Mais c'est quoi votre indépendance ?

Les autres jeux indés, ceux du commerce, le jeu de rôle en général

Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Steve J » 30 Mai 2016, 11:47

Quelque chose me frappe à la lecture de ton message, Vivien, c'est que tu mets en avant la collaboration notamment entre auteurs. Ayant co-écrit des JDRs (Before you Leaveavec Khelren, Récit véridique avec Cédric Ferrand et Kalysto, plusieurs jeux du ThreeForged Design Contest) et ayant repris l'univers de Thomas Munier pour écrire Les Remémorants je suis bien content que tu mettes cet aspect en avant).

D'autant qu'il me semble que la revendication de l'indépendance et la mise en avant de l'auteur fait courir le risque de faire disparaitre cet aspect collaboratif de la création de JDR. A ce titre quand je lis Thouny écrire
Un jeu de rôle est indépendant si, lorsque son auteur se rend compte que c'est de la merde, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même.
je suis un peu étonné que personne ne bondisse devant l'usage du singulier !

Il me semble d'ailleurs qu'il existe d'autres cultures de l’indépendance qui valorisent plus la collaboration. Je pense à Terres Étranges (qui inclut certes Thomas), à certains jeux illustrés par le Grümph (Tranchons et Traquons 2de Kobayashi) et pour lesquels il est clairs qu'il joue un rôle important dans la qualité du produit final, à la scène des hacks d'Apocalypse World et des playset de Fiasco...



Personnellement, j'aurais tendance à dire que peu importe le nombre de collaborateurs voire la présence d'un éditeur (attention, je ne parle pas ici d'une grosse boîte façon Black Book ou Agathe mais de structures plus modestes), si l'auteur manifeste une pulsion créatrice, s'il semble vouloir exprimer une vision (quitte à produire un jeu largement fun et décomplexé par-dessus, après tout Romaric fait bien de la SF-Saint Seiya avec des guns et Zack Smith du Donjons & Dragons) et prendre des risques, s'il peut se dire à lui-même qu'il a écouté les conseils qu'on lui prodiguait mais n'a pas accepté des compromissions, alors il peut largement se revendiquer "de l'indépendance" au sens large.

Pourtant la question se pose.
Tu as sans doute en tête les grosses gammes multipliant les suppléments (sur lesquelles il y aurait des choses à dire sur la pulsion créatrice...je ne crois pas qu'elle soit absente des suppléments Cthulhu par exemple) mais dans le cas de BBE je suis un peu obligé de parler des jeux qu'ils publient au sein de Casus Belli.

Je peux évidemment parler en détail de Récit Véridique : thématiquement (la colonisation du Canada) et mécaniquement (jeu sans MJ et sans dé notamment) il me semble clair qu'il y a prise de risque et exploration d'une pulsion créatrice.
Je n'ai pas impulsé le projet que j'ai cependant rejoins avant que nous envisagions de faire éditer le jeu dans CB. Je n'ai notamment pas choisi le cadre de jeu et je veux bien admettre que le travail que j'ai effectué dessus (le fluff) tenait en un sens du mercenariat (au sens exploration de la pulsion créatrice d'un autre auteur).
Par contre je considère mon travail sur les mécaniques comme étant très personnel (d'autant que je le considère comme une réponse à certains article d'Eugénie) et je ne vois pas de différence fondamentale avec mes créations commercialement indépendantes.
Au niveau de la rédaction nous étions, en tant que groupe d'auteurs, complètement indépendants (nous avons fait relire le jeu par des amis mais BBE n'a pas eu de remarque sur le texte). Nous n'avons pas géré l'aspect maquettage et illustrations (mais dans le cas de Magistrats et Manigances, futur jeu à paraitre dans le magazine, c'est l'un des auteurs qui a géré la relation avec le dessinateur).


