[Dragonfly Motel] La Reine de la Vitesse

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[Dragonfly Motel] La Reine de la Vitesse

Message par Thomas Munier » 03 Sep 2016, 09:15

LA REINE DE LA VITESSE / UN CONCERT POUR SAUVER L'UNIVERS

Quand l'aventure dépasse la vitesse de Fahrenheit 451, le crash est inéluctable.

Jeu : Dragonfly Motel, piège surréaliste pour voyageurs imprudents

Joué le 18/03/2016 à Paris chez l'habitant, lors de la tournée Paris est Millevaux

Personnages :
Les hommes au chapeau, l'enfant, la Reine de la Vitesse
Crazy Wombat, Marylin Cannibale Monroe, Elvis, l'impresario, Monsieur Loyal

Image
crédits : edwick, licence cc-by-nc, galerie sur flickr.com


L'histoire :

Un homme avec un chapeau recherche sa mallette dans sa chambre de motel. Il engueule la femme de chambre. Elle finit par lui dire avoir vu une personne sortir du motel avec cette mallette. Un homme avec un chapeau, qui lui ressemblait beaucoup. Puis elle s'éloigne à reculons en passant l'aspirateur.

Un deuxième homme au chapeau cherche la clef de sa chambre et se met à fouiller le chariot de la femme de chambre avec le premier, l'un cherchant sa mallette, l'autre sa clef. Les ordures s'amoncellent autour d'eux.

À l'entrée du motel, il constate qu'ils sont plusieurs hommes au chapeau.

Lorsque l'un des hommes aux chapeaux sort du motel, c'est une voiture noire aux vitres teintées conduite par un autre homme au chapeau qui le récupère. Le conducteur dit qu'il doit prendre quelqu'un d'autre avant d'aller sur le lieu du rendez-vous. C'est une femme blonde aux yeux bleus avec une combinaison rouge. C'est la Reine de la Vitesse.

Une Ferrari rouge se gare aux côtés d'un homme au chapeau dans un crissement de pneus assourdissant. La conductrice l'embarque.

Ils roulent à toute vitesse sur le périphérique. Les lampadaires et les phares des voitures en sens inverse se fondent, on dirait des étoiles dans le vide intersidéral.

Un homme au chapeau entraîne l'homme au chapeau à bord d'une Limousine, la Reine de la Vitesse les suit. C'est un autre homme au chapeau qui conduit. La radio parle d'un complot terroriste pour détruire la réalité, et recommande aux citoyens de poursuivre leurs activités normales et de ne surtout pas porter de bleu. La Reine de Vitesse demande à l'homme au chapeau s'il a déjà perdu un être cher. La voiture est à l'arrêt. Un autre homme au chapeau tape à la vitre et répond à sa place, il dit qu'il a perdu sa mère, et qu'à la fin, c'était pas beau à voir, elle avait des pustules... Une vieille femme passe sa tête depuis le coffre pour commenter, c'est la mère du chauffeur, il lui dit de se tenir tranquille. À peu près à ce moment-là, l'homme au chapeau se liquéfie et disparaît. Peu après alors que la voiture commence à aller de plus en plus vite et déchirer les voiles de la réalité, le conducteur, s'exclame « C'est ici que je m'arrête » et il sort de la voiture en marche pour se déchirer et finir en petite boule de chair. C'est à ce moment-là que la Reine de la Vitesse reprend le volant et que la limousine se transforme en Formule 1.

Un homme au chapeau recherche un livre dans une bibliothèque. La bibliothèque commence par brûler, les livres entrent les uns après les autres en combustion spontanée. Il s'enfuit par un tunnel entre les étagères.

La Reine de la Vitesse conduit la Ferrari avec l'homme au chapeau à ses côtés, toujours plus vite, toujours plus vite, des tas de livres et de papiers heurtent le pare-brise, puis la vitesse dépasse Fahrenheit 451, alors les livres brûlent, et enfin la voiture passe sur le pont, et en face se tient l'enfant de la Reine de la Vitesse, la voiture a passé Mach 1000, il suffit juste de percuter l'enfant pour en finir, mais elle n'ose pas, elle fait une embardée, la Ferrari défonce la rambarde et plonge au-dessus de l'océan.

Une chambre d'hôpital. Une vieille femme agonise. Elle a des pustules. Elle a les cheveux blancs et les yeux très bleus. Un homme au chapeau équipé de formulaires se présente comme un intermittent de la Mort, il en distribue un à chacun et leur demande de les remplir. Puis il demande si quelqu'un a une clef.

