[La Saveur du Ciel] L'Absolu au chocolat

[Morgane]

Piment est une jeune femme passionnée par le gateau au chocolat. Elle cherche à saisir comment un aliment peut changer l'homme. Pour la première étape de son périple final, elle a rendez-vous avec Crème, la Guide qui fournit au monde entier les meilleurs laits, beurres et chocolats au lait de la planète.

Approche :

Crème, magnifique dame à la peau d'ébène, accueille Piment dans un chalet suisse des plus élégants. Au coeur de son laboratoire de haute technologie, où des fleuves de lait qui ruissellent sans fin, la Guide interroge son élève : Comment diable peut-on créer un dessert accessible à tous en utilisant du chocolat noir, si élitiste et complexe à comprendre ?
Piment ne se laisse pas démonter : le chocolat au lait est une hérésie. Le mélange ne doit s'opérer qu'au moment du dessert, pour ne jamais altérer la puissance du cacao pur.

Préparation :

Piment fait immédiatement venir du Pérou des cabosses uniques en leur genre : en effet, le pays abrite des cacaotiers géants, véritables microcosmes à eux tout seuls, donc là sève noire pourrait déjà évoquer le chocolat le plus dense. La future guide fait venir les cabosses par navette à gravité zéro. Ce bref passage en apesenteur leur permettra de s'ouvrir juste à temps pour leur transformation en chocolat.
Piment a également avec elle deux animaux remarquables : une louve blanche d'Irlande et un Dracofeu. De la louve, elle tire un lait céleste qui, une fois adjoint à quelques gouttes de sang de lézard bleu, devient une merveille d'onctuosité. Le dracofeu, quand à lui, fournit pendant la nuit un oeuf rutilant au jaune d'oeuf éclatant et au blanc translucide. Seul un tamis en fil de soie brut permet de filtrer l'oeuf et de séparer le blanc et le jaune.
Le dragon produit également le "feu permanent", flamme dont jamais rien n'altère la température.
C'est sur cette flamme, dans un plat d'argent gravé, que Piment comment la préparation de sa pâte : cacao à point, lait et jaune-soleil forment son premier appareil. Le dragofeu sera chargé de battre les blancs en neige avec un étrange harnais-fouet, car le rythme inexplicable de ses ailes produit un mélange des plus réussis.
Enfin, dans un four à pain porté à la température parfaite par le feu du dragon, Piment fait cuire son gateau au chocolat, aidé par un minuteur à la précision des plus suisse...

Dégustation :

Elle sert son dessert à même le plat, sans falbala, car le goût e suffit à lui seul. La première bouchée est une explosion de chocolat, tant dans la croûte croustillante que dans le fondant intérieur. Tel un parfum, se mèlent note de tête cacaotée, note de corps crémeuse et note de coeur. Mais drame ! Piment se rend compte qu'elle a oublié son ingrédient signature : le piment ! Elle s'empare du condiment et croque à même dedans. Cette minuscule bouchée révèle alors toute la chaleureuse harmonie du gateau et ouvre les portes des plaisirs célestes.

