Les podcasts de La Cellule, Saison 6

News, présentations et actualités.

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Romaric Briand » 19 Déc 2014, 08:49

Il m’est venu d’autres questions, totalement hors-sujettes à propos de Magic. Je me suis demandé si Flavie et moi jouions au même jeu.


Voilà, très bonne exemple ! Excellente question ! Elle révèle tellement de choses !

Si tu te pose cette question c'est que tu as une vision idéaliste du jeu ^^. Un réaliste dirait en voyant une partie de Magic entre toi et Flavie "C'est deux joueurs jouent à Magic" pour lui ça ne fait aucun doute. Un idéaliste arrive, avec sa conception de ce que doit être une partie de Magic idéale, et dit "hmmm, non, le joueur de droite ne joue pas Magic". Il sous-entend qu'idéalement Richard Garfield ou son éditeur (WOTC) attendait d'autres types de parties de Magic que celle qu'est en train de vivre, dans sa tête, le joueur ou la joueuse de droite.

Les gens qui soutiennent : "on va changer l'emballage, mais tu verras ce sera le même jeu" sont des idéalistes du jeu de rôle. Les éditeurs doivent être idéalistes, ils n'ont pas le choix. Ou alors, ils doivent reconnaître qu'ils sont autant les auteurs d'un jeu que celui qu'il nomme auteur lui-même.

Je vous laisse en tirer toutes les conclusions vous-mêmes.
Un personnage de fiction souhaitant s'incarner dans la réalité... Les rolistes sont mes proies...
Sens - La Guerre des Immortels - Le Blog de la Cellule - Le Blog de Sens - Le Blog du Val - Le Val
Romaric Briand
 
Message(s) : 2776
Inscription : 07 Déc 2007, 18:36
Localisation : Saint Malo

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Steve J » 20 Déc 2014, 13:18

Je viens de terminer mon écoute du podcast de l'emballage et, soudainement, je prends conscience de quelque chose.
J'avais l'impression que la Cellule prenait en moyenne des positions politiques se trouvant toujours sur ma gauche, critique artiste, anarchisme made in Science Po,...que nenni ! Ce podcast était celui de l'aristocratisme triomphant !

La phrase clef du podcast c'était Natasha expliquant "eussé-je vécu au moyen-âge, que je me serai opposé avec vigueur à l'imprimerie". On fera d'abord remarquer que les incunables ne permettaient qu'à une frange privilégiée de la population d'avoir accès à la lecture et que, si Natasha avait vécu au moyen age en faisant partie des 90% de la population paysanne, elle ne se serait pas vraiment senti concernée par ce débat.
Au fond ce qu'on nous dit c'est plutôt que, si les participants aux podcasts avaient été aristocrates à l'époque de l'arrivée de l'imprimerie, ils se seraient opposé avec vigueur à cette force de démocratisation de la culture qu'était l'imprimerie.

On comprend mieux les positions s'attaquant au PDF. Je passe sur les positions liées à des méconnaissance (entendre dire que le livre électronique est moins adapté à la prise de note est déjà croquignolet, mais l'argument comme quoi il est plus facile de trouver ce que l'on cherche dans un livre papier que dans un PDF atteint des sommets d'absurde).
On parle ici d'un outil qui permet de diminuer le prix d'accès au livre de JDR et donc de le démocratiser. Il a joué un grand rôle dans la diffusion du JDR forgien. Le numérique propose aussi des outils permettant d'attendre le champ du JDR, ainsi on n'aurait jamais vu arriver un jeu comme The Climb de Jason Morningstar qui nécessite des enregistrements audio et mériterait bien un One Shot.
Argument qui ne parlera pas à des aristocrates comme vous mais le PDF est aussi plus respectueux de l'environnement.

