Christoph, j'ai l'impression qu'il y a de l'agacement dans tes commentaires, si tel est le cas, j'aimerais bien en comprendre la cause.
Je vais essayer d'être le plus transparent avec toi vis à vis de ce qui m'a conduit à intégrer LPCO dans cet article.
Soyons clair : ce n'est pas parce que je parle d'immersion au début de mon article que tu dois comprendre que je ne parle que de ça et encore moins de la conception habituelle de l'immersion (c'est à dire : je "suis" mon personnage et je fais du "role-play"). Mon objectif est surtout de permettre de se passer de ce terme.
Je parle essentiellement de la connexion entre joueur et personnage, que je conçois comme extrêmement diverse : d'une part je la situe d'un côté ou de l'autre de l'axe "accomplir" et "essence" du personnage. Mais il y a aussi tout un tas de paramètres et de cas de figure qui font que l'Absorption n'a pas une seule forme (et c'est sans doute l'origine de notre incompréhension : je fais tantôt référence à une conception "classique" et tantôt à une conception plus récente du rapport joueur-personnage.
Je suis d'accord pour dire que le sous-titre "le personnage comme deuxième peau" peut induire en erreur. Parce que l'Absorption est plus que cela : quand dans Prosopopée le Médium fait interagir son personnage avec le décor, pour moi ça peut tout à fait faire partie de l'Absorption.
Non je ne dis pas qu'il n'existe que la Combativité et l'Absorption, l'approche "d'Auteur" (et celle du pion) sont pour moi les autres approches possible du JdR et ce n'est en effet pas le sujet de cet article.
Si tu considères que dans LPCO il n'y a absolument aucune connexion avec son personnage, que le joueur est parfaitement extérieur à lui, dans ce cas peut être que je me suis gouré et c'est possible, vu que je n'y ai joué qu'une fois, mais il a joué un rôle important dans mes réflexions. Si c'est le cas, je me raviserai et je le placerai du côté des JdR qui proposent de jouer en tant qu'Auteur, ou alors il y a peut-être quelque chose d'intermédiaire que je n'ai pas identifié.
Soit tu considères qu'il y en a une et c'est mon cas. C'est ce que j'ai essayé de décrire, le fait que pour moi, il se passe plus dans LPCO qu'un rapport d'auteur à la fiction :
viewtopic.php?f=49&t=3325et ici aussi :
http://www.limbicsystemsjdr.com/les-pet ... -theories/Dans ces deux liens, j'aborde l'idée que dans LPCO on défend les intérêts de notre personnage de façon plus ou moins indirecte et c'est sans doute la raison pour laquelle j'aime votre jeu, je pense que je l'aimerais moins s'il ne le permettait pas du tout. Mon ambition dans l'Absorption et la Combativité, c'est de réunir (peut-être naïvement) toutes les façons de jouer au JdR qui préservent le lien avec le personnage.
Si l'approche "Auteur" peut paraître peu reluisante telle que je la présente, c'est sans doute parce que je n'arrive pas à faire abstraction de l'ennui que cette approche me provoque. Mais je la considère pourtant comme une façon légitime de faire du JdR. Mais je laisse d'autres en vanter les mérites.
LPCO est pour moi un exemple de la façon dont on peut jouer une connexion avec notre personnage qui ne soit pas combative, et qui ne soit pas non plus dans un rapport d'auteur à la fiction (qui n'est pas, comme je l'ai déjà expliqué, identique à la posture décrite par Ron Edwards, car il s'agit d'une approche globale et non pas momentanée). Et je le classe dans l'Absorption. Pour autant, je sais que pour en avoir discuté avec d'autres (je te donne des noms en privé si tu veux), LPCO se joue plutôt en Auteur. Ce n'est pas mon avis pour les raisons données dans ces deux liens.
Je parle aussi de Prosopopée dans l'article, es-tu OK pour dire que dans Prosopopée, on n'est pas dans une approche "immersive" classique ?
La grande différence entre LPCO et Prosopopée à mon avis, c'est que la production de fiction (qui n'est ici qu'un raccourci pour contenu fictionnel malléable) dans LPCO ne se fait pas "au présent" (cad que la production de contenu fictionnel malléable est tourné vers des souvenirs). J'imagine que dans Sur la Route de Chrysopée, il doit y avoir une Absorption similaire : le fait de raconter beaucoup de choses qui sont extérieures à mon personnage n'empêche pas de rester concentré prioritairement sur le personnage, qui il est et qu'est-ce qui le concerne, parce qu'on fait comme si on fouillait ses souvenirs.
Parce que l'Absorption dont je parle ambitionne d'approcher une conception du rapport joueur-personnage qui s'étende au delà de cette conception classique de "l'immersion" car englobant les pratiques au partage de Responsabilité large.
Forcément, dès que l'on conçoit une connexion au personnage dans les jeux et pratiques où le partage des Responsabilités est large, on s'éloigne d'emblée de la conception "classique" de l'"immersion").
Je pense que le rapport au personnage dans le JdR est d'une extrême souplesse, car il y a une perméabilité entre la connexion à la "volonté" du personnage, à ses pensées, ses perceptions, sa mémoire (j'en parle
ici), ainsi, dans des cas de figure très particuliers, le "narrateur" (tel qu'on le définit dans un roman) et l'acteur (tel qu'on le définit au théâtre) peuvent se mélanger en JdR. Et je pense que c'est exactement ce qu'il se passe dans LPCO.
Dans Imaginarium, le jeu de Gaël, le personnage connaît le monde "fantastique" dans lequel il se retrouve par ce que c'est celui du roman écrit par sa mère. Ainsi, quand le joueur dit : "je me souviens, dans la forêt voisine, vivent des esprits sylvestres, ils pourraient peut-être nous aider à chasser les créatures maléfique", il est toujours connecté à son personnage alors qu'il construit des choses qui lui sont extérieures (et qui ne sont pas connues à l'avance par les participants).
D'une manière très différente et pourtant proche de LPCO, cela est tout à fait compatible avec ce que j'appelle Absorption.
J'espère réussir à mieux te faire comprendre mon idée et si elle n'est peut-être pas bien expliquée dans l'article (je me suis concentré sur d'autres aspects de l'Absorption), elle était déjà très présente dans ma tête quand je l'ai écrit.
Le fait de laisser de côté le MJ est volontaire. Mais en réalité, il fait pleinement partie de ma réflexion, mais je l'intègrerai dans un second temps. J'ai beaucoup à dire à son sujet, mais chaque chose en son temps.