C'est très intéressant Shiryu,
ça pourrait faire un article invité pour Outsider, tel quel.
Néanmoins, je suis pas certain que c'était ce dont je voulais parler.
Je vais replacer l'article dans son contexte. En janvier, j'ai appliqué les corrections sur Inflorenza d'après les retours des relecteurs, et j'ai aussi fait la maquette. Un mois de travail intense, concentré, exaltant. ça m'a occupé le corps et l'esprit à la maison, mais aussi au bureau.
En février, je me suis attelé à la production des livres. C'est un truc que je pouvais faire qu'à la maison. Au bureau, j'avais plus que mon travail salarié à faire. C'est un travail alimentaire, auquel j'ai du mal à trouver du sens. Du coup, je crois que j'ai fait un baby blues. Inflorenza avait beaucoup de sens pour moi et du coup, je n'arrivais pas à rouvrir mon traitement de texte pour faire quelque chose de nouveau. C'est un peu l'étape qui suit celle que décrit Shiryu. Et j'ai fait une grosse rechute de vagabondage sur internet. J'ai lu des trucs super intéressants, mais bon j'ai aussi pas mal perdu mon temps, et en parallèle je n'ai avancé ni sur mon travail salarié ni sur mon travail d'auteur (j'ai un scénar à rédiger pour un magazine, il serait temps que je le boucle, et j'ai de toute façon une dizaine de projets de livres en attente). Et j'ai aussi pas mal ruminé sur Inflorenza. Est-ce qu'il allait être bien reçu ? Est-ce que j'ai bien fait du mieux que j'ai pu ?
Toute cette procrastination, c'est lié à la peur de l'échec. Comme le dit Shiryu, cette peur nous empêche de nous lancer dans des projets, elle nous empêche aussi de reprendre un nouveau projet quand on vient d'en finir un.
Qui sait ? Après Eclipse, sauf si je suis inondé de commandes, je n'aurai peut-être plus de livres à produire. Peut-être alors que je me retrouvai désoeuvré, et incapable de me lancer dans un nouveau projet.
Tout occupés que nous sommes à ruminer des pires scénarios possibles pour le futur, nous ne trouvons pas la force ou la motivation de nous replonger dans nos projets ou nos engagements. Nous fuyons le présent en nous projetant dans le futur (on le fait aussi en échafaudant des rêves de gloire). Nous lâchons la proie pour l'ombre, la réalité pour l'illusion.
Shiryu propose de donner une forme motivante à nos projets pour enfin nous y lancer. Mais élaborer des projets a plusieurs inconvénients :
nous nous interdisons d'être comblés tant que le projet n'est pas achevé, et nous sombrons dans le "baby blues" une fois que le projet est achevé. En collant trop à nos projets, nous nous privons enfin de toute surprise, de toute souplesse, de toute exploration. La planification peut même tuer le plaisir (rédiger la chronologie d'un roman est le meilleur moyen de ne plus avoir envie de l'écrire).
C'est beaucoup d'investissement pour 5 minutes de satisfaction. Il nous faut au contraire aimer chaque étape de ce projet. Il faut travailler sans projet.
Pas de projet, pas d'échec possible. Pas d'échec, pas de peur de l'échec. Pas de peur, pas de procrastination. Pas de procrastination, du temps pour créer, respecter ses engagements, apprécier son existence.
Vous allez peut-être relever une contradiction dans cette phrase. Si je n'ai pas de projet, je n'ai pas de pression, je n'ai pas de motivation ! Mais notre motivation est-elle si réelle que ça quand nous sommes sous pression ?