A l'inverse j'ai aussi travaillé sur trois jeux dans le cadre du concours ThreeForged Design Contest, organisé par Paul Czege, auteur forgien s'il en est. Le principe était de travailler successivement sur un même jeu avec deux autres auteurs.
Commercialement on est dans indépendance (quoique la paternité des jeux pose sans doute un peu question) mais je n'ai jamais eu autant le sentiment de faire du mercenariat qu'en terminant les jeux de ce concours (principalement Millennia, le jeu que j'ai terminé, alors qu'objectivement j'ai modifié pas mal de chose à la version que j'ai reçue et amener le jeu dans une direction qui n'était pas celle qu'avait en tête son auteur précédent).
La pulsion créative n'était pas là du tout (sauf pour mon premier jeu, The Tellers) et l'exercice était purement technique (et pas franchement plaisant pour être honnête).
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Frédéric » 30 Mai 2016, 12:09

Au delà de la question de ce qui est ou n'est pas de l'indépendance :

  1. Je suis auto-édité parce que je n'ai pas envie de devoir réfléchir à ce qui "marche" ou ne "marche pas" (ce qui reste éminemment spéculatif, dans la mesure où J.K. Rowling a essuyé le refus d'une dizaine d'éditeurs pour Harry Potter) et pouvoir me lancer sur des projets de jeux pour lesquels tout le monde me dirait "t'es fou, ça ne marchera jamais" ou "Je ne pourrais jamais jouer à ton jeu" si moi j'ai envie d'y jouer (et j'ai déjà eu l'expérience avec Les Cordes Sensibles et La Mélodie des Orphelins et j'en tire un certain orgueil).

  2. Concernant le point 1, quand j'ai écrit CET ARTICLE, j'ai reçu des messages (disparus depuis dans les limbes d'internet) et des réponses sur d'autres blogs, d'auteurs tradis qui me disaient qu'ils étaient d'accord avec moi sur le fait que les scénarios trop linéaires ou contraignants n'étaient pas idéal et qu'ils n'utilisaient pas ça dans leur propre pratique, mais que le public voulait ça et que s'ils écrivaient des Canevas, les MJ se sentirait pris pour des cons.
    Je suis indépendant parce que je ne veux pas sacrifier la qualité, la cohérence interne de mes jeux et ma liberté d'explorer des formes et des systèmes inhabituels et innovants pour satisfaire ce genre de considérations clientélistes.

  3. Parce que je souhaite défendre un certain nombre de valeurs qui me sont chères (féminisme entre autres) et pour cela, je préfère garder un certain contrôle à tous les niveaux (les illustrations de la version francophone de S/Lay w/Me par exemple sont bien plus sexistes que celles de la VO).

  4. Parce que dans la majorité des cas, le bel objet, je m'en fous un peu. À la maison, la plupart de mes bouquins sont dans un état déplorable. Je rejoins Fabien sur la question du fétichisme de l'objet.

  5. Parce que la plupart des choses qu'aiment les rôlistes ne sont pas ma came. Je suis un faux geek, un outsider. J'aime Six Feet Under, j'ai envie de faire un JdR Six Feet Under, je le fais. Pas sûr que beaucoup d'éditeurs m'épauleraient pour ça et en fait la question n'a aucun intérêt pour moi. Et cette réflexion qui semble anodine est probablement ce qui permet aussi d'élargir le JdR à d'autres publics (bon, après pour toucher le public en question c'est une autre paire de manches).

  6. Parce que je n'ai aucun problème avec l'idée de faire un bide, car mon modèle me permet de ne pas prendre de risques financiers. Si 10 personnes apprécient mon jeu, ça en valait la peine. Et si pour 1 personne, mon jeu lui a procuré sa meilleure expérience, ça aurait été con de ne pas le publier.

  7. Je veux pouvoir prendre tout mon temps et ne publier mes jeux que quand j'en suis pleinement satisfait.

  8. Je considère que l'auteur est la personne censée toucher la part la plus importante du bénéfice fait sur un livre.

  9. Parce que je suis pour réduire les intermédiaires.

  10. Parce que je promeus la diversité : la diversité de forme, de thématiques, de système, etc. et jusqu'à présent, ce sont les indés qui ont exploré au mieux la diversité de notre médium. Et l'auto-édition permet à tout un chacun de publier ses jeux et de les publier comme il l'entend.

