par Arjuna Khan (Fabric) » 09 Avr 2016, 22:38
Embrasse moi si tu peux
Sur cette partie, on a été très loin. Je connaissais anais depuis quelques mois et l'ambiguité sexuelle était de mise dans notre relation. Cela posais des problémes dans nos relations affectives et on a donc décidé d'un commun accord de mettre un terme à cette relation en se retrouvant dans un café pour discuter une dernière fois. On voulais trouver des supports pour se dire/se raconter toutes les choses que l'on avait pas pu exprimer et je lui ai donc entre autre proposer une partie d'happy together. Etant tou(te)s deux à une période de notre vie où on etait relativement à l'aise avec notre rapport au corps et nos désirs, nous avons décidé de ne mettre aucun frein aux descriptions explicites à vocation sexualisante. Mon cr sera donc très cru, voir choquant. Je tenais à vous prévenir avant que vous ne poursuiviez votre lecture.
Fabrice et anais
Un baiser volé
Bordeaux, un vieux squat derriére un campus de fac
Antonin (anaïs)
garçon de 35 ans, d'origine mexicaine, cheveux long ramené en nattes, conférencier, phrasé parfois hésitant toujours en train de chercher ses mots, amoureux de david qu'il a perdu de vue depuis longtemps.
Quête : Je voudrais embrasser david une derniére fois.
David (fabrice)
garçon de 30 ans, irlandais installé en france depuis quelques temps, vit plus ou moins de la générosité de ses différents partenaires sexuels, très speed dans ses attitudes et ses comportements, curieux des interactions avec antonin qu'il trouve amusant.
Quête : Je voudrais gouter à quelque chose d'innatendu, quelque chose de délicieux et d'orgasmique.
// La création de perso perturbe (elle m'a toujours perturbé) mais cela fait pas mal écho aux fait que tu propose de confronter certains éléments de l'identité des personnages et si cela comporte un certain niveau d'exigence on comprend pourquoi on fait ça et on fini par s'en sortir sans trop difficulté. Seul bémol : les origines ethniques. Je trouve que le terme « ethnique » dessert beaucoup la fiche d'envellope charnelle. Au final sur la partie qu'on a joué, ce terme nous a plus paumé qu'autre chose et on a fini par se concentrer sur les origines sociales/geographiques des personnages qui sont beaucoup plus porteuse de jeu.
// J'ajouterais que l'inspiration conditionne beaucoup l'écriture de la quête dans notre partie. Je ne sais pas si c'est voulu…
Comtemplation
Un jeune garçon suce un homme un peu plus agé. Il le colle contre un mur qui s'effrite, son jean bleu délavé, laisse parfois entrevoir ses fesses. Le sol est recouvert de débris, de capotes usagés, de tessons de bouteilles… (Anaïs)
On sens une vieille odeur de biére, une odeur de biére bon marché. Ca suinte également le parfum des chaises brisés et des éclats de voix. Des larmes du aux orgasmes douloureux et brutaux viennent à nos narines. (Fabrice)
Je frôle le banc de bois du bout des doights, des symboles obscénes sont gravés dessus. Je peux presque sentir tous les gens qui s'y sont frottés (Anaïs)
Le goût du sperme sur mon palais qui me rappelle des souvenirs vaguement indécent. Le lubrifiant à la fraise sur mes lévres avec cette saveur un peu trop epaisse. (Fabrice)
Des bruits de lévres autour de nous, des gémissements…. Des oiseaux sur les murets qui profite du calme relatif pour chantonner. En fond, on passe un vieil air de cat stevens. (Anaïs)
Exploration
(J'ai essayé de retranscrire les dialogues qui comportent une grosse partie de notre jeu. Ca reste beaucoup plus propre que ce qu'on a vécu mais ça peut permettre de donner une idée.)
