Préparer des expériences "safe"

[Frédéric]

Alban : l'autorité présumée du MJ, c'est la raison pour laquelle, depuis que je joue des jeux "sans MJ" ou avec un MJ plus accompagnateur (joueur de basse) on aborde plus facilement avec mes amis des thématiques difficiles, du sexe, des choses intimes, etc. Parce que le MJ n'est plus dans un rôle surplombant : personne n'a prévu ce que l'histoire devrait être et personne ne piège personne, n'a le dernier mot sur tout, etc. Donc si un joueur oriente l'histoire d'une certaine façon, la dynamique sociale autour de la table est complètement apaisée.

[Mangelune]

Alban : l'autorité présumée du MJ, c'est la raison pour laquelle, depuis que je joue des jeux "sans MJ" ou avec un MJ plus accompagnateur (joueur de basse) on aborde plus facilement avec mes amis des thématiques difficiles, du sexe, des choses intimes, etc. Parce que le MJ n'est plus dans un rôle surplombant : personne n'a prévu ce que l'histoire devrait être et personne ne piège personne, n'a le dernier mot sur tout, etc. Donc si un joueur oriente l'histoire d'une certaine façon, la dynamique sociale autour de la table est complètement apaisée.

Très honnêtement un jeu comme Dogs (ou j'imagine dans une moindre mesure Démiurge), malgré sa prétention au jeu de basse, me semble aller radicalement dans le sens du MJ qui impose ses thématiques violentes à un groupe que cela peut ou non intéresser et même qui peut trouver cela choquant. Ok les joueurs peuvent réagir comme ils l'entendent, mais sur un thème établi depuis l'extérieur - et s'ils se contentent de s'en moquer et de laisser faire, la partie s'achève brutalement. On trouvera quantité de jeux à MJ qui posent des settings de la même façon.

EDIT : j'oubliais les règles également comme moyen d'imposer sa thématique, celles de Dogs étant justement assez piégeuses en ce sens.

[Frédéric]

En effet Vivien, mais ce qu'il faut comprendre, c'est que si dans Dogs ou Démiurges, le MJ impose des thématiques de par sa préparation, il les introduit en court de partie en prenant en compte ce que les joueurs en font, sans passage en force, sans imposer une voie aux joueurs. En soi, ça rend les choses moins violentes qu'une scène "passage obligé" où les PJ sont plus ou moins contraints.

Bien sûr, ce sont des jeux où il faut être d'accord sur la démarche Je ne t'abandonnerai pas et ce ne sont pas les jeux les plus safe. Mais même dans ces jeux-là, j'ai vu des joueurs bien plus détendus et ouverts à des thématiques difficiles, sans doute parce qu'ils ont conscience de l'absence de piège et de l'emprise qu'ils peuvent avoir sur la fiction.

Un exemple : un ami déteste que l'on aborde le viol en JdR. Pourtant, dans une partie de Dogs que l'on a jouée (avant que je connaisse cette limite), son PJ a dû faire face à une tentative de viol. Le fait que son personnage soit puissant et actif, qu'il ait la possibilité d'orienter le conflit de façon à renverser la situation, de pouvoir escalader pour renverser la vapeur etc. Bref le contrôle qu'il avait a fait que ça ne lui a pas posé problème. Ça tient aussi au fait que je lui laissais cet espace en jouant "pour voir ce qu'il va se passer" sans avoir d'issue préméditée pour la scène en question.

[angeldust (Simon)]

J'avoue avoir du mal à discerner comment fonctionne ton trailer. Pourrais-tu nous en écrire un petit exemple ?

Voici des exemples issus de discussions. C'est précisément ce genre de discussion entre les séances de jeu qui me font dire qu'un court texte de type quatrième de couverture peut fonctionner.

Un exemple soft:
"Djamil est un vampire détaché du monde. Tout lui passe au dessus de la tête. Il n'a pas d'attache. Lorsqu'une jeune femme rentre dans sa vie avec fracas, il remet en cause toute sa vision du monde, de l'éternité et de sa condition vampirique."
Ici, le joueur me fait comprendre qu'il souhaite introduire une romance qui posera des questions sur la vision du monde du PJ - sans pourtant définir quel PNJ, ni comment, ni quand cela doit arriver. Je sais que c'est un thème qu'il souhaite aborder et je sais dans quelle direction aller pour lui fournir cette thématique.