  11. Et enfin, parce que c'est sur Silentdrift que j'ai trouvé les gens les plus inspirants et les plus stimulants. C'était évident pour moi que c'est à cette communauté que j'avais envie d'appartenir.


Plusieurs personnes m'ont prédit que Prosopopée n'aurait pas de succès commercial, or ses ventes sont plutôt bonnes dans le milieu indé francophones (je talonne Sens Renaissance), et honorables en regard des ventes de traductions francophones de JdR indés anglophones. Ce qui vient appuyer mon idée qu'on ne peut pas savoir à l'avance quelle création mérite d'être publiée. Et l'on a des exemples bien plus éloquents outre atlantique.

Et j'oublie sans doute beaucoup d'autres raisons.
Encore une fois, cela n'a rien à voir avec le fait d'être ou de ne pas être indépendant, mais bien avec ce que JE fais de mon indépendance.
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Thouny » 30 Mai 2016, 12:41

Steve J a écrit :je suis un peu étonné que personne ne bondisse devant l'usage du singulier !

Le collectif me pose un souci, en fait.

Si tu as deux auteurs qui collaborent, le jeu peut être indépendant, selon toi. Très bien. Pourtant, chaque auteur n'est pas indépendant : il n'a pas le dernier mot. En revanche, le collectif, lui, est indépendant : il a le dernier mot.
Tu cites également un collectif auteur + illustrateur. Pareil, ni l'illustrateur, ni l'auteur n'a le dernier mot. Mais comme, considérés comme un collectif, ils ont le dernier mot, alors leur produit est indépendant.

Mais alors, pourquoi avoir un éditeur empêche d'être indépendant ? Après tout, l'auteur n'a pas le dernier mot, certes, mais le collectif auteur + éditeur, lui, a bien le dernier mot.
Certes, l'éditeur a des considérations de rentabilité en tête, de toucher un public, etc. Mais alors, selon toi, un auteur seul qui prend ses décisions en fonction de ce qui a le plus de chances de se vendre ne fait pas des JdR indépendants ?

Intuitivement, je sens une différence, bien sûr. Mais ça me semble assez fumeux : dès que j'essaie de la saisir, je me rends compte que c'est très flou, et ça me passe entre les doigts.
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Frédéric » 30 Mai 2016, 13:41

C'est vrai que la création collective d'un JdR pose de nombreuses questions :
Je participe à la création du jeu d'un ami et pour moi c'est clair que c'est lui l'auteur : c'est son univers, ses personnages, je me suis contenté de créer des mécaniques en suivant ses intentions, mais pour lui, ce n'est pas clair et il a tendance à considérer mon travail comme plus important. Autant ça ne m'aurait pas posé problème d'être juste dans les remerciements, autant il a tendance à me considérer comme coauteur.
Bref, on n'est pas encore arrivé à une conclusion qui satisfasse tout le monde.

Donc créer à plusieurs pose la question de qui a le dernier mot, (et donc qui a la "paternité" de l’œuvre créée) et donc est-ce que quelqu'un est vraiment décisionnaire sur le plan créatif. Si une personne dirige vraiment le projet, la solution est simple : c'est elle l'autrice. Mais si plusieurs créateurs sont à "égalité" en termes de responsabilités et de choix, ça complique pas mal les choses.

Néanmoins, la relation éditeur-auteur diffère, c'est qu'il y a une hiérarchie qui n'est pas forcément présente dans un groupe d'auteurs.
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Steve J » 30 Mai 2016, 14:39

Je peux parfaitement comprendre le plaisir de la création individuelle en JDR. Mon premier jeu publié l'a été à l'occasion du GameChef 2014 et -malgré la faible ampleur de mon jeu qui restait une petite chose- j'avais ressenti une grande satisfaction dans le fait d'avoir créer un jeu de A à Z (le jeu reposait sur des enregistrements audio et je l'ai donc créé, écrit, enregistré et diffusé seul).
Notre loisir permet la création d’œuvres minimalistes que l'on peut techniquement concevoir seul (alors qu'il est beaucoup plus difficile de réaliser seul un film ou un jeu vidéo...même minimaliste). C'est gratifiant.