David allume une cigarette, il fait mumuse avec la fumée avec ses doights. Il regarde les corps à moitié dénudé autour de lui, il rit. Antonin se penche pour tirer sur la clope de david mais se pete la gueule en trébuchant sur un débris. David déclare :
« Eh bien, pupuce. On tiens plus sur ses jambes ? Tu es troublé peut être ? »
« Ne m'appelle pas comme ça et aide moi à me relever plutôt. »
« Désolé, je ne voulais pas te blesser. J'ai toujours été un peu maladroit comme garçon »
« Oui je sais : maladroitement précoce ou précocement maladroit. »
« Ah ah ! Ca veut pas dire grand-chose mais c'est joli... »
Ils rient ensemble. Ils ecoutent le silence un long moment, en se regardant longuement. Puis antonin s'approche d'un vieux batiment desaffecté : les murs ont été balayé mais il reste un mobilier simple. Antonin dit :
« Tu te souviens ? »
« Oui bien sur. C'étais juste là derriére la table où on mangeais. Tu m'avais pris très violement à l'époque. C'étais cool. »
Antonin rougit. Il discute avec david et décide tout deux de profiter du peu de lumiére pour essayer de retaper un peu l'endroit afin de pouvoir y passer la nuit (désir d'antonin : passez une nuit de rêve avec david). Là je vais partir sur juste l'utilisation des qualités mais il faut imaginer une exploration assez dense du décor avec des descriptions très étoffé des expressions de personnages métissé de dialogues philosophique sur la vie de couple, l'amour, le sexe. C'est un gros pan de notre partie mais je ne pourrais les retranscrire ici. Sachez seulement qu'alors que david defendait la liberté et la rupture des normes quoiqu'ils en coute, antonin manifestait un certain amour de l'humanité qui impliquait parfois de se comporter comme on voulait que l'on se comporte afin de pouvoir échanger plus sereinement avec les gens.
Qualité : partage (antonin)
Antonin prend un balai et commence à nettoyer les gravats, david l'aide dans sa tache. La poussiére s'envole dans les airs et les fait éternuer. Le regard d'antonin se bloque quelques instants sur david, ses yeux brillent puis il finit par avouer à david qu'il est marié et pére de deux enfants mais qu'il n'y ne lui avait pas dit par peur de jugement. David réplique que c'est très mignon de sa part et que même si l'idée de le voir brouter des vagins le dégoute, il a rien contre les enfants (« y'en a des biens »lance t-il avec humour)
Qualité : spontanéité (david)
David se pose avec un couple de biker qui se bécote et leur propose de fumer un peu d'herbe à lui histoire de faire connaissance. Antonin les rejoint et il parle de cul et de moto ancienne, de l'envie d'aventure et cuisine asiatique. Petit à petit david et antonin deviennent plus tactile, un peu comme ce couple de motard.
[…] j'elipse volontairement deux qualités car ma prise de note est trop parcellaire à ce sujet et je préfére pas faire de betises. Sachez juste que cela permet à david et à antonin de devenir plus intime (on a fait des scénes de sexe explicite) et que c’était l'occasion d’évoquer que david refusait de se faire embrasser sur la bouche par qui que ce soit.
Qualité : savoir faire (antonin)
Alors qu'ils mangent du seitan au feu de bois préparé par david (lui et les motards) antonin a l'idée d'installer une tente improvisé dans leur abri. Il manipule toiles et cordages au dessus d'eux pour se construire un îlot de tranquillité. La chaleur gagne les lieux et assis dans l'obscurité, le charbon ardent pour seule lumière, ils écoutent tous david manifestement légèrement défoncé leur chanter des chansons absurdes sur le temps qui passe ou les amours de jeunesse.
Accomplissement du désir
Les deux motard se déshabillent et commence à baiser tandis que david et antonin les imitent. Hélas david est trop sec pour faire quoi que ce soit et ils discutent longuement du joyeux bordel de leurs vies sentimentales respectives. Il se serrent fort toute la nuit durant enroulé dans une couette puis se laisse au matin rêveur, conscient d'avoir passé l'une des plus belles nuits de leurs existences. Quelques temps aprés s'être quitté, ils réalisent qu'ils ont échangés leurs vêtements. Au même moment, dans des lieux très différents, ils sourient beatement.