On comprends aussi mieux cette défense frénétique de l'auteur, seul être capable de savoir ce que vaut le produit livre. On se demande bien, d'ailleurs, pourquoi tu ne dessines pas toi même les dessins de Sens et n'imprime pas l'ouvrage manuellement.
Il ne s'agit pas seulement d'être une "idéalisme du jeu" (ta caractérisation idéaliste/réaliste me semble bien plus être un "argument à Darky" que tous les arguments donnés par Darky dans ce podcast) mais de dire que ce n'est pas parce qu'on a des idées qu'on est forcément le plus à même de les réaliser. Le JDR permet certes cette posture aristocratique puisqu'on peut produire de bons jeux en contrôlant la quasi totalité du processus de production, mais des arts comme le cinéma et le jeu vidéo n'en sont pas moins valable parce qu'ils font appelle à une équipe plus grande et dilue donc le rôle de l'auteur.
Il me semble qu'un autre "réalisme du jeu" serait celui admettant qu'une personne unique n'a aucune raison d'être la personne la plus compétente pour à la fois concevoir les mécanismes et les règles de son jeu, les mettre sur le papier et les "emballer". Il n'y a pas d'un côté l’aristocratie de l'auteur et la plèbe qui reçoit son œuvre comme le cadeau des dieux.
Steve J
 
Message(s) : 384
Inscription : 03 Jan 2013, 23:59
Localisation : Lyon

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Schultz (Jérôme S.) » 20 Déc 2014, 14:22

Steve, tu étais dans ma tête pendant que j'écoutais le podcast ou quoi ?

Tu as parfaitement synthétisé tout ce que j'avais ressenti, moi aussi, à l'écoute de ce podcast de fin d'année. La phrase sur l'imprimerie m'a fait me rouler par terre dans mon vomi, j'avoue.

Complètement d'accord sur le coté "aristocratique" également. Ce n'est pas la première fois que Cellule en fait montre d'ailleurs...
Podcasts amateurs et pleins de spoilers sur Sens : http://desrolistesdanslacave.fr/
Schultz (Jérôme S.)
 
Message(s) : 469
Inscription : 15 Sep 2011, 17:06
Localisation : Poitiers

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Arjuna Khan (Fabric) » 20 Déc 2014, 14:48

Je rajouterais qu'aussi le principal intérêt du livre "virtuel" en particulier en jeu de rôle c'est l'interactivité. C'est la possibilité d'avoir du lien hyper texte, d'accéder rapidement à certaines informations, de se permettre des options de mise en page impossible sur un livre papier, d'avoir recours à du son, à de l'image, de pouvoir déployer du texte ou au contraire le réduire,etc...

Je ne pense pas qu'il faille forcément voir cela comme une régression ou d'une evolution qui tuera le livre papier. C'est juste un support différent qui permet d'aborder le livre différement. Stephen king dans son bouquin ecriture parlais de "lire à tout prix" de "se nourrir en permanence" et il prenait ainsi l'exemple de la 20aine de livre audio qu'il lisait chaque année. Ce qui est important c'est ce que ça nous apporte pas forcement le ressenti différent du à un emballage. Ca peut etre utile certes mais ce n'est pas notable.

J'avais un pote par exemple qui par commodité ne lisait que sur internet. Ce qui le poussais à lire des fanfics à la qualité discutable quand en terme de med fan notamment y'a quand même beaucoup mieux que des clones des romans forgotten realms.
Arjuna Khan (Fabric)
 
Message(s) : 287
Inscription : 26 Mars 2013, 14:34

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Mangelune » 20 Déc 2014, 15:36

C'est chiant les forums, on peut pas pousser un "Woooooooooh !" sonore après les arguments massue pour faire monter le fight :)

Bon d'abord, cool la chanson ! Et tellement vraie, surtout me concernant.

Ensuite je reste très partagé sur le pdf/ebook en général.

Cela dit je fais partie de ceux qui ont une liseuse, qui l'adorent (en plus, elle a un petit côté has been, avec son noir et blanc sans éclairage et sa batterie qui peut tenir 2 semaines, tout le contraire de ces saletés de téléphones ou tablettes couleur). J'aime son toucher, son côté lisse et sobre... elle a pas d'odeur, du coup elle me pique pas les yeux comme un vieux bouquin. Et puis j'ai plein de livres avec moi en vacances sans me démonter le dos. Faut reconnaître de l'autre côté que les livres de poche, ben souvent c'est moche, avec des couvertures hideuses. Je m'achète rarement de beaux livres aussi, et ma place à la maison est limitée (je reste un vieux con hein, j'adorerais avoir une grande bibliothèque couverte de romans mais on a pas tout ce qu'on veut dans la vie).