Mais à l'inverse on perd des possibilités de synergies entre les auteurs. A la préoccupation pour la paternité des œuvres on peut préférer celle pour les collaborations entre auteurs (et la très belle idée, qui vient de Vincent Baker, de réutiliser/modifier les créations des autres auteurs comme un moyen de converser avec eux).
Quitte d'ailleurs à considérer que ces collaborations sont autant de dépendances qui nous éloignent du modèle de l'indépendance pure et parfaite, tant pis (ou tant mieux).
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Mangelune » 30 Mai 2016, 18:44

Merci à vous pour toutes ces réponses et ces bouts de polémiques ! C'est vraiment passionnant.

Concernant les gros éditeurs :

Steve J a écrit :Pourtant la question se pose.
Tu as sans doute en tête les grosses gammes multipliant les suppléments (sur lesquelles il y aurait des choses à dire sur la pulsion créatrice...je ne crois pas qu'elle soit absente des suppléments Cthulhu par exemple) mais dans le cas de BBE je suis un peu obligé de parler des jeux qu'ils publient au sein de Casus Belli.


Tu poses une question qui fait mal en fait.

Effectivement, même les plus voraces ne font a priori pas du jdr sans étincelle créatrice ou sans amour de notre loisir - l'argent à se faire est trop ridicule pour justifier l'appât du gain seul.

Cela ne les empêche pas de faire de nombreux compromis - voire compromissions - au nom de cette sacro-sainte idée du "c'est ce que le public veut". Un éditeur comme Sébastien Célerin par exemple parle publiquement de cela, de ce qui marche et de ce qui ne marche pas. Et dès le premier salarié, dès la première mise de fond, on a le désir bien légitime de rentrer dans ses frais et de réduire les risques (après tout, nous-mêmes parlons souvent de l'argent que nous voudrions recevoir en échange du travail fourni). De plus, bien des problèmes de popote interne sont tus ou divulgués sous le manteau, parce que le milieu est petit et qu'on ne veut pas se griller, donnant l'illusion d'une grande et belle famille respectueuse des intérêts des acteurs, des auteurs et du jdr en général.

On peut cependant très bien imaginer travailler pour un très gros éditeur en étant totalement libre de ses choix, peut-être même plus qu'en bossant tout seul - après tout, un éditeur qui croit en ton projet peut se mettre à son service et te permettre de produire le jeu tel que tu le rêvais, y compris dans un format que Lulu ne permet pas ou que tes propres finances t'interdisaient. Il peut même jouer le rôle d'accoucheur, te pousser à te dépasser quand tu aurais baissé les bras un peu plus tôt. Je ne connais pas les personnes derrière Casus Belli, ni leurs liens exacts avec BBE ou ce qui les a poussés à produire un jeu "narratif" (gniark gniark).Peut-être que l'aspect flux du magazine, la paye assez basse des auteurs, justifient cette prise de risque ? Ou l'envie de profiter d'un organe "secondaire" pour s'essayer à autre chose ?


Pour revenir sur les mouvements de l'indépendance, celle-ci n'est pas que liberté créatrice, comme beaucoup l'ont dit, elle est aussi mode de financement ET mode de diffusion. Et c'est ce dernier point qui m'intéresse en ce moment en tant qu'acteur. J'ai le sentiment qu'on est un peu pris entre deux choses aujourd'hui : le plaisir de produire un jeu tout seul, tel qu'on le voulait, sur un sujet ou une forme qui nous touchent, et d'un autre côté l'envie d'ouvrir notre loisir à ceux qui ne le connaissent pas ou mal et seraient susceptibles d'être intéressés par des propositions alternatives. C'est à dire que l'on vante parfois notre capacité à aborder des sujets "différents", et de l'autre côté on affirme se satisfaire d'une diffusion très réduite et d'un public restreint.

Mais peut-être que je trompe sur cette double ambition parfois contradictoire ? A cela il y a notamment le contre-exemple de Romaric qui investit énormément de temps dans la communication de ses jeux, de ses idées et qui nous permet aussi de profiter de cet outil qu'est la Cellule, et Eugénie et Epiphanie qui nous offrent cette possibilité via Charybde de toucher des personnes en dehors de notre petit milieu.
Contes et histoires à vivre, un site pour parler des Errants d'Ukiyo, de Perdus sous la pluie et du reste.