// On a été un peu paumé au début car la base qui décrit la phase d'exploration reste un peu flou. On nous dis de faire explorer le lieu à nos personnages, c'est trop flou. C'est le coup du bon vieux « quand il y a trop de choix, il n'y a pas de choix ». Que doit-on faire ? Qu'est-ce qui nous est proposé ? On doit se rapprocher de sa quête ? Devellopper une relation ? Chercher à mieux expliciter un élément décrit dans les contemplations ? Et si on le fait pourquoi ? En quoi ça participe à la création de l'histoire ? En quoi ça la structure ? Juste profiter du décor comme on nous le suggére est un peu faible car parfois la contemplation et les éléments de la fiche peuvent être des éléments trop maigre. En gros, on ne sait pas quoi faire, ce qui crée de la latence et fait perdre en rythme, en connexion avec l'histoire. Nous clairement, on a essayé de faire écho à nos relations passé mais c'étais pas naturel on a du y réfléchir avant et faire un choix.
// On nous dis de décrire en priorité notre personnage mais par déduction on peut aussi décrire celui des autres. Pour avoir expérimenté en jeu, on ne devrait pouvoir le faire qu'au conditionnel sinon ça pose des problémes selon moi.
// Ce n'est pas vraiment une critique mais plutôt une remarque. Généralement on crée un désir et ça necessite tellement notre attention qu'on a tendance à se focaliser dessus et à occulter la création d'autres désirs.
// Je suis assez circonspect sur le fait d'attribuer des points aux désirs. Je veux dire déjà on ne coche des qualités que quand c'est important, quand cela apporte quelque chose à l'avancée des personnages dans leur exploration. Du coup (pour moi), stocker ne serait ce que trois qualités c'est super long. Car on nous présente ce jeu comme un jeu contemplatif et on a si ce n'est une narration dumoins un temps de jeu assez conséquent (avec happy, j'ai des silences, des gestes, des regards, des expressions de visages extremement souvent).
// Pour moi, valider soi même ses qualités c'est l'évidence. On est sur ce que j'appellerais un jeu très sensitif et cela nécessite de s'impliquer beaucoup émotionnellement et honnêtement en tant que joueur si quelqu'un trouve à redire à mon interprétation, je le prendrais super mal.
Bilan de partie
Purée ce jeu m'a mis une claque, quelque chose de violent. J'avais déjà mangé très fort avec into the wood juste avant mais là j'ai morflé. Ce qui me gene le plus dans tout ça, c'est que je ne sais pas si cela vient de la situation extremement particuliére au sein de laquelle j'ai testé le jeu ou juste le jeu en lui même.
Dans tous les cas, clairement, je n'ai que rarement mis autant de moi même dans une partie d'un jeu de récit (narratif, de rôle, histoire collaborative comme vous voudrez). Ma partie de s'echapper des faubourgs avait un peu de ça mais là c'est encore bien au dessus. Pas que j'ai mis beaucoup de moi même dans un personnage (moi ou anais d'ailleurs) mais le décor, les sensations, le contenu des deux protagonites était empreint non seulement d'un imaginaire mais aussi d'un vécu lié à des choses très intimes pour nous. Pour ça que je pense qu'au final la régle qui propose de se jouer soi même est inutile. Si on c'étais joué soi même on se serait travesti, là on s'est livré à mort.
Le jeu nous a fait du bien. Il nous a fait du bien comme le font parfois les conversations existentielles de trois heures du mat avec des inconnus. On peut se vider, se lacher et on repart avec le sourire.
On a utilisé un endroit de bordeaux qu'on connaissais tous deux, à talence, derriére la fac arts et métiers. Ce n'étais pas prévu mais on l'a vite imaginé en ruines, la proie de squatter, de rêveur, de dépravés, de marginaux et de rebelles. Comme si on avait besoin de se réaproprier ce lieu.
Sinon d'un point de vue plus gamedesign pur, le fait que ce soit un autre joueur qui résolve le désir c'est cool. Ca a nous a crée une belle fin. J'ajouterais aussi que ce jeu ne préviens pas assez sur la décharge émotionnel qu'il peut susciter et que selon moi ce serais la moindre des choses de prévenir.
Voilà, j'ai surement oublié plein de trucs mais bon il faut bien s'arrêter un jour.