Mais tout ça c'est du roman, pas du jdr. Pour le jdr, premier point soulevé par Steve, les jeux avec enregistrement c'est super bien et The Climb c'était très cool ; on a pas forcément besoin d'un livre pour avoir un jeu, et un court pdf avec des feuilles de perso voire un truc plus électronique en prime, c'est chouette aussi. D'autres formes s'ouvrent à nous, et le Maëstrom est là aussi pour nous rappeler qu'une partie de jdr ce n'est pas le livre, c'est ce qui se passe à la table.
Deuxième point, j'ai acheté aussi plein de pdf pas trop chers et j'ai pu ainsi découvrir plein de trucs, j'ai eu accès à des bundles, les sous que je dépensais allaient directement à l'auteur et pas à Amazon ou Lulu, bref que du bonheur. Je regrette juste qu'il y ait autant de jeux en pdf et aussi peu d'epub, je ne peux pas les lire correctement sur ma liseuse du coup je suis obligé de me servir du pc. En tous cas le pdf a élargi ma vision du jeu, et je n'aurais pas acheté de livres comme My Life ou Fiasco si je n'avais d'abord acheté des jeux indies en électronique.

(Maintenant je vois que ce podcast déchaîne aussi les foules sur le net... je vois pas trop pourquoi, il est dans la lignée de la Cellule. Le côté un peu aristocrate et mauvaise foi ne m'a jamais gêné, ça fait partie de l'ambiance ! C'était comme toujours bien sympa de vous écouter même si je pense qu'on aurait pu aller plus à fond dans le thème.)
Contes et histoires à vivre, un site pour parler des Errants d'Ukiyo, de Perdus sous la pluie et du reste.

Pensez aussi à la page Facebook officielle de Perdus sous la pluie.
Mangelune
 
Message(s) : 722
Inscription : 30 Avr 2013, 10:10
Localisation : Paris 18

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par brand » 20 Déc 2014, 17:48

Je ne reviens pas sur ce qui m'a le plus gêné sur ce podcast, j'imagine que tu m'as lu sur Facebook Romaric.
Je ne reviens pas non plus sur le côté aristocratique ou non, on en a déjà causé maintes fois (après le podcast sur le fait que tu nuises/nuirais au Val, il me semble) et ce n'est pas dans l'expression, même très vigoureuse d'une préférence pour un support, papier ou informatique, que cela me gène vraiment.

Par contre, je trouve dommage que ce dont il semblerait que tu aies vraiment envie de parler, ce que tu appelles Idéalisme vs Réalisme, et qui a mon avis était à la fois très intéressant et sur lequel il y avait beaucoup de choses à dire, vraiment, se soit pas mal retrouvé sabordé par des discussions annexes et par cette notion d'emballage qui me semble à la fois peu fertile et dont je regrette que la définition se modifie jusqu'à devenir finalement une tautologie. Que le troll cache la forêt, ça arrive, mais sur ce sujet là, qui lui me semble super intéressant, notamment parce que porteur de plein de contradictions potentiellement fertiles (et je ne suis vraiment pas exempt de contradictions sur ce sujet non plus), d'une éventuelle modification de ta façon de voir pas mal de choses (c'est à 180° de pas mal de choses que tu as déjà abordées dans la Cellule), je n'ai pu m'empêcher de trouver cela dommage.

Si tu refais un podcast plus classique sur ce thème là (I vs R), je serai ravi de l'écouter.
brand
 
Message(s) : 43
Inscription : 23 Fév 2009, 03:36

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Romaric Briand » 20 Déc 2014, 21:55

Si tu refais un podcast plus classique sur ce thème là (I vs R), je serai ravi de l'écouter.


Cool ! Tu as bien senti le truc. Je suis totalement d'accord avec toi sur la fertilité de cette distinction. Ce sera mon prochain thème d'article et effectivement un bon sujet de podcast à venir. Cette distinction émerge d'une discussion avec Christoph sur la possibilité d'améliorer Innommable et d'en donner les règles les plus claires possibles. J'en reparlerai, non pas d'Innommable, mais de la distinction ;)

Juste pour info, je me tiendrai un peu éloigner du forum pendant 2 bonnes semaines (désolé pour ceux à qui je ne répondrai pas, il y aurait tant de choses à dire encore). Je veux m'isoler pour terminer "Sens Cosmo" pendant les vacances de Noël de Flavie. Pendant qu'elle s'occupe de Soren, je veux m'occuper de terminer les textes de Sens Cosmo dont j'ai besoin pour avancer au mieux. Donc, voilà, désolé de n'être pas plus loquace que cela dans les semaines à venir.