A la réception du Dragonfly Motel, un homme au chapeau fait un scandale parce qu'on ne lui rend pas la clef de sa chambre. Le réceptionniste dit qu'il sait où elle est. Ils vont tous deux frapper à la porte de la chambre, un autre homme au chapeau leur ouvre. Le réceptionniste demande à ouvrir le petit tiroir de la table de chevet. Elle est fermée à clef. L'homme au chapeau dit qu'il sait où elle est, et les entraîne à l'accueil. Un homme au chapeau y lit le journal dans un fauteuil. Un des hommes au chapeau lui demande de rendre la petite clef du tiroir de la table de chevet.

Mais la Ferrari entre dans le hall en défonçant un des murs, elle écrase le réceptionniste et les hommes au chapeau contre le mur opposé, le réceptionniste a l'air de trouver ça génial, puis elle embarque un autre des hommes au chapeau, ils partent ensemble sur le périph, le pare-brise se couvre de bris de verres, puis de gens renversés, du sang, la vitesse, on dépasse Mach 1000...

L'enfant sort de la chambre d'hôpital, il va dehors, il y a une place de village et un manège, le chauffeur le laisse monter à bord, il monte dans l'avion. La Reine de la Vitesse monte aussi dans le manège, elle prend la petite voiture rouge. On annonce qu'il va y avoir un pompon à décrocher, puis le manège se met à tourner, de plus en plus vite, il tourne à Mach 1000, la réalité autour s'est dissoute pour faire place à l'espace intersidéral. La voiture est devenue une Ferrari et poursuit l'avion à une vitesse vertigineuse.

Deux hommes au chapeau discutent, une mallette à leurs pieds. Ils observent une boîte à musique en forme de manège qui tourne de plus en plus vite. Un flash info annonce une nouvelle attaque terroriste, dans la foule autour du manège, une silhouette avec une casquette bleue est entraperçue.

La mallette fait office de pompon. De l'extérieur on peut voir des gouttes d'un liquide expulsées par le tourbillon. L'homme au chapeau qui s'était liquéfié se reconstitue. Quelques secondes plus tard, on voit une boulette chiffonnée sortir de ce même tourbillon. Elle se déplie pour recréer un autre homme au chapeau. Le premier demande au second "C'est ici qu'on avait rendez-vous ?". Et les deux hommes essayent de s'emparer de la mallette.

La Ferrari fonce sur le périph. Droit dans le mur.

La chambre d'hôpital. La Reine de la Vitesse entre, elle titube, elle est en sang. Elle demande à ce qu'on lui retire son casque. Le chauffeur lui arrache directement la tête. Il relève la visière. Elle a les mêmes yeux bleus que la vieille dame qui agonise dans son lit.

L'enfant ouvre la mallette. Elle contient son cœur. Il y plante une aiguille et se fait un shoot avec le sang de son cœur.

Disparition.


Un homme est assis sur son lit dans sa chambre, l'air exténué. Il contemple un masque de luchador entre ses mains. Puis il prend une décision : il monte sur le toit du motel qui surplombe la ville. Il fait une chaleur à crever et il se sent prêt pour son destin. Monsieur Loyal l'accueille. Costume rouge, moustache cirée, maquillage blanc. Il lui demande son nom de lutteur. L'autre répond : Crazy Wombat. Qui va-t-il combattre...

Mais Marilyn Cannibale Monroe ! Les lumières explosent dans le ciel et elle surgit pour l'affronter. Elvis la coache, il l'encourage avec des petits mouvements de hanches. Maintenant ils sont sur le ring, devant la foule en délire. Monsieur Loyal annonce le duel fracassant entre Marilyn Cannibale Monroe et Magnetic Wombat !

Wombat est au bord d'une piscine vide. Toujours la chaleur. Le directeur artistique lui remet de l'argent pour s'être couché : "Tiens, voilà 7 francs comme convenu". Elvis, en slip de bain rouge, est près d'eux sur un transat. C'est l'Elvis de la fin, très gras dans son maillot de bain. Elvis fouille dans son slip de bain, frénétiquement, à la recherche de quelque chose. On voit qu'il commence à paniquer comme si ce qu'il cherchait avait disparu ... et là il s'exclame : "Où sont passées mes clefs ?". Le directeur artistique lui propose de se calmer avec de la dope : il sort un saladier de gummy bears de sous son transat. Elvis y fouille longuement, et au bout d'un moment on ne sait plus s'il cherche ses clefs ou s'il kiffe juste la sensation. Monsieur Loyal lui propose de l'aider à trouver ses clefs, il l'entraîne dans les coulisses. Depuis là, on voit le ring où s'affrontent Marilyn et Wombat, avec Monsieur Loyal qui arbitre. Monsieur Loyal demande à Elvis s'il n'est pas fatigué de tout ce cinéma. Le directeur artistique est en train de coacher le public, leur dire comment placer leur émotion, quand se lever, quand huer... Les publics sont spécialisés, certains ont de grands yeux, d'autres de grandes bouches, d'autres de grandes mains pour applaudir...

