Ah mais absolument ! Vous avez raison, Frédéric et Fabien : Avoir un recul critique et ne pas dire "amen", c'est important. D'ailleurs, sur le sujet de vivre de nouvelles expériences rôlistiques, je ne peux pas vous contredire après avoir connu tout ce que j'ai connu depuis que je vous ai connu en ligne.
Cela dit, que serait la critique sans le débat ? Je ne saurais reprocher à Fabien de critiquer le JDG, quand il me donne une occasion de débattre et d'exposer mes propres impressions (ce que je m'étais abstenu de faire sur les autres forums, trouvant justement que les rôlistes exagéraient de plusieurs couches leur enthousiasme, mais n'ayant finalement pas tant que ça à reprocher à la vidéo pour autant, enfin, à part les blagues dont on a féjà parlé),
qui, soit dit en passant, sont assez proches (voire similaires) aux siennes. Je ne faisais que regarder l'autre face du puzzle pour essayer de mettre les choses à ce que je crois être leur juste place : j'aime bien voir toutes les pièces d'un puzzle.
Je ne crois pas, Fred, que tu oublieras l'une des leçons que tu m'as apprises : on ne peut pas juger un jeu sur l'effet qu'il nous fait, on ne peut le juger que sur l'adéquation entre son système et son propos.
De même, je trouve moi aussi que la vidéo ne montre pas ce que j'aime dans le jeu de rôle (j'aime bien l'ambiance marrante entre potes qui s'en dégage, mais ce n'est pas du tout la façon dont je pratique le JDR moi-même). Simplement, je trouve que le traitement que font les JDG du sujet, en montrant comment peut se passer
une partie de JDR, correspond peu ou prou à son propos, qui est effectivement de montrer une partie de JDR.
Ce qui ne veut pas dire que j'aime tout dans le contenu de la vidéo.
Cela étant dit, pour modérer aussi ce que disait Mathieu, je ne suis pas contre se battre pour le JDR : ce que je disais, ce n'était pas d'abandonner tout combat, mais seulement de prendre garde aux excès de zèle. Après tout, tout combat ne peut être efficacement remporté qu'avec une stratégie.
L'impression qui se dégage des actions actuellement faites par les rôlistes est qu'il n'y en a pas, malheureusement. On ne reconnaît pas suffisamment de légitimité à la FFJDR pour qu'elle puisse être représentative et donc, efficace. Mais, malgré tous les défauts de la fédé, elle est seule à avoir une présence ou une visibilité un tant soit peu crédible pour les personnes extérieures, selon moi. les autres assoc' qui font aussi vivre le JDR font malheureusement leurs actions dans leur coin. En dehors des grands festivals du jeu, (Gamecon à Paris, Alchimie à Toulouse, festival du jeu à Cannes), il n'y a pas grand'chose pour donner de la visibilité au JDR. Les institutions (mairies, bibliothèques ...) en parlent depuis quelques années, mais plus comme une curiosité exotique que comme une activité normale. C'est pourquoi je suis enthousiasmé par les prochaines Journées d'Etudes à Paris, j'espère qu'elles donneront par la suite lieu à des émules pour que le JDR soit vu d'une autre façon que comme un loisir un peu hors-norme et étrange, réservé à des gens bizarres et aux propos peu compréhensibles (du moins, en France, bien sûr, je me dis d'ailleurs que son statut dans notre pays est assez dommageable par rapport à d'autres pays comme la Norvège, l'Allemagne, les U.S.A. etc. où il est moins controversé et mieux admis)
Or, ce qui nous dessert, c'est que nous n'avons aucune définition précise du JDR (ne parlons pas des contes interactifs, ou collectifs, quand ces derniers connotent une affaire de gamins attardés), aucune ligne de conduite concertée, aucune cohérence de discours.
Autre travers des rôlistes : on s'émeut de tout sans prendre la peine d'en analyser les tenants et aboutissants (ce qui me permet de réaffirmer que je suis heureux de votre recul critique, Fred et Fabien !). Je me souviens du film de 2011 sur l'histoire d'un type qui jouait à un GN Napoléonien et perdait le sens des réalités (je ne me rappelle plus le titre, en revanche), et du tollé qu'il avait soulevé, relayé par le FFDGN et la FFJDR ; il y a d'autres exemples, l'autre jour j'étais justement retombé là-dessus :
http://roll-play.over-blog.com/2014/08/tempete-dans-un-verre-d-eau.html alors que je cherchais le forum "tempête dans un verre d'eau", qui, je crois, a disparu dans les limbes du web... sic transit...
Mais pour revenir à nos brebis, cette réaction enthousiaste à l'extrême des rôlistes à la vidéo me semble emblématique, pour ne pas dire symptomatique, du même phénomène :
on râle ou on encense avant d'avoir réfléchi sur le sujet (finalement, ça fait un point commun assez marrant entre les rôlistes et les non-rôlistes... On reste tous humains en somme)
Fabien | L'Alcyon a écrit : (...) « Toutes les pratiques se valent » c'est peut-être vrai collectivement, ça ne l'est pas individuellement (càd il y a des choses qui me plaisent plus que d'autres). Je propose à chacun d'avoir plus confiance dans le jeu de rôle, d'oser demander plus, d'aller explorer pour trouver ce qui lui plaît, en un mot d'être curieux. On n'est pas obligé de pratiquer tous la même chose. Symétriquement, je propose d'être aussi plus critique, d'accepter que la critique existe, de réfléchir sur ce qu'est une bonne critique (j'y reviendrai dans un prochain article). Ca aussi ça ouvre des voies nouvelles.
Parce que tout ça, ça fera du bien à tout le monde et ça ne peut faire du mal à personne.
(...)
A nouveau, je ne suis pas un homme politique, je veux pas représenter LE jeu de rôle et je n'aime pas les institutions qui ont tendance à enfermer et à contraindre (je n'empêche pas les autres de s'y essayer, ce n'est juste pas mon truc). J'essaie juste d'ouvrir des portes et d'inviter les autres à les emprunter. Je propose DES jeux de rôle.
(...)
Je crois profondément que les rôlistes sont intelligents, intéressants et beaucoup, beaucoup plus de choses à dire qu'ils n'en disent - parce que nous n'osons pas encore. Voilà pourquoi je m'étonne de ne pas voir plus de critiques. On peut me traiter d'idéaliste - je préfère ça à être cynique: le « réalisme » ne fait pas avancer les choses, c'est surtout une excuse pour l'apathie. On nous traite parfois d'élitiste: c'est l'exact contraire que je fais, je veux donner à chacun plus de choix pour se rapprocher d'autant plus des pratiques qui lui plaisent.
Mon seul message est donc celui invitant à être curieux et critique - et à en parler. (...)
Mais du reste, j'adhère tellement que je vais paraphraser Julien et te dire merci et bravo.