A plus les guys ! Que la Force soit avec vous !
Un personnage de fiction souhaitant s'incarner dans la réalité... Les rolistes sont mes proies...
Sens - La Guerre des Immortels - Le Blog de la Cellule - Le Blog de Sens - Le Blog du Val - Le Val
Romaric Briand
 
Message(s) : 2776
Inscription : 07 Déc 2007, 18:36
Localisation : Saint Malo

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par shiryu » 20 Déc 2014, 23:05

Thomas, j'espère que tu (ré)écouteras ce podcast avant d'enregistrer le tien sur la fabrication. J'y ferai référence.

Romaric, même question que sur le site de la Cellule : les joueurs qui n'ont pas le livre (et qui ne l'ont même pas lu), ils jouent à quoi ? Avec un peu de chance, le MJ leur montrera la couverture et 2-3 illustrations qu'il a trouvé belles. Sinon ? juste la feuille de perso (et encore, si ton MJ c'est Steve, tu ne les auras même pas ^^).
Tu ne peux pas dire que le jeu, c'est le livre pour eux. De même que j'ai joué au Val avec ma femme, mon fils, un copain, sans leur donner à lire le livre. Et si tu leur demandes, ils te diront qu'ils ont joué au Val.

Quant au fait que la base d'un livre est forcément le mieux écrit par l'auteur, je ne suis pas d'accord (tu cites Prosopopée). Et je vais juste te citer dans un plus vieux podcast où tu dis que les auteurs de Silentdrift vont progresser aussi et qu'ils trouveront leur premiers jeux mal fichu (je ne parle pas du jeu mais bien de la façon d'écrire). Tiens, un auteur qui la ramène souvent sur la Cellule, un certain R Briand quand il parle de son premier Sens.
Et merci d'avoir cité les errata dans les jeux de société, mais ça existe aussi dans les JdR, avec des rééditions des fois.
L'auteur n'est pas infaillible pour moi. Et c'est bien là la difficulté d'écrire le livre, c'est de permettre aux lecteurs de vivre la même expérience de jeu que ce que vit de son côté.
dernier article : mon premier jeu à venir
Force Céleste : 77
shiryu
 
Message(s) : 349
Inscription : 25 Juin 2012, 13:31

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Romaric Briand » 21 Déc 2014, 12:38

T'inquiète Shiryu, les incompréhensions proviennent d'une mauvaise explication de ma part. Dans ce podcast, je n'ai pas été clair du tout sur le réalisme et l'idéalisme. J'y reviendrai en détail dans un prochaine article, mais voici déjà quelques éclaircissements sur le sujet.

____________________________________________


Je ne nie pas que tous tes joueurs aient joué au Val, c'est justement ma position, Shiryu. ^^

Ce que je dis, c'est que, aujourd'hui, il n'y a pas de partie idéale de Val vers laquelle tout le monde devrait tendre. Il n'y a que les règles du Val décrites par Romaric Briand, en 2013.

Selon moi, jouer à un jeu ce n'est rien d'autre que jouer avec les règles de ce jeu (ou une très très grande partie de celles-ci. Attention au problèmes sorites, encore une fois). Donc, jouer au Val, aujourd'hui, c'est jouer avec une immense partie des règles décrites par Romaric Briand, en 2013.

Je suis un réaliste du jeu.

Donc, pour moi, le seul qui peut avoir une vision idéale de son jeu, c'est l'auteur - et personne d'autre ! - avant et pendant l'écriture de celui-ci. Dans l'idéal, Fred savait ce qu'il attendait de Prosopopée quant il l'a écrit, pas moi. Moi, je savais ce que j'attends idéalement de Sens Renaissance, pas Fred.

Quand quelqu'un nous fait un conseil pour écrire un jeu, il dit : "Je crois voir ce que tu veux faire. Ne crois-tu pas qu'il serait meilleur d'utiliser cette mécanique, plutôt que celle-ci, pour réaliser ton idéal ?". Si l'auteur trouve ce conseil pertinent, il fait le test. Après test, si la mécanique permet effectivement de tendre vers son idéal de jeu, il l'adopte et l'ajoute aux règles de son jeu.

Mais, selon moi, l'odieux réaliste, personne ne peut dire "voilà ce qu'il faut faire pour ton jeu".

Or, Les idéalistes prétendent qu'ils ont une vision de l'idéal attendu par les auteurs. En gros, ils prétendent qu'ils savent mieux que les auteurs ce qui est bon pour le jeu. Je prétends que c'est impossible. L'auteur est seul à savoir ce qui est idéal pour son jeu.

