Ceci constitue un premier rapport de partie afin de présenter aux membres de ce forum le projet que je développe actuellement
Il s'agit de Mori accessible au format portable document file à cette adresse :
https://drive.google.com/open?id=0B9z54 ... UtnNjM1OVE
Que joue-t-on ?
Le cauchemar d'une jeune âme submergée par ses craintes, ses angoisses et ses doutes.
La jeune âme, en proie à ses tourments, se plonge dans le cauchemar afin d’y puiser ses réponses.
Qui joue—t-on ?
Trois joueurs interprètent les facettes de cette âme, les Enapas.
Celui qui est Multiple expose l'Argument, le cauchemar
Les autres Enapas de l'âme sont Celle qui est Multiple.
Celle qui est Multiple, est tout à la fois la figure maternelle de la jeune âme, la figure paternelle, sa Deva, (déesse tutélaire), son Devos, l'âme et ses sœurs.
Organisation matérielle
Une table, trois chaises, quelques pierres d'un jeu de go et des pièces de monnaie, un bâton de marche, un bol (en l’occurrence un bol tibétain) placé au centre de la table.
Pour cette première session Celle qui est Multiple est animée par deux de mes fils, Mathieu (15 ans) et Gabriel (12 ans).
Je présente le propos du jeu ainsi que son cadre et une première question émerge.
Mathieu se demande comment il pourra invoquer une quelconque divinité en cours de partie alors même qu'il n'a que de vagues notions du panthéon Celtique.
Je lui indique qu'il lui suffira de recourir à une périphrase du type «ô Corneille des Combats, maîtresses des champs de bataille ». pour évoquer la déesse guerrière sur l'existence même de laquelle il s'interrogeait.
En outre, le principe de base est que rien n'est contingent, tout est vérité.
Dès lors, quand bien même la Deva ne serait pas révérée à cette époque, sous ces latitudes, elle est présente au sein du cauchemar de la Jeune âme et à ce e titre pertinente au sein du contenu fictionnel de la session.
Nous convenons que pendant la partie, aucune de nous ne prendra la parole en dehors du tour de parole de son Enapa.
Aucun commentaire ne sera formulé.
Ils seront émis après la phase de Résolution.
Toute énonciation se fera au présent de l'indicatif en utilisant la première personne du singulier.
Seules exceptions, les dialogues que suscitera l'Enapa pendant son tour de parole en tendant le bâton de paroles à son interlocutrice et les souvenirs qui débuteront par l'emploi des temps du passé.
Avant de débuter la partie, les Enapas qui sont Celle qui est Multiple déterminent, à priori, les aspects de l'âme au moyen de quatre pierres blanches qu'ils répartissent entre les cercles figurés sur la marelle qui tient de lieu de plateau de jeu.
Mathieu, place deux pierres dans le cercle « Tu honoreras les Devos » en indiquant à son frère Gabriel que cela permet d'invoquer des Devas et de disposer d'une réserve de deux pierres en plus des leurs afin de surmonter l''adversité.
Après une brève discussion, Gabriel accepte et une pierre est placée sur le cercle « Tu t'exerceras à l'Aregallia » et la dernière dans « Tu feras le bien ».
Mathieu et Gabriel s'asseyent plus profondément dans leurs sièges afin de se détendre. Claude les invite à laisser leurs bras retomber le long du corps. Détendre le moindre de leurs muscles.
Celui qui est multiple diffuse un fond musical d'introduction « Défini » de Clair Obscur, (album In Out V.I.S.A. 1988) puis expose son argument :
Argument
« Qu'importent donc les sables, la mort, La Malencontre,
Si au plus près d'Ogmios je me suis préservé ?
Il est celui dont je conçus le songe où je me rêve, et dure à jamais,
C'est transmué en Lui que je vous reviendrai. »
« L'invité boit
Tous les angles rassemblés
Dans le cercle de la Table
Puis brûle le vide
Puis brûle le feu
Dans le non et le oui
de la fumée.
Inlassablement il reconstruit
Ses murs comme une digue
Contre la monarchie d'une étoile.
Aujourd'hui l'invité plante devant
la porte un squelette d'oiseau
Cousu sur un cœur immédiat
Qui inverse la lumière
Il bouche un trou avec un trou
En dépeuplant la mort
La maison qu'il amène avec lui
Est une lampe simple
Qui épelle une étoile simple
une femme précipitée
Elle porte le nom
D'un noyé pur
Celui qui déroule puits
Et déguise la Tour. »
« Un bois
La nuit
Une barque
Je suis confuse
Mes souvenirs à moi se dérobent.
Une partie de chasse. Un sanglier. Je suis auprès de l'Altros, (maître) Segios. Nous chassons. Nous chassons à trois. Les chiens ont levé une laie de belle proportion.
Nous suivons les chiens avec peine dans les tréfonds de la Vieille forêt. C'est un bois que je ne connais pas »
Celui qui est Multiple lâche une pierre noire, signalant ainsi une dissonance une fragmentation du récit, de l'âme.
