
Joué le 29/01/16.
Meneur: Simon
Nombre de joueurs: 3
1. Contexte de jeu
Nous avons donc joué à Arbre avec mon groupe habituel en ligne. Nous avons utilisé Roll20 comme support de table virtuelle et Teamspeak pour le vocal. La partie a été enregistrée et se trouve ici(c'est la partie brute, sans montage...).
Concernant les Joueurs, tous étaient très motivés et intéressés par la partie. L'un des joueurs néanmoins n'est par très à l'aise avec les univers horrifiques. Concernant le meneur, c'était la première fois que je maitrisais un jeu dans l'univers de Millevaux et donc à fortiori Arbre.
Vous le verrez en lisant ce CR mais je pense que nous n'avons pas vraiment joué à Arbre ou dans l'univers de Millevaux, mais plutôt à une vision collective que nous avions de l'univers et des règles. En tout cas, la partie nous a beaucoup plu !
2. Objectif du CR de partie
Ce CR n'est pas à but analytique. Je relate simplement notre expérience de jeu et nos ressentis à postériori. En espérant que cela sera utile :)
3. Points de règles
Concernant les règles de Arbre, j'ai effectué quelques entorses/omissions:
- Je n'ai pas joué la règles de l'As de pique: je n'ai simplement pas voulu alourdir les règles. C'est la première fois qu'on jouait à un jeu "freeform", je ne voulais pas perdre les joueurs. Au final, cela ne nous a pas fait défaut.
- Je n'ai pas joué la règle des tours de jeu: ce n'est pas une habitude de jeu dans notre groupe. Je n'applique jamais ce genre de règle avec ce groupe car la parloe est très bien distribuée naturellement. Je n'ai pas ressenti le besoin de la structurer plus.
- Je n'ai pas joué le vote des goupils: nous avons joué dans l'optique d'un one shot avec un dénouement acceptable en fin de partie. Il n'y avait pas de nécessité à jouer ce vote.
4. Les Personnages
Jack: Jack est un jeune homme frêle mais courageux dont la mémoire fait clairement défaut. Il sait qu’il est parti de son village pour accomplir une mission, mais laquelle ? Il sait qu’il doit amener Brrr quelque part, mais où ? Pourquoi ? Et pour faire quoi exactement ?
Brrr: Brrr est un une force de la nature, un homme immense mais simple d’esprit. Il ne sait pas parler et ne communique qu’avec de petits bruits, d’où son surnom. Brrr a été banni du village, mais aucun autre de ses compagnons ne s’en souvient. Quant à lui, s’il s’en souvient, il serait bien incapable de l'exprimer.
Bob: Bob est aussi un membre du village. Il sait qu’il est parti de son propre gré lorsque Jack et Brrr ont quitté la tribu mais il ne se souvient pas de pourquoi exactement. Il sait simplement que son destin est lié à celui de Brrr.
5. La fiction
La marche fut longue. Terriblement longue. Au coeur de cette forêt hostile, trois ombres se déplaçaient avec peine, sans autre but que la certitude du devoir. Oui, ils devaient accomplir quelque chose. Mais quoi ?
Bientôt, ils atteignirent une longue bande d’asphalte. La Voie Déchue. Enfin un moyen rapide d’atteindre leur but. Sur le bas côté gisait un pick up sur lequel dormaient quelques cadavres. Très vite, les morts furent déchargés du véhicule et le contenu de ce dernier fut pris comme un trophée: une mallette noire contenant, à la surprise de tous, un missile. Des inscriptions cyrilliques couvraient l’ogive et des symboles étranges pouvaient attirer l’oeil de leurs couleurs fluorescentes.
Et alors ? Cela ferait de toute façon une bonne monnaie d’échange. Tandis que Bob démarraient le pick up, des bruits de moteur se firent entendre. Le gang des quads ! Vite, il fallait déguapir sans tarder. Bob, au volant, tenta quelques manoeuvres pour réduire le nombre de poursuivants, avec succès. Sous le choc de l’impact, un nom revint alors à la surface de sa mémoire. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait ce nom en tête: Sarah. Il répéta cet étrange nom encore et encore alors que le groupe filait sur la Voie.
