par Sildoenfein » 21 Oct 2016, 15:07
Puisque l’on est parti pour faire le tour des approches, voici celles que j’avais isolées.
- Les formulations d’un langage épicène en utilisant le plus possible des mots dits neutres comme « personne » sont souvent très lourdes en effet et ne permettent pas beaucoup de variation dans la manière d’exprimer les choses, ce qui rend le discours monoterne.
- Les raccourcis qui fonctionnent à l’écrit type joueur.euse ne fonctionnent pas à l’oral, à moins de parler des joueureuses, mais cela ne fonctionne qu’avec quelques rares mots et pose problème dès qu’il faut accorder quelque chose : des joueureuses proactifives heureuxeuses ? pourquoi pas, mais c’est tout de même important comme adaptation, difficile à réaliser au vol et cela fait plus louchebem qu’autre chose.
- L’alternance parfois prônée, avec alternance de l’ordre d’alternance (dire « les joueuses proactives et les joueurs proactifs sont heureux, mais cela rend parfois les meneurs et le meneuses stressées », avec une règle d’accord de proximité) : je m’y suis essayé à l’écrit, c’est très contraignant et le résultat est vraiment lourd. À l’oral c’est pour moi irréalisable et inécoutable.
- Remplacer la 3e personne par la 2e n’est pas toujours possible (aisé) et ne fonctionne plus dès qu’il y a un accord de genre à faire (« vous devez être proacti…fs ? …ves ? »). Il faut faire des pirouettes et se passer des adjectifs et participes passés, c’est possible mais c’est tout de même fort appauvrir sa palette d’expression (non je n’ai pas besoin de cette contrainte créative là, merci).
Au-delà de la question de la langue, il y a la question de la représentation. En parlant des personnes à la table de jeu, on mêle les deux.
– J’avais pensé pour un ancien projet de jeu utiliser des exemples de jeu uniquement avec des prénoms épicènes et faire le jeu de langage oulipien nécessaire pour éviter les accords révélateurs (adjectifs, participes passés, et… pronoms ; les articles heureusement ne s’accordent pas en genre à la 3e personne du pluriel). Alex peut-être formidable et Dominique enthousiaste sans problème. Mais mon opinion actuelle est que cela ne va pas assez loin, est trop discret. Pour faire réfléchir à la question, il faut la montrer.
– la méthode White Wolf de parler d’une meneuse et de ses joueurs est un peu trop timorée, avec trop d’hommes, bien qu’elle place la femme dans la position traditionnellement dominante.
– La méthode Lapin Marteau est mieux, mais elle conserve l’homme dans ladite position dominante. Et je ne sais pas quoi faire des créatrices et créateurs de jeu, des maquettistes, artistes graphiques, …
– N’imaginer que des femmes, pourquoi pas ? C’est peut-être un peu extrême mais cela a l’avantage d’être très simple, et à l’oral je peux compter sur des erreurs occasionnelles pour redresser cela.
– Guylène Le Mignot me propose une technique qui me semble excellente : personnifier ses exemples, ne plus trop parler de meneuse/joueuse/parcipantes/personnes qui… mais parler de Léonore, Pierre, Yasmina, Cidrak et Chen, chacun avec leur rôle, pj, caractère, … Les pj peuvent être détaillés également. Cela demande beaucoup de reformulation pour moi qui ait tendance à parler en généralités, mais c’est très tentant comme méthode. Se créer une table imaginaire (je ne crois pas que cela soit étranger à Thomas), la construire de manière à contrer les stéréotypes (pas évident car les stéréotypes, malgré leur nocivité, simplifient la communication). Guylène suggère astucieusement de panacher cela avec une ou plusieurs autres méthodes pour rendre les choses plus vivantes, plus attrayantes, plus naturelles. (En plus cela me permettrait d’utiliser des prénoms de diverses cultures et d’aller plus loin que le féminisme et de toucher un peu au racisme.)
Mathieu, sur la représentativité, j’ai une technique que j’utilise en partie, mais n’ouvririons nous pas un nouveau sujet pour l’aborder ? C’est court, mais si on commence à discuter…
Philippe D. / Sildoenfein -
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