Monsieur Loyal et Elvis montent les gradins couverts de détritus d'après-match. Ils arrivent à une porte. Il s'agit des toilettes. Monsieur Loyal bourre Elvis dans la cuvette des toilettes. Ils passent ensemble dans une version inondée des gradins, ils plongent jusqu'aux coulisses et ouvrent une porte de loge avec une grosse étoile dessus. Ils arrivent dans la loge de Marilyn et l'inondent. Une fois que l'eau s'est retirée, non sans laisser derrière elle une loge saccagée, Marilyn, en marcel et clope au bec, les engueule. Le directeur artistique vire Monsieur Loyal. Monsieur Loyal se place devant le miroir éclairé par toutes les ampoules, et défait son maquillage. À quoi bon ?

Marilyn récupère l'étoile qu'il avait sur la joue, qui se révèle être un insecte. Elle le colle sur sa propre joue. L'insecte creuse la chair et entre dans sa bouche, laissant une plaie ouverte. Crazy Wombat réagit : il enlève son masque (révélant un visage tatoué identique au masque) et une voix sort de lui mais pas la sienne, et cette voix-là s'exclame : « Ma sœur ! ». Wombat et Marilyn réalisent alors qu'ils sont des jumeaux séparés à la naissance. Les retrouvailles sont pleines de fausse émotion et de surjeu. Monsieur Loyal touche la plaie de la joue de Marilyn avec mélancolie.

Le directeur artistique leur demande de jouer une scène façon le Pont des Espions.

Un grand pont suspendu. Une Ferrari qui gigote sur ses amortisseurs. On entend la voix de Marylin exulter depuis l'intérieur : "C'est qui la Reine de la Vitesse ? C'est qui ?"

Elvis est dans un imper trop court pour son gros bide. Sa crédibilité en tant qu'espion est assez minable. Des barbouzes débarquent pour le descendre.

Elvis est sur scène en costume de lumière. Monsieur Loyal annonce qu'il est revenu quand on ne l'espérait plus, il va jouer son dernier concert pour sauver l'univers ! La foule est en délire. Le directeur artistique répète : « tu m'as compris ? Tu te couches à la 3e chanson ! Ça fera 25 francs pour toi et 25 francs pour moi ! » Le ring s'éclaire. Un micro sur pied sort du sol devant Elvis, quatre adversaires se révèlent à chaque angle : Wombat, Marylin, et deux autres luchadores, dont Gorgone, la femme aux cheveux de serpents.

Le directeur artistique trépigne parce que les personnages ne suivent pas ses directives.

C'est la fin du monde. Des projecteurs tombent. Un homme aux grandes mains se fait écraser la tête, il continue à applaudir alors que sa tête est devenu un projo ensanglanté.

C'est le final, Elvis atteint son climax où il peut accéder à ses plus beaux souvenirs.

Il est dans cette chambre d'hôtel, il y a des personnes toutes nues affalées sur le lit, et une épaisse couche de coke partout par terre. Il y a Wombat assis sur le lit qui contemple son masque, son masque de héros. Le directeur artistique boude et trépigne en disant qu'il préférait avant, quand il y avait des gummy bears. C'est un enfant de quatre ans. Près de lui, Marylin, vieille et asthmatique, essaye de le calmer. Wombat se justifie : « Mais avec des cachets à 25 francs par combat c'était trop tentant de tomber dans les putes et la coke... »

Elvis pique une tête dans la poudreuse, il s'enfonce jusqu'à disparaître. C'était la meilleure fin possible.

Monsieur Loyal avise la porte au fond de la chambre, il a fait tout ce chemin jusque là, il ose enfin l'ouvrir. Derrière, c'est le périph, qu'il voit de profil. Il y a un enfant au milieu de la route qui tient quelque chose. Le cordon ombilical qui relie Wombat à Marilyn.

Un grondement extraordinaire. La femme de Monsieur Loyal arrive enfin.

Et la Ferrari rouge percute l'enfant à pleine vitesse.