_______________________________________________

Les réalistes, comme moi, en revanche, affirment qu'ils ne pourront jamais accéder à la vision idéale que l'auteur avait en tête au moment où le jeu a été créé.

Certains réalistes pourraient même contester l'existence de cette vision idéale. Perso, je ne suis pas réaliste à ce point ;) Quoi que... parfois, je m'interroge... Pour Le Val par exemple, j'ai bien du mal à dire que j'en avais une vision idéale avant sa production. J'ai parfois l'impression que ce jeu vient d'ailleurs. Mais n'est-ce pas également ce que je dis de Sens en faisant comme si j'étais le commentateur de mon propre jeu ?

Quoi qu'il en soit, les réalistes peuvent quand même formuler des interprétations au sujet de la partie idéale que l'auteur a ou avait en tête. Ils en sont réduits aux hypothèses mais ils peuvent donc quand même donner des conseils ^^

Ils prétendent jouer à un jeu en jouant avec les règles de ce jeu telles que l'auteur les a écrites, ni plus ni moins.

_______________________________________________

Donc les personnes qui disent : je suis au service des jeux et non au service des auteurs, comme Sébastien Célerin, pour qui par ailleurs j'ai la plus grande admiration, par exemple, sont des idéalistes des jeux.

S'ils étaient réalistes, ils admettraient qu'être au service d'un jeu, c'est être au service de l'idéal attendu par l'auteur de ce jeu donc être au service de cet auteur, forcément, puisqu'il est le seul à savoir ce qu'il veut vraiment.

Je pense par ailleurs que, maintenant, Sébastien n'utilisera plus jamais cette expression. Parce que je ne crois pas, justement, que Sébastien, contrairement à ce qu'il dit, soit au service des jeux. Je crois que, en tant qu'éditeur, il est bel et bien au service des auteurs.

____________________________________________

Voilà on peut donc maintenant dresser clairement la frontière entre le bon et le mauvais éditeur, si j'ose dire.

Selon moi, le bon éditeur est au service de la vision idéale que l'auteur a de son jeu. Cet éditeur est réaliste. Il est au service de l'auteur. Il est un relecteur et une force de proposition pour l'auteur.

Le mauvais éditeur est au service d'un jeu idéal et il vole les mécaniques pensées en amont par un auteur. Il s'en sert pour créer son jeu idéal à lui, l'éditeur. Un jeu idéal, selon ses critères de ce qui se vend, de ce qui marche ou de ce qui fonctionne en terme de mécaniques, etc. Cet éditeurs défend une thèse idéaliste du jeu. "Je vais changer ton jeu, mais tu verras, ce sera toujours le même jeu." Alors qu'en fait, c'est son jeu à lui que produit l'éditeur.
____________________________________________

Voilà tout cela mérite encore d'être éclairci, mais vous avez ici un aperçu de mon prochaine article. J'y défendrai l'idée que certains éditeurs sont des voleurs et d'autres sont de supers aides-de-camp. L'éditeur n'est donc pas en lui-même bon ou mauvais, bien sûr, cela dépend de sa vision du jeu.
Un personnage de fiction souhaitant s'incarner dans la réalité... Les rolistes sont mes proies...
Sens - La Guerre des Immortels - Le Blog de la Cellule - Le Blog de Sens - Le Blog du Val - Le Val
Romaric Briand
 
Message(s) : 2776
Inscription : 07 Déc 2007, 18:36
Localisation : Saint Malo

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Mangelune » 21 Déc 2014, 16:33

Je trouve ça assez intéressant comme idée. L'auteur aurait la vision idéaliste du jeu (une espèce d'intuition plus ou moins développée, un horizon) et son but serait de la partager de la façon la plus efficace possible ; ce que pourrait faire le bon éditeur, ce serait justement faire des propositions pour améliorer la communication entre cet idéal et le public, bref aider à rendre cet idéal réel. D'un autre côté pour cela, il lui faudra parfois penser plus loin que ce que lui dit l'auteur. Et du coup se mettre à sa place, penser en fonction de ce qu'il sait du jeu de rôle (ce qui marche ou non). Quant à l'auteur, il pourra aussi parfois accepter des idées qui ne sont pas bonnes.

