Merci à tous pour vos contributions au fil, j'ai les cellules grises en ébullition (ahem, ça ne doit pas leur faire du bien).
Maxime : En effet, pour avoir joué ensemble à Démiurges le weekend dernier, tu as dû te rendre compte que j'aime les expériences de JdR qui nous font sortir de notre zone de confort. Avec mes amis de Poitiers, on a l'habitude de dire qu'on joue sans tabous, à cœur ouvert et qu'on aime bien mettre nos tripes sur la table.
Si je ne jouais qu'avec eux, je crois que je ne me poserais même pas la question de pratiques "safe", parce qu'on est concernés par les limites de chacun et qu'on n'en a quasiment pas.
Du coup, ces questions me semblent importantes à partir du moment où on joue avec des inconnus ou des personnes qui ont envie de sortir de leur zone de confort, mais pas sans limites.
Un point en passant : j'avais tendance à annoncer avant les parties que je ne voulais pas qu'on aborde la question de la maltraitance des enfants (depuis que je suis papa, c'est un sujet sensible). Mais depuis, j'ai écrit un JdR qui parle... de la maltraitance des enfants (La Mélodie des Orphelins). Et c'est à mon avis une limite des "sujets à éviter" : le sujet en soi n'est pas si important que la manière dont on l'aborde. Dans la Mélodie des Oprhelins, les enfants ont la possibilité d'agir, de ne pas subir, de ne pas se laisser faire et de prendre leur revanche. C'est cathartique pour moi. Par contre, la violence gratuite et sans filtre envers des enfants impuissants me dérange toujours autant.
Un autre point en passant : je fais la différence, qui à mon avis est cruciale, entre jouer en "je ne t'abandonnerai pas" et "jouons à se faire mal".
Meguey Baker en parle dans son article sur JNTAP et PNSB, elle dit que "To the Pain" (que je traduit donc par "Jouons à se faire mal") tend à générer des histoires artificielles (de mémoire, ma connexion internet étant intermittente, vous m'excuserez de ne pas vous donner le lien, c'est assez compliqué d'accéder à d'autres sites).
Pour ma part, je ne fais pas de JdR avec pour unique but d'atteindre cet état "douloureux". Il doit avoir du sens (je suis même d'autant plus exigeant à ce sujet qu'on est amenés à sortir de notre zone de confort), s'accompagner d'émotions et sentiments complexes, d'empathie pour les personnages, avoir une certaine profondeur, une cohérence de l'histoire et de la fiction, être le fruit d'un jeu de libertés et de contraintes, s'inscrire dans une évolution du personnage, et de jeux de relations et d'interactions productif entre les participants, notamment en ce qui concerne leurs Responsabilités sur la fiction.
Pour finir ce message, voilà les techniques qui font qu'à mon avis Les Cordes Sensibles est un système propice à sortir de sa zone de confort et safe à la fois (fruit de réflexions sur le sujet) :
- J'avertis que LCS a été conçu dans l'idée que toutes les émotions sont bonnes à prendre et que le jeu vise à jouer des parties où l'on peut être amené à sortir de sa zone de confort.
- Lors de la création des PJ, chaque joueur oriente le jeu pour son personnage en fonction de choix délibérés. Cependant, tous les joueurs ont leur mot à dire.
- Les joueurs dressent ensemble les lignes et voiles : Acceptons-nous la violence et le sexe ? Acceptons-nous qu'ils soient décrits ?
- Les joueurs sont sur un pied d'égalité : chacun joue un PJ et peut être amené à se livrer. Il n'y a pas de joueur en position externe (un MJ ou autre).
- Pendant le jeu, une grande part des Responsabilités autour du PJ, son passé, ses relations sont aux mains du personnage. Si un autre joueur crée quelque chose pour un PJ, le joueur qui en a la responsabilité doit donner son assentiment pour que la proposition soit validée. Donc on garde le contrôle.
- Le joueur a aussi le contrôle sur l'issue du conflit. S'il ne veut vraiment pas qu'une issue se produise, il peut accepter que son personnage paye le prix fort pour que cela ne se produise pas (et donc prendre des risques à plus long terme, mais des risques sur des thèmes contrôlés).
- Pendant le jeu, je compte ajouter le fait qu'on peut utiliser une carte spéciale (probablement un Joker, vu qu'ils sont retirés du paquet) pour interrompre une scène si elle sort de nos limites.
- Après la partie : je n'ai pas encore d'idée pour les discussions suivant la partie, pour mettre au point ce qui le nécessite afin d'améliorer les parties suivantes. Si vous avez des suggestions, je suis preneur.