Après un long trajet, alors que le jour se couchait, le groupe arriva à l’auberge de Briochon et Croutelle. En échange de l’ogive, ces derniers fourniraient gite et couvert. Sans hésiter, nos voyageurs acceptèrent. Ce n’est qu’en voyant Croutelle que Jack sut au fond de lui que les choses allaient mal tourner. En effet, Brrr ne pouvait pas vraiment se retenir, malgré les croquettes pour chiens que Jack trimbalait avec lui pour apaiser son ami simple d’esprit. L’aubergiste était rousse. C’était une raison suffisante pour que Brrr fusse excité comme une puce. Il glapissait...
Bob demanda le menu mais les taverniers insistèrent pour faire le plat que les invités souhaitaient, malgré les ingrédients saugrenus proposés. Dans la tête de Bob, le doute ne fut plus permis: le menu, ce serait eux en fait. Il fallait réagir. Il se faufilla dans la cuisine et égorgea les tenanciers de l’auberge sans autre forme de procès. Brrr, intrigué par l’odeur de grillades qui régnait en cuisine, fut témoin de la scène. Une vieille pulsion le pris aux entrailles. Il fonça sur le cadavre de Croutelle, lui arracha la tête et se réfugia dans un placard en caressant la chevelure rouge de la pauvre femme. Jack prit les croquettes pour chien et essaya de faire sortir Brrr de sa cachette, en vain.
Les souvenirs de Jack revinrent petit à petit. Pourquoi cette engouement pour les croquettes ? Pourquoi aimait-t-il autant Brrr ? Les images fusèrent dans sa tête: un chenil, son enfance avec les chiens et Brrr, l’ordre d’emmener son ami quelque part, quitter la tribu… Jack effaça les images de son esprit et prépara les chambres après avoir aidé Bob à mettre le missile à l’abri et à nettoyer la scène du meurtre.
Le lendemain, les voyageurs reprirent la route. Le pick up, chargé de l’ogive, fila sur la Voie Déchu jusqu’à son terme. La route se stoppait nette, coupée par des arbres qui avaient repris leurs droits sur le lieu. Les compagnons d’infortune décidèrent de cacher le missile et de partir à pied dans la forêt qui s’étendait, terminant leur voyage comme ils l’avaient commencé. Pendant que Bob et Jack s’attelaient à la tache, Brrr tournait autour du pick up en riant. Bob entendit alors le son de la mer, un appel, très certainement de son ancienne vie. Il se ressaisit rapidement, tout en gardant à l’esprit ce son si particulier, qu’il associait au nom de Sarah.
La troupe repartit donc dans la forêt, marchant sans but. Ils tombèrent bientôt sur une tribu, un petit village, dont le chef semblait être un homme portant un masque de cerf. Très vite, les marcheurs furent repérés et le seigneur Cerf, le chef de la tribu, s’avança vers eux. Brrr, en voyant une fille rousse parmi les personnes qui s’avançaient, ne put s’empêcher de lui foncer dessus et de la décapiter sans autre forme de procès: il voulait une nouvelle poupée et ne put résister à la tentation.
Jack visa le chef de la tribu et retint un râle, le souffle court. Le seigneur Cerf n’était ni plus ni moins que le chef de sa tribu: ils avaient tourné en rond et étaient revenus irrémédiablement à leur point de départ. En voyant Brrr tuer la jeune rousse, le chef lança les chiens à la poursuite des clochards. Bob, Jack et Brrr prirent leurs jambes à leur cou.
Dans leur course effrénées, ils tombèrent sur une mare poisseuse. Bob s’arrêta net. Il entendait le son des vagues, le son de la mer. Il pensa à Sarah. Brrr et Jack arrivèrent à leur tour devant la mare. Les souvenirs refluèrent, comme une marée montante. Tout devint clair maintenant.
Brrr, simple d’esprit, tuait les femmes rousses du village pour s’en faire des poupées. C’était pour cela qu’il fut bannit. On confia à Jack, son frère de chenil, le soin de l’emmener loin de la tribu. Bob, en apprenant cela, ne put s’empêcher de suivre Brrr et Jack. Il devait se venger de Brrr qui lui avait enlevé la seule personne qu’il aimait: Sarah était mort et on l’avait jeté dans cette mare. Il devait se venger, coûte que coûte.
Les chiens aboyaient en s’approchant. Des larmes coulèrent sur les joues de Bob. Il sortit un pistolet de sa poche et le pointa sur Brrr qui roucoulait en riant. Sarah… La mer… Tout était clair pour Bob. Il regarda Brrr et pensa à Sarah. Il avait tout perdu. A quoi bon… D’un geste lent, il revira le pistolet vers sa bouche et appuya sur la détente comme un dernier baiser.
