Bonjour à tous !
Je me permets d'ouvrir ce topic qui fait un petit peu écho à
celui-ci. Il ne s'agit ni d'un CR de partie, ni vraiment des jeux de Frédéric, donc s'il faut déplacer la discussion, n'hésitez pas.
Cela fait quelques temps que je me pose la question de la préparation d'expériences de jeu "sensibles" et j'aimerai faire part de mes réflexions et éventuellement glaner quelques conseils.
1. ContexteAvec mon groupe habituel, nous faisons une campagne de Vampire avec des règles modifiées (sans dés, focus sur l'exploration des émotions). Pour ceux qui sont intéressé, voici la
page du jeu,
les règles sans dés et
les rapports de parties. Il n'est pas nécessaire de les lire pour comprendre ce que je vais raconter, je vous en faites pas.
Dans le cadre de cette campagne, certains sujets "sensibles", actions ou dialogues, peuvent être abordés pour approfondir un personnage. Par exemple, une protagoniste a été victime d'un viol, une autre (archétype de la beauté fatale) a vu son corps mutilé, etc. Souvent, la mise en scène de ces éléments sensibles sont à la charge de la meneuse.
Notre contrat social est du type
"Personne ne sera blessé" (edit) "On peut aborder tous les sujets sauf un certain nombres définis à l'avance", et nous savons dans quoi nous nous engageons.
2. ProblématiquesPuisque c'est la meneuse qui se charge de ces sujets "sensibles", de l'idée d'épreuve à la mise en scène, il en résulte deux dangers:
1) la meneuse peut aller trop loin et donc peut heurter le joueur;
2) la meneuse fait fausse route et soulève des problématiques qui ne sont pas voulues par le joueur. Souvent les actions sensibles sont très lourds de conséquences (mutilation, choc traumatique, mort, etc.) et faire ainsi fausse route peut dénaturer complètement le protagoniste et les propos qu'il soulève
3. Jouer safePour le premier danger, il existe de nombreux gardes-fou:
- la démarche "Personne ne sera blessé" dans la mise en place du contrat social
- des signes corporels, ou matériel, comme la "Carte X" ou les "bras en croix" pour signifier qu'on va trop loin dans les jeux de Thomas Munier
- etc.
Je ne reviens pas là dessus, je pense que le contrat social est clair et qu'on sait où on va. Cela fait plaisir aux joueurs de prendre part à ces expériences.
4. Préparer des expériences safe: le paradoxePar contre pour le deuxième danger, il n'est pas évident de déterminer comment procéder:
- Soit la meneuse et le joueur se mettent d'accord sur ce qui va se passer. Dans ce cas, on explore bien la thématique choisie par le joueur. Mais le joueur ne ressent pas la surprise, l'anticipation, d'une telle scène. Il sait qu'elle va arriver, il ne sait juste pas quand ni comment.
- Soit la meneuse et le joueur ne se mettent pas assez d'accord. C'est la meneuse qui mène la danse et toute la responsabilité est sur elle. Le contrat social précise qu'on peut jouer des scènes trash mais la responsabilité est du côté de la meneuse. Là, il y a un soucis et j'y reviendrai un peu plus tard.
Entre ces deux positions extrêmes (déterminer ensemble ou pas du contenu du trash), il y a la discussion à demi mots. Par exemple, pour la protagoniste femme fatale qui s'est faite mutilée:
- la meneuse et le joueur se sont mis d'accord à l'avance sur le thème à aborder: la beauté physique
- la meneuse a posé des questions subtiles pour savoir jusqu'où elle pouvait aller et sur quelles ficelles elle pouvait tirer pour amener la scène
- la meneuse et le joueur se connaissent bien, ce qui a facilité le processus
A contrario, pour une autre protagoniste, il est difficile d'interpréter les dires du joueur. Cet exercice d'interprétation pour préparer une scène "au mieux", pour savoir sur quelle ficelle tirer et jusqu'où aller est fastidieux. La meneuse peut avoir l'impression de "tirer les vers du nez" au joueur, qui peut s'agacer rapidement.
Bref...
Là réside le paradoxe: si la meneuse et le joueur se mettent trop d'accord, il n'y a plus de surprise. Si la meneuse et le joueur ne se mettent pas assez d'accord, il peut y avoir confusion ou trahison du concept du protagoniste (une beauté fatale défigurée n'est peut être pas ce que le joueur souhaitait pour son personnage). Pire encore, la meneuse peut ne pas savoir sur quelles ficelles tirer pour questionner la psyché des protagonistes...
Qu'en pensez-vous ?