D'un autre côté, je pense aussi que le mythe de "l'auteur unique détenteur de la miraculeuse vision" n'est pas la seule valable. Cette notion a eu un intérêt dans le cinéma (la fameuse politique des auteurs de la nouvelle vague) mais a aussi conduit à des ravages, des auteurs complètement coupés du monde que personne n'ose rabrouer, contraindre. Ce n'est pas parce qu'un auteur a une vision de son oeuvre que cette vision est nécessairement la plus intéressante. Le bon éditeur peut parfois changer une vision bancale en quelque chose de bien plus intéressant ; ce faisant, il se met au service du jeu et pas de l'auteur.

Je suis partisan du paradoxe : les deux vues ont raison en même temps. Et on ne saura jamais si le jeu n'aurait pas été meilleur avec un éditeur, ou plus authentique sans. Chacun doit se positionner par rapport à sa vision des choses et même par rapport à son projet, son parcours, ses rencontres.
Contes et histoires à vivre, un site pour parler des Errants d'Ukiyo, de Perdus sous la pluie et du reste.

Pensez aussi à la page Facebook officielle de Perdus sous la pluie.
Mangelune
 
Message(s) : 722
Inscription : 30 Avr 2013, 10:10
Localisation : Paris 18

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Romaric Briand » 21 Déc 2014, 17:36

Quant à l'auteur, il pourra aussi parfois accepter des idées qui ne sont pas bonnes.


Ça c'est impossible, s'il teste les idées.
Une idée ne peut pas être bonne en elle-même. Une bonne idée, c'est justement une idée qui permet de réaliser l'idéal de l'auteur.
Un personnage de fiction souhaitant s'incarner dans la réalité... Les rolistes sont mes proies...
Sens - La Guerre des Immortels - Le Blog de la Cellule - Le Blog de Sens - Le Blog du Val - Le Val
Romaric Briand
 
Message(s) : 2776
Inscription : 07 Déc 2007, 18:36
Localisation : Saint Malo

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Globo » 21 Déc 2014, 18:19

L’auteur agis en artiste, il crée une œuvre … ses choix sont toujours pertinents de ce point de vue là.

L’éditeur est un commercial, il gère un produit … alors ce qui lui importe c’est le marketing, le packaging, les profits etc.

On est dans une logique d’œuvre contre une logique de produit. L’auteur ne fait pas plus d’erreurs que l’éditeur. Ce sont simple deux paradigmes qui s’affrontent ou que se complètes. Elles ne sont intrinsèquement ni bonnes ni mauvaise, ce n’est qu’une question de point de vue.

J’en profite pour rappeler mon point de vue : si un auteur ne fait plus une œuvre mais un produit alors ce n’est plus un artiste mais un artisan …
"Do Not Question Authority" (because they don't know either).
Globo
 
Message(s) : 86
Inscription : 21 Nov 2013, 02:06
Localisation : Nantes / Paris

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Mangelune » 21 Déc 2014, 19:18

Romaric Briand a écrit :Ça c'est impossible, s'il teste les idées.
Une idée ne peut pas être bonne en elle-même. Une bonne idée, c'est justement une idée qui permet de réaliser l'idéal de l'auteur.


Impossible n'est pas humain monsieur ! Je ne vois pas en quoi tester empêche de se tromper. Ou de se faire baratiner. Ou de douter de ses idées et du coup de céder sans s'en rendre compte aux mauvaises suggestions.

Ce n'est pas parce que l'auteur a un idéal (pour tant est que cet idéal existe) que l'auteur en a une vision claire, loin de là. Ou alors il faut accepter l'idée que le jdr idéal se trouve déjà formé dans ce monde parallèle qu'est la tête de l'auteur, et que tout ce qu'il lui manque c'est le moyen de le communiquer. Mais ça je n'y crois pas, je crois surtout que l'auteur a une vague idée, une intuition, et que c'est à force de travail qu'il va changer cette intuition en jeu. Et ce travail peut venir de sa seule personne, mais aussi de ses amis voire d'un éditeur.

L’auteur agis en artiste, il crée une œuvre … ses choix sont toujours pertinents de ce point de vue là.

L’éditeur est un commercial, il gère un produit … alors ce qui lui importe c’est le marketing, le packaging, les profits etc.


Mouaif je me méfie des phrases péremptoires de ce genre. A chaque éditeur de définir sa vision des choses (et même à chaque auteur de le faire aussi). Combien de mécènes dans les arts, dont le but était d'aider les auteurs à accoucher du meilleur ?

