Communauté de jeux de rôle indépendants
1.) Quoi que c'est ?
S'échapper des Faubourgs et Odysséa, tous deux de Thomas Munier
2.) Vous en avez entendu parler où pour la première fois ?
S'échapper des Faubourgs, sur le site de Thomas, Odyssea, ici-même sir le fil dédiée à ses CR de parties
3.) Achat compulsif, impulsif ou réfléchi ?
J'étais curieux, mais j'ai surtout profité d'une tournée sur Rennes de l'auteur pour me procurer les deux livres en version artisanale.
Petite digression : Thomas propose ses jeux en libre accès ou à prix coûtant sur Lulu, dans une vraie démarche de partage créatif, mais à côté de cela, il les vend aussi à prix libres et à la demande en format artisanaux : imprimés à la maison, découpés et reliés à la main, personnalisés par des dédicaces ou l'inclusion de décorations diverses,... Ce sont des petits objets très chouettes, qui renvoient aux fanzines et à toute une culture DIY.
4.) Vous pensiez trouver quoi ?
J'avais lu des CR donc je savais à peu près à quoi m'attendre.
Sur Odysséa, j'avais néanmoins un doute sur le statut du jeu, jeu à part entière ou add-on d'Inflorenza ?
5.) Vous avez trouvé quoi ?
S'échapper des Faubourgs est un vrai trip cauchemardesque. Dans une friche urbaine en proie à la désolation et à la folie, les joueurs incarnent des personnages qui cherchent à fuir cette ville moribonde. Évidemment, seul l'un d'entre eux pourra réellement s'échapper...
Le jeu se présente comme un hybride de jeu de rôle et de jeu de société : il y a un plateau, des pions, mais l'essentiel du jeu se passe via des descriptions et la conversation.
L'ergonomie en est assez astucieuse : le jeu s'ouvre sur les 2 pages du matériel à reproduire, puis deux fiches synthétiques présentant l'essentiel des règles, dont une rose des vents qui, pliée et dépliée tout au long du jeu, présente les actions possibles pour les joueurs. Le reste du livre est le script d'une partie entre 2 joueuses, le mettant en scène et surtout rappelant en situation les règles.
Au niveau de la présentation, il me semble que les collages bizarres et la maquette minimaliste que Thomas utilise dans ses jeux n'ont jamais été aussi efficaces.
A la lecture d'Odysséa, le doute n'est pas tout à fait levé : s'il s'agit bien d'un jeu autonome, il doit beaucoup à sa grande sœur : même univers - la forêt post-apocalyptique et tentaculaire de Milleveaux qui envahit la plupart des jeux de Thomas, même concepts-clé, même grands principes de jeu, ... à tel point qu'on pourrait considérer Odysséa comme un mode d'Inflorenza.
Comme son nom l'indique, Odysséa nous invite à revivre la grande trame de l'Odyssée, salie et twistée par les obsessions de l'auteur. C'est un jeu uniquement conversationnel - des dés peuvent être utilisés pour piocher dans des tables d'inspiration mais ne sont nullement obligatoires - qui met l'accent sur la tragédie : pour qu'un personnage arrive à ses fins, il doit tout simplement en payer le prix.
Le jeu mélange habilement les figures et symboles mythologiques, et le monde en ruine de Millevaux. La façon dont les règles mettent en scène la tragédie et le jeu moral est aussi simple qu'intelligente. Le livre est aussi bourré d'idées et d'inspirations diverses pour renouveler le jeu. Par contre, en raison notamment d'une écriture et d'une présentation très synthétique, je ne l'ai pas trouvé si accessible que cela et je pense le relire une fois ou deux avant de pouvoir me lancer.
6.) Allez vous vous en servir ?
Sûrement, ce sont deux jeux qui ne demandent pas de se lancer dans une campagne de plusieurs mois, et je commence à disposer de joueurs qui apprécient de tenter des choses un peu "extrêmes" ou "différentes" en jeu
7.) En conseilleriez vous l'achat ??
Oui, bien sûr, et pas uniquement pour soutenir le travail de l'auteur !
Ces deux jeux ont des propositions fortes, et permettent un style de jeu et de partie qu'offrent peu d'autres jeux.
Très différent dans son gameplay, S'échapper des Faubourgs notamment pourrait plaire à ceux qui ont aimé l'ambiance étrange et torturée de Patient 13 ou d'autres jeux d'Yno.