Rapport de partie du 3 avril 2016 pour un playtest d'Happy 2gether.
C'est une première car j'ai réussie à faire jouer mon épouse, moldue indécrottable mais intéressée par le développement personnel. Si on excepte une séance catastrophique il y a 10 ans c'était sa première vraie partie de jdr.
L'inspiration: L'avé Maria de Noa
https://www.youtube.com/watch?v=ldjGrEx-PhELe lieu: un monastère dans la Drome Provençale, sur les hauteurs d'un village. Au loin la lavande à perte de vue, la rivière qui coule paisible, les montagnes et les bois. Au milieu le vieux monastère qui accueille des personnes pour des retraites spirituelles.
Les personnages:
John (Moi), photographe de guerre américano-syrien, 45 ans. Revenant d'Ukraine, il a jugé nécessaire de faire un break pour effacer les images d'horreur dont il est témoin depuis trop d'années.
Quête: Dénoncer les injustices pour faire bouger les choses.
Claire (Nathalie), institutrice du coin d'origine germano-espagnole, 50 ans. Elle avait besoin de se ressourcer dans la nature.
Quête: aider ses élèves à devenir meilleurs.
Claire est arrivée depuis trois jours, elle profite de cette retraite pour visiter le coin, tranquillement sans se presser. Elle a remarqué depuis un certain temps cet homme au teint basané. Il passe son temps entre la course à pied dans les bois et la photographie de paysages, d'animaux ou d'insectes. Il est peu expansif, "bonjour", "bonsoir", pas plus.
Curieuse elle va l'aborder un soir au repas collectif. elle s'intéresse à ses photos et demande s'il peut luit montrer ses clichés. L'homme n'ose pas refuser et ils se retrouvent après le repas dans sa chambre pour regarder ses photos. elle commente la beauté des libellules, lui parle objectifs, focales, exposition et contraste. claire a une idée derrière la tête: faire venir John dans sa classe pour qu'il parle de son métier aux élèves.
Premier désir: "faire venir John à l'école".Dans un élan de gentillesse, John accepte de l'emmener avec lui dans un bois sur l'autre versant de la montagne pour retrouver un oiseau au plumage bleu-vert qu'il a photographié.
Deuxième désir: "Se ressourcer en redécouvrant la beauté du monde.
Le lendemain tout est prêt: John a prévu du café et des provisions. Le chemin n'est pas facile et il doit souvent s'arrêter pour aider Claire qui prend son temps et n'a pas sa forme olympique. Ils se posent sur un rocher avant de redescendre et prennent un café. Claire parle de ses élèves, de son amour de la nature, John de son métier difficile, de son enfance à New York avec son père riche homme d'affaire syrien. Ce dernier lui interdisait de jouer au chevalier de la table ronde ou de lire Ivanhoé. Il avait lu les récits des croisades et les exactions des templiers sur les civils arabes. Il pensait que ces "justiciers" agissaient au nom de leur foi et que les religions étaient un poison pour les hommes. Claire lui fit remarquer que c'était paradoxal de tenir ce discours alors qu'il venait faire une retraite dans un monastère. Ils repartirent vers le bois aux oiseaux.
Au milieu des arbres ils continuèrent leurs discussions. Souvent John montrait son exaspération face aux comportements des hommes. Il se montrait limite agressif envers Claire qui lui donnait des leçons de sagesse. Elle lui fit remarquer que les fleurs embaumaient les lieux. Il se rappela un épisode en Iran, pendant le printemps arabe. Ils s'était introduit dans le pays et avait du fuir Téhéran quand la répression était trop forte. Réfugié dans le nord il a assisté à une scène étrange: des femmes voilées mais riantes et heureuses récoltant des roses et les pressant pour en faire du parfum. Il comprit que par moment le temps s'arrêtait et qu'on pouvait vivre un instant dans une bulle, un peu comme le bref moment entre la pression sur le bouton de son appareil et la prise effective de la photo.
Elle sortie (Nathalie la fait en IRl) une citation d'Anne Franck: "Je crois fermement qu'au milieu de toute la détresse, la nature peut effacer bien des tourments".
John se releva et lui tendis la main: "Venez, on va photographier les oiseaux".
Retour technique: je dois avouer que j'ai été bluffé par la facilité avec lequel nous avons joué. Ma femme s'est montré au final une vraie "roleplayeuse" en se concentrant sur l'interprétation et la narration. Le fait que le jeu soit quasi transparent niveau mécanique a beaucoup aidé. Si elle s'est montré réfractaire aux jdr jusque là c'est essentiellement parce qu'elle a beaucoup de mal avec les règles de jeux de société en général. Le sujet du jeu et ses mécaniques ont bien fonctionné sur le coup.
De mon côté j'ai apprécié la proposition et suit très satisfait du résultat. Je dirais juste que les qualités ne sont pas explicitées et que je ne sais toujours pas quoi mettre derrière le "savoir faire". J'ai dû jour les arbitres pour veiller à ce que nous cochions les bonnes cases au bon moment.
Retour perso sur le contenu de la partie: ce fut très intéressant et assez profond. Je suis vraiment ravi. La chanson m'a inspiré cette homme tourmenté et nous avons pu jouer sur le côté maître/apprenti entre nos deux personnages. En jouant un homme et une femme j'avais peur que nous tombions dans le pathos en créant une intrigue romantique. Sans se le dire nous l'avons éviter sans toutefois écarter l"hypothèse sur le destin final des personnages. Chose intéressante nous avons exactement la même différence d'âge de 5 ans que nos personnages. Du point de vue de l'interprétation ce fut très fluide, sans trou ni clash dans nos discussions. Vraiment très bon pour une première...
Epilogue: nous étions "zen" après cette séance et vraiment dans un instant de sérénité. De courte durée car à peine une heure après nous apprenions le décès d'un membre de ma belle famille.