Jack ramassa l’arme de Bob et à son tour se retourna vers le visage ahuri et candide de Brrr. Allait-il avoir le courage d’exécuter l’ordre du chef ? Cela le sauverait, il serait récompensé, c’était sûr. Mais pouvait-il tuer son frère de chenil ? Le seul être humain qu’il ait aimé parmi les chiens ? Doucement, il lâcha son arme et prit Brrr dans ses bras.
Alors que les chiens se précipitaient sur eux, Brrr et Jack s’enlacèrent dans un dernier geste de tendresse.
Fondu au noir.
FIN
6. Retours sur la partie (Joueurs)
La partie fut très très sympa. Les joueurs ont adorés, en particulier la fin. Le dénouement de l'histoire était très satisfaisante, les Joueurs étaient à fond dedans. La musique a beaucoup aidé à l'immersion. Le Joueur le plus mal à l'aise avec l'univers horrifique a finalement bien aimé son personnage et s'est bien plongé dedans. Les deux autres Joueurs ont adoré aussi. Bref, en un mot, c'était cool !
7. Retours sur la partie (Meneur)
Je vais être du coup un peu plus extensif sur mes retours.
- Le rôle du Groupil: Dans un premier temps, je crois que j'avais mal expliquer le rôle du Goupil aux Joueurs. Très vite, on est parti dans du gore et du trash juste pour faire du trash, ce qui n'était pas satisfaisant. J'ai du recadré un petit peu pour faire comprendre aux Joueurs le concept de "vivre sur le fil". Après ce recadrage, la partie était beaucoup plus satisfaisante: on allait quelque part avec la fiction, on ne faisait pas du trash pour rien.
- Le Joueur mal à l'aise: Avant la partie, le Joueur m'a clairement dit: "Je n'aime pas ce genre d'univers. Pour un one shot, je suis intéressé d'essayer de voir ce que ça donne". Au final, il a joué un personnage muet et horrible, pour ne pas avoir à subir lui même l'horreur. Ca me fait penser au podcast sur "S'échapper des Faubourg", où Romaric disait qu'il préférait jouer le monstre pour ne pas subit les monstruosités...
- Le système de Arbre: Première fois que je jouait en freeform. Je suis étonné de l'efficacité de la manière de jouer. Au final, la fiche de personnage ne sert que de support et donne la couleur. La mécanique de dévoiler des feuilles fonctionne bien et peut même être étendue à d'autres univers de jeu en fait.
- L'univers de Millevaux: Soyons clair, je crois que je n'ai pas vraiment utilisé l'univers que propose Arbre. Après avoir recadré les personnages à propos des Goupils, ils sont partis en roue libre totale et ont plutôt exploré l'histoire de leur personnage, plutôt que l'univers. Au final, tant pis pour ces histoires de branches mortes, branches communes, les Joueurs sont partis sur le trip de l'amnésie collective et de la recherche du passé. J'ai laissé faire et ça plutôt bien marché. C'est à cet égard que je dis que je n'ai pas vraiment joué à Arbre. Il n'empêche que ça a très très bien roulé.
- Le scénario: J'était parti au départ sur "Balade pour un pick up", proposé sur les Ateliers et sur le blog de Thomas. Au final, je me suis laissé porté par l'histoire des joueurs. C'est la force du jeu je pense, pour peu qu'on se laisse aller dans le flux de la fiction. J'étais tellement dedans que j'ai omis TELLEMENT de détails sur l'univers de Millevaux. C'est une des raisons pour lesquelles les Joueurs n'ont pas spécialement explorer l'univers mais plutôt leur histoire personnelle.
8. Conclusion
TLDR: Ce que je retiendrai de cette session de jeu:
- J'ai aimé le fait qu'on se laisse porté par les histoires des Joueurs
- Je n'ai pas vraiment joué dans l'univers de Millevaux, je ne l'ai pas exploité à son plein potentiel
- Il faut vraiment comprendre le principe du Goupil, sans quoi on fait du trash pour du trash et ça tourne très vite en rond
- J'ai réussi à faire joué un de mes Joueurs dans un univers horrifique et il a aimé. Et ça, c'est vraiment génial !
Voilà pour ma part.
Merci de m'avoir lu.
Cordialement.
Simo