Pensez aussi à la page Facebook officielle de Perdus sous la pluie.
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Epiphanie (Julien) » 30 Mai 2016, 19:55

Mangelune a écrit :Pour revenir sur les mouvements de l'indépendance, celle-ci n'est pas que liberté créatrice, comme beaucoup l'ont dit, elle est aussi mode de financement ET mode de diffusion. Et c'est ce dernier point qui m'intéresse en ce moment en tant qu'acteur. J'ai le sentiment qu'on est un peu pris entre deux choses aujourd'hui : le plaisir de produire un jeu tout seul, tel qu'on le voulait, sur un sujet ou une forme qui nous touchent, et d'un autre côté l'envie d'ouvrir notre loisir à ceux qui ne le connaissent pas ou mal et seraient susceptibles d'être intéressés par des propositions alternatives. C'est à dire que l'on vante parfois notre capacité à aborder des sujets "différents", et de l'autre côté on affirme se satisfaire d'une diffusion très réduite et d'un public restreint.


C'est la grosse faiblesse que je vois aux tentatives indépendantes actuellement, cette question de la diffusion et de toucher un autre public. Pour défendre son jeu, il faut soit investir énormément en communication (a la manière de Romaric), soit bénéficier d'une réputation déjà bien établie (Le Grümph et, dans une moindre mesure Laurent Devernay seraient sur ce créneau), soit beaucoup de temps, de patience et d'abnégation (Prosopopée qui est en train de petit à petit s'imposer). Et puis parfois il y a autre chose, et tout fonctionne bien relativement vite (Chrysopée de Morgane, Sur les Frontières, de Manuel Bedouet), mais avec des effets parfois pernicieux (Chrysopée again).

La question que l'on est quelques-uns à se poser ces derniers temps, c'est comment favoriser ce modèle de l'indépendance sans retomber dans des rapports hiérarchiques auteur-éditeur qui ne seront pas productifs tels qu'ils se pratiquent (trop) couramment dans le JDR et dans l'édition classique. Je n'ai pas de réponses à apporter (pour le moment), mais augmenter la diffusion sans un minimum de mutualisation (et donc de perte d'indépendance, surtout sur ces questions de logistique), et en continuant à passer par des solutions comme Lulu me semble difficile.
C'est pas une critique, bien entendu, juste une question, un choix qui méritera d'être posé à un moment. Pour l'instant, on en est encore à la gestation et pour ma part, les indés sont en train de m'offrir mes plus belles heures de jeu de mes 25 années de jdr. Maintenant, encore une fois, comment faire pour conserver un modèle riche en terme de production et montrer à tous ces gens qui ne le savent pas encore que le jdr est leur came!
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par angeldust (Simon) » 30 Mai 2016, 20:51

La question que l'on est quelques-uns à se poser ces derniers temps, c'est comment favoriser ce modèle de l'indépendance sans retomber dans des rapports hiérarchiques auteur-éditeur qui ne seront pas productifs tels qu'ils se pratiquent (trop) couramment dans le JDR et dans l'édition classique. Je n'ai pas de réponses à apporter (pour le moment), mais augmenter la diffusion sans un minimum de mutualisation (et donc de perte d'indépendance, surtout sur ces questions de logistique), et en continuant à passer par des solutions comme Lulu me semble difficile.