On peut aussi faire de l'art tout en faisant un produit, l'un n'empêche pas nécessairement l'autre. Et quand un auteur est aussi son propre éditeur, il devient à la fois artiste et agent de promotion de son oeuvre.
Contes et histoires à vivre, un site pour parler des Errants d'Ukiyo, de Perdus sous la pluie et du reste.

Pensez aussi à la page Facebook officielle de Perdus sous la pluie.
Mangelune
 
Message(s) : 722
Inscription : 30 Avr 2013, 10:10
Localisation : Paris 18

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Globo » 22 Déc 2014, 00:14

Tu as raison, ce que je dis est péremptoire malheureusement. C’est le fruit d’une réflexion sur ce sujet et je ne t’en donne que mes conclusions. J’aurais préférer en discuter de vive voix avec toi car je suis généralement moi « sec » lors d’une discutions que par écrit.

Je vais essayer cependant de développer mon propos. Si ce fil de discutions n’est pas adapté à ce que je dis prévenez moi :) cela pourrait nécessiter un fil de discutions propre …

Ce qui différencie l’artiste de l’artisan c’est que l’artiste n’a pas le choix. Il est obligé de créer. C’est plus fort que lui. Tu peux lui taper dessus, l’envoyer au goulag, le menacer de mort etc. Cela n’empêchera pas l’artiste de créer … (je sais mon propos est excessif dans un monde ou on ne persécute pas les artistes …) L’artisan lui est tout à fait capable de créer quelque chose de remarquable, par sa beauté et/ou par sa technicité mais il sacrifie son gout personnel pour produire des trucs qui se vendent et/ou pour satisfaire à une demande. (Je n’émets aucun jugement ici. Il est selon moi tout aussi honorable d’être un artiste que d’être un artisan). La différence est donc que l’artiste crée une œuvre et que l’artisan crée un produit.

Une œuvre dans le sens ou c’est le fait de la nécessite créatrice de l’artiste par opposition à un produit qui est le fait d’une nécessité commerciale. Mais, dans les deux cas la qualité rendue peut aller de la grosse bouse au chef d’œuvre …

En matière d’art il y a trois acteurs : l’artiste, le public et le marchand d’art. C’est trois personnes ont un point commun, l’œuvre. Mais leur intérêt pour celle-ci est fondamentalement différent. L’artiste crée par nécessité, s’il trouve son public tant mieux, mais dans tout les cas et pour lui son œuvre est nécessaire. Le public lui est « touché » par une œuvre qui va entrer en résonnance avec ses affinités, ses sentiments etc. On note déjà que parfois l’artiste trouve un public pour certaines de ses œuvres qu’il trouve, lui-même, médiocre voir mauvaise et qu’il n’en trouve pas forcement pour ce qu’il considère être ses plus grande réussite … il n’y a pas de lien de cause à conséquence entre les deux, au mieux il ya une corrélation dans le sens où plus l’œuvre est réussi et plus elle a de chance de trouver un public … Et enfin, il y a le marchand d’art. Il peut aimer l’art (c’est généralement le cas) mais son propos est de faire du profit. C’est avants tout un marchand. L’œuvre échappant alors à des logiques d’auteur ou de public pour entrer entre les mains du marchand dans des logiques de marché.

Revenons maintenant à nos amis éditeurs …

Certes un éditeur peur aimer sincèrement les produits qu’il édite (c’est généralement le cas …). Certes il peut aider l’auteur dans sa démarche artistique mais au même titre que n’importe quel coach pourrait le faire … ce n’est donc pas le propre de l’éditeur, c’est une valeur ajoutée, un service supplémentaire mais pas son privilège. L’éditeur peut aider des artistes à se rencontre, par exemple faire se rencontrer un écrivain et un illustrateur. Mais encore une fois ce n’est qu’un service supplémentaire … De même, l’éditeur s’assure que le livre est bien imprimé. Mais, on pourrait tout aussi bien s’adresser à un imprimeur si on voulait simplement faire imprimer son œuvre … alors quel est la prérogative essentiel de l’éditeur ? C’est de diffuser l’œuvre dans un réseau de distribution. C'est-à-dire d’en assurer la commercialisation.

De là a en déduire que son travail est de faire d’une œuvre, un produit et donc d’un artiste un artisan, il n’y a qu’un pas …

Quand on en est réduit à foutre des nanas à poil ou des dragons sur sa couverture parce que cela augmente les ventes de 30% que fait-on ? De l’art ou de l’artisanat ?