« Je me souviens : Dago, Père qui s'éloigne détournant le regard. Une colère froide l'habite. Lui et Segios ont échangé des mots vifs. Leurs muscles saillent. La mésentente est entrée dans le Domaine. »
« Comme à l'accoutumée, Segios, à court de mots m'a confié une javeline, mon arc et un poignard. Il a hélé Quatre Dents. Nous sommes partis en chasse, mais sans nos montures...loin de nos terres. Nous avons franchi l'eau.
Segios a juste dit : « Remonter l'eau, c'est la voie du souvenir ».
Le temps est lourd de menaces. Tous attendent l'orage.
Fragments Passage Ailleurs Nous sommes ailleurs. Nous sommes sur les terres de Ceux qui combattent en Hurlant. Nous n'avons pas nos limiers.
A nouveau Celui qui est Multiple a lâché une pierre dans le bol.
Aucun des trois. Chacun dispose d'un épieu et d'une dague.
Nous suivons les traces d'une énorme laie, lorsque nos pas croisent la ligne d'un vieux mâle encore plus imposant.
« Celui la est pour toi, Fils. Méfie toi et prend mon poignard. Moi je demeure en ce lieu. J'ai un vieux compte à régler » me dit Segios.
Les traces, je les suis depuis des heures ce me semble.
Mes pas se perdent dans ce bois de moi inconnu.
La forêt pourrait être celle de Forêt Noyée.
Les clières s'ouvrent sur des fondrières. De saules séculaires y croulent sous les lianes moisies. L'odeur n'est pas celle de Forêt Noyée. J'en connais le parfum subtil.
Ici, je trouve le même parfum qu'en l'île, au sanctuaire, près du bois sacré.
Partout, des lianes épaisses enserrent les troncs étiques des bouleaux noyés dans la boue et l'humus.
Là bruissent et bourdonnent les moustiques. Peu d'oiseaux se morfondent dans cette sylve pourrie.
Les traces abordent une mare dans l'axe de la pente de la combe. Je devine y trouver leurs sœurs sur la plage sableuse qui me fait face.
J'y découvre des traces fraîches de sabots non ferrés. Des traces de sangliers, plus légers, moins récente, qui viennent à la mare depuis une sente et repartent par celle-ci. En revanche, nulle trace de mon gros sanglier, mais des empreintes nettes de pieds nus
Deux pierres tintent dans le bol.
Après un long silence, Gabriel prend une pierre noire puis entame son récit :
« Segios doit être profondément troublé par son altercation avec Dago. Leur désaccord doit être profond. Me laisser ainsi seul dans la forêt. Je suis sur qu'il souffre du mépris que lui témoignent les autres membres de Teuta... »
Celui qui est Multiple place une pierre noire devant Gabriel et entame un récit souvenir sur les liens qui unissent Dago le père, prince de la Teuta et son vassal Segios.
Après un commentaire sur le penchant pour le bon vin de Segios, il passe le bâton de parole à Mathieu
« Ces traces sont singulières. Ma proie serait-elle un esprit néfaste ? »
Gabriel et Celui qui est Multiple offrent chacun une pierre blanche à Mathieu.
Commentaire et problématique
Aucune dynamique n'a succédé à cet échange, et frustré de voir l'histoire s'enliser j'ai ajouté au cauchemar la décrivant quitter la combe pour se voir suivie d'ombres et inquiétantes et rejoindre finalement ce qu'elle pris à torts pour Segios et se révéla être un esprit néfaste
L'argument est très simple, les accroches me semblent évidentes et je n'ai obtenu aucune réaction de Mathieu et Gabriel. L'atmosphère était propice, petite lumière, nuit silencieuse au dehors....
Lors de la partie précédente, l'argument était plus fumeux, plus sombre : l'histoire des choux exposé dans l'ébauche dans sa variante graine.
La dynamique de prise de pierres de Dissonance avait alors pleinement fonctionné.
Une belle surenchère, naturelle, avec deux récits qui se chevauchait et une proposition de résolution aux antipodes de la proposition de départ.
Le seul à même de les soigner était le pédagogue grec et la conclusion était que la vérité est ailleurs. (Et non il n'a jamais regardé X Files). Chacun a délaissé le propos onirique ou horrifique pour prendre le problème d'un point de vue moral ou abstrait.
Gabriel a raconté l'histoire d'un ostracisation et Mathieu une lutte entre tenants de la modernité et traditionalistes obscurantistes dont l'âme serait le jouet et lui a évidemment tranché pour la modernité (étudiant scientifique, passionné de mathématiques et de logique).
La première partie, relatée ici très sommairement, nous a mobilisé une heure.
S'exprimer sans commentaire et à la première personne, sans effacer ses dires fut difficile à maîtriser, mais ils y sont parvenus. La partie fut pour moi décevante dans la mesure ou le cauchemar n'a pas été vécu au premier degré.
Dans la seconde tout fut fait pour susciter une ambiance inquiétante, mais là tout est tombé à plat.
La richesse de la première partie contraste douloureusement pour moi avec la seconde.
Au prime abord, on pourrait considérer le manque d'empathie avec la nébuleuse Jeune âme.
Or, chacun ayant crée un personnage d'Aregallia et connaissant le contexte culturel dispose des éléments du code permettant de passer outre.
Je dispose bien d'un mécanisme introduisant le caractère déstructuré du cauchemar, un mécanisme permettant l'équilibre des interventions avec le bâton de parole, mais je sèche pour le coté sombre