La douceur des saveurs ramène Piment à sa petite enfance. Elle envisage alors un vieux souvenir oublié sous un oeil nouveau : son petit dragon est plus qu'un ami d'enfance. Il l'accompagne depuis qu'elle est née ! Ressentant le lien empathique qui unit la femme et l'animal, Piment constate que quelque chose ne va pas. Le dragon souffre à l'épaule. Aussitôt, elle applique une méthode d'accuponcture pour le soulager et se libérer du même coup la tête de cette douleur. L'esprit dégagé, elle comprend alors que ce dragon doit être son frère d'une manière ou d'une autre...
Mais le deuxième palier lui réserve d'autres surprises. Le chocolat forme une boule succulente et irradiante dans son estomac. Les sens de Piment s'élèvent et la voilà qui perçoit toutes les énergies vitales présentes autour d'elle, comme autant de boules lumineuses et colorées. Explorant les limites de sa conscience, elle rencontre une présence fragile et vascillante et tâche de lui insuffler la chaleur qui réside dans son ventre grâce au dessert. La lueur reprend de l'aplomb.
Piment découvre également des lueurs qu'elle ne connait pas : sa louve est enceinte ! Voilà pourquoi le lait avait un gout si inhabituel et perturbant ! "Crème ! Je crois qu'on tient quelque chose !"
Tout devient clair dans l'esprit de la jeune Guide : souffrance, partage, empathie, travail, persévérance, tout ceci s'entremèle dans sa recette et trouve à présent un accomplissement parfait ! La force vitale de chaque chose, cette part de beauté et d'inconnu, voilà l'ingrédient absolu qui fait la saveur de l'éxistence !

Alors que Piment reprend connaissance de la réalité qui l'entoure, Crème apprend que sa petite fille malade est miraculeusement guérie. Pleurant de joie, la femme et la Guide victorieuse apportent le dessert à l'enfant qui découvre alors le meilleur gateau au chocolat du monde entier.


C'était une partie complètement dingue ! Mon amie, véto de profession, a adoré cette première expérience de jeu de rôle indé. Elle a finit par faire de grands gestes, nous emportant dans son récit. On riait, elle en rajoutait, c'était épique ! Elle a trouvé que la troisième partie du jeu permettait, avec soulagement, de racorder les éléments précédents dont elle avait du mal à voir l'utilité à mi-parcours. On s'est trouvé bien fatiguées après une telle histoire.
Bref, la partie la plus fantasmagorique que j'ai pu voir jusqu'à présent mais un vrai plaisir partagé et un remède au chagrin :) J'ai donné pas mal de dés lors de la dégustation, pour lui permettre d'atteindre les paliers supérieurs malgré de piètres résultats de lancers. Ses idées, y compris dans l'utilisation des imperfections me plaisaient beaucoup et nous avions toutes les deux très envie de découvrir l'ultime pâlier qui jaillirait de tout cette folie.

[Fabien | L'Alcyon]

Ah, super, merci vraiment Morgane ! Non seulement c'est un très chouette rapport de partie, mais en plus il répond à une question que je me pose depuis le début de la création de ce jeu: qu'en est-il de la fantasy ? Est-ce qu'on peut intégrer des éléments fantastiques dans la cuisine, peut-on fantasmer sur quelque chose qu'on ne peut nécessairement pas avoir goûté ? J'ai souvent pensé à des plats comme la langue de dragon braisée ou les gemmes confites... Ton rapport de partie est manifestement un élément de réponse ! :)

Je suis aussi content de voir que La Saveur du Ciel peut faire découvrir le jdr à des gens qui ne le pratiquent pas encore ! ^^

[Christoph]

Très joli, en effet !

Est-ce que l'oubli du piment était amené par un point de règles ? La guérison de la petite fille apporte une fin vraiment sympa, je vais essayer de retenir l'idée de rétablissement pour une future partie.

[Morgane]

Merci vous deux.

En fait, j'avais remarqué que sa recette manquait... de piment. Elle n'y a vraiment pas pensé de suite. J'avais à l'esprit de le lui suggérer -via son Guide- mais finalement, nul besoin.

[Gaël Sacré]

Très belle partie. Après avoir lu l'exemple dans le livre et ton rapport de partie, Morgane, j'ai très envie de jouer à La Saveur du Ciel !

Edit : Et j'apprécie particulièrement le fait qu'on puisse intégrer des éléments surnaturels. Je rêve de faire une partie pour réaliser la plus parfaite des bierraubeures !

[Morgane]

Il faut jouer à ce jeu, il est absolument formidable. Alors surtout fais cette recette et vient nous raconter ! J'ai vraiment envie de savoir comment tu vas t'y prendre =D