Une chose est sûr, l'allure du "produit" n'est pas une cerise sur le gâteau.
(Sébastien Célerin vers 1:33:00) Je pense que les jeux de rôle qui vont proposer de partager l'autorité ou qui vont avoir des modes de narration qui s'éloignent de ce mode classique, ce qu'il fait aujourd'hui ils n'arrivent pas à percer dans l'espace marchand c'est qu'ils n'ont pas fait de réflexion sur la forme du produit. (...) C'est ce que je pense aujourd'hui parce que, ce que je vois dans d'autres domaines du jeu, c'est que des jeux deviennent des succès commerciaux juste parfois parce qu'on en change l'emballage.
Voilà, c'est le point de départ du débat sur la question (qui est plus étayé et complet dans la vidéo que ma petite accroche).
Sébastien est éditeur, il parle donc factuellement en temps que chef d'entreprise et sa vision est très éclairante sur l'état d'esprit du marché, si je puis me permettre. En effet, les libraires classant les bouquins par taille, un auteur qui sort de ces formats habituelles peut s'attendre à un petit suicide.
Bon, dire que les auteurs ne réfléchissent pas à la forme de leur publication, je trouve ça sacrément exagéré. Mais quoi ? Oser le format inhabituel parce qu'il correspond au canon du jeu -comme Perdus sous la Pluie et son format livre d'enfant- est un suicide pour une diffusion en librairie ? On ne va quand même pas te dire, Vivien, que tu ne l'a pas pensé ce choix !
Mettre le jeu dans un coffret est une solution d'enfer ? On ne peut pas mettre tout en boite.
Certes, les habitudes évoluent.
C'est l'éternelle histoire de la poule et de l’œuf : qui influence qui en premier ? L'éditeur dira que le marché dicte des lois auquel il doit se plier un minimum pour le bien de ses produits. Ce qui revient à dire que la forme est nécessaire mais qu'elle peut être un peu sacrifiée pour le bien du contenu et sa diffusion.
Ce qui me rappelle un débat du même genre autour d'univers et de système de jeu...
Le consommateur de son côté, il voit quand même ce que lui propose les éditeurs, les leaders d'opinion, les critiques... Et l'esthétisme des objets est très prégnant chez les rôlistes. Si des formats comme Polaris, pourtant diablement élégants, ne sont pas présentés avec amour, ils n'attireront que peu de public. "Bah il aurait du faire un coffret !"
[Ne venez pas m'accuser de descendre le boulot de Sébastien. Je sais bien qu'il défend des idées osées et économiquement dangereuse pour sa boite. Et heureusement ! Mais le rôle qu'il endosse le coince entre le marteau et l'enclume, si vous voulez mon avis]
Je vois un sacré paradoxe dans le discours de Sébastien : en même temps c'est la réalité des achats qui conditionne les formules qui marchent mais sortir de ces formules (et penser l'emballage en pleine conscience, donc) c'est s'exposer à un échec.
Oui, nous sommes tous responsables. Sensibiliser les acheteurs, en leur expliquant que ce sont leurs habitudes d'achat qui influent sur cette réalité est une chose, mais si les chefs d'entreprise pensent également ainsi alors qu'ils sont les médiateurs absolus, c'est dur !
C'est fou comme mes amis rôlistes ont intégré ces fameux modèles. Lorsque je suggère un prix élevé pour un jeu, ils me suggèrent automatiquement une version+++, des goodies, un coffret... Bref, les emballages qui marchent -comme celui des Larmes du Cardinal- et ils ont du mal à entendre que je ne veux pas faire de version deluxe parce que j'estime que l'achat de mon jeu dans 4 mois ou 5 ans doit conduire au même produit exactement.
Moi qui en chie pour essayer de concilier la forme, le prix de fabrication et le prix à l'achat, elle m'a un peu fâchée la remarque de Sébastien ^^ [ton acide] Je serais bien curieuse de savoir quelle formule il proposerait pour Chrysopée, si tant est que Chrysopée ai un avenir sur le marché de son point de vue.[/ton acide]
Voilà, je suis un peu colère et très bouleversée sans m'expliquer tout à fait pourquoi. J'ai l'impression d'une grosse injustice en fait ^^