Dans notre conversation téléphonique avec Julien et Vivien, je crois que le nom de Jérémie RUEFF, des Ecuries d'Augias, a été mentionné. Je ne suis que très peu renseigné sur le sujet mais mes deux comparses pourront en dire plus que moi. Je crois que le monsieur RUEFF propose ses services pour éditer des JDR "indépendants" ??? (je dis peut être des bêtises)
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Epiphanie (Julien) » 30 Mai 2016, 21:57

angeldust (Simon) a écrit :
Dans notre conversation téléphonique avec Julien et Vivien, je crois que le nom de Jérémie RUEFF, des Ecuries d'Augias, a été mentionné. Je ne suis que très peu renseigné sur le sujet mais mes deux comparses pourront en dire plus que moi. Je crois que le monsieur RUEFF propose ses services pour éditer des JDR "indépendants" ??? (je dis peut être des bêtises)


Effectivement, Jérémie est en train d'essayer de monter quelque chose qui va dans ce sens. Je ne sais pas encore ce que ça va donner, mais ce qu'il commence à mettre en place est très intéressant et prend à mon avis le travail éditorial dans le bon sens, à savoir proposer des prestations pour servir le travail de l'auteur, et notamment sur les domaines techniques qu'il ne maîtrise pas.
Et sur les questions de diffusion, on en a discuté Vivien, Jérémie et moi, il y a peut-être des pistes nouvelles à défricher, mais ça demandera encore un peu d'étude et quelques tests.
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Brisecous (Mathieu) » 30 Mai 2016, 23:22

Je rebondis sur les questions de diffusion et sur les questions de "toucher un autre public". En termes de diffusion et de communication, pour savoir ce qui marche, on peut regarder les pratiques commerciales et les méthodes de marketting dans des domaines plus grand public et plus professionnalisés que le JDR (dans le milieu de l'édition par exemple).

Il y a une réalité si l'on veut diffuser à plus grande échelle et à un public de non-habitués : il faut se plier aux lois du marché, il faut adapter son produit à la demande et au public visé, et il faut avoir un budget communication. Sans ça, le JDR restera un marché de niche qui ne s'adressera qu'aux joueurs habitués, avec une prise de risque économique minimale mais des gains potentiels faibles (vu qu'on s'adresse à un public déjà conquis mais limité). C'est la réalité du monde dans lequel on vit.

D'ailleurs je me pose une question depuis longtemps... Prenons le test suivant : je remets un jeu de rôle à un public totalement novice (qui ne connaît pas le JDR), sans aucune explication, et ce public a 1 heure maximum pour lire le jeu et préparer la partie avant de jouer. Existe-t-il selon vous des JDR (des Ateliers Imaginaires ou d'ailleurs), qui passeraient ce test avec succès ? A savoir, les joueurs pourraient jouer au jeu de manière adaptée, et prendre plaisir à la partie ?

A mon sens, si aucun jeu de rôle ne peut passer ce test, on s'adressera toujours à un public extrêmement restreint.
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Thouny » 30 Mai 2016, 23:55

Existe-t-il selon vous des JDR (des Ateliers Imaginaires ou d'ailleurs), qui passeraient ce test avec succès ?

Le problème, c'est que c'est super chaud de répondre à cette question comme ça. Enfin, en tout cas, personnellement, je n'en sais rien. Je peux émettre des hypothèse, bien sûr, mais sans vouloir plagier Valentin, pour savoir il faudrait tester.

Comme hypothèse, je verrais bien Happy Together. C'est une hypothèse, donc un peut-être, mais en une heure, ça se fait je pense.
Je me demande aussi depuis un moment ce que donnerait Lasers & Feelings (http://onesevendesign.com/lasers_and_feelings_rpg.pdf) entre les mains d'un groupe de noobs. Ça me semble très léger, comme conseils au meneur, mais je serais curieux.
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Frédéric » 31 Mai 2016, 00:08

En effet, il faut du pognon pour exister dans les lieux de vente "tout venant", pour les BD par exemple, les boutiques font des retours d'invendus, par exemple. Qui parmi nous peut gérer des paquets d'invendus ?

Des jeux faciles à mettre en œuvre pour de parfaits novices ? Autant j'en connais beaucoup de faciles à jouer pour de parfaits novices, autant passer l'étape de la lecture et réunir d'autres personnes pour jouer en comprenant vraiment le fonctionnement et les possibilités du jeu, ça me semble beaucoup plus difficile, car la création de fiction a quelque chose d'abstrait j'ai l'impression. Il m'est arrivé de parler avec des personnes curieuses du JdR, mais incapables de comprendre ce qu'il se passait concrètement pendant une partie, malgré des explications aussi claires que possible de ma part.