Les papiers personnage (dans le désordre) :

Motivation : la vie est une danse, un mouvement. Retrouver le mouvement primordial.
Attache : ma dope.
Question : qui est mon frère jumeau ?
Destin : Je finirai noyé dans un lieu sans eau.
Motivation : Je veux explorer la librairie caverne (s'imaginer Gaston et le courrier en retard)
Blessure : Une plaie longue et fine sur le bras, très bavarde
Beauté : une femme très vieille, très ridée, très belle avec des yeux très bleus.
Attache : un insecte très affectueux
Blessure : J'ai perdu brutalement un être cher sous mes yeux
Question : Qui est la Reine de la Vitesse ?
Motivation : Je veux récupérer la clef de ma chambre
Attache : J'ai une voix dans ma tête qui me tient compagnie
Beauté : un masque de héros
Beauté : une bouche rouge sang
Destin : Je sors de cette illusion qui m'aliène
Question : Quels sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?
Beauté : Un détail étrange sur mon visage qui fascine tout le monde
Blessure : un assassinat sur un pont
Destin : Se tirer de ce trou
Blessure : Ma chambre est en ruines
Attache : un attaché-case qui contient mon cœur
Question : qui m'a tué ?
Beauté : J'ai une grosse cicatrice magnifiée par un tatouage
Blessure : Cette plaie qui me parle parfois
Destin : être un intermittent de la mort
Motivation : Retrouver nos plus beaux souvenirs là où ils se cachent
Motivation : monter une cellule terroriste
Attache : une figurine en porcelaine de mauvais goût en forme de chien
Destin : sauver la terre un soir de concert
Question : était-ce un accident ?


Commentaires :

Durée :
1/4 h briefing+rédaction des papiers + 3/4 h pour la reine de la vitesse + 3/4h pour un concert pour sauver l'univers

Règles utilisées :
nouvelle mouture (la même que pour Échafaudages) : rédaction des papiers à l'avance et redistribution au hasard, prise de parole libre. J'ai demandé à ce qu'on broie les papiers au lieu de les déchirer, j'en voulais une trace pour rédiger le compte-rendu. Il s'agit de la version Plumes qu'on trouve dans la deuxième édition de Dragonfly Motel

Profils des joueur.se.s :
Expérimenté.e.s. Deux jouaient déjà à Dragonfly Motel, première version.

Défis :
re-tester la nouvelle mouture pour validation avant rédaction du livre qui sera publié.

Brainstorm :
j'ai créé mes petits papiers en m'inspirant des titres des livres que je voyais sur les étagères à côté de moi (dont le roman Speed Queen).

Mise en jeu :
J'ai été très surpris par la rapidité de "La Reine de la Vitesse" et donc on a décidé de rejouer une deuxième partie, mais pour rester dans les chronos, j'ai demandé à ce qu'on réutilise les mêmes papiers, en les redistribuant au hasard. J'ai utilisé la playlist Dragonfly Motel et un autre joueur avait fourni une sélection de mp3. Au final, on a été les seuls à manipuler le son pendant la partie.

Debriefing :

Le concept de réutiliser les petits papiers a permis une mise en abîme assez intéressante, même si ça se serait sûrement épuisé sur un troisième essai.

Comme pour Échafaudages, la prise de parole libre, associée à l'absence totale de jeu méta (peut-être quelques remarques méta nous ont échappé, mais ce fut très limité), ont produit des aventures jouées à un rythme frénétique.

Je valide cette version pour le livre final, car elle me paraît nettement plus accessible que la première mouture. Cependant, et la joueuse de Marilyn Cannibale Monroe me l'a fait encore plus remarquer en refaisant jouer la deuxième version une semaine plus tard, ce qu'on gagne d'un côté, on le perd de l'autre : dans l'ancienne version, le fait de rédiger les papiers en cours de jeu permettait d'installer un véritable dialogue, d'encourager le jeu collectif, de faire des liens entre les éléments, et de s'affranchir de la notion de contraintes créatives, choses qui disparaissent dans la nouvelle version. Dans l'ancienne mouture, la prise de parole est pondérée par le don de papiers, permettant le silence et la contemplation, alors que la nouvelle version entraîne un rythme enlevé. Raison pour laquelle l'ancienne version demeurera dans le livre sous forme de variante.

Au contraire, le joueur d'Elvis a largement préféré cette nouvelle version.

Enfin, la joueuse de Marilyn Monroe a signalé que déchirer les papiers était plus fort que de les broyer, et c'est vrai. Quelque part, j'ai amenuisé mon gameplay pour des raisons pratiques (le compte-rendu) et on continuera à déchirer dans les règles de base. Plus exactement, je vais laisser un peu plus la gestion des papiers livrée à l'émergence, aux idées de manipulation et de combinaison que pourraient avoir les joueur.se.s

A expérimenter lors du prochain playtest :
Encourager les usages émergents des papiers
Énergie créative. Univers artisanaux.
http://outsider.rolepod.net/
Thomas Munier
 
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