quelque chose de proche de ce que tu évoques pour Puppetland (mais en plus codifié : en gros, maintenant, quand quelque chose menace un personnage ou les êtres et les choses auxquels il tient, le joueur peut répondre : non, non car, non mais, oui mais ou oui.). Dans ce cas de figure, pour le MJ, la seule façon d'incarner une opposition crédible (i.e. quelque chose dont les joueurs acceptent que ça fasse mal à leurs PJ)... est d'incarner une opposition crédible. La crédibilité est clairement la monnaie du jeu dans sa version actuelle (i.e. la version grave influencée par les problèmes de contrat social qui ont émergé pendant le playtest de la Cellule). Et j'ai pour l'instant constaté que ça fonctionne : si mon opposition est crédible, les joueurs acceptent que leurs personnages encaissent grave (pertes d'objets ou d'êtres chers, blessures, amputations, morts...).

[Steve J]

le partage des responsabilités narratives entre le MJ et l'expert est sans doute à creuser pour Arbre. L'idée actuelle (je ne sais plus ce que je dis dans le podcast), c'est que l'expert décrit ce qui touche à son domaine d'expertise (je rappelle que ça peut être une expertise toute relative, c'est juste le mec qui se la pète le plus sur le domaine en question autour de la table), et le MJ rajoute la couche Millevaux. En gros, l'expert dit :" le tunnel sous la Manche est décomposé en X tunnels" et le MJ rajouter "il y a plein de champignons sur les parois." Je rappelle que c'est un jeu où on encourage les joueurs à rester dans le personnage (aussi illusoire que ça puisse être), donc je veux y aller trop franco dans le partage des responsabilités.

Je trouve ça très bien parce que cela incite à mêler les narrations et parce que le meneur, qui incarne donc l'opposition, se retrouve à pourrir les décors décrits par les joueurs.
Symboliquement cela me fait penser à Silent Hill où les ténèbres viennent épisodiquement envahir l'environnement, transformant le métal en amas de rouille, salissant les sols, atténuant les lumières. Le MJ se retrouve dans le rôle de ces ténèbres destructeurs.

[Thomas Munier]

je voyais pas ça sous cet angle, mais c'est intéressant !

[shiryu]

j'ai pris un sacré retard (thomas, mon fichier excel "mes tâches" a du migrer vers mars, ou pas loin)

Excellent podcast sur Arbre, j'ai adoré les points soulevés par romaric en fin de partie et la discussion que cela a amené

Très bonne idée de podcast sur les flics, je sais que les ADN sont du boulot mais c'est vraiment une mine d'or.