En revanche, je pense que les jeux indés innovants peuvent s'ouvrir à d'autres publics parce que des rôlistes y feront jouer des personnes (en étant meneur ou animateur) qui n'apprécieraient peut-être pas les thématiques de JdR plus tradis ou geeks.
J'ai eu des retours de personnes ayant fait jouer Prosopopée en classe d'ados déscolarisés, en colo, avec des enfants, auprès de grands parents, d'une personne atteinte de la maladie de Parkinson, etc.
J'ai fait jouer LCS à des amis pas geeks du tout ni gamers et ça a roulé, alors que ça aurait été très compliqué de les faire jouer à Warhammer.

C'est à mon avis la meilleure ouverture possible. En revanche, ce genre de "parties découverte" conduisent très rarement les joueurs à prendre le livre et animer ou mener une partie de leur côté.
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Epiphanie (Julien) » 31 Mai 2016, 00:13

Brisecous (Mathieu) a écrit : Existe-t-il selon vous des JDR (des Ateliers Imaginaires ou d'ailleurs), qui passeraient ce test avec succès ? A savoir, les joueurs pourraient jouer au jeu de manière adaptée, et prendre plaisir à la partie ?


Pour les Ateliers imaginaires: Perdus sous la pluie.
Pour le reste, Lady Blackbird et quelques autres jeux en une ou quelques pages, mais on ne le trouve pas vraiment dans le commerce, on peut donc difficilement en faire un outil d'auto-découverte.
Premier Bivouac, de Manuel Bedouet est aussi parfait question prise en main. Un bon outil de découverte pour des non rôlistes et qui chasse, de par sa thématique (on joue des scouts) ailleurs que sur les terrains ultra parcourus du jdr tradi. Et de manière plus large, c'est l'angle d'attaque de Manuel que de faire (aussi) des jeux "casual": mécaniques bien pensées, prise en main facilitée, jouables rapidement.
Une Hitoire Véridique, le jeu de Cédric Ferrand, Steve et Kalisto paru dans le dernier casus Belli (mais là encore le support mêem limite la découverte du jeu à des gens déjà initiés.
En jeu trouvable dans l'édition jdr tradi, je n'en vois aucun qui passe le test.

sur la question de la diffusion, je continuerais bien, mais là je tirerais le fil vers mes marottes et largement hors sujet.
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Thomas Munier » 31 Mai 2016, 08:49

Sur la question de la diffusion :

En ce qui me concerne, j'ai en partie placé mes textes dans le domaine public pour que des éditeurs puissent s'en emparer et les diffuser à leur tour avec des moyens plus grands que les miens s'ils pensent que ça vaut le coup.

Sur la question de l'accessibilité à un nouveau public :

Je ne sais plus qui m'avait adressé cette référence sur un autre fil, mais elle a sa place aussi ici :
Indie games are missing target par Alessandro Piroddi sur (Un)Playable Games
Énergie créative. Univers artisanaux.
http://outsider.rolepod.net/
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Re: Mais c'est quoi votre indépendance ?

Message par Brisecous (Mathieu) » 02 Juin 2016, 01:03

Merci pour vos réponses. Frédéric, je ne doute absolument pas que le jeu de rôle soit "facile" à transmettre à des profanes dans le cas d'une transmission directe (d'un joueur expérimenté à des joueurs novices), et je ne doute pas que Prosopopée convienne à cet usage. Ma réflexion justement porte sur la capacité d'accès de notre discipline lorsqu'il n'y a pas de transmission directe (pas de joueur expérimenté) et là, comme tu le fais remarquer, c'est beaucoup plus difficile. Je tenterai probablement l'expérience un jour, et si ce jour arrive, j'utiliserai les jeux que vous me conseillez et je vous ferai un retour. :)

Frédéric a écrit :Qui parmi nous peut gérer des paquets d'invendus ?

Tout en étant rentable ? Je dirais personne, sauf à monter son entreprise, à créer un véritable plan comm' et à être capable de vendre plusieurs milliers d'exemplaires. Dans le milieu du JDR, ça me semble difficile à mettre en place.
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