Mon chiffre de ventes n’est malheureusement pas très précis, car je n’ai pas noté toutes mes ventes, surtout les ventes papier effectuées en convention.
Mais un calcul me permet d’y remédier, avec une petite marge d’erreur.
Après 2 ans et 8 mois, je suis arrivé à 200 ventes de Prosopopée, livres + PDF.
159 livres et 41 PDF.
J’ai donc doublé mes ventes de la première année.
Bien sûr, je n’en suis pas aux chiffres d’un Vincent Baker ou d’un Luke Crane, mais je suis très satisfait de ce bilan. Ça augure de très bonnes choses pour la suite.
Voici un petit graphe qui résume l'ensemble des ventes de Prosopopée, depuis la date de publication (26 mars 2012) jusqu’à aujourd’hui :
Et voici le décompte cumulatif :
Attention, spéculation :
- On observe deux creux aux 3e trimestres 2012 et 2013 (les vacances d’été), bien qu’un webzine ait parlé en bien (en très bien, même) du jeu à la fin de l’été 2012. Faites attention aux vacances d’été, ce n’est pas un secret, c’est une période creuse !
- La pente positive en septembre 2012 coïncide avec la parution de magazines et autres chroniques qui parlent du jeu. Et fin 2012, vers noël, recrudescence soudaine de ventes.
- Ensuite, début 2013, les ventes sont stimulées par le podcast de la Cellule (merci Rom et Fabien pour ce podcast ;)). Je pense qu’elles auraient diminué plus vite sinon.
- 4e trimestre 2013, les ventes de livres papier remontent après le creux estival. Un certain nombre de ventes papier sont probablement stimulées par la possibilité d’acquérir le jeu en PDF contre don libre, ainsi que la communication faite autour.
- Je considère que depuis 2014 je suis entré dans la “longue traîne” : de petites ventes régulières et ponctuelles, environ 1 à 5 par mois, mais qui élargissent grandement le nombre total de ventes.
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Observation n°1 :
Je pense que ces graphiques nous indiquent que durer dans le temps est un véritable atout. 200 ventes, c’était assez inespéré quand j’ai lancé la publication du jeu.
J’interprète aussi ce résultat par le fait que le bouche à oreille fonctionne si on lui laisse le temps de prendre et il peut rendre pérenne une publication “risquée” avec un modèle éditorial plus classique : la longue traîne peut encore durer, les achats sporadiques me laissent penser que progressivement, de nouveaux groupes de personnes entendent parler du jeu ou y jouent. De plus, certains parmi vous parlent beaucoup du jeu sur d’autres forums ou le présentent en convention, je vous remercie sincèrement pour ça.
Après, quels jeux fonctionnent ou pas au bouche à oreille ? Difficile de généraliser.
Observation n°2 :
Je me demande si le fait d’avoir essaimé de petits événements longtemps après la publication du jeu est un défaut ou une qualité. Le temps que la presse et les auteurs de blogs ont mis à relayer la sortie du jeu, le podcast de la Cellule enregistré 10 mois après la sortie, la vente de PDF en novembre 2013, la réalisation des fiches couleur...
On constate des petits pics ou des périodes gonflées de ventes à chaque événement. Ça a probablement dilué les ventes, mais peut-être que ça a favorisé la longue traîne, je sais qu’à chaque petit événement de nouvelles personnes venaient vers moi et s’intéressaient à Prosop’. Si j’avais fait tout ça dans les 2 mois qui ont suivi la publication, peut-être que le total des ventes aujourd’hui serait plus bas.
Observation n°3 :
Mon blog de théorie et game design : bien que mes articles attirent un peu de monde chaque mois (ou presque) sur mon blog, je n’arrive pas à voir de corrélation avec les ventes. En revanche, je pense qu’ils m’ont permis de gagner du crédit auprès d’une frange rôliste qui ne me connaissait pas avant. Le crédit est quelque chose de très important dans ce milieu.