Un exemple moins soft:
"Wata est l'incarnation de la beauté froide. Elle use de ses pouvoirs vampiriques pour guider une secte d'humains à son effigie. Mais une nuit, sorti de nul part, un vieux fantôme de son passé la mutile horriblement. Sortant de cette torture, comment va-t-elle gérer son culte ?"
Ici, le joueur m'indique qu'un PNJ ennemi de Wata (et il y en a un certain nombre) viendra mutiler la PJ. Je sais que c'est un thème qu'il souhaite abordé et je mets tout en oeuvre pour la scène soit mémorable.

Dans les deux cas, j'ai une direction vers laquelle aller et je sais que cela ne va pas choquer le joueur car c'est lui qui amène le thème. Le joueur ne sais pas quand, ni comment cela va arriver mais cela me permet d'amener les scènes de manière cohérente et contrôlée dans les cas de scènes dures. Je peux préparer les expériences de manière "safe" tout en préservant la surprise pour les joueurs.

@dandy:
Merci pour ton message. Je n'utilise pour ma part que ton deuxième point. Le première point (le panneau) a le désavantage d'être unidirectionnel, j'ai m'impression, car c'est le MJ uniquement qui apporte les thématiques. Quand à la X-Card, j'ai essayé de la mettre en place mais les joueurs n'ont jamais eu l'occasion de l'utiliser.

@Frédéric:

l'autorité présumée du MJ, c'est la raison pour laquelle, depuis que je joue des jeux "sans MJ" ou avec un MJ plus accompagnateur (joueur de basse)

Donc si un joueur oriente l'histoire d'une certaine façon, la dynamique sociale autour de la table est complètement apaisée.

J'ai cette même impression qu'avec un MJ tout puissant, il est difficile d'aborder des scènes "dures" sans courir le risque de se planter. La fameuse méthode de la 4ème de couverture est un peu une sorte de délégation de l'autorité du MJ sur certains aspects.

@Vivien et Frédéric:
Concernant Dogs, je n'y ai malheureusement jamais joué, donc je ne sais pas si je vais être pertinent. Donc joker, je m'abstiens de commenter ^^ Par contre, je me pose la question des "pièges" dont vous parlez: peut-on réellement piéger les joueurs à Dogs ? Ne savent-ils pas dans quoi ils s'embarquent ?

[dr dandy]

Le panneau est effectivement unidirectionnel, il s'agit plus pour la meneuse de présenter les thématiques de son scénario. C'est autoritaire mais c'est pratique pour des parties "standards" pas spécialement orientées systématiquement sur des situations difficiles.
La carte X moi non plus personne ne l'utilise mais j'ai l'impression que sa simple présence sécurise les joueurs. Un peu comme accepter de faire du saut a l'élastique vu qu'on est correctement attaché.

[Mangelune]

@Vivien et Frédéric:
Concernant Dogs, je n'y ai malheureusement jamais joué, donc je ne sais pas si je vais être pertinent. Donc joker, je m'abstiens de commenter ^^ Par contre, je me pose la question des "pièges" dont vous parlez: peut-on réellement piéger les joueurs à Dogs ? Ne savent-ils pas dans quoi ils s'embarquent ?

Si je reconnais des limites importantes à Dogs, je pense que ce serait intéressant que tu y joues un de ces 4, donc hésite pas à proposer un créneau dans un avenir proche en live ou via hangout !

Je pense sinon qu'il y a une différence entre le savoir et l'expérience, et Dogs à l'expérience peut montrer une certaine circularité dans son système (règles+cadre+fiction) donc il est difficile voire impossible de sortir. Tu as le choix, mais ce choix si on prend un peu de recul est au fond souvent le même, ton arrivée, tes actions et ton départ laissent un village dans un état pire qu'auparavant.

[Frédéric]

Vivien : bah, ça m'est arrivé plusieurs fois que les joueurs remettent les choses en ordre dans des villages.
Et d'autres fois ça se terminait en carnage, mais c'est pas systématique.