Quand on en est réduit à sacrifier un format de présentation original à un format plus standard qui sera plus facile à stocker, transporter, vendre ou exposer que fait-on ? De l’art ou de l’artisanat ?

Quand un éditeur refuse d’éditer une œuvre c’est selon quel critère ? Prendrait il le risque d’éditer quelque chose d’exceptionnel s’il sait que le produit ne trouvera pas de marché ? (il le fera parfois s’il aime son métier mais probablement pas systématiquement). Selon quels critères l’éditeur est il le plus pertinent pour juger une œuvre ? Sur des critères économiques ou esthétiques ?

Je pense que la seul légitimité de l’éditeur est d’émettre des jugements techniques de type commerciaux, marketing ou de cet ordre. Et je laisse aux artistes le soin de juger leurs pairs …
"Do Not Question Authority" (because they don't know either).
Globo
 
Message(s) : 86
Inscription : 21 Nov 2013, 02:06
Localisation : Nantes / Paris

Re: Les podcasts de La Cellule, Saison 6

Message par Frédéric » 22 Déc 2014, 01:39

Quand La Revue de Paris, qui publiait bimensuellement les chapitres de Madame Bovary de Flaubert, a décidé de censurer une scène "inconvenante", Flaubert leur a dit : très bien, par contre, je me désengage de ce que vous publiez et j'exige que vous stipuliez l'endroit où un passage a été coupé du texte original contre mon avis.

C'est une histoire de censure, mais la réponse de Flaubert montre que lui-même considère que son roman lui appartient et qu'il devrait être décisionnaire sur chaque mot, chaque phrase le constituant.

Je pense que c'est histoire de "final cut" qui compte. Un auteur peut faire des erreurs, commettre des maladresses. Si ses relecteurs, amis, éditeurs, etc. lui font des propositions et que l'auteur les applique en de son propre chef, les modifications restent les siennes. S'il applique une modification avec un couteau sous la gorge (ou que quelqu'un le modifie dans son dos), dans ce cas l'auteur n'est plus maître des décisions en question.

Dans le milieu du JdR, ces derniers cas de figure sont, je l'espère, rares. Il peut néanmoins y avoir des tensions entre la vision de l'auteur (qui n'a de valeur que selon sa qualité intrinsèque) et les préoccupations de l'éditeur (légitimes étant donnée sa position dans un circuit de vente de livres, ou autres).

Néanmoins, toute la question de la malléabilité de la vision de l'auteur se pose. Étant concerné par les problématiques féministes, je détesterais laisser les illustrations de Démiurges à un illustrateur qui use de clichés sexistes. Pour moi ce serait une trahison de mon travail. De même, si un éditeur me disait un jour que mon jeu ne se vendra pas et qu'il faut impérativement que j'y mette des scénarios tradis, je l'enverrais bouler gentiment (pour moi les scénarios sont l'illustration de ce que je veux renverser par mes jeux). Et je peux lister cinquante, cent, mille engagements personnels qui me tiennent à cœur et qui participent de ma vision d'auteur.
Pour un auteur qui n'a aucune opinion de ce genre ou qui ne porte avec lui et dans ses créations aucun engagement (artistique, créatif ou politique, si tant est que l'on puisse les distinguer), dans ce cas, il peut lui-même déjà épouser une démarche produit, et l'éditeur sera un allié pour créer LE jeu qui remplira au mieux sa fonction commerciale, quitte à le changer du tout au tout et mettre des illustrations de demoiselles en détresse sauvées par le gros barbare musclé, alors que ce n'était pas la vision initiale de l'auteur.

Mais j'imagine que peu d'auteurs entrent dans cette deuxième catégorie, en revanche, l'auteur en phase avec les attentes (hypothétiques) du public et les règles du marché est probablement plus courant.

Un auteur qui est déjà d'accord avec les attentes du public et les règles du marché est-il encore un auteur ?
Dernière édition par Frédéric le 22 Déc 2014, 03:30, édité 1 fois.
Frédéric
 
Message(s) : 3111
Inscription : 08 Déc 2007, 13:27
Localisation : L'Arbresle (69)

PrécédentSuivant

Retour vers Les nouvelles du front

LES JEUX DES ATELIERS IMAGINAIRES

cron