par [kF] » 25 Jan 2017, 15:27
Thomas, je remarque que tu as rendu le sacrifice de Caprice plutôt facile : elle risque de mourir, elle n'oppose pas de résistance physique, il y a un autel et un couteau juste à côté, et la récompense est énorme (le savoir ultime désiré par l'architecte). Enzo avait-il une répugnance particulière à tuer ses semblables ? S'il n'y a rien de tel sur sa fiche ou dans la fiction, j'aurais tendance à dire que le sacrifice est facile à faire - sans engagement particulier de lae joueur-se ("Les forts protègent les faibles, et ainsi va le monde"), la difficulté qu'il y a à prendre une vie dans un contexte comme celui de Terres de sang ne fournit plus un enjeu si fort que ça.
Si le personnage ne faisait pas montre d'une empathie particulière, j'ai l'impression que dans votre scène, le fait d'avoir envisagé que les autres personnages pourraient s'interposer constituait une partie du dilemne. Le dilemne n'est donc plus "l'architecte va-t-il aller jusqu'à sacrifier une vie pour atteindre son objectif ?" mais "l'architecte osera-t-il affronter ses camarades pour atteindre son objectif ?". Auquel cas, le dilemne aurait gagné à être ainsi reformulé, ainsi que les conséquences précises de l'opposition, et il revient bien à lae joueur-se d'Enzo de trancher.
Sinon, si la difficulté porte sur le fait de prendre une vie, j'aurais cherché à cadrer en excluant les autres personnages : Enzo peut faire le sacrifice tandis que les autres ont le dos tourné, l'autel est loin dans la jungle et il y va en prétextant chercher un remède particulier, etc. Ce qui me mène à une autre question : Simon, d'où vient la gêne des joueur-ses, pour ce qui est de s'interposer ? Je vois deux possibilités de natures assez distinctes en fait :
* soit parce que les personnages sont proches et ne laisseront pas faire le sacrifice, donc les joueur-ses sont mal à l'aise à l'idée de jouer leurs personnages qui n'ont pas empêché le sacrifice d'une personne ; auquel cas, les simples solutions narratives (le sacrifice se fait à l'écart, le temps manque...) suffisent
* soit parce que les joueur-ses sont contre l'idée que Caprice disparaisse de l'histoire, par exemple parce qu'ils ont un arc narratif irrésolu avec elle ; là, c'est un peu plus délicat.
Si c'est ce dernier cas, et que Simon tu cherches à écrire une règle pour gérer ces problèmes, le choix que tu fais ne peut pas être neutre. On pourrait considérer que le cadrage va (tant que, par exemple, lae joueur-se de Caprice est OK) et que les autres joueur-ses n'ont pas forcément à faire de plans sur la comète vis à vis de Caprice, mais à laisser l'histoire se dérouler. Mais il y a beaucoup d'autres solutions et celle-ci ne résout pas tout. Il me semble juste qu'elle est cohérente avec l'impression que j'avais de Terres de sang comme d'un jeu où chacun est seul, douloureusement seul face à sa morale et ses principes.