Je me posais la même question, probablement en écoutant le même podcast.
Je ne pense pas être de ta génération, Thomas. Je suis né en 77 et je reconnais là ce que j'appellerais de la novlangue de féministe 21ème. Je ne te juge pas. mais par contre j'ai un avis, je te donne mon point de vue de X.
Je trouve ça ampoulé. J'ai envie de dire qu'on ne se faisait pas suer avec des précautions de langages pour parler de féminisme.
Quand je parle de ça avec mes 2 sœurs, elles sont 4x plus trash que mes 2 frères ou moi. Ma mère est une grande délicate, certes, et mon père un exemple assez typique de paternalisme de sa génération (ils sont séparés). J'ai un univers familial proche qui regroupe pas mal d'aspects sur cette question.
Donc pourquoi se faire chier.
J'ai deux problèmes avec ce nouvel usage de la langue.
Le premier est d'ordre esthétique littéraire. Il faut pour moi intégrer que le français est une langue genrée. Je suis assez conservateur sur son usage.
Pourquoi ne pas simplement utiliser l'anglais plutôt qu'importer une grammaire étrangère ? Est ce qu'au Royaume-Uni / USA, les problèmes de féminisme sont différents des nôtres ?
Non. C'est pire.
Le français est plus adapté que l'anglais pour parler d'amour et de sentiments.
Ce qui permet des souplesses entre le parlé féminin et le parlé masculin, l'expression de l'animus et de l'anima du locuteur. Ces notions d'animus et d'anima (qui sont pour résumer les parts féminines chez l'homme et les parts masculines chez la femme) sont des richesses immenses du français.
Les abolir est... Je ne sais pas trop. Pas très humain, je trouve. Robotique.
Ceci est pour moi un apport majeur du français genré au féminisme, et cela est mal identifié et utilisé par les é-e-s de tout genre.
Ainsi, je suis peut être vieux jeu, mais lire un texte plein de é-e-s, d'autrices et de professeures, désolé pour moi c'est du nénufar.
Et j'écris cl
ef au boulot au moins trois fois par jour, par pure rébellion contre l’appauvrissement de la langue pour causes diverses, et, pour moi, éphémères, de bien-pensance (il faut aider les mauvais en français, il faut que le lecteur me reconnaisse comme en accord avec son combat moral du moment qu'il oubliera au prochain tremblement de terre ou aux prochaines élections, l'histoire culturelle d'une langue n'est pas importante devant la morale d'un siècle - sur ce dernier point, je n'ai pas entièrement tranché, oui).
L'abolition des différences de genre n'est pas relié à l'abolition des genres des mots, car on y perd ces notions d'animus et d'anima.
C'est clairement en quoi je suis un féministe un peu à l'ancienne. Ou d'un autre mouvement, je n'en ai pas trop idée.
Le second est de l'ordre du jargon et de la transmission. Il me semble plus compliqué de faire passer vraiment un message à des gens qui ne sont pas d'accord avec toi si tu invente tes propres règles de langage. Ton paternaliste va te lire et se dire "Je comprends pas. C'est de la merde. Quel con.", et hop te zapper. Chance de le faire réfléchir : 5%, au débotté.
Convaincre des convaincus est, pour moi, pas très courageux (encore une fois, je ne juge pas, c'est juste mon avis) : si tu es politiquement contre un mouvement quelconque, ce n'est pas en râlant dans ton coin avec des convaincus ou en allant voir des antagonistes et en utilisant un français qui t'es propre que tu va influencer beaucoup de gens.
En t'écoutant, je me disais "tiens il n'a que des joueuses, c'est cool !", ce qui, tu l'admettra, est très paternaliste aussi (je fais exprès pour t'embêter :p - parce que pour moi si tu pars dans les nuances, tu risque après nous avoir perdus, de t'y perdre toi même - il faudrait écrire tes textes avec des (e) partout quand tu te qualifie après tout), mais non, c'est une coquetterie :/
- c'est comme ça en tout cas que je le perçois. Je ne te juge pas, j'y suis assez indifférent. Mais ça fait la seconde fois qu'un jeune viens me voir en me disant "tu parl pa bien il fo écrir é-e-s partou", et oui, je me moque. Sans juger: chacun son combat.
Mais pour moi déjà tu te grille "de gauche" alors que l'une de mes valeurs de X est de hacker la société en essayant de diffuser mes idées dans tout les milieux : 40% du temps un type de droite va lire tes é-e-s et ne pas écouter ce que tu raconte, de base. Parce que ça fais "manif pour tous" et que "manifpourtous, c'estdlamerde", dans sa tête.
C'est pas très très efficace pour une méthode de com' plutôt étiqueté Y.
"Je dis ça, je dis rien" (troll inside :p).