J’ai le sentiment que pour des jeux indés qui peuvent s’avérer très inhabituels pour le public francophone, tout ce qu’on peut faire, qui peut intéresser du monde sur la longueur est une bonne chose.
Les PDF
OK, je garde le meilleur pour la fin.
La moyenne des dons pour le PDF de Prosopopée est de 7.24€, soit 50 cents de moins que ce que me rapporte un livre vendu, mais si je l'avais vendu à prix fixe, je l'aurais probablement estimé à 5€.
Ce chiffre me satisfait donc entièrement, puisqu’il ne représente que du bénéfice, et un rapport aux donateurs qui me convient parfaitement.
Avec 41 PDF vendus, le nombre de ventes de Prosopopée est boosté. 26% des ventes totales, alors que je l’ai lancée 1 an et 7 mois après la publication papier.
Voici les montants des dons et les tendances :
Ma petite analyse (toujours spéculative) :
Je considère que le PDF fonctionne comme substitut à l’achat du livre.
Voici l’idée : si Prosopopée est un livre de jeu de rôle et qu’il coûte 14€ (+ frais d’envoi et TVA), pour de nombreuses raisons, en tant qu'acheteur je pourrais opter pour un substitut, si je ne suis pas sûr de mon achat, par exemple. Et un substitut, c’est un autre jeu de rôle, un roman, un jeu vidéo en ligne, etc.
En créant moi-même un substitut du jeu, via une version PDF, je limite les chances qu’un acheteur se tourne vers autre chose en lui offrant un choix (plus qu’honnête).
De plus, j’ouvre la porte à ceux qui hésitent à cause du prix ou du fait qu’ils ne sachent pas ce que vaut le bouquin, qu’ils ne connaissent pas son auteur, bref, qu’ils aient des a priori. Le don libre leur permet d’obtenir le jeu sans risque. S’il leur plaît, ils peuvent toujours acquérir ensuite la version papier s’ils le veulent, dans tous les cas, l’investissement est payant pour eux comme pour moi. Eux obtiennent un jeu au prix qu’ils choisissent (s’ils ne l’aiment pas, ils n’auront pas payé 14€ un bouquin qui encombre leur étagère), et j’obtiens un lecteur (le PDF ne me coûtant rien). Pour le bouche à oreille, chaque lecteur ou joueur compte. Et le PDF me permet d’élargir leur cercle.
J’ouvre également la porte aux curieux, à ceux qui préfèrent acquérir le jeu sur tablette ou qui aiment lire sur PC, des personnes étrangères au milieu du jeu de rôle, ou joueurs occasionnels, et probablement d’autres (j’ai des exemples pour chaque cas que je cite).
Il est également intéressant de voir qu'alors qu'il était possible d'acquérir le jeu contre 0€, personne ne l'a fait (le don de 0€ est un don qui a échoué. Après plusieurs tentatives, j’ai fini par envoyer le PDF sans argent en échange (ce qui est une possibilité que j’assume).
Les dons de 0,3€ et 6,66€ ont été faits depuis l’étranger, rassurez-vous). :)
La version papier devient une version “de luxe” pour certains acheteurs et ils ont désormais un véritable choix. Pensez ça comme un jeu de rôle : si vous ne pouvez faire qu’un chose, c’est pas cool. Si vous avez le choix (de la version, mais aussi du prix), c’est plus incitatif.
La commande par PDF m’a permis d’entrer en contact avec pas mal de monde : des fans parfois, qui m’ont fait faire des rencontres très intéressantes ; certains pour des questions sur le jeu ; pour discuter ; j’adore cet aspect là, malheureusement (presque totalement) absent de l’achat par Lulu.
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En conclusion : bouche à oreille, substitut et durer, voici mes 3 mots d’ordre à présent.
Je me demande si pour Démiurges je vais opter pour un PDF contre don libre dès la sortie de la version papier, ou si je vais attendre quelques mois...